• Bouchard trahit par son physique

    Wimbledon (1)Empêtrée dans une saison 2015 cauchemardesque, Eugénie Bouchard débarque sans aucune certitude à Wimbledon. Un an après sa première finale en Grand Chelem, la Canadienne a beaucoup appris et espère renouer avec le succès qui la fuit désespérément.

    C’est comme tomber dans un trou, un trou si profond que l’on n’en voit pas le fond. Une chute interminable, presque sans fin où tout contrôle a disparu et toute lutte semble vaine. Un an après avoir tutoyé les sommets du jeu, ici même, sur le Centre Court du plus auguste des tournois de tennis du monde, Eugénie Bouchard n’en finit plus de dégringoler dans une confondante médiocrité. A croire que les coups assénés avec une violence inouïe par Petra Kvitova et son bras de foudre en finale ont brisé plus qu’un rêve. Quelque chose a cédé, là sur ce gazon et les courts commencèrent à se dérober sous les pieds de la Canadienne en même temps que son jeu se délitait et avant que son physique ne la trahisse. C’était la semaine dernière, ultime péripétie d’une descente aux enfers.

    Bouchard est dans le durEngagée à Eastbourne, Bouchard était contrainte à l’abandon face à la future lauréate Belinda Bencic, en raison de douleurs aux abdominaux. « Je déteste abandonner pendant un match mais je n’avais pas le choix. En fait, j’aurais dû quitter la rencontre bien avant », regrettait-elle avant d’ajouter « C’était devenu insupportable. J’avais peine à servir convenablement. Je me suis dit qu’il ne fallait pas prendre de risque, surtout à l’approche d’une compétition aussi importante que Wimbledon. » Un problème qui survenait alors même que la 12ème joueuse venait de remporter la veille son premier match depuis plus d’un mois. Le point d’orgue d’une saison placée sous le signe du désastre.

    Un rude apprentissage

    Il paraît loin le temps où la Québécoise terrorisait ses adversaires arrimée à sa ligne de fond en les asphyxiant dès le retour de service. Lionne féroce et rugissante, mue par le désir de conquérir les sommets et de marquer son territoire. Le plus dur commençait pourtant car toute conquête est plus aisée que toute pérennisation. Si son retour en Australie laissait augurer de sa nouvelle place dans la hiérarchie mondiale avec un quart de finale consécutif à sa demie de 2014, la suite allait s’avérer déplaisante. Attaquée sur tous les fronts, elle ne parvenait à conserver son agressivité et enchaînait les défaites. Ainsi depuis l’Open d’Australie, Bouchard affiche un bilan ahurissant de 4 victoires en 15 matches. « Au début, j’étais très impatiente. J’espérais que cette année serait comme la précédente et même meilleure. Mais à regarder comment ça se déroule, je dois admettre que ce n’est pas brillant. Je suis dans un creux. Tout le monde me disait que ça allait arriver et visiblement je suis en plein dedans. C’est dur mais j’ai réalisé que je devais accepter cette situation, accepter que tout ne se passe pas bien en ce moment », tente aujourd’hui d’expliquer la joueuse de 21 ans.

    « Garder la tête haute »

    Sumyk a du travail pour rétablir GenieUne lucidité qui en dit long sur la maturité acquise par Eugénie Bouchard depuis plusieurs mois. Mais si comprendre est chose, elle n’est pas résolue à abdiquer. Bien au contraire. Malgré sa jeunesse, l’ancienne protégée de Nathalie Tauziat appartient à la caste des championnes et en possède le caractère. « Je déteste perdre mais je suis convaincue que je vais surmonter cette période néfaste. J’imagine que ça fait partie de mon apprentissage. Il faut garder la tête haute et surtout éviter d’être découragée », raisonne « Genie » avec sagesse. Patience est mère de vertu après tout, encore plus quand sa carrière n’en est qu’à ses balbutiements.

