• Sebastian Vettel fait coup double. L’Allemand profite de sa première victoire de la saison pour s’emparer de la tête du championnat. Maître de la course de bout en bout, il a pu contenir Kimi Räikönnen et Romain Grosjean, 2e et 3e. Un quatrième vainqueur pour autant de Grand Prix.

    Vettel BahreinQuelle course ! Si on a longtemps douté de la tenue du Grand Prix de Sakhir pour des raisons politiques, les 24 pilotes ont, sur un plan sportif, honoré de fort belle manière le maintien du tracé dans le calendrier. Et Sebastian Vettel a enfin renoué avec la plus haute marche du podium. Lui qui ne s’était pas imposé depuis six Grand Prix et New Delhi l’année dernière. Une éternité pour l’ogre allemand. Le dénouement de la course a longtemps été incertain, tant Romain Grosjean d’abord, puis Kimi Räikönnen ensuite, ont donné du fil à retordre au pilote Red Bull. Le Finlandais a même été tout proche de ravir la mise au deux-tiers du GP mais s’est heurté à une bonne défense du leader. Une occasion ratée qui ne se représenterait plus. Sur la troisième marche, Romain Grosjean signe le premier podium d’un pilote français depuis Jean Alesi à Spa en 1998. Une belle revanche après un début de championnat compliqué pour lui. Pari réussi aussi pour le Team Principal de Lotus, Eric Boullier.

    Rosberg sans gêne

    Mark Webber boucle ses 57 tours de course à la quatrième place. Devant le controversé Nico Rosberg. Vainqueur en Chine sept jours avant, le pilote Mercedes a tour à tour envoyé Lewis Hamilton et Fernando Alonso hors-piste après des coups de volants inconsidérés. Des manœuvres qui ont eu le don de rendre furieux le bouillant pilote Ferrari. Verdict des commissaires dans les prochaines heures. Sixième, Paul Di Resta signe le meilleur résultat de sa carrière depuis Singapour 2011. Dans ses échappements, Fernando Alonso suivi du malheureux Hamilton. L’Anglais aura vécu un cauchemar lors de ses ravitaillements en perdant de nombreuses secondes à chacun de ses pit-stops. La cause ? Un écrou arrière défaillant. Le pilote McLaren perd donc la tête du classement. Son coéquipier Jenson Button a lui aussi manqué de chance. Le champion du monde 2009, alors cinquième, a abandonné après des problèmes d’échappements.

    Felipe Massa décroche ses premiers points de la saison avec sa neuvième position, devant Michael Schumacher, parti 22e. Jean-Eric Vergne termine 14e, une place devant l’autre pilote Torro Rosso, Daniel Ricciardo. Charles Pic, victime d’une défaillance, est rentré au garage après son premier arrêt. Une déception pour le Français, devant Timo Glock à ce moment de la course.

    Repos maintenant pour les pilotes, avec trois semaines de break avant le retour en Europe et le Grand Prix de Barcelone. Trois semaines de travail en revanche pour les ingénieurs. Ferrari, où Alonso sera à domicile en Espagne, est attendue au tournant par ses fans. Vettel est lui au-dessus de cela. Roi de la F1 en 2010 et 2011, l’Allemand ne compte pas s’arrêter là. En écrasant tout suspense ? On en tremble déjà.

    Nicolas Sarnak


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  • Cristiano Ronaldo
    Comme une évidence, le FC Barcelone s'est incliné au Camp Nou face au Real Madrid (1-2). Comme souvent depuis des semaines, le Barça n'aura pas su mettre de vitesse et de créativité dans son jeu pour parvenir à ses fins. Moins réalistes, moins inspirés, les catalans ont plié face à la solidité du bloc madrilène. Une issue prévisible et attendue depuis longtemps par les observateurs avisés et que la fatalité d’un soir n’a fait que révéler aux yeux de tous.
     
