• Halep, enfant béni de Constanta

    Halep déroule à Roland

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    Brillante depuis le milieu de l’année 2013, Simona Halep vit un Roland-Garros de rêve. A 22 ans, la Roumaine n’a pas perdu un set depuis le début du tournoi et va disputer sa première finale de Grand Chelem contre Maria Sharapova.

    « C’est mon rêve qui se concrétise, c’est ma première finale en Grand Chelem. Je suis pleine d’émotion, je suis tellement heureuse de jouer le dernier match du tournoi. » La fraîcheur et la candeur d’une joueuse qui n’a que 22 ans. Malgré l’évidente émotion qui l’étreint, Simona Halep réalise la portée de ce qu’elle accomplit. En dominant avec une grande maîtrise Andrea Petkovic, la revenante allemande, la Roumaine a confirmé son irrésistible ascension au sommet et son exceptionnelle quinzaine à Roland-Garros. Une quinzaine placée sous le signe de la discrétion et de la destruction. 

    Halep dicte le jeu

    En effet, si personne n’a réellement fait attention à ce petit bout de femme (1,69 m) jusqu’à ce qu’elle s’invite dans le dernier carré, la tête de série n°4 a fait plus qu’honoré son statut. À l’heure où Li Na (1er tour contre Kristina Mladenovic, ndlr), Serena Williams (2ème tour contre Garbine Muguruza, ndlr) et Agniezska Radwanska (3ème tour contre Ajla Tomljanovic, ndlr) chutait, Halep ne flanchait pas abattant les barrières qu’elle s’était jusque là fixée. « Jusque-là, je peux dire que je n’étais pas assez prête mentalement. Mais je travaille pour aborder les matchs en Grand chelem comme les autres, y avoir autant confiance en mes coups, mon jeu, mon mental », confessait-elle avant le début du Majeur parisien.

     

    Du jamais vu depuis 16 ans et Lindsey Davenport

    Un travail de conviction long et particulièrement ardu mais qui a trouvé sa concrétisation Porte d’Auteuil. Quart de finaliste du dernier Open d’Australie, la joueuse aux 6 titres sur le circuit WTA en 2013 a justifié sa nouvelle place parmi les toutes meilleures joueuses de la planète. S’appuyant sur sa capacité à prendre la balle au sommet du rebond et un jeu compact usant l’adversaire, la Roumaine s’est débarrassée de tous les obstacles sur sa route. Plus fort, elle a inscrit son nom aux côtés de ceux de Martina Hingis et Lindsey Davenport en parvenant à sa première finale de Grand Chelem sans perdre le moindre set. Avant elle, l’Américaine était la dernière joueuse à avoir réussi cet exploit en 1998 du côté de Flushing Meadows avant de remporter l’US Open. Une performance qui en dit long sur le parcours réalisé par la protégée de Wim Fissette. Plus fort encore, jusqu’à ce tie-break mené de main de maîtresse en demi-finale contre Petkovic, Halep n’avait jamais concédé plus de 4 jeux par set à ses adversaires, s’autorisant à délivrer 2 bulles à Kleybanova au 1er tour (6-0 6-2) et à Torro-Flor au 3ème tour (6-4 6-0). « Elle a gagné beaucoup de confiance et beaucoup d’expérience dans les grands tournois auxquels elle a participé. Maintenant, elle se sent très bien. Elle est bien sûr un peu nerveuse mais elle a vraiment beaucoup de confiance », met en exergue l’ancien mentor de Kim Clijsters.

