• La déesse du tonnerre

    Kvitova embrasse son 2nd Venus Rosewater Dish

    Wimbledon (1)

    Pour sa seconde finale en Grand Chelem, Petra Kvitova a littéralement étrillé Eugénie Bouchard sur le Centre Court de Wimbledon (6-3 6-0). Avec ce succès, la Tchèque s’adjuge son second titre en Majeur, le second à Londres après celui remporter en 2011.

    Et soudain une dernière détonation déchira l’air feutré et lourd du vénérable Centre Court de Wimbledon. Un peu derrière sa ligne de fond de court, Petra Kvitova venait d’ébranler une ultime fois la quiétude du Temple du tennis en décochant un énorme revers croisé. De l’autre côté du filet, Eugénie Bouchard était impuissante. La Canadienne avait beau se détendre pour tenter de renvoyer le projectile, elle était foudroyée et ne parvenait à effleurer la balle de Kvitova.

    Petra Kvitova triomphe à Wimbledon

    L’horloge s’arrêtait, elle aussi touchée, et affichait 55 minutes. La tempête n’avait pas duré une heure mais avait anéanti les espoirs et les solides fondations de la 13ème mondiale. Une démonstration destructrice de puissance, de force et de régularité orchestrée par une Tchèque habitée. « C’était définitivement un de mes meilleurs matches. Je savais que j’étais capable de pratiquer un bon tennis sur gazon, mais j’ai vraiment très bien joué aujourd’hui. J’ai fait exactement ce qu’il fallait pour la battre. J’ai fait tout ce que je voulais, j’étais hyper concentrée sur chaque point », reconnaissait la future 4e joueuse mondiale après son triomphe. Un peu disparu des écrans radar depuis plusieurs mois, Kvitova avait choisi cette quinzaine et cette finale pour rappeler à tout le monde qu’elle possède l’un des plus beaux bras du circuit. Une arme de destruction massive capable de détruire n’importe quelle adversaire sans lui laisser la moindre de chance d’en réchapper.

    Kvitova saoule de coups Bouchard

    Un jeu assommant

    En ce samedi, un épais manteau gris et sombre avait enveloppé le All England  Lawn Tennis and Croquet Club. Un temps à ne pas mettre le nez dehors, un temps orageux et nerveux, signe d’une tempête approchant. Cette tempête avait un nom, féminin comme tous les phénomènes les plus dévastateurs, Petra. Venue de République Tchèque, Petra Kvitova a fait s’abattre la foudre sur le Centre Court de Wimbledon. Après un premier jeu bien négocié par son adversaire, la joueuse de 24 ans montrait son humeur électrique du jour, en servant le plomb. Le ton de la rencontre était donné, Kvitova était en rythme et n’allait rien pardonner. Aussi sur son second jeu de retour, elle sanctionnait une panne de première balle chez Bouchard. Sur sa deuxième opportunité, elle breakait avec une magnifique attaque de coup droit décroisé. Bousculée, la Canadienne tentait de revenir de suite dans le match et mettait sous pression sa rivale. Sans réussite. Au terme d’une défense acharnée, Kvitova envoyait un éclair sur la tête de Bouchard en glissant un délicieux passing chopé court croisé. L’orage ne faisait que commencer. Dangereuse sur chaque balle un peu courte de son adversaire, la gauchère se montrait intraitable sur chacune de ses mises en jeu, derrière un service détonnant. « Je me sentais bien. Je n’étais pas écrasée par l’évènement, ce n’était qu’un match. Mais j’ai vite eu l’impression que je ne pourrai pas installer mon jeu. Elle m’a rapidement mis la pression », analysait Bouchard.

    Kvitova impérial sur ses services

    A 4-2, Kvitova accentuait encore son emprise. Frappant toujours plus fort et dans des zones toujours plus incroyables, la Tchèque punissait sa cadette et la faisait craquer une seconde fois sur un coup droit décroisé envoyé dans l’angle (5-2). Bouchard s’autorisait un sursaut d’orgueil dans la foulée avant de finalement céder devant la force de frappe tchèque. Impitoyable, Kvitova était redevenue Petra 1ère lauréate insouciante et fascinante de 2011.

