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    Après une courte pauses d’un mois et demi, ces messieurs reviennent sur les courts avec soif de conquête et d’exploits. À Melbourne, Djokovic tentera de conserver pour la 4ème année consécutive son titre mais la concurrence promet d’être vivace.

    « Chaque fois en janvier, c’est un peu comme si on repartait de zéro. » La confession signée Rafael Nadal résume bien ce qui intervient à chaque nouveau début de saison. Qu’on le veuille ou non, qu’importe les conquêtes, les titres amassés, les revers accumulés, les soucis rencontrés, commencer une nouvelle saison signifie faire table rase du passé. Il ne s’agit pas là de l’oublier mais de le ranger précautionneusement. Souvenez-vous. En janvier 2013, tout le monde claironnait le changement d’ère : le monstre bicéphale créé par le duo Federer-Nadal s’en était allé avec la baisse de régime du Suisse et le genou en charpie de l’Espagnol, terrassé par une nouvelle entité : le « Djokorray », constitué par Novak Djokovic et Andy Murray qui disputaient sur le court Arthur Ashe leur seconde finale consécutive de Grand Chelem.

    Aujourd’hui, tout a changé ou presque. Du « Djokorray », seul Djokovic a survécu, le Britannique cédant sous le poids de ses nouvelles responsabilités après son couronnement à Wimbledon. Une chute faisant écho à la « résurrection » de Nadal qui a pris la place de l’Ecossais au sommet de la hiérarchie mondiale à côté de Djokovic pour rebattre les cartes d’un jeu dont il est redevenu le maître.

    Nadal en reconquête

    Nadal voit double

    Auteur d’un retour tonitruant l’an passé après plusieurs mois de repos forcé pour soigner son genou douloureux, Nadal entend poursuivre son entreprise de démolition et prolonger la longue charge qu’il assène au circuit depuis février. Et c’est peu dire que la trêve hivernale n’aura pas perdu le Taureau de Manacor. Engagé à Doha pour entamé 2014, l’animal a montré toute sa férocité et son appétit en écrasant la concurrence. « Pfff…C’était du grand Rafa ! », témoigne Gaël Monfils qui a bien réussi à chaparder une manche à son adversaire en finale sans pour autant parvenir à le déboulonner. « En deux, trois frappes, j’étais débordé », poursuit-il. « Je suis très heureux de mon niveau de jeu », appréciait le Majorquin à l’issue de ce premier tournoi victorieux, première marche vers son premier vrai objectif à Melbourne.

    Car Nadal ne viendra pas pour faire de la figuration en Australie. Absent la saison passée, il reste sur une note disgracieuse sur les courts Aussie, avec cette finale historique abandonnée à Djokovic après 5h53 d’un combat sensationnel en 2012. Un souvenir qu’il aimerait aisément remplacer par une victoire qui lui permettrait d’écrire une ligne de plus à sa légende, en devenant le premier homme à remporter (au moins) deux fois chacun des 4 tournois du Grand Chelem. Un titre qui lui plairait  assurément quand on connaît sa voracité. Il ne sera toutefois pas aisé d’y parvenir.

    « J’ai hâte de débuter l’Open d’Australie »

    Federer veut y regoûter

    Sur le chemin qui peut le conduire à l’Histoire, Nadal va devoir ingurgiter un menu pour le moins indigeste. En effet, le n°1 mondial a été gâté pour son retour à Melbourne Park avec un choc d’entrée contre l’enfant du pays, le prometteur mais encore irrégulier Bernard Tomic. Une levée de rideau pour le moins corsée et qui ne tolèrera aucun relâchement. Si son second tour devrait être plus tranquille, il devra ensuite se coltiner, selon toute vraisemblance, Monfils, Nishikori ou Hewitt, Del Potro, puis Federer ou Murray avant une éventuelle finale contre Djokovic. Pas de tout repos, d’autant que la surface a été changée et qu’elle ne plaît guère à l’octuple vainqueur de Roland-Garros.

    En retrait ces derniers temps, le Suisse et le Britannique ont, en effet, été placés dans le même quart de tableau. Un hasard du destin pour deux joueurs qui rencontrent des maux similaires (dos) et aspirent au même objectif. Pour se relancer, Roger Federer a retenu les leçons de l’an passé. Sortant d’une bonne saison en 2012, le Bâlois s’était donné en spectacle lors d’une tournée sud-américaine en décembre 2012, une débauche d’énergie qu’il paya cher. Aussi, cet hiver a été studieux pour l’ancien n°1 mondial (6ème aujourd’hui, ndlr). « En 2013, à chaque fois j’avais des petits problèmes, des douleurs, notamment au dos, et ça m’a coûté de la confiance. Depuis quelques mois, je peux à nouveau bouger sans problème et je peux me donner à fond, surtout mentalement. J’ai complètement rechargé les batteries », se satisfait-il. Une forme qui ne lui a pas permis d’éviter la défaite en finale du tournoi de Brisbane face à Lleyton Hewitt (1-6 6-4 3-6). Pas de quoi entamer sa confiance. « J’ai hâte de débuter l’Open d’Australie », salivait même Federer visiblement peu affecté par cet accroc initial.

