• Au terme d’un match qu’elle aura maitrisé d’un bout à l’autre et grâce à un doublé de Xabi Alonso, l’Espagne élimine une pâle équipe de France et se qualifie pour les demi-finales de l’Euro. Imposant un faux rythme, la sélection de Vicente Del Bosque a hypnotisé son adversaire avant de le faire craquer par deux fois. Frustré et incapable d’accélérer, la France sort par la petite porte sur une deuxième défaite en deux matches après le revers suédois. Sans être flamboyante mais avec beaucoup de métier, l’Espagne retrouvera le Portugal en demi-finale.

    Et les « Olé, Olé, Olé » se mirent à pleuvoir depuis le virage espagnol. On jouait la 90ème minute quand l’Espagne entama une ultime « passe à 10 »  face à une équipe de France sonnée et abasourdie par le flegme et le froid réalisme de cette Espagne robotique. Peu avant, cette dernière avait asséné le coup de grâce à son apathique partenaire de jeu du soir. Sur l’une des rares accélérations du match, Pedro pénétrait dans la surface avant d’être mis au sol par Reveillière. Sans discussion, M.Rizzoli indiquait le point de pénalty pour une sentence que Xabi Alonso se chargeait de convertir en prenant à contre-pied un Lloris impuissant. Faisant fi du spectacle et de ses principes de jeu romantique, l’Espagne venait de doubler la mise et d’assurer une qualification pour les demi-finales de l’Euro, qu’elle aura su construire avec un métier confondant. Car jamais elle ne paru en mesure de se faire déborder.

    Dans une configuration classique où Fabregas avait comme en ouverture face à l’Italie, supplanter Torres, l’Espagne mit en place les jalons de son succès. Entre passes et conservation du ballon, elle prit le contrôle du jeu et des débats pour imposer son rythme presque hypnotique. C’est dans une ambiance très spéciale avec un public silencieux comme paralysé par l’enjeu du match, que l’Espagne alluma la première mèche. A peine 5 minutes après le coup d’envoi, Cesc Fabregas, bien lancé dans la surface par Xabi Alonso, était crocheté par Gaël Clichy. L’Espagnol s’écroulait mais l’arbitre ne bronchait pas malgré la faute évidente. Une erreur qui aurait pu couter cher dans un match où les occasions n’allaient pas être légions. Pour autant, ce fait de jeu ne restera qu’une anecdote. Loin de se frustrer, les Espagnols reprenaient sur le même rythme face à une France peu entreprenante mais soucieuse de garder son bloc haut. Mais face à l’Espagne subir n’est pas une solution et la laisser développer son jeu conduit toujours au même résultat. Comme une horloge, ses rouages firent la différence. Sur une action partie depuis le rond central, Xavi servait iniesta qui sur un pas se libérait du marquage de son défenseur et servait dans l’espace à gauche Jordi Alba. Déboulant et prenant Debuchy de vitesse, le latéral de Valence levait bien la tête et servait au second poteau Xabi Alonso. Laissé libre de tout marquage, le Madrilène fêtait comme il se doit sa centième sélection et ajustait Hugo Lloris d’une jolie tête piquée croisée. Sur sa première vraie situation, le Champion d’Europe ouvrait la marque (1-0, 18ème).

    Un but qui donna confiance à l’équipe de Vicente Del Bosque qui se mit à dérouler. Tout en contrôle, l’Espagne faisait courir des Français inoffensif à l’image de Karim Benzema dont le coup franc à 25m s’envola dans le ciel de Donetsk. C’est d’ailleurs sur cette phase de jeu que la France se montra la plus dangereuse quand Yohan Cabaye travaillait bien son ballon, qui prenait la direction de la lucarne, et obligeait Iker Casillas à intervenir. Un bilan bien maigre pour une équipe au pied du mur où seul Ribéry tentait de bousculer le bloc espagnol. A la mi-temps, l’Espagne menait tranquillement et présidait les débats imposant sa loi à un adversaire apathique et inoffensif.

    La froide punition

    La France devait montrer bien plus si elle voulait espérer encore pouvoir revenir dans le match et titiller son adversaire. Mais au retour des vestiaires rien avait changé, ni la domination espagnole, ni la frilosité et l’incapacité française et encore moins le rythme d’un match éminemment tactique. Ce début de seconde période n’est donc qu’une copie conforme de la première jusqu’à la 60ème minute et cette accélération de Ribéry. Profitant d’un peu de champ, ce dernier servait Debuchy dans la surface mais la tête du Lillois passait juste au-dessus de la transversale. Timidement, les Bleus tentaient de sortir de leur léthargie mais dans la foulée, il manquait de se faire surprendre quand Xavi chercha Fabregas dans l’axe sur une action rappelant le but face à l’Italie. Il fallait une belle sortie de Lloris pour éviter le break.

    Dans l’impasse, Laurent Blanc se décidait à prendre des risques et sortaient Debuchy, peu à son avantage en position avancée dans le couloir droit, et Malouda guère inspiré dans le jeu de transition pour faire rentrer Jérémy Menez et Samir Nasri, sensés apporter un peu plus de percussion au jeu tricolore. De son côté, Vicente Del Bosque faisait lui aussi tourner et donnait du temps de jeu à Pedro en lieu et place de David Silva, avant de faire sortir un Fabregas bien terne pour Fernando Torres. On croyait que la bataille tactique avait commencé et que les changements de part et d’autre allaient décanter la situation mais la machine espagnole est une telle mécanique de précision que rien ne peut l’affecter et la faire dérailler. Ni Menez, frustré et averti, ni Nasri ne furent en mesure de s’illustrer et d’apporter cette étincelle à un jeu tricolore morne et sans imagination, ni envie. Irrémédiablement, irrésistiblement, la Roja usait son adversaire, encore et toujours obligé de courir derrière un ballon inaccessible dans les pieds experts de Xabi Alonso et Sergio Busquets, précieux dans le cœur du jeu et véritable régulateurs.

    Face à un adversaire laborieux et incapable de hausser le ton, Vicente Del Bosque se permettait de faire sortir Andres Iniesta, discret à l’image de son équipe mais décisif sur l’action du but par son décalage. A quelques instants de la fin du temps réglementaire, Pedro donnait raison au coaching de son sélectionneur et récoltait les fruits du travail de sape de ses partenaires et obtenait le pénalty après une petite mais dévastatrice accélération, rare éclair dans la monotonie de la nuit ukrainienne. En rouage essentiel parfait visage de cette Espagne robotique, Xabi Alonso faisait le break et s’offrait un doublé, mettant un terme à la macabre symphonie ibérique.

    Dans un match terne et d’une pauvreté sans nom, l’Espagne aura su assommer son adversaire et le résigner au long de séquences de conservation interminables. Sans briller, le champion en titre aura fait preuve d’un réalisme digne de cette Italie victorieuse des temps jadis. Au métier et avec un savoir-faire inégalé, c’est une Espagne sûre de sa force et de son talent qui défiera le Portugal de Cristiano Ronaldo en finale. La Furia Roja est morte, vive la Maquina Roja.

    Christopher Buet


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  • Samedi, l’Espagne retrouve l’équipe de France en quart de finale de l’Euro. Un match pas anodin puisque la Roja n’est jamais parvenue à vaincre son adversaire en 6 rencontres à enjeux. Retour sur l’histoire de ce duel.

    C’est une vieille rivalité du football qui va ressurgir. En effet, l’histoire entre la France et l’Espagne est riche mais une chose ressort quand on regarde leurs confrontations. Si l’Espagne domine au nombre de victoires avec 13 succès contre 11 et 6 nuls en 30 rencontres, la France se révèle être une véritable bête noire pour son voisin en compétition officielle. C’est même un doux euphémisme quand on sait qu’en 6 rencontres couperets, l’Espagne n’a jamais vaincu la France concédant 5 défaites pour un petit nul. Il faut bien se rappeler que la France est la dernière équipe à avoir éliminé l’Espagne en compétition officielle. C’était en 2006 à l’occasion de la Coupe du Monde en Allemagne.

    C’est en immense favorite que l’Espagne aborde ce huitième de finale face à une équipe de France qualifiée au forceps grâce à une victoire 2-0 face au Togo lors du dernier match de poule. Pourtant, ce sont bien les hommes de Raymond Domenech qui vont donner une véritable leçon de football aux Espagnols. Mettant plus de rythme et d’intensité, les Bleus livrèrent un match plein loin de ses standards de groupe. Si l’Espagne inscrivait le premier but par David Villa sur pénalty, le jeune et fougueux Franck Ribéry se chargeait juste avant la mi-temps de remettre les deux équipes à égalité au terme d’une superbe chevauchée et d’un une-deux d’école avec Patrick Viera (41ème). Ce même Viera allait se muer ensuite en buteur quand à la 83ème minute, il reprenait victorieusement de la tête un coup franc au second poteau de Zinédine Zidane. C’est d’ailleurs, l’ancien meneur du Real Madrid qui parachevait le succès tricolore dans les arrêts de jeu (92ème). Un troisième but en forme de punition (3-1) qui ouvrait le chemin des quarts de finale à des Bleus, futurs finalistes. Comme toujours, l’Espagne prétendante et favorite était éliminée prématurément.

    La légende d’Arconada

    Mais l’histoire des Espagne-France remontent à bien plus loin. Alors que le premier match entre les deux nations se disputent à Bordeaux en 1922 avec une victoire nette et sans bavure de l’Espagne 4-0. La première rencontre en compétition officielle ne se déroule qu’en 1984. En ce 27 juin, Espagnols et Français ont rendez-vous au Parc des Princes pour disputer la finale du Championnat d’Europe. Un match qui fera entrer, bien malgré lui, le gardien de la Roja dans la légende du football. C’est à l’heure de jeu que tout bascula. Bénéficiant d’un coup-franc à l’entrée de la surface, Michel Platini parvenait à contourner le mur. Ce ballon devait être une formalité pour Luis Arconada mais le sort en avait décidé autrement. En effet, le mythique gardien de la Real Sociedad vit le cuir lui glisser sous le buste et franchir la ligne de but au ralenti. Une bourde rester dans la légende puisque aujourd’hui encore ce genre d’erreur de gardien porte le nom du gardien de la sélection ibérique. Pour la petite histoire, Bruno Bellone inscrivait un second but à la 90ème minute, assurant le sacre français (son premier en compétition internationale) et enfonçant les espagnols.

    Insubmersibles tricolores

    Il faudra attendre huit ans pour voir les deux équipes se retrouver dans une rencontre à enjeu. Versées dans le même groupe d’éliminatoires pour l’Euro 1992, elles s’affrontèrent à deux reprises pour deux nouvelles victoires tricolores (3-1 en France et 2-1 à Séville en Espagne). Pendant que la France terminait en tête du groupe et se qualifiait pour la phase finale, l’Espagne échouait à la troisième place derrière la Tchécoslovaquie et manquait le rendez-vous continental. Quatre ans plus tard, c’est en Angleterre qu’à lieu le quatrième épisode de cette rivalité. Cette fois, les deux nations sont au prises à l’occasion de la phase de poule du Championnat d’Europe. Un match qui ne délivrera pas de vainqueur, se soldant à Leeds sur un score de un but partout Caminero (86ème) répondant à l’ouverture du score de Djorkaeff.

    Pas moins d’une décennie passa avant une nouvelle affiche France-Espagne. L’Euro 2000 est le théâtre de la cinquième confrontation franco-ibérique. Depuis leur dernière empoignade à l’Euro 1996, les statuts des équipes ont changé. En effet, c’est auréolée de  son tout nouveau statut de Championne du Monde et avec dans ses rangs Zinédine Zidane mais aussi Patrick VieraThierry Henry ou Didier Deschamps que la France débarque à Bruges pour ce quart de finale au sommet quand l’Espagne présente une équipe emmenée par José Antonio Camacho et où figure tout de même RaulGuardiola ou encore Mendieta. Tout allait se jouer en première période. Sur un maitre coup franc, Zinédine Zidane donnait l’avantage aux tricolores (32ème). Il ne fallait que 6 minutes à des Espagnols dominateurs pour recoller grâce un but deMendieta sur pénalty suite à une faute de Thuram. Mais la France était irrésistible. Aussi à une minute de la pause, Youri Djorkaeff crucifiait la Roja d’une magnifique frappe dans la lucarne. Malgré une pression continue tout au long de la seconde période, l’Espagne ne revint pas. Illustration de son manque de réussite, Raul ratait l’ultime chance d’envoyer les deux équipes en prolongations quand à la dernière minute il expédia son pénalty au-dessus de la transversale de Fabien Barthez. A nouveau, les Bleus brisaient le rêve et montraient la porte de sortie à ses rivaux.

