• La fessée russe

    Bouchard complètement désabusée

    Open d'Australie logoRévélations de la saison dernière, Eugénie Bouchard et Simona Halep ont été corrigées, la nuit dernière, en quart de finale de l’Open d’Australie. Deux défaites cinglantes portant le sceau des taulières du tennis russe : Maria Sharapova et Ekaterina Makarova.

    Bouchard a la tête basseLes visages sont fermés, tristes et renfrognés. Les yeux rivés à un sol dont ils ne peuvent plus se décoller. La démarche est voûtée par l’abattement. A quelques heures d’intervalle, sur la même scène de la Rod Laver Arena, Eugénie Bouchard et Simona Halep ont tiré leur révérence, cachant derrière une certaine dignité la gêne occasionnée par la qualité de leur prestation. Renvoyées à leurs chères études comme des gamines n’ayant pas su réciter leurs leçons et ayant reçu une fessée mémorable de leurs parents. Car, c’est belle fessée que leurs aînés russes, Maria Sharapova (27 ans) et Ekaterina Makarova (26 ans) ont infligé aux deux jeunes filles (respectivement 20 ans et 23 ans, ndlr). Une de ces corrections qui laisse des marques rouges sur le corps et des maux dans le cœur. « C’était un mauvais jour », lâchait sans expression la Roumaine. De son côté, la Canadienne donnait dans le laconique : « Je ne suis jamais heureuse de perdre. » Rien de plus légitime pour la perfectionniste de Montréal, d’autant plus quand la défaite se veut aussi lourde.

    « Sous pression toute la partie »

    On attendait pourtant énormément de ce quart de finale face à l’impératrice de Sibérie. Doux choc aux relents d’ocre convoquant le souvenir de cette demi-finale intense qui avait opposé les deux protagonistes à Roland-Garros en juin dernier et dont la Russe était sortie victorieuse. Pourtant, les attentes allaient vite être dissipées par la tournure des événements. Egale à elle-même, Maria Sharapova faisait hurler sa puissance. « Je me suis sentie sous pression toute la partie. Je n’ai pas bien commencé et tout s’est enchaîné négativement ensuite… J’aurais dû être capable de m’en sortir, rentrer dans le terrain et finir les points quand j’avais des balles courtes. Contre des joueuses de ce calibre, vous devez profiter de la moindre ouverture et je ne l’ai pas fait », exposait sans chercher d’excuse la demi-finaliste 2014. Sans cesse pris de vitesse par la balle adverse qui se régalait de ses services trop tendres, Bouchard en était réduite à de la figuration.

    Les gifles de SharapovaD’habitude si confiante et régulière, l’ancienne élève de Nathalie Tauziat était penaude et enchaînait les erreurs, à l’image de ce premier set, perdu 6-3, où incrédule, elle en commettait 20 (30 au total, ndlr). « Si j’ai moins de temps, j’ai tendance à prendre plus de risques et je fais plus d’erreurs. Je crois que c’est la raison pour laquelle, j’ai fait tant de fautes directes aujourd’hui… », convenait-elle. En effet, la n°2 mondiale russe s’est évertuée à étouffer les intentions de sa jeune opposante. « Je ne crois pas avoir eu beaucoup de baisse de régime dans ce match. Et quand ça m’arrivait, je me suis montrée capable de sortir une grosse première balle ou un excellent retour », appréciait la quintuple lauréate de Grand Chelem. Comme un symbole, Sharapova forçait son destin dans une deuxième manche archi-dominée face à une Bouchard toujours plus agacée et désabusée. A 2-1 d’abord pour mettre la tête dans le sceau de la 7ème mondiale  par la grâce d’hargneux retours, puis à 5-2 avant de conclure sur deux immenses gifles de coup droit long de ligne et dans la grande diagonale. Comme en 2012 et 2013, Sharapova s’invitait en demi-finales à Melbourne. Une qualification qu’elle avouait devoir à son père, qui l’avait bien sermonnée à l’issue de son 2nd tour où elle avait entrevu la défaite contre sa compatriote Alexandra Panova.  « Dans une version plus soft, ça ressemblait à ça : ‘’C’est inacceptable. Tu as travaillé plus dur que jamais. Si tu étais un peu plus intelligente, tu aurais fais les choses un peu différemment et peut-être que ça aurait été plus facile. Je ne comprends pas pourquoi tu souffres autant pour rien. Rends-toi les choses simple.’’ Il avait totalement raison », s’amusait-elle.

    Makarova file en demieMakarova aime le dernier carré

    Sur la route de sa 4ème finale australienne, Maria Sharapova affrontera sa compatriote Ekaterina Makarova. Les deux joueuses se connaissent bien puisque la première a mis fin à l’aventure de la seconde à Melbourne Park en 2012 et 2013, à chaque fois en quart de finale. Pour s’offrir cette troisième confrontation à l’Open d’Australie, la Moscovite, qui intégrera le Top 10 lundi, savait qu’elle allait devoir se montrer entreprenante face à Simona Halep, une adversaire qu’elle n’avait jamais dominée. « J’ai essayé d’être solide et de jouer mon jeu. C’est une adversaire contre qui j’avais perdu il y a deux ans (à New Haven en 2013, ndlr). Elle ne rate pas beaucoup et nous avions fait de longs et durs échanges. Donc, j’ai essayé d’être plus agressive », expliquait la 11ème mondiale. Concentrée et appliquée, la gauchère était bien aidée par une Roumaine méconnaissable. Rarement, cette dernière aura paru aussi dépassée par les événements, comme tétanisée. « Je ne sais pas si je peux parler de pression, je ne crois pas. J’étais juste un peu trop stressée. Je ne comprends pas trop pourquoi car j’ai l’expérience des quarts de finale depuis l’an passé. Aujourd’hui, je ne sentais pas mon jeu comme la balle… », déclarait la finaliste de Roland-Garros et du dernier Masters.

    Halep, dépassée par les événementsLe paroxysme fut atteint au cours de la 2nde manche. « Je crois qu’elle était déboussolée. Elle ne savait plus quoi faire », témoignait Makarova. « Je n’y croyais plus. Je ne me battais pas bien, j’avais perdu ma concentration », confirmait son adversaire qui encaissait un sévère 6-0 au bout de sa 31ème faute directe. Une gifle qui clôturait sa campagne australienne, là où elle s’était refermée la saison dernière, après seulement 1h09 de jeu.

    Au lieu de deux grosses batailles, ces quarts de finale auront été des démonstrations de force et de maturité. De quoi envisager une belle empoignade dans cette première demi-finale entre Russes depuis 2009 (Safina avait battu Zvonareva, ndlr), même si Sharapova ne s’est jamais inclinée en 5 confrontations contre Makarova.

    Christopher Buet


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