    Del Potro connaît la recette

    Une question de rythme

    De son côté, Murray, lui, est toujours en quête de rythme. Absent des courts depuis juillet en raison de son dos dont il a été opéré, l’Ecossais a besoin de jeu et de compétition pour retrouver ses sensations comme l’ont prouvées ses piètres prestations lors de l’exhibition d’Abu Dhabi. Par chance, le franc-tireur britannique dispose d’un tableau assez favorable avec comme premier test réel un huitième de finale potentiel contre l’artilleur américain John Isner.

    Ce rythme qui fait tant défaut à Murray, Juan Martin Del Potro le possède et vient de le prouver. Pour sa première apparition de la saison, la « Tour de Tandil » s’est montrée inflexible face aux assauts répétés de ses opposants. À Sydney, l’Argentin s’est baladé. S’appuyant comme toujours sur son service et son assommant coup droit, il a n’a pas laissé la moindre chance au jeune Tomic en finale, ne lui concédant que 4 petits jeux. Promis à Nadal en quart de finale, le lauréat de l’US Open 2009 apparaît comme l’un des rares capables de contester l’hégémonie de l’Espagnol et de Djokovic.

     Continuer à planer

    Novak-Djokovic pour un 4ème titre

    Placé dans la partie basse du tableau, Novak Djokovic va pouvoir se délecter de l’intense bagarre qui s’annonce en haut. Pour autant, le Serbe ne va pas chômer. En effet, ce dernier n’a pas digéré la perte du trône mondial. Depuis sa défaite en finale de l’US Open, le natif de Belgrade a décidé de durcir le ton et pris un rythme digne de celui qu’il tenait lors de sa merveilleuse année 2011. Au total, ce n’est pas moins de 26 victoires que le Serbe vient d’enchaîner, n’abandonnant que des miettes à ses victimes. Plus en rythme, plus incisif dans ces coups, Djokovic a plané sur la fin de saison s’adjugeant Pékin, Shanghai, Bercy et le Masters. Surtout, il a profité de cette période pour amorcer un renversement de situation.

    À Pékin comme à Londres, l’Aigle de Belgrade est ainsi parvenu à se défaire de l’étreinte majorquine et a blessé le Taureau de Manacor, lui assénant deux défaites nettes et sans bavures. Deux coups de serres dessinant les contours d’un combat bestial dont l’ascendant venait de changer après 3 succès consécutifs de Nadal. Sur la route le menant au remake de 2012, le nouveau protégé de Boris Becker devra toutefois se méfier du chasseur suisse Stanislas Wawrinka, qu’il devrait croiser en quart de finale. Armé de son gros calibre, le Vaudois avait déjà sérieusement ébranlé le n°2 mondial l’an passé, échouant après 5 sets d’une chasse épique dans la touffeur de la Rod Laver Arena. S’il s’en sort indemne, Djokovic pourra filer vers la finale, les proies Ferrer et Berdych étant bien tendres, et un quatrième titre consécutif dans son nid de Melbourne.

    Encore trop Bleus ?

    Le clan tricolore n’a pas les soucis de Djokovic et n’évolue pas dans les mêmes sphères. Pour ce premier Majeur de la saison, les Bleus n’ont pas été gâtés. Leader national et tête de série n°9, Richard Gasquet est à la peine depuis la reprise. Accompagné par son nouveau coach, Sergi Bruguera, le Biterrois souffre du dos. « C’est une microlésion qui provoque une douleur intercostale. Ca fait très mal. Je suis resté au lit pendant trois jours sans bouger », expliquait-il quand on l’interrogea sur son état. Si les douleurs s’estompent peu à peu, Gasquet n’attend pas de miracle malgré une partie de tableau assez clémente jusqu’en huitième (Wawrinka, ndlr).

    Jo-Wilfried Tsonga en tête de pont

    Gasquet en difficulté, les espoirs français se reposeront comme souvent ces dernières années sur Jo-Wilfried Tsonga. Le 10ème joueur mondial, qui a profité de l’intersaison pour requinquer ses genoux, se sent en pleine forme à l’heure d’aborder le tournoi qui l’a révélé en 2008 (finaliste contre Novak Djokovic, ndlr). « Ces dernières années, avec les pépins que j’ai eus, surtout en début de carrière, je n’avais pas pu faire ce travail (de renforcement). J’avais peur de solliciter mon dos, peur de mettre des charges trop lourdes. Là, j’ai pu y aller », avance celui qui a remporté la Hopman Cup avec Alizé Cornet. Entouré par sa nouvelle équipe (Nicolas Escudé et Thiery Ascione), Tsonga nourrit de grands espoirs. Il lui faudra se montrer très fort pour parvenir à les satisfaire puisque le Manceau a hérité d’un tableau très dense avec Federer, son bourreau en quart l’an dernier, en point de mire dès les huitièmes de finale.

    Derrière Tsonga, on comptera sur Gaël Monfils qui a laissé entrevoir de bien belles choses à Doha où il n’a perdu qu’en finale contre Nadal. Un adversaire qu’il pourrait d’ailleurs dès le 3ème tour. On attendra aussi beaucoup de Jérémy Chardy qui assure n’avoir « jamais fait une aussi bonne prépa hivernale », surprenant quart de finaliste en 2013 et dont le tableau est dégagé.

    Contrairement à l’an dernier, tout le monde est bien présent à Melbourne Park où le trône vacant de 2014 attend son premier seigneur.

    Christopher Buet


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  • Rod Laver Arena

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    Suite de nos aspirantes au renversement de Serena Williams pour cet Open d’Australie. Après Williams, elle-même, et Victoria Azarenka, Maria Sharapova mène la fronde.

    Maria Sharapova a une idée

    Maria Sharapova, guerrière non résignée

    Si l’assistance attend avec impatience le nouveau duel entre la despote Serena et la reine Victoria, une autre grande dame envisage de se mêler à la lutte. Demi-finaliste l’an passé, Maria Sharapova effectue son grand retour sur le circuit après avoir du tirer un trait sur la seconde moitié de la saison 2013 en raison de douleurs à son épaule droite, celle-là même qui l’avait écarté des courts plusieurs mois en 2008. « C’était dur de ne plus voir mon nom dans les tableaux des tournois et de voir jouer les autres filles quand vous vous essayez de trouver un moyen de vous soigner », confiait la Russe. Pour sa reprise, cette dernière avait choisi Brisbane et son plateau relevé afin de s’étalonner. Avec deux victoires contre la jeune française Caroline Garcia (20 ans) et l’estonienne Kaïa Kanepi, pour un revers contre Serena Williams (2-6 6-7), la sibérienne ne veut retenir que le positif. « Cela fait des mois que je lutte avec mon corps et mon tennis. Pouvoir me présenter sur le court et être capable de jouer comme je l’ai fait face à une joueuse qui développe un tennis extraordinaire est de bon augure pour moi. Je suis vraiment heureuse d’avoir pu enchaîner trois matches à ce niveau (…) Il y avait beaucoup de points d’interrogations », analysait-elle après sa 15 défaite, la 14ème de suite, contre une fille qu’elle n’a plus battu depuis 10 ans.

    Une série qui n’inquiète pas Sharapova outre mesure. « Bien sûr, j’ai essayé et échouer les dernières fois que je l’ai affrontée mais j’assemble les pièces pour changer cela et je vais continuer à essayer de la renverser », assure-t-elle avant d’avouer avoir sa petite idée sur la solution à son problème. « Si je veux avoir une chance de battre Serena, je dois être à 100 % dans mon match et hausser mon niveau de jeu. » Absente depuis sa défaite au second tour de Wimbledon et donc encore en manque de rythme, Sharapova arrive fraîche pour se mêler à la lutte au sommet annoncée à Melbourne accompagnée de son nouveau coach Sven Groeneveld (Mary Pierce, Ana Ivanovic ou Caroline Wozniacki). L’Impératrice de Sibérie est prête pour lancer sa nouvelle campagne en quête de titres et de gloire, Serena ou pas.

    En ordre dispersé

    Sloane Stephens a renversé Serena en 2013

    Derrière les trois premières joueuses mondiales, elles ne sont qu’une poignée de filles à pouvoir prétendre ébranler la cuirasse de Serena Williams. Le nom de Sloane Stephens semble s’imposer. Si ses derniers résultats ne plaident pas en sa faveur, la jeune floridienne peut se targuer d’être l’une des trois filles encore en activité à jamais avoir battu Serena Williams à l’Open d’Australie. En effet, c’est elle qui l’an passé avait mis fin au tournoi de son aînée en quart de finale après 3 manches d’affrontement. Ce succès est toutefois à mettre en perspective puisque Stephens avait bénéficié des ennuis physiques de Serena qui s’était bloqué le dos la veille de la rencontre. Depuis Williams a pris sa revanche en disposant facilement de sa cadette lors du dernier US Open (6-4 6-1).

    Autre joueuse pouvant vanter d’avoir éliminé l’Américaine à Melbourne, la russe Ekaterina Makarova. À 25 ans, elle s’était payé son scalp lors de l’édition 2012. Pareil scénario paraît peu probable cette année tant la quart de finaliste 2013 peine à confirmer son talent. Elle n’a d’ailleurs passé qu’un tour lors du dernier tournoi de Sydney. Même si elle l’a inquiétée par le passé, Petra Kvitova apparaît encore trop inconstante pour dominer une Serena au sommet de son art. Il en va de même pour Jelena Jankovic. La Serbe a bien enquiquiné l’Américaine lors du dernier Masters lui prenant une manche un petit exploit puisque Serena n’en a concédé que 3 depuis août dernier, mais difficile de la voir faire mieux. On oublie également Na Li dont le jeu n’et pas adapté pour contrecarrer celui de Williams. De leur côté, Agnieszka Radwanska et Sara Errani, membres honoraires du top 10, manquent trop de puissance pour rivaliser.

     Qu’on se le dise, à 32 ans, Serena Williams est l’immense favorite de l’Open d’Australie qui s’annonce et ne devrait souffrir que d’une mince contestation. Aussi mesurée soit-elle, cette dernière existe et tentera de se faire entendre du tyran américain. Melbourne est prête pour cette nouvelle bataille enfiévrée et cette nouvelle explication musclée entre belligérantes.

    Christopher Buet


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  • Rod Laver Arena

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    Avec 78 victoires pour seulement 4 défaites l’an passé, la cadette des sœurs Williams apparaît pratiquement invincible et vise à Melbourne son 2ème Majeur de rang après l’US Open. Un titre que peu de filles semblent en mesure de lui ravir.

    Le soleil brille déjà haut dans le ciel azur de Melbourne et la température dépasse déjà allégrement les 30° (on attend 40° dès mardi, ndlr) mais l’Open d’Australie demeure encore léthargique. Voilà, seulement une grosse semaine que les petites sphères pressurisées jaunes virevoltent au-dessus des courts lagon de Melbourne Park. Doucement mais sûrement, le site australien se réveille et bruisse en vue de l’événement qui se prépare, de cette première levée du Grand Chelem, ce premier grand rendez-vous de la saison tennistique.

    Si chez ces messieurs, les têtes de Rafael Nadal, terreur de 2013, et de Novak Djokovic, propriétaire de la Rod Laver Arena depuis 3 ans, ont été mises à prix, chez ces dames, c’est Serena Williams qui apparaît dans le viseur. Après avoir frôlé la mort en 2011 et peiné début 2012, l’Américaine a retrouvé son emprise sur le circuit féminin. Invaincue depuis août dernier, Serena Williams apparaît comme l’immense favorite de l’Open d’Australie, qui s’ouvre lundi. Si la résignation n’a pas gagné les filles du circuit, elles sont peu à pourvoir prétendre ébranler l’insatiable américaine.

    Serena Williams s'adjuge Brisbane

    Attention à…Serena Williams

    Plus que jamais la pire ennemi de la n°1 mondiale n’est autre…qu’elle-même. Dominant outrageusement son sujet, l’Américaine est son plus grand danger. En effet, si elle met son jeu en place, alors personne n’est en mesure de lui contester la victoire. Une certitude qui s’efface dès lors qu’elle oublie de s’impliquer totalement comme ce fut le cas à Wimbledon en juillet dernier. « Contre Stephens en Australie, Serena était diminuée. Mais là, contre Lisicki… Il y avait beaucoup de choses à faire qu’elle n’a pas faites pendant ce match. Elle n’a pas joué juste », se souvient avec amertume son entraîneur Patrick Mouratoglou. En effet, quand Serena Williams accuse le coup physiquement ou se relâche, elle s’expose à la concurrence et donc à la défaite.

    Ce genre d’échec est toutefois rare tant l’Américaine fait preuve de régularité depuis qu’elle évolue sous les ordres du Français avec seulement 5 défaites depuis juillet 2012. Une forme qu’elle a confirmé en ce début d’année 2014, en s’adjugeant le tournoi de Brisbane sans abandonné le moindre set. « C’était un bon test, ça m’a permis de savoir où j’en suis, et ce que je dois encore améliorer avant Melbourne si je veux m’imposer là-bas. C’est vraiment une bonne chose d’avoir affronté (et battu, ndlr) ici Maria et Victoria. J’ai hâte d’être dans une semaine », appréciait Serena Williams à l’issue de sa finale victorieuse contre Victoria Azarenka. Si elle est sa pire ennemie, elle est également sa meilleure défenseuse et entend bien poursuivre sa série de 22 succès consécutifs débuté l’été dernier.

    Victoria Azarenka vise une troisième couronne

    La reine Victoria et son trône

    Outre la peur de son ombre, Serena Williams va devoir se méfier de celle qui se présente comme sa principale concurrente : Victoria Azarenka. « Elle me pousse toujours dans mes retranchements (…) Elle est très intense sur le court », assurait Williams avant sa victoire en finale à Brisbane contre la Biélorusse. Dans la Nord-Est de l’Australie, cette dernière a encore une fois mené la vie dure à son aînée malgré une défaite en 2 sets (4-6 5-7). Un échec qui ne semble pas l’affecter, bien au contraire. « Je veux toujours jouer contre les meilleures chaque semaine. S’il n’y a pas de challenge, c’est ennuyeux, ce n’est pas motivant », explique-t-elle.

    À 24 ans, Victoria Azarenka s’épanouit dans l’adversité et voit en Serena le challenge qui peut l’amener à élever son niveau de jeu et la pousser à se sublimer. Surtout s’il y a bien un endroit où elle espère faire tomber sa rivale américaine, c’est bien ici en Australie, sa seconde maison. Il faut dire que depuis deux saisons, Azarenka est devenue la reine de Melbourne Park, coiffant par deux fois la couronne de vainqueur. Jouant de sa puissance et de son intensité dans l’échange, la protégée de Sam Sumyk a démoli ses adversaires avec un souci du détail confondant. Petit bémol, la native de Minsk a assis son règne sans jamais croisé la route d’une Williams qui l’a dominé déjà par 3 fois à Melbourne Park (la dernière fois en 2010, ndlr). Consciente de cette donnée, « Vika » aura à cœur de prouver que sa double couronne n’est pas usurpée. « Avec Serena Williams, chaque balle est un combat », avançait-elle en septembre dernier juste avant de s’incliner au terme d’un match grandiose en finale de l’US Open. À Melbourne, la n°2 mondiale sait ce qui l’attend et ce qu’elle doit faire pour jeter à bas son intraitable rivale. Une chose qu’elle est la dernière à être parvenue à faire le circuit, c’était à Cincinnati en août dernier.

    Christopher Buet


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  • Victoria Azarenka conserve son titre

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    Dans un match étonnant où le dramatique côtoya le cocasse et la stupéfaction, Victoria Azarenka est parvenue à ramener à la raison une Li Na, bien malheureuse. Après 2h40 de jeu, la Bélarusse conquiert son second titre du titre Grand Chelem, conservant sa couronne acquise l’année dernière à Melbourne. Vika ou la Reine Aussie.

    Azarenka pleure

    Et elle resta là, presque stoïque, simplement un geste pour lâcher cette raquette qui vint atterrir au fond du court. Pas d’explosion de joie, pas de grande course effrénée ou d’effondrement à la Rafael Nadal dont les jambes cessent subitement de le porter dès qu’il remporte un Grand Chelem. Il y aura juste ce geste, ces deux mains portées à son visage comme pour se réveiller. Car dès lors, son expression se transforma et son joli minois se plissa sous la puissance de l’émotion qui l’enserra d’une étreinte imparable. Ses yeux commencèrent à se remplir de larmes avant de les laisser se déverser sur ses joues. Victoria Azarenka venait de réaliser. A 23 ans, elle remportait son deuxième titre du Grand Chelem, le second consécutif à Melbourne. Mais avant de fondre en larmes sur son banc et de récupérer cette coupe au doux air de sceptre, la Bélarusse aura lutté pour prendre le meilleur sur une excellente Li Na dans une finale passionnante emplie de rebondissement.

    Un set pour 7 breaks

    Li Na cueille le premier set

    Pourtant le préambule et le premier acte était haché, contrarié par un stress omnipotent. Une finale est un match particulier où les émotions sont poussées à leur paroxysme et peuvent tenailler les participants. Sam Sumyk avait prévenu : « Sur une finale de Grand Chelem, le bras tremble forcément. C’est impossible de ne pas avoir peur. » Bien vu de la part du coach breton d’Azarenka mais au petit jeu de la gestion de la tension, c’est bien Li Na qui se montrait la plus adroite dans ce duel de joueuses à fleur de peau. Si ces dames s’échangeaient les politesses lors des trois premiers jeux cédant chacune leur tour leurs engagements, la Chinoise fut la première à valider son service et se détacha au score (3-1). D’un côté comme de l’autre, la sérénité n’était pas de mise et cela se ressentait avec un niveau de jeu hésitant et des tennis balbutiants. À tel point que malgré une balle de 4-1, Li Na se fit breaker à nouveau (2-3). Un répit pour Azarenka qui perdait les deux jeux suivant pour se voir menée 5-2 sans avoir eu le loisir de marquer le moindre jeu sur son service et ce malgré 78 % de première balle. Entre servir une première et bien servir, il y a une grande différence. Dos au mur, Azarenka réagissait et emportait enfin sa mise en jeu avant de prendre celle de son adversaire. Peu à peu les débats s’élevaient, au fur et à mesure que la tension et l’appréhension s’estompaient. Servant pour recoller à 5-5, la n°1 mondiale allait invariablement craquer. Plus consistante dans le jeu et prenant l’initiative du point dans l’échange, la vainqueur de Roland Garros 2011 s’offrait une première balle de set. Cette dernière fut écartée comme les deux suivantes. Il fallait attendre la quatrième opportunité pour voir la Chinoise mettre cette première manche dans son escarcelle. Un premier acte totalement délié placé sous le signe de la nervosité et où 32 fautes directes furent commises (18 pour Li Na contre 14 à Azarenka). Pas à l’aise, Azarenka était méconnaissable avec seulement 4 coups gagnants durant les 45 premières minutes de ce premier set. Trop peu pour pouvoir inquiéter une adversaire aussi solide tête de série n°6.

    Réaction d’orgueil

    Azarenka

    Consciente de passer à côté de son sujet pour le moment et de laisser filer le titre acquis la saison précédente, l’élève de Sam Sumyk revenait sur le court avec de meilleures intentions. Plus percutante et plus concentrée, elle commettait de moins en moins de fautes et venait conclure régulièrement les points au filet (ndlr : 5 des ses 8 points au filet furent inscrits durant ce set). En face, la protégée de Carlos Rodriguez, ancien entraîneur de Justine Henin, fléchissait. Que ce soit son adversaire ou la décompression liée au gain du premier set, elle voyait les jeux défiler pour finalement se retrouver dans la situation inverse du premier set, à savoir menée 1-3. Un écart qu’elle ne parviendra jamais à combler. La faute à son adversaire mais aussi à sa cheville. Sur une course, la Chinoise se bloque la jambe gauche et s’effondre de douleur. Alors que l’assistance a peur pour son genou droit bandé et déjà opéré plusieurs fois, c’est bien la cheville gauche de la trentenaire qui a tourné. Strappée, elle pourra reprendre pour venir concéder le set (6-4). Après 1h43 de jeu, les deux jeunes femmes sont à égalité dans cette finale indécise.

    Chevillé au feu d’artifices

    Li Na cheville

    Et à l’indécision allait se joindre le drame donnant une saveur si singulière à ce genre d’évènement. Alors que leurs mises en jeu tiennent bon, les deux joueuses sont interrompues à 2-1 en faveur de Li Na mais service Azarenka. La cause : le traditionnel feu d’artifices organisé à Melbourne et dans tout le pays, afin de célébrer « l’Australian Day », la fête nationale australienne. Dix minutes durant lesquelles, elles purent réfléchir et se torturer. Impatiente, la Bélarusse sautillait et tentait de garder le rythme quand Li Na se reposait. Voilà pour le spectacle. Le drame allait lui surgir de manière impromptue. Sur un nouvel appui hésitant, Li Na se tordait, de nouveau, la cheville gauche et surtout heurtait violemment le sol avec sa tête. Sonnée, il lui faudra plusieurs minutes pour retrouver ses esprits. Le jeu pouvait finalement reprendre après toutes ces péripéties. Totalement dans son match, Azarenka prenait les devants. Très souvent à la faute en début de partie, elle ne ratait plus ou si peu (seulement 4 fautes directes) quand Li Na arrosait (21 fautes sur ses 38 du jour). C’en était trop pour pouvoir espérer triompher. D’une grande froideur, la n°1 mondiale exécutait sans ménagement sa redoutable et valeureuse adversaire, au terme de 2h40 d’affrontement. Sans forcément bien jouer, Victoria Azarenka aura su se débrouiller pour trouver les bonnes solutions. Une victoire de championne en somme. En larmes, elle s’empressait d’aller empoigner les mains de son clan avant d’empoigner le manche de cette coupe, de ce sceptre qui lui échoit de second. À 23 ans, l’Australie s’est trouvée une nouvelle Reine, elle s’appelle Victoria, Vika Azarenka.