    Le spectre de 2006

    Puis vint ce fameux huitième de finale de Hanovre en 2006 et cette nouvelle désillusion. La dernière pour l’Espagne qui depuis est devenue Championne d’Europe (2008) puis du Monde (2010). Deux compétitions remportées sans croiser la route de l’équipe de France. Samedi donc, les chemins de l’Espagne et de la France se recroiseront pour un nouveau match décisif. Si la première citée pourra s’appuyer sur son nouveau statut, sa nouvelle supériorité affichée notamment lors du dernier amical face entre les deux pays au Stade de France où elle s’était baladée en mars 2010 (2-0), elle ne devra pas oublier le poids de l’histoire et surtout qu’un match en compétition officielle n’a rien à voir avec une rencontre amicale, pour ne pas revivre l’enfer de 2006 et espérer enfin éliminer la France. Cette dernière, elle, n’aura aucune pression car en reconstruction et ne cherchera qu’à faire perdurer une série entamée en 1984. Une opposition pour continuer à écrire l’histoire de cette rivalité dont on fête le 90ème anniversaire cette année.

    Christopher Buet


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  • A défaut d’être attrayante, la sélection ibérique a fait le boulot attendant les ultimes minutes de jeu pour faire la différence par Jesus Navas face à une équipe croate vaillante. Sur un faux rythme, l’Espagne se qualifie, non sans avoir tremblée, pour les quarts de finale de l’Euro où elle retrouvera le deuxième du Groupe D. Grâce à son succès (2-0 face à l’Irlande) et celui de l’Espagne, L’Italie termine seconde du groupe.

    Tout ce qui brille n’est pas d’or dit l’adage. Ce soir face à la Croatie, l’Espagne ne l’a pas fait mentir. C’est peu dire que l’équipe de Vicente Del Bosque a lutté dans cette ultime rencontre du Groupe C. Convaincante face à l’Irlande il y a 4 jours, elle aura su courber l’échine et attendre son heure face à une équipe solide et entreprenante en seconde période, avant de s’imposer et d’assurer sa qualification. Magnifiquement servi dans le dos de la défense par une merveille de louche signée Fabregas, Andres Iniesta fixait Pletikosa avant de glisser le ballon à Jesus Navas qui seul au point de pénalty n’avait plus qu’à pousser le cuir au fond des filets. Mais que ce fut laborieux avant que le petit ailier ne libère tout un pays.

    Il est impressionnant de voir comme chaque match possède son histoire. Pataude face à une Italie travailleuse, l’Espagne s’était montrée brillante face à la faible Irlande. Deux visages pour une réalité. Ce soir dans l’Arena de Gdansk, ce sont des champions du monde empruntés que l’on retrouvait dans ce match étrange. Etrange car bien qu’en position favorable, les deux équipes restaient sous la menace de l’Italie, opposée dans le même temps l’Irlande. Une menace qui ne semblait pas perturber Croates et Espagnols qui durant 20 premières minutes insipides se contentèrent de s’observer sans tenter de s’inquiéter réellement. Maitresse du ballon, l’Espagne imposait un faux rythme à une équipe croate tactiquement en place ne laissant pas la moindre ouverture aux Iniesta, Silva, Xavi et autres Torres. On croyait les débats lancés quand à la 22ème minute, Torres se joua de trois défenseurs dans la surface avant de solliciter Pletikosa en angle fermé avant que Sergio Ramos (24ème) puis Gerard Piqué (25ème) ne sonnent la charge en tentant leur chance de loin (la frappe du premier étant captée quand celle du second passa au-dessus de la transversale de Pletikosa). Trois escarmouches qui avaient le mérite de faire sortir les Croates de leur léthargie. Dans la foulée et profitant de quelques espaces, Modric décalait Pranjic dont la frappe trouvait Iker Casillas.

