• Le masque vert de l'ambition

    Bernard Caïazzo

    Quelques jours avant les élections présidentielles à la Fédération Française de Football (FFF), Bernard Caïazzo semblait se prêter à un jeu de dupes et aurait tenté d’initier un putsch pour ravir la vice-présidence de l’instance. Si le Président de l’AS Saint-Etienne a nié les faits, eux, sont éloquents. Petit éclairage sur un homme controversé du football français.

    « Je n’ambitionne pas du tout de devenir vice-président de la FFF car il faudrait que je quitte mon club, et je n’en ai pas l’intention. ». Le message de Bernard Caïazzo est clair. Acteur majeur de l’élection de Noël Le Graët en juin 2011, le président de l’AS Saint-Etienne souhaite se consacrer à son club et à ses fonctions au sein de la Ligue de Football Professionnel où il vient d’être réélu au poste de vice-président du conseil d’administration. Un désir qu’il a réaffirmé sur le site internet de son club. « Le plus important pour un club pro est-il d’être à la Ligue qui traite 100% des sujets concernant le football professionnel ou à la FFF qui n’en traite que 30 %? Le choix est vite fait. »

    Un discours trop propre en apparence pour sonner vrai. Il se trouve que M. Caïazzo s’avère être plus complexe et sournois. Nous aurions volontiers acquiescé à ses paroles si seulement ses actes ne l’avaient pas trahi. Car entre le public et le privé, le discours et la posture sont radicalement différentes.

    Le 8 novembre, le stéphanois (non candidat déclaré) a pourtant tenté de fomenter ce qui ressemble fort à un coup d’Etat. En effet, ce dernier a organisé une rencontre au sommet au Casa di Delfo. Dans ce restaurant du 8ème arrondissement où il a ses repères, il convoque plusieurs dirigeants du football français et partage sa table avec Frédéric Thiriez et Fernand Duchaussoy. Le premier n’est autre que le puissant président de la Ligue de Football Professionnel (LFP) quand le second est connu pour avoir été l’adversaire de Le Graët lors des dernières élections. Officiellement, ce dîner était informel.

    Le SMS de la discorde

    Officieusement, les raisons de cette entrevue ne font pas de doutes. On ne réunit pas impunément le président de la LFP, le nouveau patron de la Ligue du Nord-Pas de Calais, le président de Ligue de Paris Jamel Sandjak ou encore celui de l'Union des clubs amateurs Georges Vanderchmitt ; qui plus est dans un sous-sol. Le vrai but de cette réunion consistait à sonder les intentions réelles de Duchaussoy quant à la prochaine élection. Un comble quand on se souvient que c’est ce même Caïazzo qui en juin 2011 avait organisé dans ce même restaurant qu’il avait porté au pinacle Le Graët et précipité la chute de Duchaussoy. Mais les prises de position du dirigeant breton, notamment de se montrer favorable à l’imposition à 75 % ne lui ont pas plu comme à toute une partie du football français. Face à Le Graët, Caïazzo est convaincu que le monde amateur peut l’emporter, aussi Duchaussoy se pose en catalyseur de ce mouvement et donc en carte maîtresse. Il lui propose alors de se présenter et de l’intégrer à sa liste avec en vue la vice-présidence de la FFF.

    Le lendemain, il multiplie les SMS lors du conseil d’administration de la LFP, pour compter ses soutiens et ses opposants. Cependant, un de ses textos destinés à Vincent Labrune arrive par erreur à Jean-Pierre Louvel, président du Havre. Rien de grave si ce n’est que ce message indiquait que « Louvel ne voterait pas pour Duchaussoy ». Stupeur et incompréhension parmi les membres du conseil, pris en témoin quand Caïazzo s’est discrètement éclipsé. Le « coup d’Etat » éventé, Duchaussoy décline l’offre verte. Olivier Sadran, président de Toulouse, n’est pas surpris par la sournoiserie de son homologue stéphanois. « Il abreuve les uns et les autres de SMS et de mails pour nous monter les uns contre les autres. » Bernard Caïazzo se défend de tout machiavélisme. « Je ne manipule personne ou si c’était vrai, ça voudrait dire que j’ai un bien grand pouvoir (…) Je les gêne. » Une théorie du complot difficilement recevable au regard de faits évocateurs.

    Un adage dit : « Qui va doucement, va sûrement ». Bernard Caïazzo l’avait bien compris mais il en a oublié la discrétion. A trop nier, il a fini par se trahir et par faire tomber son masque vert.

    Christopher Buet


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