• Rod Laver Arena

    Open d'Australie logoAprès deux mois d’apaisement, le circuit WTA renoue avec le tumulte des grands rendez-vous. De Serena Williams à Maria Sharapova en passant par Petra Kvitova, toutes les meilleures joueuses du monde ont débarqué en Australie pour ensorceler cette première levée du Grand Chelem et succéder à Li Na.

    Son cri de joie résonne encore dans les coursives de Melbourne Park, un bruit roque et diffus faisant écho à ce sourire scintillant qui flotte encore au-dessus de cette Rod Laver Arena et son court mâtiné de bleu où voilà déjà un an, elle avait envoûté l’assistance australienne et soulevé le Daphne Akhurst Trophy à l’issue d’une quinzaine magnifique. A 31 ans, Li Na décrochait là sa deuxième couronne en Grand Chelem et se posait comme l’une des grandes dames de 2014. Un an plus tard, en ce mois de janvier 2015, la joueuse chinoise n’est plus qu’un souvenir, une gloire évanouie dont l’Australie aura été le théâtre de sa dernière grande représentation. En effet, la native de Wuhan s’est retirée, trahie par son physique, laissant orphelin l’édition 2015 de sa championne. Une absence en forme d’ultime numéro de prestidigitation comme pour appeler une nouvelle magicienne à ensorceler le début de saison aux antipodes, là où tout paraît possible quand les petites balles jaunes recommencent à rythmer les vies et les cœurs.

    Privée de son impératrice chinoise, l’Open d’Australie doit réinventer son spectacle féminin annuel. Pour ce faire, les arguments ne manqueront pas comme les prétendantes dans un circuit WTA cultivant les illusions.

    Serena Williams, favorite incertaineL’inconnue Serena

    Ces illusions, Serena Williams en avaient été victime ici-même la saison dernière. Arrivée invaincue et grandissime favorite, l’Américaine avait été soufflée sans ménagement par la bluffante Ana Ivanovic dès les 8ème  de finale. Une gifle qui allait donner le ton d’une saison longtemps maudite en Grand Chelem. Un 2ème tour à Roland-Garros et une piteuse prestation à Wimbledon marquée par un malaise, avant l’embellie new-yorkaise et son titre à l’US Open. Depuis ce 18ème titre en Grand Chelem acquis à Flushing Meadows en septembre, l’Américaine est redevenue la joueuse qui faisait trembler l’ensemble du circuit et qui imposait sa loi aux autres filles. Une joueuse qui, malgré ses 33 ans et des honneurs à ne plus savoir qu’en faire, demeure insatiable. « Je ne fais aucun mystère. Je veux dépasser les fameux 22 titres de Steffi Graf. Mais pensons d’abord au 19e », annonce-t-elle pleine de détermination et de lucidité avant d’affiner ses desseins quant à 2015 « Je peux affirmer que je suis une meilleure joueuse aujourd’hui par rapport à 2009, 2010 et 2011. Je me sens plus légère sur le terrain. Mon jeu est plus consistant et sous contrôle (…) Je veux juste que mon jeu soit… génial. Il faut que j’améliore mon déplacement et mes retours de service. Je dois diminuer mes doubles fautes et maîtriser la gestion de mes émotions durant une partie. » Une volonté qui n’étonne pas Li Na. « Serena est toujours difficile à battre. Aussi longtemps qu'elle voudra être au top, elle le sera, car c'est une si bonne joueuse avec une mentalité de championne », croit la championne sortante et fraîche retraitée.

    Si Serena annonce ses intentions avec clarté, il lui faudra mettre ses menaces à exécutions sur le court, ce qu’elle n’a pas encore fait depuis la reprise avec notamment une défaite indigente en Hopman Cup contre Eugénie Bouchard (2-6 1-6) ou une autre en 3 sets face à Radwanska. « Je ne suis pas très satisfaite. Mais bon, je ne suis jamais contente de ma préparation. Donc, peut-être que c’est bon signe. Je me sens beaucoup mieux qu’il y a quelques semaines », convient-elle. Touchée dans son orgueil, la n°1 mondiale aura certainement à cœur de rectifier le tir à Melbourne sur une terre qui se refuse à elle depuis 2010.