    Le jeu se découvrait enfin avant de s’assombrir à nouveau. Car ces 5 minutes haletantes ne furent qu’une simple éclaircie dans la tristesse d’une première mi-temps disputée sur un faux rythme et où les Espagnols firent plus tourner le ballon que jouer au football. Si David Silva semble très en jambe, ce n’est pas le cas de ses partenaires qui à l’image d’un Iniesta bien bloqué sont assez timides voire même timorés. En face, la Croatie se contente d’attendre d’éventuels contres et sans proposer plus. Résultat, pas d’occasions notables côté ibérique et un spectacle aux abonnés absents (0-0).

    L’échec au damier

    Au courant du résultat de l’Italie face à l’Irlande qui menait 1-0, la Croatie revenait avec d’autres intentions sur la pelouse. Plus explosifs et plus entreprenants, les coéquipiers de Luka Modric contestaient davantage la domination espagnole et profitaient de la moindre erreur adverse pour contrer. Ainsi à la 58ème minute suite à une nouvelle mésentente entre les attaquants espagnols, le milieu de Tottenham déposait son défenseur avant de temporiser à hauteur de la surface de réparation et d’adresser un splendide extérieur du pied gauche pour la tête de Rakictic. Seul au second poteau, le milieu croate voyait sa tête, à bout portant, repoussée par un Casillas décisif sur sa ligne. A trop vouloir contrôler, l’Espagne se faisait prendre à son propre jeu et était à deux doigts de se faire surprendre sur la première véritable occasion du match.

    Sentant son équipe en difficulté, Vicente Del Bosque en recourait à son coaching et faisait rentrer Jesus Navas (60ème) et Cesc Fabregas (72ème) à la place respectivement d’un Fernando Torres décevant et d’un David Silva intéressant mais un peu court physiquement. Un choix qui pouvait paraître bizarre mais qui allait s’avérer payant. A peine 5 minutes après son entrée en jeu, Fabregas se créait sa première occasion. Servi par Iniesta sur l’une de ses rares accélérations du soir, l’ancien milieu d’Arsenal tergiversait trop à l’entrée de la surface et voyait la défense contrer sa tentative (77ème). Les espaces se faisaient de plus en plus grands et comme un air de K-O flottait dans cette Gdansk Arena embrumée par les fumigènes des supporters croates. D’un but à l’autre, Perisic répondait à Fabregas. Sur une nouvelle contre-attaque, le très précieux Modric transmettait à Mandzukic. L’attaquant suivi par le FC Barcelone et auteur de 3 buts depuis le début de la compétition se muait en passeur et centrait à direction du joueur de Dortmund. Ce dernier contrôlait avant d’enchainer par une volée repoussée par un Casillas vigilant puis dégagée à l’emporte-pièce par une défense aux abois.

    L’horloge filait et l’Espagne, si peu inspirée, ne trouvait toujours pas l’ouverture dans le damier proposé par Bilic. Aussi à la 84ème, Iniesta puis Navas butaient coup sur coup sur Pletikosa. Alors que tout espoir semblait perdu et qu’ils pensaient devoir vivre 5 dernières minutes suffocante sous la pression croate, les champions d’Europe en titre faisaient enfin la différence. Fabregas délivrait un caviar à Iniesta. Transparent, l’« accélérateur de particule » n’oubliait pas Navas au centre. Ce dernier se saisissait de l’offrande et laissait exploser sa joie comme les milliers de supporters de la Roja masser dans le stade et pétrifiés de peur jusque là.

