• A défaut d’être attrayante, la sélection ibérique a fait le boulot attendant les ultimes minutes de jeu pour faire la différence par Jesus Navas face à une équipe croate vaillante. Sur un faux rythme, l’Espagne se qualifie, non sans avoir tremblée, pour les quarts de finale de l’Euro où elle retrouvera le deuxième du Groupe D. Grâce à son succès (2-0 face à l’Irlande) et celui de l’Espagne, L’Italie termine seconde du groupe.

    Tout ce qui brille n’est pas d’or dit l’adage. Ce soir face à la Croatie, l’Espagne ne l’a pas fait mentir. C’est peu dire que l’équipe de Vicente Del Bosque a lutté dans cette ultime rencontre du Groupe C. Convaincante face à l’Irlande il y a 4 jours, elle aura su courber l’échine et attendre son heure face à une équipe solide et entreprenante en seconde période, avant de s’imposer et d’assurer sa qualification. Magnifiquement servi dans le dos de la défense par une merveille de louche signée Fabregas, Andres Iniesta fixait Pletikosa avant de glisser le ballon à Jesus Navas qui seul au point de pénalty n’avait plus qu’à pousser le cuir au fond des filets. Mais que ce fut laborieux avant que le petit ailier ne libère tout un pays.

    Il est impressionnant de voir comme chaque match possède son histoire. Pataude face à une Italie travailleuse, l’Espagne s’était montrée brillante face à la faible Irlande. Deux visages pour une réalité. Ce soir dans l’Arena de Gdansk, ce sont des champions du monde empruntés que l’on retrouvait dans ce match étrange. Etrange car bien qu’en position favorable, les deux équipes restaient sous la menace de l’Italie, opposée dans le même temps l’Irlande. Une menace qui ne semblait pas perturber Croates et Espagnols qui durant 20 premières minutes insipides se contentèrent de s’observer sans tenter de s’inquiéter réellement. Maitresse du ballon, l’Espagne imposait un faux rythme à une équipe croate tactiquement en place ne laissant pas la moindre ouverture aux Iniesta, Silva, Xavi et autres Torres. On croyait les débats lancés quand à la 22ème minute, Torres se joua de trois défenseurs dans la surface avant de solliciter Pletikosa en angle fermé avant que Sergio Ramos (24ème) puis Gerard Piqué (25ème) ne sonnent la charge en tentant leur chance de loin (la frappe du premier étant captée quand celle du second passa au-dessus de la transversale de Pletikosa). Trois escarmouches qui avaient le mérite de faire sortir les Croates de leur léthargie. Dans la foulée et profitant de quelques espaces, Modric décalait Pranjic dont la frappe trouvait Iker Casillas.

    Le jeu se découvrait enfin avant de s’assombrir à nouveau. Car ces 5 minutes haletantes ne furent qu’une simple éclaircie dans la tristesse d’une première mi-temps disputée sur un faux rythme et où les Espagnols firent plus tourner le ballon que jouer au football. Si David Silva semble très en jambe, ce n’est pas le cas de ses partenaires qui à l’image d’un Iniesta bien bloqué sont assez timides voire même timorés. En face, la Croatie se contente d’attendre d’éventuels contres et sans proposer plus. Résultat, pas d’occasions notables côté ibérique et un spectacle aux abonnés absents (0-0).

    L’échec au damier

    Au courant du résultat de l’Italie face à l’Irlande qui menait 1-0, la Croatie revenait avec d’autres intentions sur la pelouse. Plus explosifs et plus entreprenants, les coéquipiers de Luka Modric contestaient davantage la domination espagnole et profitaient de la moindre erreur adverse pour contrer. Ainsi à la 58ème minute suite à une nouvelle mésentente entre les attaquants espagnols, le milieu de Tottenham déposait son défenseur avant de temporiser à hauteur de la surface de réparation et d’adresser un splendide extérieur du pied gauche pour la tête de Rakictic. Seul au second poteau, le milieu croate voyait sa tête, à bout portant, repoussée par un Casillas décisif sur sa ligne. A trop vouloir contrôler, l’Espagne se faisait prendre à son propre jeu et était à deux doigts de se faire surprendre sur la première véritable occasion du match.

    Sentant son équipe en difficulté, Vicente Del Bosque en recourait à son coaching et faisait rentrer Jesus Navas (60ème) et Cesc Fabregas (72ème) à la place respectivement d’un Fernando Torres décevant et d’un David Silva intéressant mais un peu court physiquement. Un choix qui pouvait paraître bizarre mais qui allait s’avérer payant. A peine 5 minutes après son entrée en jeu, Fabregas se créait sa première occasion. Servi par Iniesta sur l’une de ses rares accélérations du soir, l’ancien milieu d’Arsenal tergiversait trop à l’entrée de la surface et voyait la défense contrer sa tentative (77ème). Les espaces se faisaient de plus en plus grands et comme un air de K-O flottait dans cette Gdansk Arena embrumée par les fumigènes des supporters croates. D’un but à l’autre, Perisic répondait à Fabregas. Sur une nouvelle contre-attaque, le très précieux Modric transmettait à Mandzukic. L’attaquant suivi par le FC Barcelone et auteur de 3 buts depuis le début de la compétition se muait en passeur et centrait à direction du joueur de Dortmund. Ce dernier contrôlait avant d’enchainer par une volée repoussée par un Casillas vigilant puis dégagée à l’emporte-pièce par une défense aux abois.

    L’horloge filait et l’Espagne, si peu inspirée, ne trouvait toujours pas l’ouverture dans le damier proposé par Bilic. Aussi à la 84ème, Iniesta puis Navas butaient coup sur coup sur Pletikosa. Alors que tout espoir semblait perdu et qu’ils pensaient devoir vivre 5 dernières minutes suffocante sous la pression croate, les champions d’Europe en titre faisaient enfin la différence. Fabregas délivrait un caviar à Iniesta. Transparent, l’« accélérateur de particule » n’oubliait pas Navas au centre. Ce dernier se saisissait de l’offrande et laissait exploser sa joie comme les milliers de supporters de la Roja masser dans le stade et pétrifiés de peur jusque là.

    Au métier, Vicente Del Bosque et son coaching gagnant venaient de crucifier la Croatie à 3 minutes de la fin du temps réglementaire et de s’assurer sa qualification. Un coup dur pour les coéquipiers de Srna qui voyait leur horizon se boucher et la porte des quarts de finale se refermer devant eux. Abasourdis, ils ne s’en relèveraient pas. Dans le même temps, l’Italie avait doublé la mise par Mario Balotelli. Solide, impliqué et parfois séduisant, les Croates quittent la compétition la tête haute mais avec un amer goût de regret dans la bouche. Malmenée et contestée toute la soirée, l’Espagne termine en tête de son groupe. Au-delà des tableaux, c’est une sélection espagnole en clair-obscur qui rallie les quarts de finale. Chahutée par l’Italie et la Croatie, elle devra montrer son visage irlandais pour espérer continuer l’aventure et croire encore à un historique triplé. Au prochain tour, l’Espagne retrouvera soit l’Ukraine, soit l’Angleterre, soit la France.

    Christopher Buet


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  • Excellente et parfois éblouissante, l’Espagne a surclassé l’Irlande dans un match maitrisé de bout en bout où Torres se sera rappelé aux bons souvenirs de tout le monde en inscrivant un doublé. David Silva et Cesc Fabregas ont également participé à la démonstration d’une équipe enfin rentrée dans sa compétition.

    Et le peuple irlandais se mit à chanter et à faire vibrer cette enceinte de Gdansk. Durant cinq minutes prodigieuse d’émotion où le temps sembla s’arrêter et Dublin s’inviter en Pologne, le peuple vert entonna des chants à la gloire des siens, à la gloire de cette équipe tout de vert vêtue et au courage admirable. On pourrait y voir des chants de victoire mais il n’en est rien. Un simple baroud d’honneur, une façon d’affirmer son identité et sa fierté. Car si le public irlandais a aisément remporté le match des tribunes, sur le terrain, c’est bien l’Espagne qui a déroulé. Une Espagne retrouvée qui quatre jours après son nul laborieux face à l’Italie a surclassée une bien faible équipe d’Irlande (4-0).

    Il ne fallait d’ailleurs pas attendre longtemps pour avoir la manifestation de cette supériorité. Le match n’avait commencé que depuis 4 minutes quand Andres Iniesta délivrait une passe lumineuse dans l’axe du terrain pour David Silva. Le meneur de jeu des Citizens ne pouvait contrôler le ballon mais voyait Torres surgir devant Richard Dunne tel un aigle fondant sur sa proie. Sans contrôle, l’attaquant de Chelsea ne se posait pas de questions et fusillait un Shay Given impuissant sur cette frappe lourde sous la barre. D’entrée de jeu, l’Espagne faisait s’envoler ses doutes. Après 4 minutes le tableau d’affichage affichait déjà 1-0 pour le champion d’Europe. Un champion d’Europe qui imposait sa patte à cette rencontre. Après 10 minutes un peu folles, les hommes de Vicente Del Bosque mettaient définitivement le pied sur le ballon sous l’impulsion du duo Xavi-Iniesta. Exerçant un pressing très haut, l’Espagne asphyxiait littéralement une équipe d’Irlande dépassée par le rythme imposée par son adversaire. Trapattoni l’avait dit, il allait falloir savoir faire le dos rond et savoir exploser en contre. Mais le sélectionneur italien de l’Irlande n’avait pas envisagé un tel écart de niveau entre les deux formations. C’est perplexe et presque amusé qu’il assistait à la déferlante espagnole. Au bord de la rupture, Shay Given pour sa 124ème sélection sauvait ce qui pouvait encore l’être en se démultipliant sur sa ligne devant Iniesta, Torres ou encore Xavi (22, 40, 43, 46) et permettait à l’Irlande de rejoindre les vestiaires avec ce simple petit but de retard.