    Sharapova est prête

    Sharapova ne tremble pasA la différence de Serena Williams encombrée de d’incertitudes et placée dans une partie haute de tableau exceptionnellement dense qui lui promet notamment Zvonareva au 2nd tour, des retrouvailles enflammées avec son bourreau parisien Garbine Muguruza en huitième de finale et où figure Wozniacki, Azarenka, Kivtova ou encore Radwanska et Cornet, Maria Sharapova a pris ses quartiers dans une moitié de tableau autrement plus dégagée dont le premier nuage n’est pas attendue avant la deuxième semaine et pourrait s’appeler Safarova.

    Une entrée  matière tout en douceur donc pour la Sibérienne qui lorgne avec avidité sur le trône mondial de l’Américaine. En effet, en cas de victoire finale à Melbourne ou d’une finale sans que Serena Williams n’atteigne le dernier carré, alors la Russe délogerait sa rivale et récupérerait une place qu’elle n’a plus occupée depuis 2012. Sharapova le sait mais ne veut pas s’éparpiller et laisse la pression à Serena Williams. « Même à 33 ans, elle est toujours aussi forte et possède tant d’expérience », glisse-t-elle. Pour autant et bien que décevante depuis qu’elle a assujetti Roland-Garros par ses âpres batailles terriennes en juin dernier, l’impératrice guerrière débarque en Australie pleine de confiance et sûre de son tennis. « Je ne pouvais pas rêver meilleure préparation.», apprécie la joueuse de 27 ans à la rage de vaincre si unique qui n’a pas digéré son élimination prématurée en 2014. « J’ai faim. Je suis déterminé à faire mieux. J’ai échoué en 8ème l’an dernier. Ce n’était pas le résultat que j’attendais. Je veux faire mieux. Je suis ici pour tenter de gagner le titre », prévient-elle. Plus que ses lourdes frappes, c’est bien sa confiance en elle et son invariable ténacité qui seront ses meilleurs atouts pour triompher d’une adversité toujours plus grande.

    Christopher Buet


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  • Li na exulte

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    Pour sa seconde finale consécutive a Melbourne, Li Na n'a pas laisse la moindre chance a Dominika Cibulkova. Si la Chinoise a manifesté de la nervosité, elle a fini par s'imposer en 2 sets (7-6 6-0), coiffant ainsi sa seconde couronne en Grand Chelem après celle obtenue à Roland-Garros en 2011.

    La démonstration après la contraction. La plénitude après le doute. Sur une ultime faute directe de son adversaire, Li Na levait les bras au ciel comme lors du tour précédent où elle avait du se défaire de la jeune et prometteuse canadienne Eugénie Bouchard.

    Li Na salue son clan après la victoire

    Pas d'effusion de joie particulière sur le visage de la 4e joueuse mondiale (son sang chinois ne doit pas y être étranger), qui grâce à ce titre montait sur le podium de la WTA au profit de Maria Sharapova, à seulement 11 points de Victoria Azarenka, juste un petit sourire en coin, timide comme si elle ne réalisait pas ce qui venait de se passer. À la voir saluer pudiquement la foule massée dans la Rod Laver Arena, à la voir embrasser simplement son clan sans monter le rejoindre en tribune comme de coutume, on comprenait que plus que la joie, Li Na ressentait cette intense satisfaction du devoir accompli. Pourtant, la Chinoise ne venait pas de remporter un énième match dans une riche carrière, elle venait de s'offrir sa seconde couronne en Grand Chelem et de rétablir l'ordre dans un Open d'Australie anachronique ou les surprises étaient devenues une norme.

    Pression quand tu nous tiens

    C'est que pour sa troisième apparition en finale à Melbourne, où elle se sent si bien, Li Na ne pouvait se permettre d'échouer. Pas cette année, pas une deuxième fois consécutive (défaite en 3 sets contre Victoria Azarenka en 2013, ndlr), pas dans ce contexte où pour la première fois, elle ne faisait pas figure d'outsider mais bien de grande favorite face à l'inattendue slovaque Dominika Cibulkova. L'entame de match était d'ailleurs à l'avantage de la Chinoise. Étreinte par l'ampleur de l'événement, Cibulkova qui faisait sa première apparition à ce stade de la compétition, concédait le break d'entrée pour être menée 2-0. Son deuxième jeu de service revêtait dès lors un enjeu majeur. Elle le savait, soit elle le remportait et alors le match s'engageait, soit elle s'effondrait et ouvrait un boulevard à son adversaire. Aussi la tête de série n°20 décidait de prendre les choses en main. Non sans avoir sauvé deux balles de double break, elle trouvait un plus grand relâchement et parvenait à débloquer son compteur (2-1).