    Au métier, Vicente Del Bosque et son coaching gagnant venaient de crucifier la Croatie à 3 minutes de la fin du temps réglementaire et de s’assurer sa qualification. Un coup dur pour les coéquipiers de Srna qui voyait leur horizon se boucher et la porte des quarts de finale se refermer devant eux. Abasourdis, ils ne s’en relèveraient pas. Dans le même temps, l’Italie avait doublé la mise par Mario Balotelli. Solide, impliqué et parfois séduisant, les Croates quittent la compétition la tête haute mais avec un amer goût de regret dans la bouche. Malmenée et contestée toute la soirée, l’Espagne termine en tête de son groupe. Au-delà des tableaux, c’est une sélection espagnole en clair-obscur qui rallie les quarts de finale. Chahutée par l’Italie et la Croatie, elle devra montrer son visage irlandais pour espérer continuer l’aventure et croire encore à un historique triplé. Au prochain tour, l’Espagne retrouvera soit l’Ukraine, soit l’Angleterre, soit la France.

    Christopher Buet


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  • Excellente et parfois éblouissante, l’Espagne a surclassé l’Irlande dans un match maitrisé de bout en bout où Torres se sera rappelé aux bons souvenirs de tout le monde en inscrivant un doublé. David Silva et Cesc Fabregas ont également participé à la démonstration d’une équipe enfin rentrée dans sa compétition.

    Et le peuple irlandais se mit à chanter et à faire vibrer cette enceinte de Gdansk. Durant cinq minutes prodigieuse d’émotion où le temps sembla s’arrêter et Dublin s’inviter en Pologne, le peuple vert entonna des chants à la gloire des siens, à la gloire de cette équipe tout de vert vêtue et au courage admirable. On pourrait y voir des chants de victoire mais il n’en est rien. Un simple baroud d’honneur, une façon d’affirmer son identité et sa fierté. Car si le public irlandais a aisément remporté le match des tribunes, sur le terrain, c’est bien l’Espagne qui a déroulé. Une Espagne retrouvée qui quatre jours après son nul laborieux face à l’Italie a surclassée une bien faible équipe d’Irlande (4-0).

    Il ne fallait d’ailleurs pas attendre longtemps pour avoir la manifestation de cette supériorité. Le match n’avait commencé que depuis 4 minutes quand Andres Iniesta délivrait une passe lumineuse dans l’axe du terrain pour David Silva. Le meneur de jeu des Citizens ne pouvait contrôler le ballon mais voyait Torres surgir devant Richard Dunne tel un aigle fondant sur sa proie. Sans contrôle, l’attaquant de Chelsea ne se posait pas de questions et fusillait un Shay Given impuissant sur cette frappe lourde sous la barre. D’entrée de jeu, l’Espagne faisait s’envoler ses doutes. Après 4 minutes le tableau d’affichage affichait déjà 1-0 pour le champion d’Europe. Un champion d’Europe qui imposait sa patte à cette rencontre. Après 10 minutes un peu folles, les hommes de Vicente Del Bosque mettaient définitivement le pied sur le ballon sous l’impulsion du duo Xavi-Iniesta. Exerçant un pressing très haut, l’Espagne asphyxiait littéralement une équipe d’Irlande dépassée par le rythme imposée par son adversaire. Trapattoni l’avait dit, il allait falloir savoir faire le dos rond et savoir exploser en contre. Mais le sélectionneur italien de l’Irlande n’avait pas envisagé un tel écart de niveau entre les deux formations. C’est perplexe et presque amusé qu’il assistait à la déferlante espagnole. Au bord de la rupture, Shay Given pour sa 124ème sélection sauvait ce qui pouvait encore l’être en se démultipliant sur sa ligne devant Iniesta, Torres ou encore Xavi (22, 40, 43, 46) et permettait à l’Irlande de rejoindre les vestiaires avec ce simple petit but de retard.

    Une classe d’écart

    On aurait pu croire que la pause aurait redonné des jambes aux verts mais le début de seconde période fut la copie conforme de la première. Repliés dans sa moitié de terrain, ils laissaient le champ libre à des espagnols inspirés mais trop maladroits dans la finition. Il ne fallait attendre que 3 minutes pour voir David Silva faire le break. Héritant du ballon dans la surface suite à une frappe d’Iniesta repoussé par Given, l’ancien joueur de Valence faisait preuve d’un grand sang froid et fixait trois défenseurs irlandais avant de glisser un subtil ballon de l’intérieur du pied gauche dans le but de Given (2-0, 48ème). Abasourdi, l’Irlande était groggy et perdait pied face au jeu de passes installé par les Ibériques.

