• Bouchard file en 8èmes

    Open d'Australie logoGrâce à sa très grande qualité de retour et une maîtrise des moments importants, Eugénie Bouchard a disposé sans ménagement de Caroline Garcia (7-5 6-0 en 1h24). Trop courte physiquement et mentalement, la jeune Française laisse donc la Canadienne filer en deuxième semaine.

    Bouchard retourne toutCaroline Garcia est au service. Grande et déliée, la jeune joueuse française se déploie et frappe la balle avec vigueur. De l’autre côté, Eugénie Bouchard attend, observe. Juste derrière sa ligne de fond, la Canadienne esquisse un mouvement. Les yeux rivés sur la balle, elle sautille une première fois, puis une seconde. A son retour au sol, les petits pas se multiplient puis propulse le corps de la 7ème joueuse mondiale à la rencontre du projectile tricolore. Dans un timing parfait, elle coupe la trajectoire et se jette dans la balle qu’elle renvoie à son expéditeur. Un retour express fait de profondeur et de précision, venant mordre la ligne dans les pieds de son adversaire. Prise de vitesse, la Française n’a pas le temps de s’organiser et commet la faute dans la foulée. Le schéma est simple, limpide mais d’une efficacité redoutable et reproductible à l’envie. Surtout, il est idéal pour mettre une pression constante sur la serveuse. « Je crois que c’est une chose que je fais bien. J’essaye de mettre la pression dès le retour et ce même si ça sert bien en face. J’ai toujours une grande confiance en mon retour et je m’évertue à m’engager, à rentrer dans le court pour retourner », avançait Bouchard contente que sa volonté en retour lui est permis de s’extirper de ce 3ème tour piégeux.

    La valse des breaks

    Garcia n'avait qu'un set d'autonomie« Elle retourne bien, c’est clair, mais je pense que si j’avais passé un peu plus de premières balles, j’aurais été moins agacée », regrettait Caroline Garcia. Une arme qui aurait évité de drôles de désagréments à la Lyonnaise notamment au cours de cette première manche très disputée. Comme elle l’avait annoncée, la 36ème joueuse mondiale se montrait agressive dès l’entame. Dans une Rod Laver Arena baignée de soleil, elle sautait à la gorge d’une Bouchard encore engourdie. Cette matinée de 3ème tour ne pouvait mieux commencer pour elle mais cette entame idéale s’évanouissait dès le jeu suivant. Se jetant sur chaque seconde balle tricolore, la Canadienne recollait immédiatement sur sa deuxième opportunité de break. Deux jeux plus tard, l’ancienne protégée de Nathalie Tauziat, à présent dans le box de Garcia, commettait 4 erreurs sur l’engagement français avant d’abandonner sa mise en jeu sur une magnifique attaque de revers long de ligne. « Je ne jouais pas du bon tennis au premier set. Je sentais qu’elle me mettait la pression. Elle faisait de bons coups, servait bien. De mon côté, je ne me sentais pas au mieux sur le court. Je n’étais pas le rythme. Je n’arrivais pas à dicter les points. Je suis contente d’avoir su rester calme et d’avoir continué à jouer. Même si ce n’était pas excellent, je me suis efforcée de continuer de rester au contact sur ses jeux de services », étayait la n°7 mondiale.

    Bouchard met sous pression GarciaUn calme qui allait précipiter le tournant du match dans ce 6ème jeu. Refusant de laisser Garcia s’échapper, la demi-finaliste 2014 mettait la pression et se procurait rapidement 3 balles de break, toutes écartées avec une autorité folle (2 coups droits dans le coin et un service au T, ndlr). Mais le jeu était long d’être terminé. Durant près d’un quart d’heure, les deux joueuses ont l’occasion de l’emporter. « Le premier set a été très serré. J’ai eu des occasions que je n’ai pas concrétisées. Si j’avais réussi à passer devant au 1er set et à mieux servir à 4-2, on ne sait jamais… », maudissait la Française. Car, en effet, c’est bien Eugénie Bouchard dans sa robe rose et avec sa visière fluo qui finissait par trouver l’ouverture sur sa…7ème balle de débreak. « Du coup, elle a pris confiance, elle a joué un peu plus relâché que moi, elle a pris les devants et je n’ai pas pu la rattraper », complétait fataliste Garcia.

    Impitoyable canadienne

    La première manche venait de choisir son camp. Si Garcia breakait de nouveau à 3-3, elle concédait sa mise en jeu ensuite et se faisait subtiliser une dernière fois son service, pour la 4ème fois du set, à 6-5. Impavide, Bouchard avait construit sa fin de manche comme une grande, se nourrissant de cette pression, de cet enjeu si prompt à lui éveiller les sens quand il tétanise les faibles.

    La tension lui sied si bien« J’étais contente d’avoir remporté le premier set mais je n’étais pas satisfaite de la manière. J’étais déçue. Je savais que j’étais capable de jouer mieux que ça », ruminait la native de Montréal avant d’ajouter.« Je me suis alors dit qu’il était temps de le montrer. Je me suis détendue et j’ai commencé à réellement joué mon jeu. Dès lors, j’ai réussi à la priver de temps. » Et de jeux. Particulièrement affectée par la perte de la manche précédente, Garcia se mit à bouger avec moins de tonicité et perdit en précision comme en puissance. Sur deux fautes de revers, elle cédait son service et son 4ème jeu consécutif. Forte de son nouvel ascendant, Bouchard redouble d’intensité. Ses retours font merveille et acculent sa rivale. Dans le jeu, ses frappes se font plus dures et plus mordantes. Garcia est dépassée et voit défiler les jeux. La finaliste du dernier Wimbledon ne lui en laissera plus un. Sans pitié, elle ira même jusqu’à laisser le soin à Caroline Garcia de conclure le match pour elle avec deux revers balancés dans le filet, ses 37ème et 38ème fautes directes (contre 17 à Bouchard, ndlr). « Je crois que c’était bien pour moi de jouer contre une joueuse de ce calibre, surtout sans spécialement bien jouer, et d’être aller chercher au fond de moi-même cette victoire », savourait la Canadienne de 20 ans qui célébrait ce succès sans fioriture, juste un petit rictus traduisant le sentiment du devoir accompli. Dans les tribunes, la « Genie Army » redoublait de vigueur dans ses chants, trahissant le silence pesant qui avait accompagné la rencontre. « J’ai définitivement confiance en mon niveau. Je sais que si je joue bien, je vais mettre toutes les chances de mon côté. J’engrange de la confiance à chaque match, bien que je sache que le suivant sera plus difficile. J’ai joué 3 matches solides ici », concluait Bouchard, dont la flamme australienne brûle encore et qui vivra son 5ème huitièmes de finale consécutif en Majeur.

    Christopher Buet


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  • L'espièglerie gagnante d'Azarenka

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  • L'espièglerie gagnante d'Azarenka

    Open d'Australie logoAgressive et précise, Victoria Azarenka s’est débarrassée de la tête de série n° 8 Caroline Wozniacki au terme d’un match de très haute tenue (6-4 6-2 en 1h38). Grâce à cette victoire, la Biélorusse se qualifie pour le 3ème tour où elle retrouvera la Tchèque Zhalavova Strycova (n°25).

    La nuit est tombée depuis déjà de longues minutes sur Melbourne mais c’est comme si la lumière venait de se rallumer sur son visage. Au filet, le masque de hargne porté par Victoria Azarenka vient de tomber pour découvrir un sourire profondément mutin et emprunt de sincérité. Les bras serrés, le poing levé et serré contre son visage, la Biélorusse savoure le regard brillant tourné vers son clan. Quelques instants plus tôt, après 1h38 d’un affrontement de très haut niveau, elle venait de déposer son ultime volée de revers dans le coin droit du court, hors de portée d’une Caroline Wozniacki lasse et se sentant « maudite ici ».