    Cibulkova n'abdique pas

    Son jeu de jambe mis en marche, la tombeuse de Maria Sharapova, en 8e de finale, mettait plus de vitesse dans ses déplacements et de puissance dans ses coups. Une nouvelle intensité qui déréglait Li Na. Alors qu'on la croyait sereine, la Chinoise était rattrapée par le contexte de cette finale et se laissait envahir par la peur et le doute au point de ne plus savoir servir. « Quand les Chinois doivent créer, ils se retrouvent dans le manque de confiance en soi. Chez Li Na, c'est flagrant », confesse son coach Carlos Rodriguez. Au terme d'un jeu abominable, la 4e joueuse mondiale cédait son engagement et remettait son adversaire dans la rencontre. Une rencontre qui gagna, après ce 4e jeu, en intérêt et en spectacle.

    La Gestion chinoise

    Devant une Rod Laver Arena pleine et rugissante, les deux joueuses se lançaient dans d'intenses échanges ou la vélocité de la Slovaque répondait à la précision et à la science du contre de la Chinoise. « Je n'ai pas fait un bon premier set. Mais je me suis accrochée », ne se cachait pas Li Na. Durant 6 jeux, ni l'une, ni l'autre ne concédait son engagement. Il fallait attendre le 11ème jeu pour voir le match tourner. En difficulté depuis le break concédé en début de rencontre et sentant la fin du set arrivé, Li Na accéléra. 

    Li Na fait la différence dans le tie-break

    S'appuyant sur son coup droit, la protégée de Carlos Rodriguez (ancien coach de la n°1 mondiale belge Justine Henin) pilonnait la défense slovaque et finissait par la briser au terme d'un jeu d'une grande maîtrise pour s'offrir l'occasion de servir pour le gain du set (6-5). La messe était dite croyait-on. C'était sans compter sur la fébrilité de la Chinoise au service. Cette dernière se crispait, ne passait aucune plus de première balle et faisait présent de son engagement à une Cibulkova qui n'en demandait pas tant (6-6). Presque logiquement, le sort de cette première manche allait se régler au tie-break. Un petit événement en soit puisqu'il s'agissait du premier jeu décisif en finale dame de l'Open d'Australie depuis 2003 et l'opposition entre Serena Williams et sa soeur Venus (match remporte par la cadette et actuelle n°1 mondiale, ndlr).Si le set avait été serré, le tie-break n'allait souffrir aucun suspense.

    En patronne, Li Na assumait son rang et se détachait rapidement 5-1. Malgré 25 fautes directes, une fébrilité manifeste et un service parfois calamiteux, la Chinoise aura su se montrer plus agressive et plus précise sur les points importants. Une gestion des instants importants qui lui permettait, ainsi de s'adjuger la première manche (7-6).

    L'impuissance de Cibulkova

    Cibulkova impuissante

    On ne le savait pas encore mais la Chinoise venait de faire le plus compliqué en parvenant à arracher ce premier set des griffes de Dominika Cibulkova. Aussi vaillante soit elle, celle qui avait atomisé la magicienne polonaise Agniezska Radwanska en demi-finale (6-2 6-1), accusait le coup après la perte du tie-break. Baissant un peu de régime, elle se faisait prendre son service d'emblée par une Li Na revitalisée. En effet, la joueuse de 31 ans était revenue sur le court transfigurée. « Après le premier set, ça a été beaucoup mieux. Au moins, j'ai essayé de mettre la balle dans le court », indiquait-elle. Enfin relâchée, elle déployait le jeu qu'on lui connaissait et qui lui avait permis de démolir ses adverses aux tours précédents. Intense et parfaitement arrimée à sa ligne de fond de court, le dragon de Wuhan faisait feu de tout bois. L'incendie se transformait rapidement en brasier incontrôlable pour une Cibulkova, tétanisée comme une biche apeurée encerclée par les flammes. « Dans le second set, après les deux premiers jeux, elle s'est relâchée. C'est devenu impossible pour moi de faire quoi que ce soit et d'être agressive, juste parce qu'elle jouait très bien » Le second set tournait court. Impériale, Li Na n'allait rien laisser à sa proie qu'elle dévorait 6-0.

    Après 1h37 de jeu, Li Na levait les bras au ciel. À 31 ans, la Chinoise pouvait savourer ce second titre en Grand Chelem après Roland-Garros en 2011. « Elle était tout près de voir son rêve s'en aller », appuie Carlos Rodriguez évoquant cette balle de match de Safarova au 3e tour et qui sortit pour quelques centimètres. Un scénario qui rehausse encore l'accomplissement que représente cette victoire. « Je l’ai fait. Pas comme les deux dernières fois (finales 2011 et 2013, ndlr). Cette fois-ci, je suis vraiment fière de moi », appréciait Li Na.  En soulevant le trophée Daphne Akhurst, elle devenait la première trentenaire, victorieuse à Melbourne, depuis 1973 et la sacre de légende locale Margaret Court. Au terme d'une chaude et agitée quinzaine, Li Na venait de rétablir l'ordre et d'entendre son empire. Le feu sacré de la Chinoise n'a pas fini de brûler en terre australe.

    Li Na et Dominika Cibulkova avec leurs trophées
    Christopher Buet

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  • Na Li se qualifie pour la finale

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    Pétrifiée par le stress et l’enjeu, Eugénie Bouchard s’est très logiquement inclinée en demi-finale de l’Open d’Australie contre Li Na (2-6 4-6 en 1h26). À défaut de finale, la jeune Canadienne (19 ans) a pris rendez-vous avec l’avenir.

    « Il était une fois… » Deux victoires de plus et le parcours d’Eugénie Bouchard aurait été un pur conte de fée, un récit comme on ne les raconte que dans les livres, une aventure de celle à faire rêver les enfants et émouvoir les parents. Mais la réalité est plus amère et l’enthousiasmante histoire de la Canadienne s’est achevée, ce jeudi 23 janvier, sous le soleil de Melbourne. Dans la clameur de la Rod Laver Arena, Li Na (N°4) a brutalement refermé le livre au visage de sa cadette (19 ans), la rappelant à sa condition de jeune débutante et lui indiquant que ce monde, celui du dernier week-end en Grand Chelem, n’est pas (encore ?) le sien qu’il recèle des dangers contre lesquelles elle ne peut se défendre.

    Un quart d’heure cauchemardesque

    Li Na dicte le jeu et survole le premier set

    « Ce n'est pas exactement une surprise. Je m'attends toujours à bien faire. Je suis juste contente d'avoir franchi cette étape. Mais je n'en ai pas fini. J'ai un match jeudi. Je l'attends avec impatience », expliquait mardi Eugénie Bouchard juste après sa victoire éclatante contre Ana Ivanovic, quand on l’interrogeait à propos de sa première demi-finale en Grand Chelem. Une réponse traduisant l’immense confiance qui l’habite et son imperméabilité à la pression. Mais entre les mots et le court, la différence est gigantesque et Bouchard allait le mesurer. « J'ai essayé de le prendre comme un match normal, mais c'est plus que ça. C'est plus important de rester concentrée. Je ne jouais pas très bien au début. Je manquais des coups de peu », reconnaissait-elle après le match. C’est peu dire que la grandeur de l’événement à rattraper la jeune femme de 19 ans.

    Pour sa première apparition dans le dernier carré d’un tournoi Majeur, la Canadienne allait vivre un véritable cauchemar. Au service pour entamer la rencontre, elle se faisait immédiatement breaker blanc par une Li Na très agressive qui profitait également de l’absence de première balle adverse. Dès lors, les jeux se mirent à défiler. Parfaitement ancrée sur sa ligne de fond de court, la Chinoise se jouait d’une pression qu’elle connaît bien (triple demi-finaliste à Melbourne, ndlr) et dictait le jeu 

    Eugénie Bouchard prise de vitesse

    avec une facilité déconcertante. Impériale, elle accélérait à sa guise et mettait hors de position son adversaire. Le festival chinois dura 16 minutes au cours desquelles, Bouchard concéda par trois fois sa mise en jeu sans même parvenir à y inscrire un point. « Je l'ai laissé faire ce qu'elle voulait », regrettait la native de Westmount. Ce n’est qu’à 5-0 que la machine Li Na se grippa, un peu. Coupable de deux doubles fautes, la joueuse de 32 ans cédait son engagement et relançait Bouchard. Cette dernière assurait ensuite pour remonter à 5-2 et entrer définitivement dans son match. Pas suffisant, toutefois, pour empêcher Li Na de boucler, après 28 minutes, un premier set parfaitement maitrisé.

    Service en faillite

    L’embellie entrevue à la fin du premier acte se confirmait. Après un premier jeu bien mené, Eugénie Bouchard se faisait violence et s’emparait au bout de 10 minutes intenses du service chinois. « J'ai voulu la mettre un peu sous pression », commentait-elle. On croyait alors que la révélation du tournoi allait remettre ça et refaire le coup des huitièmes de finale et des quarts où elle avait abandonné la première manche avant de renverser la vapeur. L’histoire était belle mais imaginaire et l’euphorie s’estompait dans la foulée. Trop fébrile au service, Bouchard craquait et voyait Li Na recoller à 2-2. C’est alors que commença la faillite des serveurs. Durant 4 jeux consécutifs, aucune des deux joueuses ne parvint à tenir son engagement au bonheur du relanceur adverse.

    Eugénie Bouchard en grande difficulté sur son service

    À 4-3 en sa faveur, la 4ème joueuse mondiale décidait de stopper cet anachronisme et de rétablir l’ordre (5-3). « Tous ses coups du fond du court étaient joués à 30 centimètres de la ligne de fond. Même son service a été très solide. Elle ne m'a pas laissé respirer. J'ai essayé de lui mettre la pression, mais elle a trop bien joué par instants », constatait impuissante Bouchard, lestée d’une abominable réussite au service avec seulement 45% de 1ère balle et un indigent 18% de points gagnés derrière sa seconde balle…

    Des statistiques qui ne pardonnent pas à ce niveau. Avec autorité, Li Na concluait le match à sa première occasion après seulement 1h26 de jeu. « En Chine, nous disons si tu as un mauvais passage et que tu t'en sors, alors tu vas être chanceux », philosophait la lauréate du jour en référence à cette balle de match dont bénéficia Lucie Safarova au troisième tour et qui sortit pour quelques centimètres, permettant à Li Na de survivre. Un coup de pouce du destin qui rappelle celui dont avait bénéficié Roger Federer l’année où il remporte Roland-Garros, quand Tommy Haas laissa filer d’un rien une balle de match en huitième de finale. Grâce à ce succès, Li Na va vivre sa troisième finale à Melbourne Park, la deuxième consécutive (défaite en 3 sets l’an dernier contre Victoria Azarenka, ndlr). Pour enfin décrocher le titre, la Chinoise devra, ainsi, se défaire de Dominika Cibulkova qui a atomisé Agnieszka Radwanska dans l’autre demi-finale (6-1 6-2 en 1h10).

    De son côté, Eugénie Bouchard voit son beau conte australien se clore. Bien que déçue, la joueuse de 19 ans qui intègre le top 20 mondial, refusait de se laisser abattre. « Je ne peux pas m'arrêter à ça, me reposer sur ce résultat. Il faut que je continue à m'améliorer et à regarder vers les prochains tournois », indiquait-elle. Si le conte australien n’a pas connu de fin heureuse, il se présente comme le premier chapitre d’une carrière qui promet assurément. L’histoire d’Eugénie Bouchard ne fait que commencer.

    Christopher Buet


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  • Ana Ivanovic triomphe de Serena Williams

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    Au terme d’un match exceptionnel de sa part, Ana Ivanovic s’est qualifiée pour les quarts de finale de l’Open d’Australie en dominant pour la première fois de sa carrière Serena Williams (4-6 6-3 6-3, en 1h56). La Serbe met également fin à la série de 25 victoires consécutives de l’Américaine.

    La surprise fut totale et la joie à la hauteur de l’exploit qui venait de se produire. En début de tournoi, tout le monde s’accordait sur une question simple : Serena Williams chutera-t-elle ? Et si oui, contre qui ? Aussitôt, les noms de Victoria Azarenka ou Maria Sharapova apparaissaient. Toutefois, ni la double tenante du titre et ni la lauréate de l’édition 2008 n’auront le temps de vérifier si les pronostics disaient vrais.

    En effet, la nuit dernière, une autre jeune femme s’est chargée de renvoyer prématurément la n°1 mondiale chez elle. Dans sa magnifique robe bleue, Ana Ivanovic a réalisé ce que personne ne pensait possible et ce qu’aucune joueuse n’était parvenue à accomplir depuis Victoria Azarenka au mois d’août dernier en finale du Masters 1000 de Cincinnati.

    Serena Williams fait illusionOpportunisme américain

    Après une semaine caniculaire, ce choc entre l’actuelle n°1 mondiale et une ancienne titulaire du statut allait se dérouler dans des conditions parfaites sur une Rod Laver Arena pleine et prête à s’enflammer. Tout était donc réuni pour une belle rencontre de tennis. D’autant que contrairement à son habitude, Ana Ivanovic ne nourrissait aucun complexe au moment de défier son illustre adversaire. « En allant sur le court aujourd'hui, j'ai réellement essayé de donner le meilleur de moi-même. J'ai essayé d'en faire un bon match », expliquait la Serbe qui joignait les actes aux paroles.

    Parfaitement relâchée, elle n’hésitait pas à contester l’Américaine sur sa mise en jeu en se montrant agressive. Les deux jeunes femmes se rendaient ainsi coup pour coup dans une première manche serrée. Cette dernière tournait quand à 4-5, Ana Ivanovic se rendit coupable d’un très mauvais jeu de service. Visiblement moins souveraine qu’à l’accoutumée, Serena ne laissait pas filer l’occasion et profitait de cette baisse bienvenue pour s’emparer du premier set (6-4). Sans être exceptionnelle, la n°1 mondiale prenait les devants.

    « J’y ai cru »

    La perte de cette première manche, où elle avait laissé filer 3 balles de break et commit pas moins de 14 fautes directes, aurait pu entamer la confiance d’Ana Ivanovic. Il n’en fut rien, bien au contraire. « J'y ai cru. J'avais de la confiance en venant jouer ce match aujourd'hui. (…) Même quand je faisais des erreurs, je croyais en moi », appréciait-elle. Loin de se désunir, l’ancienne n°1 mondiale repartait à l’assaut plus déterminée que jamais.

    Plus entreprenante et s’appuyant sur un coup droit parfaitement réglé, Ivanovic se mit à développer un tennis de très haute volée et ne laissa plus respirer une adversaire visiblement empruntée. « Je l'ai maintenue sous pression tout au long du match. Je suis restée dans le mouvement physiquement », soulignait-elle. En face, Serena était dépassée par les initiatives et la qualité adverses. La lauréate du dernier US Open abandonnait ainsi par deux fois sa mise en jeu. Plus que les faits de jeu, c’est l’attitude de la protégée de Patrick Mouratoglou qui interrogeait. Rarement, celle-ci était apparue aussi lourde sur un court. « C'est évident que je ne frappais pas la balle comme je la frappe normalement, que je ne bougeais pas comme je bouge normalement et que je faisais énormément d'erreurs que je ne fais normalement pas », soupirait une Serena désabusée et dont l’esprit semblait tourmenté. Sans surprise, Ana Ivanovic revenait à hauteur (6-3). Un petit événement pour la native de Belgrade qui prenait un set à son adversaire,  pour la première fois en 5 rencontres.