    Un douloureux apprentissage partagé avec son nouveau coach, Sam Sumyk. En effet, en perte de vitesse en fin de saison dernière, Bouchard choisissait de mettre un terme à sa collaboration avec Nick Saviano qui l’accompagnait depuis ses 12 ans. Une rupture nécessaire à en croire la principale intéressée. « Je n’ai aucun regret. Ce changement était inévitable. Bien sûr, la décision a été dure à prendre, mais elle devait être prise pour le bien de ma carrière », assure-t-elle. En février dernier, elle officialisait le recrutement du Breton, jusqu’alors aux côtés de Victoria Azarenka. Un professionnel accompli et reconnu qui avait mené la Biélorusse jusqu’à la place de n°1 mondiale et la conquête de 2 Majeurs à l’Open d’Australie. Un choix fort qui a nécessité de la patience. En effet, si les résultats tardent à se matérialiser, c’est parce que la phase d’apprivoisement a été plus longue que prévu. « Il m’a fallu presque deux mois pour communiquer efficacement avec Sam, mais enfin nous y sommes parvenus », dévoile la Québécoise.

    Souvenirs et ambitions

    Bouchard se refuse au marasmeUne bonne nouvelle à l’heure de revenir à Wimbledon. « C’est tellement spécial pour moi de me retrouver ici. J’ai eu le privilège de participer à la finale l’an dernier, et cette performance restera à jamais gravée dans ma mémoire », dit-elle non sans excitation. Un souvenir encore vivace dans son esprit et sur lequel elle va s’appuyer pour construire son tournoi. « Récemment, j'ai repensé à ces semaines (à Wimbledon l'an dernier) et je me suis rappelée de mes bons souvenirs. Je me suis demandé ce que je faisais de si bien à ce moment. J'étais dans ma bulle. J'ai repensé à ce sur quoi je me concentrais et je vais retenter l'expérience afin de jouer mieux », prévient l’ancienne 6ème mondiale. Un relâchement qu’elle devra couplée à une intensité et une exigence de tous les instants. « Eugénie a toutes les qualités pour atteindre le très, très haut niveau, et quand je parle de très haut niveau, je parle du haut de la pyramide », croit Sumyk.

    Placée dans la partie basse de tableau, « Genie » a été relativement épargnée pour son entrée en lice avec la qualifiée chinoise Ying-Ying Duan (117ème), une joueuse puissante mais pataude. Une formalité normalement sauf que la Canadienne n’a gagné que 2 rencontres depuis mi-mars et souffre encore de l’abdomen. Qu’importe les douleurs, Bouchard se donnera corps et âme. « Je jouerai quoi qu’il arrive, même si je suis sur une jambe », martèle-t-elle. Une attitude volontaire qui pourrait l’amener à passer quelques tours surtout si elle arrête de se saborder comme le regrette Hélène Pelletier. « Quand tu es une des meilleures mondiales, tu ne donnes pas ce genre de points sans livrer une bataille de tous les instants ! », écrit pour RDS l’ancienne joueuse canadienne. Avant d’envisager retrouver Madison Keys au 3ème tour, Makarova (8èmes) ou Kvitova en quart, il faudra remettre de l’ordre dans son jeu et sa tête. « Là où se trouve une volonté, il existe un chemin », disait Winston Churchill. Eugénie Bouchard n’en manque pas et puis il faut bien s’arrêter de tomber un jour et finir par se relever. Quel plus beau jardin que celui de Wimbledon pour reprendre pied.

    Christopher Buet


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  • Bouchard est dans le dur

    Wimbledon (1)Derrière Serena Williams et Petra Kvitova, les meileures joueuses mondiales peinent à rassurer et ouvrent la porte à plusieurs jeunes joueuses pleines d'ambitions et de confiance.

    Des retrouvailles qui plairaient certainement à la Canadienne car synonyme de succès préalables. Depuis sa finale perdue ici-même, la joueuse de 21 ans connaît une période des plus difficiles. Quart de finaliste encore à Melbourne, cette dernière s’est effondrée au printemps enchaînant les désillusions. Ainsi depuis Indian Wells fin mars, elle a disputé 8 tournois et n’a remporté que…2 rencontres. Une spirale négative que n’a pas (encore ?) su enrayer son nouveau coach Sam Sumyck. Au-delà de ça, la n°12 mondiale s’est blessée la semaine dernière. Touchée aux abdominaux, elle a été obligé d’abandonner contre Belinda Bencic. Malgré tout, la finaliste 2014 refuse de céder aux lamentations et est prête à se battre. « Je jouerai quoi qu’il arrive, même si je suis sur une jambe », assène-t-elle.

