• L'Espagne face à son bourreau

    Samedi, l’Espagne retrouve l’équipe de France en quart de finale de l’Euro. Un match pas anodin puisque la Roja n’est jamais parvenue à vaincre son adversaire en 6 rencontres à enjeux. Retour sur l’histoire de ce duel.

    C’est une vieille rivalité du football qui va ressurgir. En effet, l’histoire entre la France et l’Espagne est riche mais une chose ressort quand on regarde leurs confrontations. Si l’Espagne domine au nombre de victoires avec 13 succès contre 11 et 6 nuls en 30 rencontres, la France se révèle être une véritable bête noire pour son voisin en compétition officielle. C’est même un doux euphémisme quand on sait qu’en 6 rencontres couperets, l’Espagne n’a jamais vaincu la France concédant 5 défaites pour un petit nul. Il faut bien se rappeler que la France est la dernière équipe à avoir éliminé l’Espagne en compétition officielle. C’était en 2006 à l’occasion de la Coupe du Monde en Allemagne.

    C’est en immense favorite que l’Espagne aborde ce huitième de finale face à une équipe de France qualifiée au forceps grâce à une victoire 2-0 face au Togo lors du dernier match de poule. Pourtant, ce sont bien les hommes de Raymond Domenech qui vont donner une véritable leçon de football aux Espagnols. Mettant plus de rythme et d’intensité, les Bleus livrèrent un match plein loin de ses standards de groupe. Si l’Espagne inscrivait le premier but par David Villa sur pénalty, le jeune et fougueux Franck Ribéry se chargeait juste avant la mi-temps de remettre les deux équipes à égalité au terme d’une superbe chevauchée et d’un une-deux d’école avec Patrick Viera (41ème). Ce même Viera allait se muer ensuite en buteur quand à la 83ème minute, il reprenait victorieusement de la tête un coup franc au second poteau de Zinédine Zidane. C’est d’ailleurs, l’ancien meneur du Real Madrid qui parachevait le succès tricolore dans les arrêts de jeu (92ème). Un troisième but en forme de punition (3-1) qui ouvrait le chemin des quarts de finale à des Bleus, futurs finalistes. Comme toujours, l’Espagne prétendante et favorite était éliminée prématurément.

    La légende d’Arconada

    Mais l’histoire des Espagne-France remontent à bien plus loin. Alors que le premier match entre les deux nations se disputent à Bordeaux en 1922 avec une victoire nette et sans bavure de l’Espagne 4-0. La première rencontre en compétition officielle ne se déroule qu’en 1984. En ce 27 juin, Espagnols et Français ont rendez-vous au Parc des Princes pour disputer la finale du Championnat d’Europe. Un match qui fera entrer, bien malgré lui, le gardien de la Roja dans la légende du football. C’est à l’heure de jeu que tout bascula. Bénéficiant d’un coup-franc à l’entrée de la surface, Michel Platini parvenait à contourner le mur. Ce ballon devait être une formalité pour Luis Arconada mais le sort en avait décidé autrement. En effet, le mythique gardien de la Real Sociedad vit le cuir lui glisser sous le buste et franchir la ligne de but au ralenti. Une bourde rester dans la légende puisque aujourd’hui encore ce genre d’erreur de gardien porte le nom du gardien de la sélection ibérique. Pour la petite histoire, Bruno Bellone inscrivait un second but à la 90ème minute, assurant le sacre français (son premier en compétition internationale) et enfonçant les espagnols.

    Insubmersibles tricolores

    Il faudra attendre huit ans pour voir les deux équipes se retrouver dans une rencontre à enjeu. Versées dans le même groupe d’éliminatoires pour l’Euro 1992, elles s’affrontèrent à deux reprises pour deux nouvelles victoires tricolores (3-1 en France et 2-1 à Séville en Espagne). Pendant que la France terminait en tête du groupe et se qualifiait pour la phase finale, l’Espagne échouait à la troisième place derrière la Tchécoslovaquie et manquait le rendez-vous continental. Quatre ans plus tard, c’est en Angleterre qu’à lieu le quatrième épisode de cette rivalité. Cette fois, les deux nations sont au prises à l’occasion de la phase de poule du Championnat d’Europe. Un match qui ne délivrera pas de vainqueur, se soldant à Leeds sur un score de un but partout Caminero (86ème) répondant à l’ouverture du score de Djorkaeff.

    Pas moins d’une décennie passa avant une nouvelle affiche France-Espagne. L’Euro 2000 est le théâtre de la cinquième confrontation franco-ibérique. Depuis leur dernière empoignade à l’Euro 1996, les statuts des équipes ont changé. En effet, c’est auréolée de  son tout nouveau statut de Championne du Monde et avec dans ses rangs Zinédine Zidane mais aussi Patrick VieraThierry Henry ou Didier Deschamps que la France débarque à Bruges pour ce quart de finale au sommet quand l’Espagne présente une équipe emmenée par José Antonio Camacho et où figure tout de même RaulGuardiola ou encore Mendieta. Tout allait se jouer en première période. Sur un maitre coup franc, Zinédine Zidane donnait l’avantage aux tricolores (32ème). Il ne fallait que 6 minutes à des Espagnols dominateurs pour recoller grâce un but deMendieta sur pénalty suite à une faute de Thuram. Mais la France était irrésistible. Aussi à une minute de la pause, Youri Djorkaeff crucifiait la Roja d’une magnifique frappe dans la lucarne. Malgré une pression continue tout au long de la seconde période, l’Espagne ne revint pas. Illustration de son manque de réussite, Raul ratait l’ultime chance d’envoyer les deux équipes en prolongations quand à la dernière minute il expédia son pénalty au-dessus de la transversale de Fabien Barthez. A nouveau, les Bleus brisaient le rêve et montraient la porte de sortie à ses rivaux.

    Le spectre de 2006

    Puis vint ce fameux huitième de finale de Hanovre en 2006 et cette nouvelle désillusion. La dernière pour l’Espagne qui depuis est devenue Championne d’Europe (2008) puis du Monde (2010). Deux compétitions remportées sans croiser la route de l’équipe de France. Samedi donc, les chemins de l’Espagne et de la France se recroiseront pour un nouveau match décisif. Si la première citée pourra s’appuyer sur son nouveau statut, sa nouvelle supériorité affichée notamment lors du dernier amical face entre les deux pays au Stade de France où elle s’était baladée en mars 2010 (2-0), elle ne devra pas oublier le poids de l’histoire et surtout qu’un match en compétition officielle n’a rien à voir avec une rencontre amicale, pour ne pas revivre l’enfer de 2006 et espérer enfin éliminer la France. Cette dernière, elle, n’aura aucune pression car en reconstruction et ne cherchera qu’à faire perdurer une série entamée en 1984. Une opposition pour continuer à écrire l’histoire de cette rivalité dont on fête le 90ème anniversaire cette année.

    Christopher Buet


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