    Pourtant c’est sous de beaux auspices que le match démarrait. Il régnait sur Barcelone un soleil généreux et brillant, annonciateur d’un nouveau soir de spectacle. Un doux parfum de ceux qui guette les jours de Clasico enivrait une ville déjà acquise à la cause des siens. De bleu et de grenat, Barcelone scintillait. Pourtant ce soleil cachait une tempête, dont l’imminence n’était retardée que par pur optimisme et aveuglement car le FC Barcelone version 2012 n’est qu’une pâle copie de l’année précédente. Bien sûr, le champion d’Europe est en demi-finale de la Ligue des Champions et toujours en course pour conserver sa couronne comme le Milan de Sacchi avant lui, bien sûr il jouera la finale de la Copa del Rey le 25 mai prochain face à Bilbao, bien sûr en cas de victoire sur le Real, il reviendrait à 1 point de son rival. Mais les apparences sont trompeuses et ce Barça déçoit là où il avait émerveillé : sur le terrain. Son jeu est moins fluide, ses attaques prévisibles et sa défense claudicante. Une donnée dont le Real allait se saisir.
    Mosaïque avant match clasico
     
    L’espoir blaugrana…
     
    Il est un peu plus de 21h15 quand le ciel se craquela, que le tonnerre gronda et que la foudre s’abattit dans le déluge catalan. Il pleut averse depuis la fin de la première mi-temps et les conditions de jeu sont apocalyptiques. Pourtant, les 22 acteurs redoublent d’effort. Le Barça contrôlent les débats et tentent de percer le mur blanc érigé par les hommes de Mourinho. En vain jusqu’à cette percée en plein cœur du terrain par Messi qui trouve en relais Iniesta. Sur un pas, le natif de Fuentealbilla dans la Mancha décale Tello dont la frappe bute sur Casillas. Le ballon retombe dans les pieds d’Adriano. La frappe du défenseur est contrée par Arbeloa, mauvais hier soir, et atterri dans les pieds de l’opportuniste Alexis Sanchez. Tout juste entré en jeu, il trompait Casillas en deux temps faisant chavirer le public du Camp Nou dans une allégresse légitime et grandiose. Mené depuis la 17ème minute et un but de Sami Khedira, Barcelone revenait à hauteur du leader de la Liga (1-1). On jouait depuis 71 minutes et la roue semblait avoir basculé. La furia catalane menaçait. Mais ce soir n’était pas celui des blaugranas. Et comme un symbole c’est Cristiano Ronaldo qui venait le rappeler au peuple culé.
     
    …anéanti par Cristiano Ronaldo
     
    Alors que le but de Sanchez avait redonné foi à toute une ville et que le jeu azulgrana semblait retrouver de son allant, l’archange blanc de Madrid se chargea d’anéantir définitivement les rêves de retour adverse en lui assénant un coup dont il ne pourrait se relever. Si on regrettera cette faute oubliée en début d’action alors que le ballon était en possession des catalans aux abords de la surface madrilène, on reste ébahit par le contre qui en découla. Sur le côté droit, Özil laissa admirer tout son talent en adressant une ouverture lumineuse vers Cristiano Ronaldo. Le talent du Portugais allait faire le reste. Plus prompt que Mascherano, il fixait un Valdès en perdition, ne sachant plus s’il fallait sortir à la rencontre de l’attaquant ou attendre sur sa ligne. Entre deux eaux, il était fusillé par le meilleur artilleur de la Liga qui inscrivait son 42ème but de la saison. Froid presque létal, il réduisait au silence un Cam Nou sous le choc (73ème). La foudre venait de s’abattre et de briser les rêves de la Catalogne. Madrid reprenait les devants et ce n’était que logique. Le Champion ne se relèvera pas.
     
    A jouer au plus malin, le Barça venait de se faire piéger. Il regrettera sans doute longtemps, cet incompréhensible raté de Xavi. Bien lancé par Messi dans le dos de la défense madrilène, dans un mouvement que l’on avait plus vu 

    Guardiola dépité

    chez les catalans depuis des mois, le milieu blaugrana ne parvenait à tromper Casillas (27ème). Il n’oubliera pas non plus la maladresse du tout jeune Tello qui vendangeait l’offrande de Thiago expédiant le ballon dans les tribunes (53ème) par excès de suffisance. Trop tard pour regretter, Barcelone venait de se noyer abandonnant de surcroit le titre à son rival. Symbole d’une soirée à oublier, la sortie de Xavi. Rappeler sur le banc à 20 minutes du terme, le visage blême (Guardiola, qui allait féliciter le Real pour son probable futur titre après la rencontre, pensait-il déjà à la demi-finale retour face à Chelsea en ménageant son meneur de jeu ?), il laissait éclater sa rage et sa frustration en balançant sa bouteille au sol. Un dépit rare mais révélateur pour Xavi…
     