    Halep sans pressionDemi-finaliste l’an dernier, Simona Halep a aussi beaucoup à prouver dans la banlieue de Londres. Plus encore après son échec à Roland-Garros. « Sur terre battue, j’avais trop de pression et je n’ai pas réussi à la gérer. J’étais tétanisée. J’étais incapable de jouer lors de Roland-Garros », lâche la Roumaine. Aussi, la n°3 mondiale a pris quelques jours de vacances afin de « se relaxer » et de revenir « plus détendue » au moment de fouler le gazon. Période au cours de laquelle, elle en a profité pour se séparer de Victor Ionita, son coach depuis novembre, remplacé par le  duo Darren Cahill – Daniel Dobre. « Je n’ai aucune attente sur gazon. Je veux juste me faire plaisir sans pression. Je pense avoir un style qui se marie bien avec cette surface. J’aime jouer vite, mon centre de gravité est bas donc ça m’aide à rester sur mes appuis et à prendre la balle très tôt », dit-elle.

    « Je serai prête »

     

    De son côté, Maria Sharapova n’offre guère plus de garanties que ses rivales. La faute à une santé chancelante. En effet dans la fraîcheur parisienne, la Russe est tombée malade et n’a jamais pu réellement s’exprimer sur les courts ocre. Résultat une défaite logique face à la future finaliste Lucie Safarova et une préparation tronquée. Pas l’idéal avant un tournoi qui ne lui réussit plus depuis quelques saisons. Depuis sa finale perdue lourdement en 2011 face à Kvitova, la 4ème joueuse mondiale n’a plus dépassé le stade des huitièmes de finale. Pour autant, elle veut croire en ses chances. « Avec du travail, je sais que ce dont je suis capable et comment je vais me sentir sur le court. C’est la chose la plus importante pour moi. Être en forme pour me donner une chance de me préparer comme il faut que ce soit avec un tournoi de préparation, ou en passant quelques jours sur gazon avec du jeu ou de l’entraînement physique. Après, quand Wimbledon arrive, je sais que je serai prête », déclare-t-elle comme pour convaincre de sa détermination sans faille.

    Maria Sharapova y va sans certitudesSans aucun repère sur la surface, l’impératrice sibérienne va convoquer ses souvenirs pour tenter de s’inventer un futur, se remémorer que c’est ici qu’elle a ébloui le monde pour la première fois à seulement 17 ans. « Repenser à ma victoire me rappelle de grands moments. J’ai connu de grands succès ici et aussi des résultats beaucoup plus durs. C’est ici que ma carrière a pris son envol alors que j’étais très jeune mais je ne regarde pas trop en arrière car je préfère me concentrer sur chaque année, chaque tournoi comme si rien n’avait eu lieu avant », explique la joueuse aujourd’hui âgée de 28 ans qui doit avoir à l'esprit qu'en 2004 elle avait dominé une ceratine Serena Williams pour s'emparer du titre. Or, en demi-finale (si tout se passe bien), c'est l'Américaine, qu'elle n'a plus battu depuis le Masters...2004, qui devrait lui faire face.

     

    Bencic et Mladenovic en trouble paix

    Loin des atermoiements des meilleures, certaines filles iront sur le court la raquette pleine d’espoirs et de promesses. A commencer par la jeune Belinda Bencic. A seulement 18 ans, la Suissesse a rappelé combien elle appréciait le fait d’évoluer sur tapis verts en glanant le premier trophée de sa carrière à Eastbourne face à Radwanska. Déjà finaliste à S-Hertogenbosch, elle semble prête à reprendre la voie tracée par son aînée Martina Hingis. Plus que la confiance, la jeune femme connaît parfaitement Wimbledon et son gazon où elle a remporté le titre junior en 2013. Une nouvelle venue qui espère pousser le plus loin possible à l’image d’une Laura Robson ou d’une Bouchard et qui pourrait défier Ana Ivanovic dès les 8èmes.