    Ivanovic en patronne

    Ana Ivanovic triomphe de Serena WilliamsEn s’emparant du second set, la tombeuse au tour précédent de Samantha Stosur (n°17) venait de renverser le court de ce huitième de finale et d’embraser les travées d’une Rod Laver Arena séduite par le niveau de jeu proposé par la Serbe. Le troisième set était la copie conforme du précédent. Ne desserrant à aucun moment son étreinte, Ivanovic s’octroyait le luxe de breaker d’entrée la n°1 mondiale. Apathique, la cadette des sœurs Williams ne parvenait pas à réagir et affichait le masque des mauvais jours. Impuissante face à l’intensité adverse, elle entretenait, seulement, l’illusion de l’espoir grâce à son impressionnante première balle (13 aces). Une arme insuffisante tant Ivanovic dominait les débats. Agressive en retour de service au point de remporter 60 % des points sur les secondes balles américaines, elle distribuait le jeu avec son coup droit et décidait à sa guise de conclure les échanges long de ligne, croisé ou même parfois au filet. « J'ai fait certaines choses extrêmement bien, vous savez », soutenait-elle. « Ana mérite sa victoire. Elle a extrêmement bien joué. Ce n'est pas comme si je lui avais donné le match », complétait sa victime du jour, consciente de ses limites et de la performance adverse.

    Après 1h56, Ivanovic concluait sa démonstration sur un jeu blanc (6-3), symbole de sa domination absolue sur la rencontre, et laissait éclater sa joie dans un cri d’allégresse fendant les applaudissements et rugissements du public australien. « Obtenir cette victoire, vous savez, c'est incroyable », n’en revenait pas celle qui retrouve les quarts de finale en Grand Chelem pour la première fois depuis l’US Open 2012 (battue à ce stade par…Serena Williams, ndlr). Malgré ce succès, le premier après 4 échecs contre la n°1 mondiale, elle refusait de se laisser griser et se projetait vers la prochaine étape.

    Eugénie Bouchard au menu des quarts

     « Le seul but que je veux me fixer, c'est de garder ce niveau et de donner le meilleur de moi-même à chaque match. Il y a des adversaires compliquées, de dangereuses adversaires à chaque tour. Je suis juste heureuse d'avoir atteint les quarts de finale pour la première fois depuis 2008, et ça signifie beaucoup pour moi de le faire de cette manière », ajoute-t-elle.

    Pour poursuivre sa belle aventure, la jolie serbe devra se défaire d’Eugénie Bouchard. Du haut de ses 19 ans, la canadienne confirme les espoirs placés en elle et entend bien bousculer un peu plus la hiérarchie du tennis féminin.

    Christopher Buet


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  • Caroline Wozniacki avec son gilet réfrigéré et sa serviette de glace

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    Après seulement deux jours de compétitions, une chaleur écrasante s’est abattue sur l’Open d’Australie, rendant les conditions de jeu critiques pour les joueurs. Et ce n’est qu’un début…

    « I’m on the highway to hell », dit la chanson du groupe AC/DC. S’ils ne sont pas sur l’autoroute de l’enfer, les joueurs et les joueuses disputant l’Open d’Australie ont cru se trouver sur les courts ardents du royaume d’Hadès. Dès 11 heures du matin, le thermomètre affichait déjà un chiffre hallucinant de 36° quand Victoria Azarenka pénétrait sur la Rod Laver Arena pour entamer la défense de son titre face à la Suédoise Johanna Larsson. « Il faut s'adapter, c'est comme ça », a simplement déclaré la Biélorusse qui sait de quoi elle parle pour s’être effondrée en 2010 lors de l’US Open sous une chaleur voisine (41°, ndlr).

    Azarenka reste de glace

    Un court et des cendres

    S’adapter est une chose mais le sens commun en est une autre. Car si Azarenka a su faire fi des conditions pour se débarrasser non sans difficulté de sa modeste adversaire en 2 manches mais 1h46 de jeu, ils sont nombreux à ne pas avoir eu sa chance d’être programmé en matinée et à avoir souffert plus que de raison de la touffeur australienne. « Il faisait très sec, vraiment très chaud, comme si le soleil piquait », témoignait Roger Federer qui a refusé de s’asseoir lors d’un changement de côté, invoquant que sa chaise était trop chaude (les protections ne sont dépliées que lorsque les joueurs s’assoient, ndlr).

