• Le soleil chinois

    Roger Federer au firmament à Shanghai

    Venu cueillir sa 23ème couronne en Masters 1000 au terme d’une semaine prodigieuse à Shanghai, Roger Federer s’est rapproché un peu plus des sommets. L’astre suisse scintille et ça faisait longtemps qu’il n’avait pas connu pareille intensité.

    « Le soleil couchant est souvent beau. Seulement le crépuscule est trop près de lui ! » En cette fin de tournée asiatique, les mots de Li Shangyin résonnent étonnamment juste surtout pour Roger Federer, cet astre né en Suisse à la lumière étincelante. Ce poète chinois du IXème siècle n’écrivait certainement pas en pensant à ce jeu créé un millénaire après sa mort et encore moins en pensant à Roger Federer. Pourtant en s’imposant en finale du Masters 1000 de Shanghai face à Gilles Simon et ce à 33 ans, l’esthète bâlois s’est approprié avec une chance et une dextérité merveilleuses ce qu’exprimait la plume du poète. « J’ai vécu une semaine fabuleuse à Shanghai, surtout en raison de la chance que j’ai eu au premier tour. C’était assez incroyable, ces cinq balles de match sauvées contre (Leonardo) Mayer. Je reviens de nulle part », confessait-il presque ahuri après sa victoire. Le symbole d’une année où tout semble enfin sourire, à nouveau, à un Roger Federer délesté de ses ennuis dorsaux et à la confiance protubérante, excroissance indispensable à la réussite tennistique.

    Federer a faim de victoiresRetour en grâce

    Au sortir de la tournée asiatique, la 6ème place mondiale qu’occupait, fin 2013, le Suisse, jugé décadent et appelé à jouer les faire-valoir, semble lointaine. Plus que ce 81ème titre ajouté à son palmarès, le premier en Asie depuis sa médaille d’or olympique en double conquise à Pékin en 2008, Federer a profité de son voyage sur les bords de la mer de Chine pour se hisser encore un peu plus près des étoiles. Revenu sur le podium mondial sur le gazon londonien de Wimbledon, le voilà à présent dauphin du monarque serbe Novak Djokovic, en lieu et place du titan de Manacor, abattu par son corps si rudement éprouvé (poignet puis appendicite, ndlr). Un nouveau rang qui appelle à des ambitions plus acérées. « Il faut gagner ce genre de tournoi pour se rapprocher de cet objectif incroyable qu’est la place de numéro 1. Avant j’étais trop loin », assène l’helvète avec lucidité. « Stefan Edberg a donné à Federer une chance de gagner un nouveau Grand Chelem », disait fin juillet Nick Bollettierri. Un sentiment qu’avait partagé Edberg en personne plus tôt encore dans la saison en débarquant en Australie. « Roger a besoin d'être motivé. Il possède toujours un superbe jeu et, s'il est motivé, il peut toujours jouer un formidable tennis. Je veux vraiment le voir aller de l'avant et remporter un Grand Chelem cette année, parce que je pense qu'il en est toujours capable s'il joue son meilleur tennis », insistait le Suédois. À défaut de Majeurs, son protégé a repris ses quartiers dans le dernier carré Majeur, exception faite de Roland-Garros (défaite en 8ème contre Gulbis, ndlr), et regoûté à l’ivresse du succès dans ces cimes qu’il ne côtoyait plus avec 4 titres dont 2 Masters 1000, et 5 autres finales pour un total de 61 victoires en 71 matches, soit le meilleur bilan de l’année loin devant Novak Djokovic (52 succès) !

    « Pas mal de moments forts à vivre »

    Le Suisse est loin d'avoir abdiquéUne régularité au plus haut niveau proprement bluffante si l’on considère le statut de trentenaire du Bâlois qui doit également composer avec 4 enfants depuis l’arrivée de ses jumeaux en mai dernier. Toutefois, cette riche année 2014 n’est pas finie et promet d’être animée et chargée dans son emballage. En effet, non content de jouer les premiers rôles sur le circuit ATP, Roger Federer brille en Coupe Davis où il a enfin décidé de s’investir. Entre le trône mondial, le Masters et le saladier d’argent, les objectifs ne vont pas manquer. « Il y a tellement de choses qu’il faut faire un choix », avance sagement l’homme aux 17 titres en Grand Chelem, « ou juste essayer de jouer et voir combien d’énergie il reste à la fin », glisse-t-il en amateur invétéré du jeu qu’il est.  Dangereuse tentation que celle qui se propose à un Suisse bien décidé à jouir de son éclat retrouvé. « Je suis très consistant, c’est une saison solide. Je voulais gagner de nouveau des titres cars, à ce niveau-là, j’ai été plutôt déçu l’année dernière. Et j’ai encore pas mal de moments forts à vivre d’ici la fin de saison », savoure-t-il.

    « Les personnes comme Roger sont atypiques. Ce sont des phénomènes. Franchement, tant que Roger adorera jouer, tant qu'il montrera le même enthousiasme qu'il montre à chaque entraînement, le même désir de continuer à profiter du jeu, je ne pourrai lui imaginer rien d'autre que des succès à venir. Pour moi, la question n'est pas de savoir s'il va recommencer à gagner. Mais quand », prévenait Paul Annacone. Un an après, son avertissement prend davantage de caractère. « Le soleil couchant est souvent beau. Seulement le crépuscule est trop près de lui ! », écrivait Li Shangyin. Si son crépuscule approche inexorablement, du haut de ses 33 années, l’astre Federer offre un spectacle d’une rare beauté dont on ne peut que se délecter.

    Christopher Buet


    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :