• Le calme de l'Histoire

    Eugénie Bouchard verra la finale

    Wimbledon (1)

    Au terme d’un match qu’elle aura contrôlé dans les grandes largeurs, Eugénie Bouchard a forcé le verrou des demi-finales en grand Chelem et s’est qualifié pour la finale de Wimbledon aux dépends de Simona Halep (7-6 6-2). La première Canadienne de l’histoire en finale d’un Majeur affrontera samedi, la lauréate de 2011 Petra Kvitova.

    Bouchard lève les bras et rallie la finale

    « Je veux aller plus loin cette fois ! » Depuis quinze jours, voire même un mois et sa défaite en demi-finale de Roland-Garros, Eugénie Bouchard ne cache pas sa volonté, son désir ardant et profond de franchir ce mur et rallier la finale d’un Grand Chelem. Après deux échecs à Paris donc et du côté de Melbourne en janvier dernier, la jeune canadienne aspirait à ce dernier samedi qui se refusait à elle et plus largement, au tennis canadien. Aussi à l’heure de conclure, son bras trembla et ses jambes flageolèrent. Alors qu’elle s’échinait sur le court depuis bientôt 1h30, Bouchard laissait filer cinq balles de match dont trois sur l’engagement adverse avant de parvenir à composter son billet. En effet, loin de s’affoler, Bouchard expédiait une grosse première balle que Simona Halep ne pouvait renvoyer. On eut pu croire que la joueuse de 20 ans allait exploser, donner libre cours à sa joie. Il n’en fut rien. Se retournant vers son clan dans un bref élan, elle leva les bras et serra vigoureusement le poing. Ni plus, ni moins. « C'est forcément spécial d'écrire une nouvelle page d'histoire pour le Canada, mais mon travail n'est pas fini, je veux franchir la dernière marche donc je vais rester bien concentrée et je savourerai après », arguait la première Canadienne de l’histoire à se hisser à ce stade de la compétition. Ambitieuse malgré ses 6 participations en Grand Chelem, Bouchard souhaitait que cette demi-finale ne soit qu’une étape. Pour ce faire, elle s’était attachée à bien abordée l’événement.

    Deux interruptions pour animation

    Pourtant, c’est la finaliste du dernier Roland-Garros qui prenait les devants d’entrée. Dès le 3ème jeu du match, Simona Halep sautait sur la première occasion pour s’emparer du service de Bouchard. Peu habituée à être ainsi prise à la gorge, la Québécoise ne tardait pas à répliquer et ce dès le jeu suivant. Coupant invariablement les services adverses (elle a renvoyé 98% des services depuis l’intérieur du court durant ce Wimbledon 2014, ndlr), elle mettait sur le reculoir la Roumaine et obtenait deux chances de recoller. La première fut la bonne. Attaquant franchement, sur le revers 

    La cheville de Halep cède

    roumain, elle la poussait à la faute. Un point qui coûtait plus que la perte de son ascendant à Halep. Sur son ultime course, cette dernière se bloquait la cheville sur la terre brûlée du central et appelait le médecin. Plus de peur que de mal pour la 3ème mondiale qui reprenait la raquette après s’être fait apposer un gros bandage sur sa cheville gauche endolorie.  De son côté, Bouchard devait composer avec cette interruption comme ce fut le cas contre Cornet en 8ème avec la pluie.

    L’incident n’aura pas de conséquences sur la suite du set. Si Bouchard faisait la loi sur ses engagements grâce à un pourcentage correct (58% contre 59 à Halep, ndlr) et surtout sa volonté d’écourter les échanges, Halep en faisait de même semblant ne ressentir aucune gêne dans ses déplacements au point d’effacer 2 balles de break à 3-4. Comme contre Cornet, c’est lors du tie-break que Bouchard allait forcer la décision. Suite au malaise d’un spectateur en raison de la chaleur qui accablait Londres en cette après-midi, la blonde retournait la situation. Bien aidée par la bande du filet qui rendait victorieux son coup de défense à 2-4, elle poussait ensuite Halep à commettre 3 fautes de rang et s’octroyer 2 balles de set. Si elle ne put rien pour convertir la première, elle alla s’adjuger ce premier acte disputé au filet sur une volée pleine d’autorité (7-6).  Sans avoir été brillante durant une heure, Bouchard avait su (une nouvelle fois) être parfaite dès lors que les points s’avéraient cruciaux. La marque des grandes, des très grandes ; celle qui consacre les championnes et enterrent les prétendantes.

    Bouchard met la pression sur Halep

    « Je peux jouer mieux »

    Comme face à Sharapova à Roland-Garros, la Canadienne opérait la bascule en position idéale sauf que cette fois, elle n’allait pas laisser son opposante revenir pour lui voler sa place en finale. Si Halep assurait son premier jeu de service, elle n’allait plus en inscrire aucun avant une bonne demi-heure. Sur une double faute, celle qui avait remporté 6 titres l’an passé donnait le break. Une offrande que ne refusait pas Bouchard. Intraitable, la championne junior de Wimbledon en 2012 accentuait la pression et martyrisait toujours plus Halep avec ses claques en coup droit (20 coups gagnant au total, ndlr). Acculée et consciente de ne plus avoir d’alternative, la Roumaine jetait ses dernières forces dans la bataille mais perdait le contrôle. A trop vouloir en mettre, elle sortait une première balle avant d’en expédier une autre dans le filet pour le double-break (4-1).

    Simona Halep n'a rien pu faire

    Ne restait plus qu’à l’ancienne protégée de Nathalie Tauziat à terminer le travail. Rattrapée par la nervosité et perturbée par un cri venu du public sur sa 1ère balle de match, Bouchard voyait son adversaire, sur son service, lui refuser par 3 fois le droit de l’emporter pour l’obliger à servir pour la finale. Son bras toussa deux fois de plus. Insuffisant pour la priver du succès qu’elle décrochait donc sur cet ultime service gagnant.  « Je suis ravie de disputer ma première finale en Grand Chelem. Je travaille pour ça depuis longtemps déjà, et je suis assez fière de moi après les efforts d'aujourd'hui », savourait celle qui s’était accordée une petit séance d’autographes à sa sortie du Centre Court. Une fierté mais pas un aboutissement et encore moins une surprise. « J’ai toujours eu confiance en moi, ça ne me surprend pas tant que ça ces bons résultats cette saison. J’ai beaucoup travaillé pour y parvenir. » Loin de se contenter de cette qualification, Bouchard se projetait déjà vers le grand rendez-vous de samedi et sa finale face à Petra Kvitova. « Ca va être un gros challenge. Nous serons toutes les deux parfaitement préparées. Je sais que je peux jouer mieux qu’aujourd’hui et j’espère que je le ferais samedi pour la finale », annonçait-elle du haut de ses 20 ans avec un calme impressionnant et une confiance saisissante.

    Pour sa toute première finale en Grand Chelem, Eugénie Bouchard ne sera pas là pour apprendre. Face à la championne 2011, qui avait triomphé pour sa première apparition à ce niveau de la compétition, c’est bien la couronne que la jeune prétendante viendra réclamer, ainsi qu’un petit bout d’Histoire.

    Christopher Buet


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