    Entré sur le court au plus fort de la canicule, Jo-Wilfried Tsonga lui a eu « l’impression de marcher sur des cendres. Ça brûle la peau, ça ramollit, on a l’impression qu’on ne court pas vite. Ca ramollit aussi le plastique de nos chaussures donc sur les changements de direction, on n’est pas très réactif parce que la chaussure se plie. »

    « C’est définitivement dangereux »

    Dancevic choit sous la chaleur

    En plus de détériorer la qualité du spectacle proposé,  ces conditions climatiques infernales mettent en danger l’intégrité physique des athlètes. « Je crois que c'est définitivement dangereux d'être sur le terrain par une telle chaleur », assure Frank Dancevic qui s’est allongé dans l'un des coins du court avant de perdre connaissance quelques instants. « On lui parlait et il ne réagissait pas », s’est inquiété son adversaire Benoît Paire. Ce dernier, qui s’est finalement qualifié en 3 sets va dans le sens du Canadien. « N'est-ce pas un peu dangereux ? », interroge-t-il avant de livrer une réponse sans détour : « On nous envoie un peu à l'abattoir. » Son cas n'est d'ailleurs pas isolé. Ainsi, la Chinoise Shuai Peng, huitième de finaliste en 2011, a été prise de violentes crampes et de vomissements face à la japonaise Kurumi Nara, quand un ramasseur de balle s'est évanouie sur un autre court. « Je ne sais pas si c'est très sûr. Il faut faire très attention de nos jours [...] Il y a déjà eu des problèmes dans d'autres sports avec des joueurs qui ont eu des attaques cardiaques », réagissait l’écossais Andy Murray, facile vainqueur de Go Saeda (6-3 6-1 6-1).

    « Dans le 2e set, j'ai vraiment senti la chaleur s'abattre, quand j'ai posé ma bouteille par terre et que le plastique a commencé à fondre un peu au fond », attestait Caroline Wozniacki. « J'avais mal à la tête, envie de vomir, ce n'est pas humain de jouer dans ces conditions. Le médecin m'a conseillé d'arrêter, mais j'ai préféré continuer car je pensais que les matches allaient être interrompus. Ce n'est pas du tennis, c'est Koh-Lanta ! », s’est emportée Kristina Mladenovic, vaincue tant par le soleil brûlant de Melbourne que par la suissesse Voegle (5-7 5-7).

    La direction ne s’émeut pas

    Alors que les défaillances se multipliaient à mesure que le thermomètre grimpait (il a atteint 43° au plus dur de la journée, ndlr), la direction du tournoi est restée stoïque. A l’issue de la journée, l’arbitre du tournoi Wayne McKewena défendu son choix de ne suspendre les matchs à l'extérieur et de ne pas déployer le toit des deux arénas. « Bien que les conditions étaient chaudes et inconfortables, le taux relativement bas d'humidité a permis d'assurer que les conditions ne se détériorent jamais au point où il aurait été nécessaire d'invoquer la politique de chaleur extrême », a-t-il invoqué. 

    Shuai Peng en perdition

    Une décision incompréhensible pour Dancevic qui n’a pas caché sa colère. « J'ai joué des matchs en cinq sets toute ma vie et être à la ramasse après un set et demi et être victime d'un coup de chaud, ce n'est pas normal », a-t-il réagi.

    Pour Alizé Cornet, qui aura été épargnée profitant de l’abandon de Polona Hercog dès le premier jeu, il devient urgent de mieux encadrer ce genre d’événement. « Quand vous ouvrez le four, vous avez cet air qui vous vient dans le visage. Ici, c'est exactement la même chose. C'est presque mettre en danger les joueurs que de les faire jouer par un tel temps. Ce sont des conditions extrêmes. Il faudrait mettre une température limite pour ne pas prendre trop de risques sur le court », tente Alizé Cornet. « Ils ont beau avoir tous ces joueurs qui ont eu plein de problèmes et qui se plaignent auprès du tournoi qu'il fait trop chaud pour jouer, ils se contentent seulement de continuer et de programmer des matchs dans cette fournaise, jusqu'à ce que quelqu'un meure », conclu un Dancevic passablement énervé.

    Alors que les coulisses de Melbourne Park grondent de plus en plus fort, la chaleur, elle, n’entend pas se taire et devrait poursuivre son étouffante étreinte jusqu’en fin de semaine. Une mauvaise nouvelle qui pourrait mettre le feu au braiser de Melbourne et raviver les braises du débat sur le calendrier du tennis mondial.

    Christopher Buet


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