    La terre d'asile européene
     
    De son côté, Madrid peut savourer. Pas brillant pour un sous, les Merengue réalisaient le gros coup en devenant la première équipe à faire chuter Barcelone sur sa pelouse, cette saison. Si les latéraux Coentrao et Arbeloa ont été mauvais, la formation de José Mourinho aura pu s’appuyer sur la solidité de son axe central où Ramos et Pepe ont fait dans la sobriété et l’efficacité, loin de l’agressivité manifeste du printemps 2011. Devant, Ronaldo avait des jambes de feu et a su convertir l’une de ses rares situations favorables. Suffisant pour sortir vainqueur de ce 251ème Clasico de l’histoire. Une première victoire au Camp Nou depuis ce succès 1-0 arraché en décembre 2007, voilà déjà 5 ans. Et une performance leur permettant aussi d’accentuer leur avance au classement et de compter la bagatelle de 7 points d’avance sur leur adversaire du soir. Un gouffre à 4 journées du terme du championnat.
     
    Désormais, les deux géants de la Liga sont tournés vers la Ligue des Champions. Un théâtre à hauteur de leur démesure que les catalans retrouveront dès mardi avec la réception de Chelsea. Défaits 1-0 à Stamford Bridge mercredi, les hommes de Guardiola auront à cœur d’effacer ces deux revers consécutifs et de se qualifier pour la finale de l’épreuve le 19 mai prochain à Munich. Une finale où ils pourraient dans le « meilleur » des cas retrouver leur bourreau d’un jour puisque le Real Madrid accueille le Bayern Munich. Les Blancs avaient perdu, eux aussi, le match aller en Allemagne sur le score de 2-1. De la Liga à la C1, il n’y a qu’un pas mais un monde d’écart. Implacable réalité.
     
    Christopher Buet

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  • Un Clasico entre le Real Madrid  et le FC Barcelone est toujours l’occasion d’assister à un match hors du commun. Ce soir (20h), le Barça de Guardiola accueille le Real de Mourinho pour un nouveau duel esthétique, tant sur le bord de touche que sur le terrain qui sera décisif à quatre journées du terme de la saison.

    Et Barcelone va s’éteindre de nouveau. Ce soir à 20h, la cité catalane n’aura d’yeux et ne respirera qu’au rythme de cet étouffant Clasico. Un match pas comme les autres entre le Real Madrid et le FC Barcelone. Un match déterminant dans la course acharnée à laquelle se livrent les deux rivaux pour conquérir la Liga. Propriété des Catalans depuis 3 ans et l’arrivée de Pep Guardiola sur le banc blaugrana, le trophée est plus proche d’un retour dans la capitale madrilène en cette année 2012. En effet, ce samedi au Camp Nou, Barcelone est pointé à 4 unités des Merengues, plus proches que jamais d’une Liga qui les fuit depuis 2008 et la fin de l’ère Capello. Une victoire ou un nul madrilène et le sort en serait jeté, Guardiola l’assure. Une victoire barcelonaise et tout serait définitivement relancé. Voilà l’enjeu d’une soirée que ne manque pas d’intérêts.
     
    Litanies de banalités
     
    Au-delà de l’enjeu purement sportif, la soirée vaudra pour la guerre que se livrent les deux entraineurs, véritables généraux à la tête d’armadas surpuissantes. D’un côté, José Mourinho, l’arrogant et inclassable coach portugais du Real, maitre tacticien et de l’autre Pep Guardiola, le placide et philosophe entraineur catalan, apôtre du beau jeu. Plus que deux visions du jeu qui vont s’opposer sur la touche du Camp Nou, il s’agit de deux personnalités et deux styles aux antipodes qui se feront face. En spécialiste de la guerre médiatique et depuis les dérapages des Clasicos du printemps 2011, José Mourinho a refusé de se présenter à la presse, tant pour éviter les polémiques que pour laisser planer un climat d’incertitude quant à la stratégie de son Real. Une fois encore, c’est Aitor Karanka, son adjoint, qui s’est prêté au jeu des questions réponses avec toujours ce détachement singulier. De son côté, Pep Guardiola n’a pas raté son rendez-vous avec la presse sans pour autant faire preuve d’un à-propos renversant. L’entraineur catalan se contentant d’aligner les banalités et d’affirmer que le Real était favori et que seule une victoire permettrait à son équipe de continuer à y croire.
     