    « Le sentiment d’être intouchable »

    « J’avais le sentiment d’être intouchable, mais je n’avais pas perdu de vue que c’était une finale et je savais comment l’aborder », décrivait l’ancienne n°2 mondiale, « C’est un peu comme en Fed Cup. Je pouvais sentir la foule, mon estomac était tout chamboulé. J’étais inquiète de ne pouvoir y arriver (à gagner) mais j’ai réussi. » Réussi à maintenir ce niveau ahurissant car loin de faiblir, Kvitova intensifiait son emprise. Se régalant de la tendresse des services adverses, elle libérait totalement son bras. Chacune de ses frappes résonnaient alors dans ce Temple du tennis transformé le temps d’une après-midi en sanctuaire foudroyant où une déesse venue de Bilovec dans l’Est de la République Tchèque faisait rugir le tonnerre et s’abattre la foudre. Un déluge d’éclairs en coup droit, en revers (28 coups gagnants au total, ndlr) et surtout au service.

    Bouchard était impuissante

    Régulière avec 68 % de 1ères balles, Kvitova enchaînait les merveilles au T pour mettre au supplice une Bouchard saoulée de coups. « Vous savez, parfois votre adversaire joue tout simplement mieux que vous et c’est ce qui s’est passé aujourd’hui », convenait fataliste la jeune joueuse de 20 ans. Privée de temps et de solutions, cette dernière ne pouvait rien pour endiguer la tempête et voyait les jeux défilés reculant sous les coups de boutoir terrible d’une adversaire en état de grâce. « Elle a joué un tennis fantastique », saluait la lauréate junior de Wimbledon en 2012. Dans une nouvelle tornade de coups gagnants, Kvitova mettait fin au calvaire et à sa démonstration de force sur un ultime revers croisé. Ce revers qui a tant martyrisé la Canadienne. Comme un symbole.

    Sa colère presque divine cessa là, à cet instant où ne 

    Kvitova à la renverse

    voyant pas la balle revenir, elle lâchait sa raquette d’où jaillissait ses innombrables éclairs et s’écroulait sur le gazon de « son » Temple, de « son » Wimbledon. « C’est Wimbledon ici. L'histoire du tennis s'y écrit. C’est toujours agréable de fouler le Centre court. Je m’y sens comme à la maison. Vous savez, j’ai eu des hauts et des bas depuis mon titre de 2011. J’ai toujours travaillé dur, cru en moi. Avec mon équipe, nous avons fait un gros travail et je suis trop heureuse de connaître ça une deuxième fois. Je ne peux pas dire si l’émotion est plus forte mais me retrouver ici à nouveau avec le trophée est un sentiment incroyable », savourait la désormais double championne en Grand Chelem. Prostrée sur sa chaise et lors du protocole, Eugénie Bouchard se voyait déjà revenir pour échanger son plateau contre ce saillant Venus Rosewater Dish.

    Eugenie Bouchard reviendra

    « Après le match, dans les couloirs en attendant la cérémonie, je regardais les officiels travailler et je les imaginais écrivant mon nom sur le tableau en lettres d’or », romançait la future joueuse du Top 10 dont le regard trahissait l’ambition contrariée. A 20 ans, cette quinzaine londonienne a assis encore un peu plus son nouveau statut dans la hiérarchie féminine et confirmé qu’il faudrait compter avec elle dans les années à venir. Une position que Kvitova avait connu trois ans plus tôt en survolant l’édition 2011. En ce 5 juillet, la planète tennis a retrouvé le joyau tchèque et son bras gauche en or. La résurrection d’une joueuse, au jeu de foudre, enfin prête à assumer son rang.

    Les deux finalistes et leurs trophées
    Christopher Buet

     


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :