• La double couronne de la Reine Victoria

    Victoria Azarenka conserve son titre

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    Dans un match étonnant où le dramatique côtoya le cocasse et la stupéfaction, Victoria Azarenka est parvenue à ramener à la raison une Li Na, bien malheureuse. Après 2h40 de jeu, la Bélarusse conquiert son second titre du titre Grand Chelem, conservant sa couronne acquise l’année dernière à Melbourne. Vika ou la Reine Aussie.

    Azarenka pleure

    Et elle resta là, presque stoïque, simplement un geste pour lâcher cette raquette qui vint atterrir au fond du court. Pas d’explosion de joie, pas de grande course effrénée ou d’effondrement à la Rafael Nadal dont les jambes cessent subitement de le porter dès qu’il remporte un Grand Chelem. Il y aura juste ce geste, ces deux mains portées à son visage comme pour se réveiller. Car dès lors, son expression se transforma et son joli minois se plissa sous la puissance de l’émotion qui l’enserra d’une étreinte imparable. Ses yeux commencèrent à se remplir de larmes avant de les laisser se déverser sur ses joues. Victoria Azarenka venait de réaliser. A 23 ans, elle remportait son deuxième titre du Grand Chelem, le second consécutif à Melbourne. Mais avant de fondre en larmes sur son banc et de récupérer cette coupe au doux air de sceptre, la Bélarusse aura lutté pour prendre le meilleur sur une excellente Li Na dans une finale passionnante emplie de rebondissement.

    Un set pour 7 breaks

    Li Na cueille le premier set

    Pourtant le préambule et le premier acte était haché, contrarié par un stress omnipotent. Une finale est un match particulier où les émotions sont poussées à leur paroxysme et peuvent tenailler les participants. Sam Sumyk avait prévenu : « Sur une finale de Grand Chelem, le bras tremble forcément. C’est impossible de ne pas avoir peur. » Bien vu de la part du coach breton d’Azarenka mais au petit jeu de la gestion de la tension, c’est bien Li Na qui se montrait la plus adroite dans ce duel de joueuses à fleur de peau. Si ces dames s’échangeaient les politesses lors des trois premiers jeux cédant chacune leur tour leurs engagements, la Chinoise fut la première à valider son service et se détacha au score (3-1). D’un côté comme de l’autre, la sérénité n’était pas de mise et cela se ressentait avec un niveau de jeu hésitant et des tennis balbutiants. À tel point que malgré une balle de 4-1, Li Na se fit breaker à nouveau (2-3). Un répit pour Azarenka qui perdait les deux jeux suivant pour se voir menée 5-2 sans avoir eu le loisir de marquer le moindre jeu sur son service et ce malgré 78 % de première balle. Entre servir une première et bien servir, il y a une grande différence. Dos au mur, Azarenka réagissait et emportait enfin sa mise en jeu avant de prendre celle de son adversaire. Peu à peu les débats s’élevaient, au fur et à mesure que la tension et l’appréhension s’estompaient. Servant pour recoller à 5-5, la n°1 mondiale allait invariablement craquer. Plus consistante dans le jeu et prenant l’initiative du point dans l’échange, la vainqueur de Roland Garros 2011 s’offrait une première balle de set. Cette dernière fut écartée comme les deux suivantes. Il fallait attendre la quatrième opportunité pour voir la Chinoise mettre cette première manche dans son escarcelle. Un premier acte totalement délié placé sous le signe de la nervosité et où 32 fautes directes furent commises (18 pour Li Na contre 14 à Azarenka). Pas à l’aise, Azarenka était méconnaissable avec seulement 4 coups gagnants durant les 45 premières minutes de ce premier set. Trop peu pour pouvoir inquiéter une adversaire aussi solide tête de série n°6.

    Réaction d’orgueil

    Azarenka

    Consciente de passer à côté de son sujet pour le moment et de laisser filer le titre acquis la saison précédente, l’élève de Sam Sumyk revenait sur le court avec de meilleures intentions. Plus percutante et plus concentrée, elle commettait de moins en moins de fautes et venait conclure régulièrement les points au filet (ndlr : 5 des ses 8 points au filet furent inscrits durant ce set). En face, la protégée de Carlos Rodriguez, ancien entraîneur de Justine Henin, fléchissait. Que ce soit son adversaire ou la décompression liée au gain du premier set, elle voyait les jeux défiler pour finalement se retrouver dans la situation inverse du premier set, à savoir menée 1-3. Un écart qu’elle ne parviendra jamais à combler. La faute à son adversaire mais aussi à sa cheville. Sur une course, la Chinoise se bloque la jambe gauche et s’effondre de douleur. Alors que l’assistance a peur pour son genou droit bandé et déjà opéré plusieurs fois, c’est bien la cheville gauche de la trentenaire qui a tourné. Strappée, elle pourra reprendre pour venir concéder le set (6-4). Après 1h43 de jeu, les deux jeunes femmes sont à égalité dans cette finale indécise.

    Chevillé au feu d’artifices

    Li Na cheville

    Et à l’indécision allait se joindre le drame donnant une saveur si singulière à ce genre d’évènement. Alors que leurs mises en jeu tiennent bon, les deux joueuses sont interrompues à 2-1 en faveur de Li Na mais service Azarenka. La cause : le traditionnel feu d’artifices organisé à Melbourne et dans tout le pays, afin de célébrer « l’Australian Day », la fête nationale australienne. Dix minutes durant lesquelles, elles purent réfléchir et se torturer. Impatiente, la Bélarusse sautillait et tentait de garder le rythme quand Li Na se reposait. Voilà pour le spectacle. Le drame allait lui surgir de manière impromptue. Sur un nouvel appui hésitant, Li Na se tordait, de nouveau, la cheville gauche et surtout heurtait violemment le sol avec sa tête. Sonnée, il lui faudra plusieurs minutes pour retrouver ses esprits. Le jeu pouvait finalement reprendre après toutes ces péripéties. Totalement dans son match, Azarenka prenait les devants. Très souvent à la faute en début de partie, elle ne ratait plus ou si peu (seulement 4 fautes directes) quand Li Na arrosait (21 fautes sur ses 38 du jour). C’en était trop pour pouvoir espérer triompher. D’une grande froideur, la n°1 mondiale exécutait sans ménagement sa redoutable et valeureuse adversaire, au terme de 2h40 d’affrontement. Sans forcément bien jouer, Victoria Azarenka aura su se débrouiller pour trouver les bonnes solutions. Une victoire de championne en somme. En larmes, elle s’empressait d’aller empoigner les mains de son clan avant d’empoigner le manche de cette coupe, de ce sceptre qui lui échoit de second. À 23 ans, l’Australie s’est trouvée une nouvelle Reine, elle s’appelle Victoria, Vika Azarenka.

    Christopher Buet


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