    Mauvais goût
     

    Mourinho survet

    Si l’avant match n’a rien eu d’intéressant d’autant qu’aucun joueur ne s’est exprimé, le match esthétique que se livreront les deux coachs s’annonce lui plutôt intéressant. Réputé pour ses costumes tirés à quatre épingles et pour sa classe sur son banc depuis ses débuts du côté de Porto, José Mourinho semble s’être relâché à tel point qu’on se demande où est passé le beau Portugais. Quelle surprise cette saison de le voir débarquer en polo noir synthétique pour la Super Coupe d’Espagne en août dernier. Le choc a été encore plus fort quand l’ancien coach de Chelsea a opté pour le blouson sans manche du club façon bouée de sauvetage, non sans rappeler l’indéfinissable manteau d’Arsène Wenger. De l’entraineur classieux nous étions passés au gamin ayant piscine le mardi. Bien que son look n’est guère d’intérêt au regard de ses qualités de manager, il n’en demeure qu’on souhaiterait vivement retrouvé le charmant entraineur qui avait fait chavirer observateurs et gente féminine (Nathalie Ianetta ne nous contredira pas) à Porto et à Londres. Pas top José, un petit effort. De côté-là, Pep Guardiola n’a jamais déçu la foule de suiveurs. Jamais sans son costume, parfois affublé d’un trois-pièce, le jeune entraineur catalan se démarque par sa classe au bord des terrains d’Espagne et d’Europe. Un look en accord avec ses principes et le jeu déployé par sa formation. En attendant le retour du vrai Mourinho à la place de cet imposteur ignominieux pour donner une réplique plus présentable à son homologue catalan, c’est sur la pelouse que le vrai duel devrait avoir lieu.
     
    Guerre tactique
     
    Car là est bien le centre du débat, l’opposition tactique entre Madrid et Barcelone. Depuis trois ans, c’est à une vraie guerre tactique que nous offre les troupes de Guardiola et Mourinho. Si Barcelone n’a jamais dérogé à ses principes faisant l’éloge de la passe courte, de la possession de balle et d’un pressing asphyxiant avec le succès que l’on connaît (1 défaite depuis 2009, l’an passé en finale de la Copa Del Rey, pour 5 victoires et 4 nuls), son adversaire madrilène a, lui, beaucoup tenté changeant d’approche à chaque revers pour tenter d’annihiler le système blaugrana. Une entreprise qui a obligé Mourinho a déployé ses talents de grand ordonnateur, avec une réussite donc parcimonieuse. Bloc bas, pressing tout terrain (comme en Copa del Rey), le stratège portugais a tout tenté sans jamais parvenir à trouver la bonne formule face à l’insoluble équation proposée par Xavi, Iniesta, Messi et leurs coéquipiers. Ce soir sur la pelouse barcelonaise, le Real se présentera avec un nouveau visage. Meilleure attaque du championnat et d’Europe avec 107 buts en 33 journée (!) et invaincu depuis décembre et une défaite contre…Barcelone (1-3 à Bernabeu), la Maison Blanche s’appuiera sur son quatuor offensif infernal : Benzema en pointe, Özil ou Di Maria à droite, Kaka en soutien et Cristiano Ronaldo à gauche. De beaux arguments qui auront fort à faire. Car en face, Guardiola fait dans le classique. Messi en fausse pointe, dans son duel à distance avec Cristiano Ronaldo, sera épaulé par Iniesta à nouveau placé sur l‘aile gauche et de Pedro à droite pour son grand retour dans le 11 de départ catalan. Au cœur du jeu, Xavi dit « la Machina » dictera le tempo en compagnie de Fabregas. En somme si aucune surprise ne viendra de Barcelone qui jouera son football à domicile, l’inconnu vient de José Mourinho et de la façon dont il a organisé son Real.
    En décembre déjà, Madrid avait reçu l’ennemi venu de Catalogne en position de force. Cependant malgré l’ouverture du score précoce de Benzema après 22 secondes, les Merengues avaient sombré encaissant 3 buts. Il s’agit là de leur dernière défaite en championnat.
     
    Entre enjeux et tensions, entre classe et mauvais goût, entre confiance et incertitudes, entre blaugrana et merengues, le match de ce soir sera riche en intérêt. Un Clasico n’est pas une rencontre comme une autre, il est plus que cela. Il est une ode au football, un concentré de volonté et un invariable spectacle où tout se résume dans l’art et la manière.
     
    Christopher Buet

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  • marathon-de-Paris_galleryphoto_paysage_std
    Avec plus de 40 000 participants en cette année 2012, le marathon de Paris a une fois de plus prouvé qu’il était plus qu’un simple rassemblement sportif mais bien une fête populaire et familiale. Un instant de communion, symbole d’une ville pour qui le sport est plus qu’un loisir, un art de vivre. Là, Alexandre et Florian couraient leur premier marathon. Une expérience unique.
     
    La ville est encore endormie comme une plaine bercée par un doux hiver, le soleil n’a pas encore entamé sa folle course dans le ciel nous gratifiant de sa lumière et pourtant, une certaine agitation règne. Il est 6h45 à Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne) et la gare grouille déjà en ce dimanche d’avril. C’est un véritable défilé de chaussures de sport, de joggings et de coureurs qui s’orchestrent en cet endroit exigu et souterrain. Parmi eux, on retrouve Alexandre et Florian, deux amis du club d’athlétisme de la ville buxangeorgienne, qui ont décidé de participer à leur premier marathon. Car oui, la raison de toute cette agitation, en plein week-end période dédiée à la grasse matinée, n’est autre que le Marathon de Paris, évènement annuel célébrant la course à pied. « C’est la course ultime pour tout coureur, tout athlète. On se devait d’y participer. » confie Florian, jovial mais tendu. Mythique, l’épreuve l’est assurément. Terrifiante aussi.
     
    La transhumance athlétique
     
    Toutefois l’heure n’est pas à la tergiversation, il faut rejoindre la capitale et les Champs-Elysées où sera donné le grand départ. Une heure sera nécessaire pour rallier le dit lieu. Une heure au cours de laquelle, les deux hommes en profiteront pour se remémorer le chemin parcouru depuis qu’ils ont pris cette décision de participer à cette course. « J’étais chez moi quand Alexandre m’a proposé de faire le marathon. Un peu réticent au début, je me suis dis qu’entre septembre et avril, on avait le temps d’y arriver. » raconte un Florian expansif. Alexandre, plus réservé, acquiesce sans dire mot. On sent une vraie complicité entre eux qui les amène à se soutenir l’un et l’autre quand ils confient leurs états d’âme peu durant le trajet. Leur dernier instant de calme et d’intimité. Car une fois débarqués à Paris, c’est une véritable marée humaine qui nous alpague. Chaque station apporte son lot de coureurs, aisément identifiables avec leurs tenues bariolées, flashy et leur « juste au corps ». Ceci n’est qu’un avant-goût du raz de marée qui attend une fois sorti de l’étau que constitue le métro. Au dehors, c’est une vague qui se dessine et dicte le mouvement. Le soleil a fait son apparition et inonde l’avenue Foch, théâtre de la future arrivée mais encore immense vestiaire à ciel ouvert. Ça et là, on se change, on dépose ses affaires, on discute, on s’échauffe. On se réchauffe aussi en raison de ce vent froid et insidieux. Une donnée supplémentaire dans l’équation de ce premier marathon déjà fort intimidant. Peu à peu, les visages détendus de Florian et Alexandre laissent poindre un stress de plus en plus crispant. « Je suis stressé, très stressé…» disent-ils en cœur tout en se frayant un chemin parmi la foule.
     
    Un départ long à se dessiner
     
    Il est 8h20 et il est temps de rejoindre l’aire de départ. Le cadre est idyllique semblable à une carte postale. 

    marathon

    Remonter l’avenue Foch au bout de laquelle se dresse fièrement l’Arc de Triomphe pour ensuite traverser à pied (!) une place de l’Etoile exceptionnellement vide et se présenter en haut des Champs-Elysées sur la plus belle avenue du monde. Passé le décor, c’est un flot ininterrompu qui se dirige vers la ligne de départ. Un flot néanmoins organisé. En effet, chaque coureur appartient 
    à un groupe programmé pour réaliser sa course en un temps précis. Pour les deux buxangeorgiens, c’est sous l’étendard vert annonçant les 4h que la procession continue. Là commence une interminable attente. Les gens se bousculent, cherchent à se placer, guettent le moindre signe de mouvement. Car si le départ officiel est prévu à 8h45, celui-ci ne concerne que la catégorie élite (les professionnels). Ensuite chaque groupe se présente et est invité à s’élancer. Aussi pour rendre plus agréable l’attente, le speaker s’égosille pendant que la sono enchaine les titres des Rolling Stones et autres groupes de rock. Insuffisant pour déconcentrer Florian qui profite de ce répit pour s’enduire les jambes de crème. « C’est pour éviter que ça frotte durant la course. » se justifie-t-il. Là au milieu de cette masse impressionnante, le stress se fait encore plus palpable. « 4h putain, 4h... » souffle encore Florian qui ne se départie jamais de son sourire. L’heure est enfin venue. Appelés sur la droite de la prestigieuse avenue, ils s’élancent enfin dans une même foulée légère et assurée. Le plus dur est devant eux.
     
