• Sharapova, impératrice guerrière

    Sharapova, cette guerrière

    roland-garros-logo

    Sous ses atours de gravure de mode, Maria Sharapova cache une volonté farouche, une hargne qui n’a d’égal que sa beauté froide. Souvent malmenée, la Sibérienne a prouvé qu’elle était une guerrière incomparable qui se battra de toutes ses forces pour soulever la coupe Suzanne-Lenglen, ce samedi.

    « C’est une très bonne joueuse. Dans les deux derniers sets, elle a élevé son niveau de jeu et je n’ai pas su saisir ma chance. J’étais proche de réussir », analysait Eugénie Bouchard déconfite après sa défaite en demi-finale de Roland-Garros contre Maria Sharapova. 

    La détermination de Sharapova

    « Maria est étonnante comme joueuse, elle a beaucoup d'intensité dans son jeu », lâchait Garbine Muguruza assommée par la même adversaire que la Canadienne au tour précédent. Les deux jeunes femmes ne s’y trompent pas, Maria Sharapova est une joueuse hors norme, une championne possédant cette capacité, inhérente aux personnes de son rang, à élever sensiblement son niveau de jeu et à gommer ces errances au moment où les rencontres et les corps se tendent. Chaque fois menée après une première manche hasardeuse (elle remonta également une manche de retard en 8ème contre Samantha Stosur, ndlr), la Russe a su mobiliser ses forces et faire parler son aversion pour la défaite afin d’écarter la génération montante avec une autorité certaine. « J'ai eu quelques matches difficiles, où j'étais poussée dans mes retranchements. Les deux derniers notamment. Au cours de ma carrière, je me suis déjà sentie mieux à la fin d’un match, parce que je me suis dit : "Je n'ai pas joué mon meilleur tennis, mais j'ai gagné." Je n'ai pas fait tous les bons coups, cependant, je m'en suis sortie. Là, c'est encore un grand événement », avance-t-elle.

    La vache a bien changé

    Ce grand événement auquel Sharapova fait référence, c’est bien entendu de cette finale de Roland-Garros pour laquelle elle s’est qualifiée, au terme d’une demi-finale étouffante, aux dépens de la vaillante Eugénie Bouchard. Une troisième finale de rang assez étonnante pour la Russe. « Je pense toujours que, pendant ces deux semaines d'un Grand Chelem, vous voulez bien sûr toujours sortir votre meilleur jeu, votre meilleur tennis, avoir le meilleur niveau de performance », assure-t-elle consciente de ne pas avoir pratiqué son meilleur tennis tout au long de la quinzaine parisienne.

    Sharapova n'est plus une vache

    Pourtant son immense mérite aura été de ne jamais lâcher, de toujours s’accrocher et de renverser ces situations où elles auraient pu se perdre comme le firent Serena Williams ou Li Na. Le poing serré, la gorge déployée et le regard déterminé, l’ancienne numéro 1 mondiale a repoussé les assauts de ses rivales sur une surface qu’elle a appris à adopter. « Je me déplace mieux qu'avant. Ce n’est pas que je détestais la terre battue au départ, mais j’ai dû apprendre. Plus jeune, je n'ai pas eu beaucoup occasion de jouer sur terre battue européenne. Au début, ce n’était pas très joli. Il m'a fallu du temps. Je pense que le point de basculement fut mon troisième tour contre Justine (Hénin, en 2010, ndlr), où j’ai perdu, mais en trois sets. En sortant du court, je me suis dit que j’avais encore beaucoup de choses à travailler, mais que j’étais capable de gagner ce tournoi », explique celle qui se comparait à une vache marchant sur de la glace quand on lui parlait de son déplacement sur le revêtement ocre de Paris.

    C’est dans cet apprivoisement et dans l’intense travail physique effectué depuis plusieurs saisons que Sharapova tire sa nouvelle force. « Ces dernières années, je me suis beaucoup améliorée sur le plan de la condition physique. J’ai passé beaucoup de temps en salle de gym pour renforcer mes jambes. Maintenant, je suis plus solide et plus forte. Et du coup, cela rejaillit sur ma confiance : mentalement, je ne crains plus de jouer durant deux ou trois heures. Même si je perds un set, je sais que tout est encore possible », affirme-t-elle dans un élan explicatif de ses remontées spectaculaires. Un physique approprié, une confiance retrouvée et un mental toujours aussi affuté, voilà donc les armes qui lui ont permis de rallier, à nouveau, la finale Porte d’Auteuil.

    A Madrid, c'est Sharapova qui l'avait emporté

    La menace Halep

    Dernière rescapée de ce qu’on appelle déjà l’ancienne génération, l’impératrice de Niagan va devoir, pour la 3ème fois de suite, réduire au silence cette jeune garde bruyante et talentueuse qui ne cesse depuis le début de la saison de réclamer sa place au sommet du jeu. Après l’espagnole Garbine Muguruza (qui pourrait opter pour la nationalité vénézuélienne avant son 21ème anniversaire, ndlr) et la Canadienne Eugénie Bouchard, c’est au tour de la Roumaine Simona Halep, 22 ans, de se présenter face à la détentrice de 4 couronnes en Grand Chelem. Une adversaire qu’elle est loin de prendre à la légère. « Depuis un an, elle a réussi à nous montrer que ses résultats sont très réguliers, notamment dans le classement. Elle a gagné 6 titres l'année dernière. C'est impressionnant, non ? Pour être à ce niveau-là, cela veut dire qu'elle le mérite. C'est la position où je veux être, je vais me battre pour cela. Elle est solide dans son jeu, physique comme adversaire. C'est toujours un match physique contre elle. Il faut être prêt à se battre quel que soit le nombre d'heures contre elle », détaille la lauréate de Roland-Garros 2012.

    Sharapova se bat jusqu'au bout

    Si elle n’ignore rien du défi qui l’attend avec une joueuse qui n’a pas perdu le moindre set depuis le début du tournoi, elle sait comment front et mieux, comment le remporter. En effet, en 3 confrontations avec la Roumaine, la blonde russe s’est toujours imposée et notamment le mois dernier en finale de Madrid. « On a joué il y a quelques semaines de cela. C'était difficile comme match. On n'avait pas joué pendant longtemps. Depuis, son niveau s'est amélioré, notamment parce qu'elle s'est beaucoup entraînée. C'est une adversaire difficile à jouer. À part tout cela, nous sommes en finale, peu importe l'adversaire de l'autre côté du filet, c'est une belle opportunité pour nous deux. Je me battrai sur chaque point », remarque-t-elle avant d’aborder sa neuvième finale en Majeurs. « Je ne suis pas venue ici pour me faire des copines. Je suis venue sur un champ de bataille », disait également la Russe de 27 ans. Un champ de bataille où seule la victoire vaudra pour effacer le revers subi l’an dernier contre l’implacable Serena Williams et pouvoir s’agenouiller de second sur le tapis ocre du Philippe-Chatrier et ouvrir les bras à la gloire. L’impératrice est prête pour sa guerre.

    Christopher Buet 


    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :