• Implacable réalité

    Cristiano Ronaldo
    Comme une évidence, le FC Barcelone s'est incliné au Camp Nou face au Real Madrid (1-2). Comme souvent depuis des semaines, le Barça n'aura pas su mettre de vitesse et de créativité dans son jeu pour parvenir à ses fins. Moins réalistes, moins inspirés, les catalans ont plié face à la solidité du bloc madrilène. Une issue prévisible et attendue depuis longtemps par les observateurs avisés et que la fatalité d’un soir n’a fait que révéler aux yeux de tous.
     
    Pourtant c’est sous de beaux auspices que le match démarrait. Il régnait sur Barcelone un soleil généreux et brillant, annonciateur d’un nouveau soir de spectacle. Un doux parfum de ceux qui guette les jours de Clasico enivrait une ville déjà acquise à la cause des siens. De bleu et de grenat, Barcelone scintillait. Pourtant ce soleil cachait une tempête, dont l’imminence n’était retardée que par pur optimisme et aveuglement car le FC Barcelone version 2012 n’est qu’une pâle copie de l’année précédente. Bien sûr, le champion d’Europe est en demi-finale de la Ligue des Champions et toujours en course pour conserver sa couronne comme le Milan de Sacchi avant lui, bien sûr il jouera la finale de la Copa del Rey le 25 mai prochain face à Bilbao, bien sûr en cas de victoire sur le Real, il reviendrait à 1 point de son rival. Mais les apparences sont trompeuses et ce Barça déçoit là où il avait émerveillé : sur le terrain. Son jeu est moins fluide, ses attaques prévisibles et sa défense claudicante. Une donnée dont le Real allait se saisir.
    Mosaïque avant match clasico
     
    L’espoir blaugrana…
     
    Il est un peu plus de 21h15 quand le ciel se craquela, que le tonnerre gronda et que la foudre s’abattit dans le déluge catalan. Il pleut averse depuis la fin de la première mi-temps et les conditions de jeu sont apocalyptiques. Pourtant, les 22 acteurs redoublent d’effort. Le Barça contrôlent les débats et tentent de percer le mur blanc érigé par les hommes de Mourinho. En vain jusqu’à cette percée en plein cœur du terrain par Messi qui trouve en relais Iniesta. Sur un pas, le natif de Fuentealbilla dans la Mancha décale Tello dont la frappe bute sur Casillas. Le ballon retombe dans les pieds d’Adriano. La frappe du défenseur est contrée par Arbeloa, mauvais hier soir, et atterri dans les pieds de l’opportuniste Alexis Sanchez. Tout juste entré en jeu, il trompait Casillas en deux temps faisant chavirer le public du Camp Nou dans une allégresse légitime et grandiose. Mené depuis la 17ème minute et un but de Sami Khedira, Barcelone revenait à hauteur du leader de la Liga (1-1). On jouait depuis 71 minutes et la roue semblait avoir basculé. La furia catalane menaçait. Mais ce soir n’était pas celui des blaugranas. Et comme un symbole c’est Cristiano Ronaldo qui venait le rappeler au peuple culé.
     
    …anéanti par Cristiano Ronaldo
     
    Alors que le but de Sanchez avait redonné foi à toute une ville et que le jeu azulgrana semblait retrouver de son allant, l’archange blanc de Madrid se chargea d’anéantir définitivement les rêves de retour adverse en lui assénant un coup dont il ne pourrait se relever. Si on regrettera cette faute oubliée en début d’action alors que le ballon était en possession des catalans aux abords de la surface madrilène, on reste ébahit par le contre qui en découla. Sur le côté droit, Özil laissa admirer tout son talent en adressant une ouverture lumineuse vers Cristiano Ronaldo. Le talent du Portugais allait faire le reste. Plus prompt que Mascherano, il fixait un Valdès en perdition, ne sachant plus s’il fallait sortir à la rencontre de l’attaquant ou attendre sur sa ligne. Entre deux eaux, il était fusillé par le meilleur artilleur de la Liga qui inscrivait son 42ème but de la saison. Froid presque létal, il réduisait au silence un Cam Nou sous le choc (73ème). La foudre venait de s’abattre et de briser les rêves de la Catalogne. Madrid reprenait les devants et ce n’était que logique. Le Champion ne se relèvera pas.
     
    A jouer au plus malin, le Barça venait de se faire piéger. Il regrettera sans doute longtemps, cet incompréhensible raté de Xavi. Bien lancé par Messi dans le dos de la défense madrilène, dans un mouvement que l’on avait plus vu 

    Guardiola dépité

    chez les catalans depuis des mois, le milieu blaugrana ne parvenait à tromper Casillas (27ème). Il n’oubliera pas non plus la maladresse du tout jeune Tello qui vendangeait l’offrande de Thiago expédiant le ballon dans les tribunes (53ème) par excès de suffisance. Trop tard pour regretter, Barcelone venait de se noyer abandonnant de surcroit le titre à son rival. Symbole d’une soirée à oublier, la sortie de Xavi. Rappeler sur le banc à 20 minutes du terme, le visage blême (Guardiola, qui allait féliciter le Real pour son probable futur titre après la rencontre, pensait-il déjà à la demi-finale retour face à Chelsea en ménageant son meneur de jeu ?), il laissait éclater sa rage et sa frustration en balançant sa bouteille au sol. Un dépit rare mais révélateur pour Xavi…
     
    La terre d'asile européene
     
    De son côté, Madrid peut savourer. Pas brillant pour un sous, les Merengue réalisaient le gros coup en devenant la première équipe à faire chuter Barcelone sur sa pelouse, cette saison. Si les latéraux Coentrao et Arbeloa ont été mauvais, la formation de José Mourinho aura pu s’appuyer sur la solidité de son axe central où Ramos et Pepe ont fait dans la sobriété et l’efficacité, loin de l’agressivité manifeste du printemps 2011. Devant, Ronaldo avait des jambes de feu et a su convertir l’une de ses rares situations favorables. Suffisant pour sortir vainqueur de ce 251ème Clasico de l’histoire. Une première victoire au Camp Nou depuis ce succès 1-0 arraché en décembre 2007, voilà déjà 5 ans. Et une performance leur permettant aussi d’accentuer leur avance au classement et de compter la bagatelle de 7 points d’avance sur leur adversaire du soir. Un gouffre à 4 journées du terme du championnat.
     
    Désormais, les deux géants de la Liga sont tournés vers la Ligue des Champions. Un théâtre à hauteur de leur démesure que les catalans retrouveront dès mardi avec la réception de Chelsea. Défaits 1-0 à Stamford Bridge mercredi, les hommes de Guardiola auront à cœur d’effacer ces deux revers consécutifs et de se qualifier pour la finale de l’épreuve le 19 mai prochain à Munich. Une finale où ils pourraient dans le « meilleur » des cas retrouver leur bourreau d’un jour puisque le Real Madrid accueille le Bayern Munich. Les Blancs avaient perdu, eux aussi, le match aller en Allemagne sur le score de 2-1. De la Liga à la C1, il n’y a qu’un pas mais un monde d’écart. Implacable réalité.
     
    Christopher Buet

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