    Techniquement très supérieurs, ces derniers déroulaient leur football comme à la parade. Sept minutes plus tard, Given faisait un nouveau miracle dans ses buts. Sur une frappe de Xavi au 6m, l’ancien portier de Newcastle se déployait pour un arrêt réflexe sur sa ligne. Un simple sursis tant la domination de la Roja s’accentuait au fil des minutes. Vicente Del Bosque en profitait pour faire tourner son effectif et reposer ses cadres, sortant Xabi Alonso, toujours aussi précieux dans le jeu long, pour lancer Javi Martinez. Le changement ne changea rien à la mainmise des champions du monde qui ne tardaient pas à donner encore un peu plus d’ampleur au score. A la 70ème minute, Fernando Torres donnait raison à son sélectionneur de lui avoir fait confiance en inscrivant un doublé. Parfaitement servi dans la profondeur par un David Silva plus saignant depuis le retour des vestiaires, El Nino s’en allait tromper Given pour le but du 3-0 avant de se voir offrir une ovation par Vicente Del Bosque. Généreux dans son pressing et ses appels mais aussi et surtout double buteur, Torres a marqué des points ce soir. Sur la pelouse, Fabregas suppléait son coéquipier. Un coaching gagnant puisque le Barcelonais se mettait vite en évidence. Déçu d’avoir du commencer sur le banc, il apportait sa pierre à l’édifice. A l’issue d’une action d’école sur la droite, l’Espagne obtenait un nouveau corner. Sollicité par Xavi au premier poteau, Fabregas se jouait de son défenseur avant d’exécuter Given d’une puissante frappe croisée. La déroute tournait à l’humiliation d’autant qu’après ce but, l’Espagne priva littéralement de ballon l’Irlande pour une magnifique mais cruelle séquence de « passe à 10 ». Pas de quoi décourager le peuple vert qui vint au secours des siens, illustrant à merveille cet esprit de corps si caractéristique du public britannique.

    Inspirée, brillante et dominatrice, l’Espagne a étrillé une faible formation irlandaise. Plus rigoureuse dans son pressing, plus appliquée dans les 30 derniers mètres avec un attaquant référent, le Champion d’Europe a revêtu ses habits de gala en cette soirée du jeudi 14 juin. Une performance rassurante qui lui permet de prendre la tête de son groupe après le nul entre l’Italie et la Croatie et de justifier un peu plus son statut de favori à sa propre succession.

    Christopher Buet


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  • Dans un match sans grande saveur, l’Espagne et l’Italie ne sont pas parvenus à se départager. L’Italie, solide sur ses bases avec la paire Chielini-De Rossi et efficace devant, aura ouvert le score fort logiquement par Di Natale avant de baisser de pied par la suite. L’Espagne, laborieuse mais maitresse du ballon, aura eu le mérite de rapidement égaliser par Fabregas avant de tenter de forcer, mollement, la décision au cours de la dernière demi-heure. Sans créativité, ni intention dans les 30 derniers mètres, le champion d’Europe devra montrer bien plus si elle veut conserver son titre. L’Italie, elle, s’est rassurée après sa débâcle face à la Russie lors de son dernier match de préparation (0-3).

    Le soleil était présent en cette fin de journée à Gdansk pour le premier match de l’Espagne dans la compétition. Une première rencontre sous forme de piège pour la Roja puisqu’elle affrontait la toujours redoutable Italie. Pourtant si le soleil était de sorti, il fut bien le seul à éclairer le terrain tant le spectacle proposé ne fut pas à la hauteur des attentes.

    Dans un stade de Gdansk plein où les supporters espagnols s’étaient réunis en masse, Vicente Del Bosque surprenait en alignant une équipe privé d’attaquants de référence. Après une semaine d’hésitation et de rumeurs, le sélectionneur avait choisi de ne pas choisir entre Negredo et Torres, privilégiant l’option Fabregas en faux numéro 9. Une tactique guère payante pour l’Espagne puisque la première mi-temps des champions d’Europe fut des plus laborieuses. En effet privés de référence et de point de fixation, ils ne parvenaient à s’approcher des buts de Gianluigi Buffon. Face à un bloc italien solide, les espagnols semblaient perdus en attaque où seules les fulgurances d’Iniesta balle au pied parvenait à créer les décalages dont Silva ne parvenait à profiter.