    Christopher Buet


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  • Andy Murray

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    Au terme d'un match extraordinaire, Andy Murray a finalement dominé Roger Federer. L'Ecossais aura eu besoin de près de 4h15 de jeu pour venir à bout du Suisse. Dans la touffeur australienne, le spectacle aura été grandiose.

    Cela ressemble à s'y méprendre à une passation de pouvoir ou tout du moins à une forme d'adoubement. Certes, il y avait eu cet épisode londonien dans ce qui est et restera à jamais le temple du tennis mondial, cette victoire au cœur de l’été dans la fureur grandiloquente mais aveuglante des Jeux Olympiques, cette médaille d’or arrachée de haute volée. Mais voilà, il s’agissait des Jeux Olympiques et le monde allait surtout se souvenir de ces larmes. Des larmes qu’Andy Murray n’avait pu réprimer à l’aune de juillet. Sous le toit du Centre Court, l’Ecossais avait tout tenté mais privé d’air pur, il avait été asphyxié par un Roger Federer, jamais aussi à son aise que sous verre, enfermé dans une étuve vibrante où ses partitions et ses notes de musique tennistique résonnent avec une virtuosité et une clarté rare. Ce jour-là, Andy Murray avait ému tout un pays, tout un Royaume et tout un peuple qui s’était découvert un nouveau prince de cœur, un fils bien de chez lui, à-même de pouvoir coiffer un jour la couronne abandonnée, presque perdue, de Fred Perry. Son plateau en argent dans les mains, Andy Murray s’est alors juré de ne plus le ramener à la maison pour en faire un énième plateau où transporté ses théières et de sécher ses yeux rougis par la cruauté délicieuse de Roi de Bâle.

    Parcours immaculés

    Roger Federer entraînement

    Placé dans la partie basse de tableau, Andy Murray a su se frayer un chemin jusqu’en demi-finale. Débarrassé du gêneur argentin Juan Martin Del Potro, abattu par l’impétueux bombardier Jérémy Chardy, il a littéralement déroulé, ne laissant que les miettes à ses adversaires. Sûr de sa nouvelle force, le Prince britannique était prêt pour une nouvelle empoignade royale avec son glorieux aîné. Car de son côté Roger Federer ne s’est pas montré beaucoup plus clément avec ses challengers. Affuté comme à ses plus belles heures, le trentenaire (31 ans) a lévité durant 4 tours, étiolant comme il se doit des joueurs de la trempe d’un Davydenko (ancien n°3 mondial), d’un Tomic (grand espoir du tennis australien et dont le talent est indéniable à 20 ans, son successeur ?), d’un Raonic (cogneur venu du Grand Nord canadien, menace reconnue). En quart de finale, sa Majesté a vacillé sous les coups du marquis français Tsonga dont l’attitude et le rayonnement ont impressionné, avant de faire respecter son rang. Ainsi donc, les deux nobles se retrouvaient à nouveau face à face mais cette fois à un stade inédit pour eux dans ses joutes Majeures. En effet à ce jour, seule la finale avait dénié accueillir leurs échanges. Trois affrontements, trois batailles qui avaient toujours vu l’Helvète prendre le meilleur sur son opposant. Qu’importe le lieu, le décor ou le stade de la compétition, Andy Murray se pourléchait déjà les babines de pouvoir faire choir celui qui le tourmentait tant en Grand Chelem.

    Le prince installe le siège

    Murray Australian

     

    Comme on pouvait s’y attendre, le combat entre les deux places fortes fut d’une superbe intensité. Mue par le désir de prouver sa valeur, Andy Murray se jetait à corps perdu dans la bataille et prenait à la gorge un adversaire plus habitué à recourir ce genre de tactique qu’à la subir. Plus prompt dans toutes ses actions et sur chacune de ses frappes, se mouvant avec une rapidité féline, le Britannique ne tardait pas à s’emparer du service de son adversaire. Une victoire qui allait lui assurer le gain de la première manche. Si Federer tentait de résister et de refaire son retard, il se heurtait à la défense adverse. Sans discussion possible, il acceptait son sort et repartait vers sa chaise pour préparer sa riposte (6-4, Murray). Car le Suisse n’est pas champion à se laisser impressionner et dicter sa loi par le premier jeune freluquet venu, fusse-t-il de lignée royale. Le second acte fut le théâtre d’une formidable passe d’arme. Campé sur leurs positions, l’un comme l’autre ne cédait pas. Le sort de cette manche allait donc se décider dans le tie-break et à ce petit jeu, le Suisse dispose d’un atout majeur : son mental. Très affuté, ce dernier montrait que si un match, aujourd’hui, se gagne grâce à son physique, il se gagne aussi au mental. Serein, le n°2 mondial décochait ses flèches une à une et parvenait à pourfendre l’armure princière. 7-6 pour Federer et tout était à refaire.