    Bencic fête son premier titreDans le même quart de tableau, Kristina Mladenovic pourrait aussi en enquiquiner plus d’une. Souvent en retrait en simple, la Française a donné la leçon à Halep, Bouchard ou Strycova, quart de finaliste à Wimbledon 2014, la semaine passée. Battue seulement par Pliskova ou Bencic quelques jours avant, la Parisienne de 22 ans arrive en pleine confiance avec des armes bien identifiées et idéales pour le gazon : un service puissant et un jeu varié. Suffisant pour venir taquiner Azarenka au 3ème tour et voir plus loin ? En tout cas, elle mènera le contingent très restreint des tricolores avec Caroline Garcia à qui le destin lui promet un 3ème tour royale face à Serena Williams quand Cornet, tombeuse de l’Américaine en 2014, devra déjà se débarrasser de la petite perle croate Ana Konjuh qui a 17 ans vient de s’adjuger le tournoi de Nottingham et déjà présente au 3ème tour l’an dernier. Loin d’être évident donc pour la Niçoise qui espère bien ébranler à nouveau l’ordre établi, à l’image de ce soleil radieux étouffant le vénérable site londonien. L’air est lourd et électrique, aux filles de faire des étincelles.

    Christopher Buet


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  • Les trophées de Wimbledon

    Wimbledon (1)Quintuple lauréate de Wimbledon, Serena Williams débarque à Londres auréolée de ces deux titres à Melbourne et Paris. Si l’Américaine entend poursuivre sa quête du Grand Chelem calendaire, le chemin qui mène à la couronne britannique sera semé d’embûches.

     

    Kvitova à la renverseLes éclairs ont cessé et le tonnerre s’est tu rendant Wimbledon et son Centre Court à leur quiétude. Un an après, il ne reste plus rien de la tempête tchèque qui s’était abattue en cette après-midi de juillet, seulement les souvenirs d’un déchaînement, du bruit sourd des frappes pures assénées par une Petra Kvitova, soudainement transformée en déesse du tonnerre impitoyable, et celui du désarroi d’Eugénie Bouchard, ramenée à ses 20 ans et son statut de novice en finale de Grand Chelem. Le fracas de la renaissance de la divinité à la fausse patte de foudre s’est donc calmé mais résonne encore à l’heure où les allées du Majeur britannique frémissent, annonçant le retour des amazones des courts. Car le moment approche où celles-ci se lanceront dans une nouvelle bataille acharnée, la 121ème de l’histoire dans le plus vieux temple du tennis mondial, avec pour objectif la félicité de soulever le Venus Rosewater Dish et devenir l’un des joyaux de la couronne du jeu. Et si Petra Kvitova s’avance avec la lourde charge de défendre son titre acquis avec brio l’an passé, la Tchèque n’est pas favorite à sa succession. En effet, tous les regards sont braqués sur une autre femme, celle qui règne en despote sur le circuit féminin depuis des années : Serena Williams.

    La quête du Grand Chelem

    Serena veut effacer 2014Il faut dire que la cadette des sœurs Williams a mis les formes et de l’ordre dans la hiérarchie avant de débarquer de l’autre côté de la Manche. En effet si elle n’a disputé que 6 tournois cette saison, l’Américaine compte déjà 3 victoires et 2 demi-finales dont les deux premières levée du Grand Chelem. Impérial en début d’année du côté de Melbourne, elle avait lutté contre la maladie et elle-même pour triompher sur la scène dramatique de Roland-Garros. Jamais dans sa riche carrière, la n°1 mondiale n’avait abordé Wimbledon en ayant déjà accroché dans son étagère les deux premiers Majeurs de la saison. Une performance qui en dit long sur la qualité de jeu et le caractère de cette joueuse hors-norme et qui la place surtout sur le chemin d’un Grand Chelem à cheval sur 2 années, elle qui détient également le titre de l’US open après son succès en septembre 2014 sur Caroline Wozniacki. Une perspective que les observateurs envisagent aisément à l’image de Chris Evert. « Serena a de grandes chances. Pour moi, son jeu s’exprime mieux sur gazon que sur la terre battue », croit la détentrice de 18 Grand Chelem. Un sentiment partagé par John McEnroe. « Il n'y a aucun doute, personne ne peut battre Serena Williams si elle a décidé de gagner. Elle s'est mise en tête de faire tomber tous les records à sa portée. Combien de temps pourra-t-elle garder ce niveau-là ? Selon moi ça va durer encore longtemps. Elle vise le Grand Chelem, c'est sûr. C'est sa principale motivation, et personne ne pourra se mettre en travers de son chemin », assure l’ancien triple vainqueur de Wimbledon.