    Une classe d’écart

    On aurait pu croire que la pause aurait redonné des jambes aux verts mais le début de seconde période fut la copie conforme de la première. Repliés dans sa moitié de terrain, ils laissaient le champ libre à des espagnols inspirés mais trop maladroits dans la finition. Il ne fallait attendre que 3 minutes pour voir David Silva faire le break. Héritant du ballon dans la surface suite à une frappe d’Iniesta repoussé par Given, l’ancien joueur de Valence faisait preuve d’un grand sang froid et fixait trois défenseurs irlandais avant de glisser un subtil ballon de l’intérieur du pied gauche dans le but de Given (2-0, 48ème). Abasourdi, l’Irlande était groggy et perdait pied face au jeu de passes installé par les Ibériques.

    Techniquement très supérieurs, ces derniers déroulaient leur football comme à la parade. Sept minutes plus tard, Given faisait un nouveau miracle dans ses buts. Sur une frappe de Xavi au 6m, l’ancien portier de Newcastle se déployait pour un arrêt réflexe sur sa ligne. Un simple sursis tant la domination de la Roja s’accentuait au fil des minutes. Vicente Del Bosque en profitait pour faire tourner son effectif et reposer ses cadres, sortant Xabi Alonso, toujours aussi précieux dans le jeu long, pour lancer Javi Martinez. Le changement ne changea rien à la mainmise des champions du monde qui ne tardaient pas à donner encore un peu plus d’ampleur au score. A la 70ème minute, Fernando Torres donnait raison à son sélectionneur de lui avoir fait confiance en inscrivant un doublé. Parfaitement servi dans la profondeur par un David Silva plus saignant depuis le retour des vestiaires, El Nino s’en allait tromper Given pour le but du 3-0 avant de se voir offrir une ovation par Vicente Del Bosque. Généreux dans son pressing et ses appels mais aussi et surtout double buteur, Torres a marqué des points ce soir. Sur la pelouse, Fabregas suppléait son coéquipier. Un coaching gagnant puisque le Barcelonais se mettait vite en évidence. Déçu d’avoir du commencer sur le banc, il apportait sa pierre à l’édifice. A l’issue d’une action d’école sur la droite, l’Espagne obtenait un nouveau corner. Sollicité par Xavi au premier poteau, Fabregas se jouait de son défenseur avant d’exécuter Given d’une puissante frappe croisée. La déroute tournait à l’humiliation d’autant qu’après ce but, l’Espagne priva littéralement de ballon l’Irlande pour une magnifique mais cruelle séquence de « passe à 10 ». Pas de quoi décourager le peuple vert qui vint au secours des siens, illustrant à merveille cet esprit de corps si caractéristique du public britannique.

    Inspirée, brillante et dominatrice, l’Espagne a étrillé une faible formation irlandaise. Plus rigoureuse dans son pressing, plus appliquée dans les 30 derniers mètres avec un attaquant référent, le Champion d’Europe a revêtu ses habits de gala en cette soirée du jeudi 14 juin. Une performance rassurante qui lui permet de prendre la tête de son groupe après le nul entre l’Italie et la Croatie et de justifier un peu plus son statut de favori à sa propre succession.

    Christopher Buet


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  • Dans un match sans grande saveur, l’Espagne et l’Italie ne sont pas parvenus à se départager. L’Italie, solide sur ses bases avec la paire Chielini-De Rossi et efficace devant, aura ouvert le score fort logiquement par Di Natale avant de baisser de pied par la suite. L’Espagne, laborieuse mais maitresse du ballon, aura eu le mérite de rapidement égaliser par Fabregas avant de tenter de forcer, mollement, la décision au cours de la dernière demi-heure. Sans créativité, ni intention dans les 30 derniers mètres, le champion d’Europe devra montrer bien plus si elle veut conserver son titre. L’Italie, elle, s’est rassurée après sa débâcle face à la Russie lors de son dernier match de préparation (0-3).

    Le soleil était présent en cette fin de journée à Gdansk pour le premier match de l’Espagne dans la compétition. Une première rencontre sous forme de piège pour la Roja puisqu’elle affrontait la toujours redoutable Italie. Pourtant si le soleil était de sorti, il fut bien le seul à éclairer le terrain tant le spectacle proposé ne fut pas à la hauteur des attentes.

    Dans un stade de Gdansk plein où les supporters espagnols s’étaient réunis en masse, Vicente Del Bosque surprenait en alignant une équipe privé d’attaquants de référence. Après une semaine d’hésitation et de rumeurs, le sélectionneur avait choisi de ne pas choisir entre Negredo et Torres, privilégiant l’option Fabregas en faux numéro 9. Une tactique guère payante pour l’Espagne puisque la première mi-temps des champions d’Europe fut des plus laborieuses. En effet privés de référence et de point de fixation, ils ne parvenaient à s’approcher des buts de Gianluigi Buffon. Face à un bloc italien solide, les espagnols semblaient perdus en attaque où seules les fulgurances d’Iniesta balle au pied parvenait à créer les décalages dont Silva ne parvenait à profiter.

    Après un gors quart d’heure d’observation, c’est la formation de Cesare Prandelli qui prenait le jeu en main. Evoluant par à coup sous la houlette de son métronome Pirlo, la Squadra Azzura se montrait dangereuse par Marchisio dont la reprise de volée dans l’axe était capté par Casillas (33ème). Dans la foulée et profitant de la fébrilité d’Arbeloa, Antonio Cassano tentait à son tour sa chance mais butait toujours sur le portier espagnol. Une domination qui aurait pu se concrétiser juste avant la pause si Casillas, vigilant sur sa ligne, n’avait pas sorti une tête à bout portant de Thiago Motta, parfaitement servi au premier poteau par Cassano. A la mi-temps, l’Italie menait au point mais pas au tableau d’affichage face à une équipe espagnole décidément bien mal inspirée.

    Une réaction mais pas d’amélioration

    Après un premier acte terne, on s’attendait à du changement au moins du côté espagnol avec l’entrée d’un véritable attaquant pour dynamiser le secteur offensif ibérique mais Vicente Del Bosque restait sur ses positions et faisait confiance à ses onze titulaires. Une confiance qui aurait pu le perdre. Malgré une bonne entame avec deux occasions de Fabregas (49ème) et d’Iniesta (50ème), l’Espagne était tout près de se faire surprendre à la 53ème minute quand Balotelli profitait d’un dégagement raté de Ramos pour filer seul au but. Mais trop sûr de lui et d’un incroyable attentisme, il tergiversait dans la surface laissant le défenseur madrilène revenir pour rattraper sa bourde. Si Balotelli sortait après cette incroyable bévue, son remplaçant ne tardait pas à faire parler son réalisme. En sursis depuis quelques minutes, l’Espagne se faisait surprendre à l’heure de jeu quand Pirlo déchirait un milieu espagnol étonnant de passivité et servait Antonio Di Natale dans la profondeur. Seul face à casillas, l’attaquant de l’Udinese fixait le portier madrilène et ouvrait son pied droit. Pas sur le terrain depuis 5 minutes, l’idole d’Udine ouvrait presque logiquement la marque pour l’Italie.

    Comme touché dans son orgueil, le champion du monde ne tardait pas à réagir. Après une frappe de loin bien captée par Buffon, David Silva offrait une merveille de passe de l’extérieur du pied gauche dans le cœur de la défense italienne pour Fabregas qui auteur d’un appel magnifique fusillait le gardien de la Juventus Turin (63ème). Sans se montrer brillante l’Espagne égalisait et relançait un suspense qu’on croyait tuer. La fin du match allait voir le champion d’Europe accélérer ou tout du moins essayer. Car le jeu de la Roja paru bien emprunté. Lançant Torres et Navas à la place de Fabregas et Silva, Del Bosque tentait d’arracher la décision mais l’attaquant de Chelsea manquait l’occasion. Par deux fois, l’ancien joueur de l’Atletico Madrid eut le ballon de la victoire entre les pieds sans parvenir à conclure. A un quart d’heure de la fin, ce dernier ratait son contrôle alors qu’il se présentait seul face à Buffon avant d’oublier Navas sur sa droite et de voir son lob passé au dessus de la cage italienne dix minutes plus tard (85ème). Sans réussite, l’Espagne était même tout près de se faire surprendre par un Di Natale remuant mais imprécis (77ème). Sur belle action individuelle, Marchisio, précieux au milieu, tenta également sa chance mais son raid solitaire était stoppé par Casillas.

    Les deux équipes se quittaient donc sur un triste match nul (1-1). Si chacune des deux équipes aura eu sa période, l’Espagne pourra regretter le manque de réalisme de ses joueurs en fin de rencontre mais aussi une tactique inefficace. Trop lente dans son animation, elle n’aura pas su prendre à défaut le bloc italien. Si elle veut aller plus loin et défendre son titre, l’Espagne devra montrer un autre visage et afficher plus d’ambitions.

    Christopher Buet


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