    Federer Australian

    Comme touché dans son orgueil, Andy Murray repartit à l’assaut mais de façon très méthodique. S’appuyant sur un service de premier ordre (ndlr : il totalisera 21 aces), ce dernier reprit son travail de sape. Au corps, il travailla son aîné. L’usant à gauche, à droite, balayant le court avec son très beau revers à deux mains, Murray ne laissait aucun répit à son bourreau de Wimbledon. Irrémédiablement, il finit par prendre son engagement. Tel un loup s’étant saisi dans sa gueule de sa proie, l’Ecossais n’allait plus lâcher sa victime. 6-3 Murray. Le Prince prenait une option.

    Pour l’honneur

    A deux sets à un, on ne donnait plus cher de la peau d’un Roger Federer qui semblait sans solution face au joueur qu’est devenu Andy Murray. Doté d’une main exceptionnelle, le Britannique est transformé depuis qu’il a trouvé conseils auprès d’Ivan Lendl et qu’il a renforcé son mur d’enceinte pour se constituer un physique impeccable. Mais un match de Grand Chelem, et qui plus est une demi-finale, n’est pas une rencontre comme une autre. Le Roi bâlois le sait, lui qui, à Melbourne, vise ni plus ni moins que sa 25ème finale en Majeur. Malmené et de plus en plus affecté dans ses mouvements par l’accablante chaleur régnant sur cette Rod Laver Arena absolument comble pour l’occasion et malgré la nuit, Federer tenait bon sous les coups de boutoir de son assaillant. A 5-5, la tension était insoutenable et sur une énième accélération, il craquait. A nouveau, Murray réalisait le break et s’emparait de la balle pour servir pour le gain du match et mettre un terme à l’hégémonie helvétique. C’est pourtant mal connaître le « monstre ». Blessé par cette perte, Federer répond à l’orgueil et élève singulièrement son niveau de jeu. Plus agressif, ses coups se faisaient plus fluides, plus puissants et plus précis aussi. Dans un rugissement, il s’empare du service adverse et revient dans le match. A nouveau, le tie-break allait servir de juge de paix et à nouveau, le Suisse allait se distinguer, en survolant les débats. 7-6, Federer exultait, se déchirant la mâchoire. Le match venait de prendre une tournure épique.

    Roger Federer Australian

    Mais le grandiose spectacle allait vite prendre fin. Accablé par la chaleur, l’ancien n°1 mondial agonisa dans la cinquième et ultime manche quand Murray parvenait à faire fi des conditions pour porter l’estocade. D’entrée, il allait prouver que mentalement aussi, il était fort, en s’emparant pour la cinquième fois du match du service du Suisse. Très vite, l’Ecossais se détachait 3-0. Un avantage qu’il n’allait plus lâcher. Contrairement à cette fin de quatrième manche où il faiblit quand Federer se ressaisit, Andy Murray se montra létal et enfonça le clou avec une grande froideur. A 5-2 en sa faveur et alors qu’il retournait, l’Ecossais asséna le coup final comme pour abréger un combat magnifique mais qui n’avait que trop durer. Comme un symbole, c’est Roger Federer qui offrit le match à son auguste adversaire sur sa 60ème faute directe. Un trop grand déchet qui permet à Murray de battre pour la première fois de sa carrière le Suisse en Grand Chelem mais aussi de rallier sa troisième finale de Grand Chelem d’affilée après celle perdue de Wimbledon et celle remportée à Flushing Meadows.

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    Le Britannique va sûrement se remémorer cette dernière et le bon souvenir qu’elle lui inspire car, dimanche en finale, il défiera le maître des lieux, le gardien des clés de Melbourne Park depuis deux ans, le Serbe Novak Djokovic. A New-York, il l’avait dominé pour remporter son premier succès en Grand Chelem, après 5 échecs en finale. Sur la Rod Laver Arena, il espère revivre pareille émotion. Ce ne sera toutefois pas une mince affaire puisque la dernière confrontation entre les deux hommes à Melbourne remonte à leur demi-finale de l’année passée. En 2011, ils s’étaient livrés une guerre prodigieuse d’intensité longue de près de 5h et que Djokovic avait fini par remporter. Hier soir, en attendant, le Prince d’Ecosse a fait tomber la couronne de Suisse et réaffirmer un peu plus sa puissance grandissante dans le cercle royal.

    Christopher Buet


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