    Après un gors quart d’heure d’observation, c’est la formation de Cesare Prandelli qui prenait le jeu en main. Evoluant par à coup sous la houlette de son métronome Pirlo, la Squadra Azzura se montrait dangereuse par Marchisio dont la reprise de volée dans l’axe était capté par Casillas (33ème). Dans la foulée et profitant de la fébrilité d’Arbeloa, Antonio Cassano tentait à son tour sa chance mais butait toujours sur le portier espagnol. Une domination qui aurait pu se concrétiser juste avant la pause si Casillas, vigilant sur sa ligne, n’avait pas sorti une tête à bout portant de Thiago Motta, parfaitement servi au premier poteau par Cassano. A la mi-temps, l’Italie menait au point mais pas au tableau d’affichage face à une équipe espagnole décidément bien mal inspirée.

    Une réaction mais pas d’amélioration

    Après un premier acte terne, on s’attendait à du changement au moins du côté espagnol avec l’entrée d’un véritable attaquant pour dynamiser le secteur offensif ibérique mais Vicente Del Bosque restait sur ses positions et faisait confiance à ses onze titulaires. Une confiance qui aurait pu le perdre. Malgré une bonne entame avec deux occasions de Fabregas (49ème) et d’Iniesta (50ème), l’Espagne était tout près de se faire surprendre à la 53ème minute quand Balotelli profitait d’un dégagement raté de Ramos pour filer seul au but. Mais trop sûr de lui et d’un incroyable attentisme, il tergiversait dans la surface laissant le défenseur madrilène revenir pour rattraper sa bourde. Si Balotelli sortait après cette incroyable bévue, son remplaçant ne tardait pas à faire parler son réalisme. En sursis depuis quelques minutes, l’Espagne se faisait surprendre à l’heure de jeu quand Pirlo déchirait un milieu espagnol étonnant de passivité et servait Antonio Di Natale dans la profondeur. Seul face à casillas, l’attaquant de l’Udinese fixait le portier madrilène et ouvrait son pied droit. Pas sur le terrain depuis 5 minutes, l’idole d’Udine ouvrait presque logiquement la marque pour l’Italie.

    Comme touché dans son orgueil, le champion du monde ne tardait pas à réagir. Après une frappe de loin bien captée par Buffon, David Silva offrait une merveille de passe de l’extérieur du pied gauche dans le cœur de la défense italienne pour Fabregas qui auteur d’un appel magnifique fusillait le gardien de la Juventus Turin (63ème). Sans se montrer brillante l’Espagne égalisait et relançait un suspense qu’on croyait tuer. La fin du match allait voir le champion d’Europe accélérer ou tout du moins essayer. Car le jeu de la Roja paru bien emprunté. Lançant Torres et Navas à la place de Fabregas et Silva, Del Bosque tentait d’arracher la décision mais l’attaquant de Chelsea manquait l’occasion. Par deux fois, l’ancien joueur de l’Atletico Madrid eut le ballon de la victoire entre les pieds sans parvenir à conclure. A un quart d’heure de la fin, ce dernier ratait son contrôle alors qu’il se présentait seul face à Buffon avant d’oublier Navas sur sa droite et de voir son lob passé au dessus de la cage italienne dix minutes plus tard (85ème). Sans réussite, l’Espagne était même tout près de se faire surprendre par un Di Natale remuant mais imprécis (77ème). Sur belle action individuelle, Marchisio, précieux au milieu, tenta également sa chance mais son raid solitaire était stoppé par Casillas.

    Les deux équipes se quittaient donc sur un triste match nul (1-1). Si chacune des deux équipes aura eu sa période, l’Espagne pourra regretter le manque de réalisme de ses joueurs en fin de rencontre mais aussi une tactique inefficace. Trop lente dans son animation, elle n’aura pas su prendre à défaut le bloc italien. Si elle veut aller plus loin et défendre son titre, l’Espagne devra montrer un autre visage et afficher plus d’ambitions.

    Christopher Buet


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