    Cruel marathon
     
    C’est peu dire que cette épreuve est un défi qui vous impose une souffrance insoupçonnée et vous amène à vous surpasser en allant chercher vos ressources au plus profond de votre être. Un marathon peut s’apparenter à un voyage intérieur. Entre amis, en famille, en couple, c’est bien seul qu’il faut faire face à la douleur et à ce corps qui vous enchaine. La course va parfaitement se dérouler pour les deux amis qui, de concert, traversent le bois de Vincennes pour entamer leur retour vers les quais parisiens. Cependant, cette belle balade allait se gâter pour Alexandre. Moins en jambes, le cadet (20 ans) voit Florian s’échapper. Il tentera bien de tenir l’allure mais en vain. Cet effort violent pour essayer d’accrocher la foulée de son compère va lui couter beaucoup d’énergie. Aussi au km 25 près de l’île de la Cité, il compte déjà une bonne quinzaine de minutes de retard. L’écart ne fera dès lors plus qu’augmenter. Irrémédiablement. D’autant qu’Alexandre va jouer de malchance. 5 kilomètres plus loin, non loin des célèbres et charnières 35ème, le jeune homme se coince le genou. Ne pouvant plus s’appuyer correctement sur sa jambe droite, il va multiplier les arrêts et perdre un temps considérable. Si la douleur se fait intense, il n’envisage pas l’abandon comme un exutoire. Surpassant sa gêne, il s’accroche et se bat pour atteindre son objectif et finir son premier marathon.
     
    Première réussie
     
    Les kilomètres défilent et l’accablent un peu plus sans entamer sa détermination. Plus avant, la ligne d’arrivée est un théâtre balayé par les vents où s’amoncellent les coureurs dans un bruit retentissant. Les secondes et les minutes s’égrènent au rythme de joies intenses et sincères teintées de soulagement et de fierté. Cette dernière ligne respire ce doux parfum d’accomplissement. Arrive le cap des 4h mais point de traces de Florian ou d’Alexandre. Ce n’est qu’une demi-heure plus tard, sur le coup de 4h33, que le premier nommé fait admirer sa foulée pour terminer dans les 25 000 premiers arrivants. Le calvaire d’Alexandre, lui, continue et c’est le visage marqué par la douleur et l’effort, la foulée saccadée et le souffle court qu’il se présente à l’embouchure de la dernière ligne droite. Une dernière accélération et le voilà qui conclue sa course au-delà des 5h12 à une honorable 30 025ème place. Plus que le résultat, loin de l’objectif initial, l’essentiel est ailleurs. Pour leur première participation, les deux athlètes sont parvenus à boucler leur Marathon. Perclus de crampes et de douleurs après cet effort violent, ils rentrent avec ce sentiment partagé entre l’abattement de ne pas avoir pu tenir leurs objectifs et la fierté d’avoir réussi leur pari.
     
    Dans une ambiance de fête et de partage, Alexandre et Florian seront allés au bout d’eux-mêmes sans jamais faillir et auront donné rendez-vous pour une nouvelle édition. Pour la petite histoire, c’est le Kényan Biwott qui a remporté la course en 2h05’03’’ (record de l’épreuve). Mais là n’est pas le principal. Loin de ses sommets, c’est dans cette foule, cœur vibrant de l’évènement, que réside l’essence même du Marathon. Plus qu’une course, une institution et une fête du sport et un art de la vie.
     
    Christopher Buet

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  • Lyon et Marseille se retrouvaient samedi 14 avril au Stade de France pour la finale de la Coupe de la Ligue. Une affiche prometteuse mais un piètre match. Décalage était à Saint-Denis pour cette purge footballistique.