    Mue par son désir de grandeur, Serena Williams n’en sera que plus dangereuse, une guerrière redoutable lancée dans une quête invraisemblable à la hauteur de son talent sur un gazon qui lui plaît tant (5 titres). Bien que conquis, McEnroe consent à un bémol. « Le seul point faible à Wimbledon, c'est la surface. Sur terre par exemple, même avec peu de combativité, elle pouvait s'en sortir, par sa mobilité et sa puissance. C'est ce qu'elle a fait en finale de Roland-Garros. Mais face à de grosses cogneuses comme Petra Kvitova, ou de grosses serveuses comme Sabine Lisicki, elle ne pourra dicter son jeu aussi facilement qu'à Paris », indique-t-il.

    Kvitova espère être prêteKvitova, « comme à la maison »

    Une hypothèse que Petra Kvitova aura à cœur d’affirmer. En effet, la n°2 mondiale entend bien faire obstacle au destin glorieux de l’Américaine de 33 ans et confirmer son succès de l’an passé. Toutefois, la tâche promet d’être ardue au regard de la préparation chaotique de la Tchèque. Eliminée en huitièmes de finale Porte d’Auteuil, elle a été contrainte de déclarer forfait lors de son tournoi de reprise à Eastbourne en raison de maux de gorge. « Je me suis déjà entraînée sur du synthétique chez moi comme je le fais chaque année et là, j’ai pu jouer quelque chose comme trois jours sur le gazon d’Eastbourne donc ce n’est pas si mal. Je voulais évidemment jouer des matches mais je ne me sentais pas assez bien et ça n’aurait eu aucun sens de jouer ici pour au final n’être pas prête pour Wimbledon. J’espère maintenant avoir suffisamment récupérée », explique-t-elle avec calme.

    C’est donc sans le moindre match sur gazon que Kvitova débutera la défense de sa couronne. Une chose qui ne l’effraie guère en ce lieu qui l’a révélé au monde en 2011. « Je vais certainement être plus nerveuse que l’an dernier car je défend mon titre. Toutefois, j’adore jouer ici et ressentir l’histoire dans ce lieu. Je me sens comme à la maison », confie-t-elle. Placée dans la partie basse du tableau, la native de Bilovec a hérité d’un parcours assez clément où elle devra évidemment se méfier d’une Radwanska en pleine renaissance sur le gazon après sa finale à Eastbourne et programmée en 8ème, avant d’éventuelles retrouvailles avec Eugénie Bouchard.

    (la suite ici)

    Christopher Buet

     


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  • Kvitova embrasse son 2nd Venus Rosewater Dish

    Wimbledon (1)

    Pour sa seconde finale en Grand Chelem, Petra Kvitova a littéralement étrillé Eugénie Bouchard sur le Centre Court de Wimbledon (6-3 6-0). Avec ce succès, la Tchèque s’adjuge son second titre en Majeur, le second à Londres après celui remporter en 2011.

    Et soudain une dernière détonation déchira l’air feutré et lourd du vénérable Centre Court de Wimbledon. Un peu derrière sa ligne de fond de court, Petra Kvitova venait d’ébranler une ultime fois la quiétude du Temple du tennis en décochant un énorme revers croisé. De l’autre côté du filet, Eugénie Bouchard était impuissante. La Canadienne avait beau se détendre pour tenter de renvoyer le projectile, elle était foudroyée et ne parvenait à effleurer la balle de Kvitova.

    Petra Kvitova triomphe à Wimbledon

    L’horloge s’arrêtait, elle aussi touchée, et affichait 55 minutes. La tempête n’avait pas duré une heure mais avait anéanti les espoirs et les solides fondations de la 13ème mondiale. Une démonstration destructrice de puissance, de force et de régularité orchestrée par une Tchèque habitée. « C’était définitivement un de mes meilleurs matches. Je savais que j’étais capable de pratiquer un bon tennis sur gazon, mais j’ai vraiment très bien joué aujourd’hui. J’ai fait exactement ce qu’il fallait pour la battre. J’ai fait tout ce que je voulais, j’étais hyper concentrée sur chaque point », reconnaissait la future 4e joueuse mondiale après son triomphe. Un peu disparu des écrans radar depuis plusieurs mois, Kvitova avait choisi cette quinzaine et cette finale pour rappeler à tout le monde qu’elle possède l’un des plus beaux bras du circuit. Une arme de destruction massive capable de détruire n’importe quelle adversaire sans lui laisser la moindre de chance d’en réchapper.