    L'ombre d'Halep sur le circuit

    Une analyse que corrobore Marion Bartoli qui connaît bien la Roumaine pour l’avoir côtoyée sur le circuit avant sa retraite l’été dernier. « Avant, Halep était une joueuse qui gagnait quasiment toujours en contre et qui perdait systématiquement en perf'. Elle ne battait jamais une joueuse mieux classée qu'elle. Je me souviens aussi qu'elle voyageait avec sa mère, sans vraiment d'entraîneur. Elle était en free-lance, en quelque sorte. Et puis sur le court, dès que les choses tournaient mal pour elle, elle avait tendance à baisser les bras. Par exemple, quand elle perdait le premier set, il n'y avait plus personne derrière. Aujourd'hui, elle a bien changé. Elle est plus stable mentalement, elle a compris que le tennis est un combat et qu'il faut souvent aller à la bagarre pour gagner des matchs », note la Française, tenante du titre de Wimbledon. Débarrassée de cette entrave mentale, Halep peut donner la pleine mesure de son talent. Un talent qui ne manque pas dans la raquette de la native de Constanta. « Son revers, long de ligne ou croisé me fait penser à celui de Djokovic. Son coup droit est également très propre. Elle sait tout faire », s’émerveille sa compatriote et manager Virginia Ruzici, unique roumaine lauréate de Roland-Garros en 1978, qui espère « avec le temps », la voir faire évoluer son jeu pour aller « un peu plus vers l’avant ».

    « Elle est prête »

    En attendant ces ajustements, Simona Halep est à l’aune de sa première finale en Grand Chelem et possède d’indéniables armes pour venir enquiquiner la géante Maria Sharapova, à commencer par son amour pour la terre battue. « On a plus de temps pour réfléchir sur les points. Il faut courir beaucoup, mais j'adore jouer sur terre », apprécie celle qui a déjà remporté Roland-Garros…chez les juniors en 2008 contre sa compatriote Elena Bogdan.« C’est une joueuse de contre, qui se déplace bien, elle utilise énormément le contre-pied. Les filles n’aiment pas », glisse Ruzici qui voit un danger majeur pour son héritière : « sa deuxième balle de service. Il lui faudra donc un bon pourcentage de premières pour se mettre à l’abri car Sharapova est très agressive sur les retours. Il ne faudra pas que Simona cède du terrain, qu’elle 

    Halep a des arguments

    avance. C’est facile à dire ! », rigole-t-elle. De son côté, Wim Fissette veut aussi y croire.« Maria est une très bonne joueuse. Elle est très forte mentalement et elle a l’expérience des finales du Grand Chelem. Mais Simona a l’avantage d’avoir passé peu de temps sur les courts. Elle est très fraîche physiquement. Mentalement aussi elle est prête. Elle n’a rien à perdre », remarque-t-il. « Elle a eu l’occasion de se tester avec Maria en finale à Madrid, Simona avait pris le premier set 6/1 (défaite 1/6, 6/2, 6/3 en 2014). Cette première expérience dans un grand tournoi devrait lui donner encore plus de confiance. J’espère que ça lui servira pour Roland-Garros », complète Ruzici.

    Une expérience qui ne sera pas de trop comme sa confiance pour parvenir à enfin donner la leçon à l’impératrice de Niagan qu’elle n’a jamais réussi à vaincre en 3 affrontements, perdant 6 des 7 sets disputés. Malgré cela, une finale demeure un match à part, hors de l’espace et du temps, un tournoi dans le tournoi, un concentré de saison. Et si Sharapova bénéficiera de l’expérience liée à ce genre d’événement puisqu’elle honorera sa 10ème participation à une finale de Grand Chelem (4 titres, ndlr), Simona Halep pourra compter sur la confiance accumulée depuis un an, sa fraîcheur et son habileté raquette en main. « Vers la fin de l’année dernière, j’ai commencé à croire qu’elle pouvait gagner Roland-Garros un jour. Alors est-ce que ce sera cette année, l’année prochaine, plus tard ? », interroge Virginia Ruzici qui aimerait bien voir sa petite protégée lui succéder. Un désir partagé par toute une nation prête à vibrer le cœur suspendu à la raquette et aux jambes de l’enfant béni de Constanta, dont le rêve est à portée de main.

    Christopher Buet


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