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    L'avant match: le moment de folie de cette finale de Coupe de la Ligue.

    « Dans quelques instants vous allez voir du spectacle ! » Au début on y a cru, à cette annonce du speaker du Stade de France qui faisait la promo de l’évènement. Mais on a bien vite déchanté. A la mi-temps de cette finale de Coupe de la Ligue 2012, le panneau d’affichage était sans appel : 0 tirs, et donc, par voie de conséquence, aucun tir cadré. Une bien ennuyante soirée pour les supporters.

    Pourtant, tout commençait bien. Les supporters lyonnais et marseillais étaient au rendez-vous et se chambraient plus ou moins cordialement aux abords du stade. Le match des tribunes – bien plus passionnant que le spectacle donné par les joueurs – était remporté haut la main par les phocéens. Et pour cause, les trois quarts du Stade de France (par ailleurs, presque plein) étaient bleu ciel et blanc. Cependant, les lyonnais avaient emmené plus de drapeaux et étaient donc supérieurs sur le plan esthétique, visuel. D’ailleurs, quelqu’un a-t-il pensé à signaler au groupe de supporters marseillais « Commando Ultra 84 » que leur banderole était à l’envers ?

    Niveau sportif, l’Olympique de Marseille avait certainement plus de pression car le club se devait de sortir d’une série noire de 11 matchs sans victoire toutes compétitions confondues. En plus de disputer la dernière chance d’accrocher l’Europe et, ainsi, de sauver sa saison. On pouvait s’attendre à une forte démobilisation des supporters en guise de protestation, mais il n’en était rien. Tout du moins au début, car les innombrables déchets techniques, les fautes (environ une toute les deux minutes) et surtout l’absence totale d’action en 55 minutes ont vite refroidi les supporters phocéens.

    Dépités, ils ne sifflaient même plus lorsqu’un lyonnais faisait faute sur un joueur marseillais. Heureusement que les rhodaniens étaient là pour mettre de l’ambiance, sinon on aurait eu droit à un Stade de France muet, en deuil, dont le silence aurait été rompu par les quelques bruits de pétards provenant çà et là du kop marseillais. On se divertissait comme on pouvait en cette fraiche soirée soporifique.

    « Un bon match de merde. »

    A la mi-temps, les spectateurs rivaux lyonnais et marseillais sont au moins d’accord sur une chose : « On est dans le même bateau,  c’est un bon match de merde. » Dans les tribunes de Saint-Denis, tous espèrent une seconde mi-temps d’un tout autre niveau que la première. En même temps, c’était assez difficile de faire pire.

    Malheureusement, le match recommence avec les mêmes ingrédients avariés. A part aux alentours de la 60e minute, où les cinq minutes explosives du match ont réveillé toutes les tribunes…. Avant de se rendormir jusqu’à la fin du match et de signer une bronca grondante et prévisible. Alors qu’on se dirigeait vers une soirée allongée jusqu’aux tirs au but, Brandao délivre les marseillais et leurs supporters d’une action inattendue à la fin de la première mi-temps de la prolongation. Jamais une action n’a aussi bien porté son nom.

    Les supporters lyonnais ne cesseront d’y croire pendant le quart d’heure restant à jouer. Les premiers d’entre eux commenceront à quitter le stade à la 110e minute. En priant certainement pour un meilleur match – et une meilleure issue – le 28 avril lors de Lyon - Quevilly dans ce même Stade de France en finale de la Coupe de France. Du côté de leurs homologues marseillais, au moment de la remise de la Coupe, la majorité des supporters de l’OM avait vite oublié les 120 minutes laborieuses passées. Comme nous le disions précédemment, ce titre sauve la saison du club. Peu importe la manière dont il a été obtenu, visiblement.

    Au final, le seul spectacle que l’on retiendra de cette soirée c’est l’apparition de deux jambes, deux mains et de la Coupe de la Ligue géantes peu avant le coup d’envoi (photo). Suscitant d’abord l’incompréhension – le speaker annonçait « une simulation du match » - ce fut une animation originale et forte en couleur. Le tout accompagné de  bien jolies pom-pom girls que les caméramen du Stade de France on eu le plaisir de filmer, avec notamment des gros-plans sur leur… short. On se divertissait comme on pouvait, on vous dit.

    Raphaël Hudry


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