    Kvitova saoule de coups Bouchard

    Un jeu assommant

    En ce samedi, un épais manteau gris et sombre avait enveloppé le All England  Lawn Tennis and Croquet Club. Un temps à ne pas mettre le nez dehors, un temps orageux et nerveux, signe d’une tempête approchant. Cette tempête avait un nom, féminin comme tous les phénomènes les plus dévastateurs, Petra. Venue de République Tchèque, Petra Kvitova a fait s’abattre la foudre sur le Centre Court de Wimbledon. Après un premier jeu bien négocié par son adversaire, la joueuse de 24 ans montrait son humeur électrique du jour, en servant le plomb. Le ton de la rencontre était donné, Kvitova était en rythme et n’allait rien pardonner. Aussi sur son second jeu de retour, elle sanctionnait une panne de première balle chez Bouchard. Sur sa deuxième opportunité, elle breakait avec une magnifique attaque de coup droit décroisé. Bousculée, la Canadienne tentait de revenir de suite dans le match et mettait sous pression sa rivale. Sans réussite. Au terme d’une défense acharnée, Kvitova envoyait un éclair sur la tête de Bouchard en glissant un délicieux passing chopé court croisé. L’orage ne faisait que commencer. Dangereuse sur chaque balle un peu courte de son adversaire, la gauchère se montrait intraitable sur chacune de ses mises en jeu, derrière un service détonnant. « Je me sentais bien. Je n’étais pas écrasée par l’évènement, ce n’était qu’un match. Mais j’ai vite eu l’impression que je ne pourrai pas installer mon jeu. Elle m’a rapidement mis la pression », analysait Bouchard.

    Kvitova impérial sur ses services

    A 4-2, Kvitova accentuait encore son emprise. Frappant toujours plus fort et dans des zones toujours plus incroyables, la Tchèque punissait sa cadette et la faisait craquer une seconde fois sur un coup droit décroisé envoyé dans l’angle (5-2). Bouchard s’autorisait un sursaut d’orgueil dans la foulée avant de finalement céder devant la force de frappe tchèque. Impitoyable, Kvitova était redevenue Petra 1ère lauréate insouciante et fascinante de 2011.

    « Le sentiment d’être intouchable »

    « J’avais le sentiment d’être intouchable, mais je n’avais pas perdu de vue que c’était une finale et je savais comment l’aborder », décrivait l’ancienne n°2 mondiale, « C’est un peu comme en Fed Cup. Je pouvais sentir la foule, mon estomac était tout chamboulé. J’étais inquiète de ne pouvoir y arriver (à gagner) mais j’ai réussi. » Réussi à maintenir ce niveau ahurissant car loin de faiblir, Kvitova intensifiait son emprise. Se régalant de la tendresse des services adverses, elle libérait totalement son bras. Chacune de ses frappes résonnaient alors dans ce Temple du tennis transformé le temps d’une après-midi en sanctuaire foudroyant où une déesse venue de Bilovec dans l’Est de la République Tchèque faisait rugir le tonnerre et s’abattre la foudre. Un déluge d’éclairs en coup droit, en revers (28 coups gagnants au total, ndlr) et surtout au service.

    Bouchard était impuissante

    Régulière avec 68 % de 1ères balles, Kvitova enchaînait les merveilles au T pour mettre au supplice une Bouchard saoulée de coups. « Vous savez, parfois votre adversaire joue tout simplement mieux que vous et c’est ce qui s’est passé aujourd’hui », convenait fataliste la jeune joueuse de 20 ans. Privée de temps et de solutions, cette dernière ne pouvait rien pour endiguer la tempête et voyait les jeux défilés reculant sous les coups de boutoir terrible d’une adversaire en état de grâce. « Elle a joué un tennis fantastique », saluait la lauréate junior de Wimbledon en 2012. Dans une nouvelle tornade de coups gagnants, Kvitova mettait fin au calvaire et à sa démonstration de force sur un ultime revers croisé. Ce revers qui a tant martyrisé la Canadienne. Comme un symbole.

    Sa colère presque divine cessa là, à cet instant où ne 

    Kvitova à la renverse

    voyant pas la balle revenir, elle lâchait sa raquette d’où jaillissait ses innombrables éclairs et s’écroulait sur le gazon de « son » Temple, de « son » Wimbledon. « C’est Wimbledon ici. L'histoire du tennis s'y écrit. C’est toujours agréable de fouler le Centre court. Je m’y sens comme à la maison. Vous savez, j’ai eu des hauts et des bas depuis mon titre de 2011. J’ai toujours travaillé dur, cru en moi. Avec mon équipe, nous avons fait un gros travail et je suis trop heureuse de connaître ça une deuxième fois. Je ne peux pas dire si l’émotion est plus forte mais me retrouver ici à nouveau avec le trophée est un sentiment incroyable », savourait la désormais double championne en Grand Chelem. Prostrée sur sa chaise et lors du protocole, Eugénie Bouchard se voyait déjà revenir pour échanger son plateau contre ce saillant Venus Rosewater Dish.

    Eugenie Bouchard reviendra

    « Après le match, dans les couloirs en attendant la cérémonie, je regardais les officiels travailler et je les imaginais écrivant mon nom sur le tableau en lettres d’or », romançait la future joueuse du Top 10 dont le regard trahissait l’ambition contrariée. A 20 ans, cette quinzaine londonienne a assis encore un peu plus son nouveau statut dans la hiérarchie féminine et confirmé qu’il faudrait compter avec elle dans les années à venir. Une position que Kvitova avait connu trois ans plus tôt en survolant l’édition 2011. En ce 5 juillet, la planète tennis a retrouvé le joyau tchèque et son bras gauche en or. La résurrection d’une joueuse, au jeu de foudre, enfin prête à assumer son rang.

    Les deux finalistes et leurs trophées
    Christopher Buet

     


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  • Eugénie Bouchard verra la finale

    Wimbledon (1)

    Au terme d’un match qu’elle aura contrôlé dans les grandes largeurs, Eugénie Bouchard a forcé le verrou des demi-finales en grand Chelem et s’est qualifié pour la finale de Wimbledon aux dépends de Simona Halep (7-6 6-2). La première Canadienne de l’histoire en finale d’un Majeur affrontera samedi, la lauréate de 2011 Petra Kvitova.

    Bouchard lève les bras et rallie la finale

    « Je veux aller plus loin cette fois ! » Depuis quinze jours, voire même un mois et sa défaite en demi-finale de Roland-Garros, Eugénie Bouchard ne cache pas sa volonté, son désir ardant et profond de franchir ce mur et rallier la finale d’un Grand Chelem. Après deux échecs à Paris donc et du côté de Melbourne en janvier dernier, la jeune canadienne aspirait à ce dernier samedi qui se refusait à elle et plus largement, au tennis canadien. Aussi à l’heure de conclure, son bras trembla et ses jambes flageolèrent. Alors qu’elle s’échinait sur le court depuis bientôt 1h30, Bouchard laissait filer cinq balles de match dont trois sur l’engagement adverse avant de parvenir à composter son billet. En effet, loin de s’affoler, Bouchard expédiait une grosse première balle que Simona Halep ne pouvait renvoyer. On eut pu croire que la joueuse de 20 ans allait exploser, donner libre cours à sa joie. Il n’en fut rien. Se retournant vers son clan dans un bref élan, elle leva les bras et serra vigoureusement le poing. Ni plus, ni moins. « C'est forcément spécial d'écrire une nouvelle page d'histoire pour le Canada, mais mon travail n'est pas fini, je veux franchir la dernière marche donc je vais rester bien concentrée et je savourerai après », arguait la première Canadienne de l’histoire à se hisser à ce stade de la compétition. Ambitieuse malgré ses 6 participations en Grand Chelem, Bouchard souhaitait que cette demi-finale ne soit qu’une étape. Pour ce faire, elle s’était attachée à bien abordée l’événement.

    Deux interruptions pour animation

    Pourtant, c’est la finaliste du dernier Roland-Garros qui prenait les devants d’entrée. Dès le 3ème jeu du match, Simona Halep sautait sur la première occasion pour s’emparer du service de Bouchard. Peu habituée à être ainsi prise à la gorge, la Québécoise ne tardait pas à répliquer et ce dès le jeu suivant. Coupant invariablement les services adverses (elle a renvoyé 98% des services depuis l’intérieur du court durant ce Wimbledon 2014, ndlr), elle mettait sur le reculoir la Roumaine et obtenait deux chances de recoller. La première fut la bonne. Attaquant franchement, sur le revers 

    La cheville de Halep cède

    roumain, elle la poussait à la faute. Un point qui coûtait plus que la perte de son ascendant à Halep. Sur son ultime course, cette dernière se bloquait la cheville sur la terre brûlée du central et appelait le médecin. Plus de peur que de mal pour la 3ème mondiale qui reprenait la raquette après s’être fait apposer un gros bandage sur sa cheville gauche endolorie.  De son côté, Bouchard devait composer avec cette interruption comme ce fut le cas contre Cornet en 8ème avec la pluie.

    L’incident n’aura pas de conséquences sur la suite du set. Si Bouchard faisait la loi sur ses engagements grâce à un pourcentage correct (58% contre 59 à Halep, ndlr) et surtout sa volonté d’écourter les échanges, Halep en faisait de même semblant ne ressentir aucune gêne dans ses déplacements au point d’effacer 2 balles de break à 3-4. Comme contre Cornet, c’est lors du tie-break que Bouchard allait forcer la décision. Suite au malaise d’un spectateur en raison de la chaleur qui accablait Londres en cette après-midi, la blonde retournait la situation. Bien aidée par la bande du filet qui rendait victorieux son coup de défense à 2-4, elle poussait ensuite Halep à commettre 3 fautes de rang et s’octroyer 2 balles de set. Si elle ne put rien pour convertir la première, elle alla s’adjuger ce premier acte disputé au filet sur une volée pleine d’autorité (7-6).  Sans avoir été brillante durant une heure, Bouchard avait su (une nouvelle fois) être parfaite dès lors que les points s’avéraient cruciaux. La marque des grandes, des très grandes ; celle qui consacre les championnes et enterrent les prétendantes.

    Bouchard met la pression sur Halep

    « Je peux jouer mieux »

    Comme face à Sharapova à Roland-Garros, la Canadienne opérait la bascule en position idéale sauf que cette fois, elle n’allait pas laisser son opposante revenir pour lui voler sa place en finale. Si Halep assurait son premier jeu de service, elle n’allait plus en inscrire aucun avant une bonne demi-heure. Sur une double faute, celle qui avait remporté 6 titres l’an passé donnait le break. Une offrande que ne refusait pas Bouchard. Intraitable, la championne junior de Wimbledon en 2012 accentuait la pression et martyrisait toujours plus Halep avec ses claques en coup droit (20 coups gagnant au total, ndlr). Acculée et consciente de ne plus avoir d’alternative, la Roumaine jetait ses dernières forces dans la bataille mais perdait le contrôle. A trop vouloir en mettre, elle sortait une première balle avant d’en expédier une autre dans le filet pour le double-break (4-1).

    Simona Halep n'a rien pu faire

    Ne restait plus qu’à l’ancienne protégée de Nathalie Tauziat à terminer le travail. Rattrapée par la nervosité et perturbée par un cri venu du public sur sa 1ère balle de match, Bouchard voyait son adversaire, sur son service, lui refuser par 3 fois le droit de l’emporter pour l’obliger à servir pour la finale. Son bras toussa deux fois de plus. Insuffisant pour la priver du succès qu’elle décrochait donc sur cet ultime service gagnant.  « Je suis ravie de disputer ma première finale en Grand Chelem. Je travaille pour ça depuis longtemps déjà, et je suis assez fière de moi après les efforts d'aujourd'hui », savourait celle qui s’était accordée une petit séance d’autographes à sa sortie du Centre Court. Une fierté mais pas un aboutissement et encore moins une surprise. « J’ai toujours eu confiance en moi, ça ne me surprend pas tant que ça ces bons résultats cette saison. J’ai beaucoup travaillé pour y parvenir. » Loin de se contenter de cette qualification, Bouchard se projetait déjà vers le grand rendez-vous de samedi et sa finale face à Petra Kvitova. « Ca va être un gros challenge. Nous serons toutes les deux parfaitement préparées. Je sais que je peux jouer mieux qu’aujourd’hui et j’espère que je le ferais samedi pour la finale », annonçait-elle du haut de ses 20 ans avec un calme impressionnant et une confiance saisissante.

    Pour sa toute première finale en Grand Chelem, Eugénie Bouchard ne sera pas là pour apprendre. Face à la championne 2011, qui avait triomphé pour sa première apparition à ce niveau de la compétition, c’est bien la couronne que la jeune prétendante viendra réclamer, ainsi qu’un petit bout d’Histoire.

    Christopher Buet


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