    La belle accolade entre les deux joueuses« C’était un très bon match, d’une grande qualité. Je suis heureuse de la façon dont je me suis comportée, du fait que j’ai su rester consistante tout au long du match », analysait justement Azarenka qui dans l’euphorie, et après une jolie accolade pleine d’amitié et de respect avec son adversaire danoise, gratifiait le public australien d’une petite danse. Un final qui en dit long sur la joie de la protégée de Sam Sumyck de rejouer à un tel niveau. « J’aime tellement jouer. Vous savez, il y a parfois de la pression, des moments compliqués mais le simple fait de pouvoir ressentir toutes ces émotions, c’est tellement génial », partageait-elle. Une joie compréhensible après une année 2014 sabotée par une blessure au pied et par l’enjeu d’un 2ème tour ô combien compliqué.

    « J’ai pris ma chance »

    En effet après un premier tour corsé bien que parfaitement maîtrisé contre Sloane Stephens, Victoria Azarenka défiait une autre joueuse renaissante e la personne de Caroline Wozniacki. « Elle a fait une super fin de saison (finaliste de l’US Open, ndlr) donc je savais que je devais élever mon niveau de jeu et prendre ma chance dès que je le pourrais », expliquait la native de Minsk. Aussi, dans ce choc entre anciennes n°1 mondiale, Azarenka n’observait aucun round d’observation et cherchait à agresser d’emblée son adversaire. Une agressivité qui payait puisque dès le premier jeu du match, elle envoyait une attaque profonde de revers le long de la ligne et s’emparait du service adverse sur sa seconde opportunité. Un schéma qui se répète à 2-0. Si Wozniacki sauvait une première balle d’un magnifique enchaînement vers l’avant, elle ne pouvait rien sur l’accélération suivant d’Azarenka dont l’intensité et la précision faisaient merveille. « Elle était plus consistante que moi, prenait la balle plus tôt », constatait la Danoise.

    Les deux jeunes femmes se rendent coup pour coupPourtant, cette dernière ne baissait pas les armes. Au prix d’une défense acharnée, elle prenait le service de la Biélorusse dans la foulée. La 8ème joueuse mondiale venait de lancer son match. « Elle est capable de faire tant de choses sur le court et surtout je savais qu’elle ne me donnerait rien. Elle allait essayer de me faire manquer et m’obliger à sortir des gros coups », assurait Azarenka. C’est ce qui survint lors du 8ème jeu. Coupable de plusieurs fautes, la joueuse de 25 ans envoyait un coup droit dans le milieu du filet et permettait à Wozniacki, qui avait déjà laissé filer une opportunité au jeu précédant, de revenir à hauteur. Une erreur (elle en commit 20 dans le premier set, ndlr) qui avait le don de rendre folle la Biélorusse qui perdait ses nerfs. Contraste saisissant avec le regard noir de détermination et de volonté de la Danoise. Alors que la fin de set lui semblait promise, elle commettait trois fautes grossières offrant deux balles de break. Les écartant avec autorité, Wozniacki obligeait sa rivale à batailler fort. Au terme d’un jeu long de près de 9 minutes, la Biélorusse finissait par faire craquer la serveuse. L’agressant à chaque frappe, elle s’en allait breaker au filet (21 volées gagnantes sur 28 montées dans le match, ndlr). Une séquence qui la ravissait. « J’ai pris ma chance », disait-elle. Après 58 minutes d’acharnement, Azarenka se saisissait de la première manche.

    Les regrets de Wozniacki

    Wozniacki manque sa chanceLe tournant définitif du match intervint finalement au début du second set. Alors que le niveau des débats s’est encore élevé, Caroline Wozniacki est toute proche de désarçonner Azarenka. Prenant l’initiative, elle balade son adversaire. Avec toute la force de son abnégation, la double lauréate de l’Open d’Australie déployait des trésors en défense et contrait, long de ligne, avec une violence inouïe la princesse d’Odense. Handicapée par son manque de puissance, Wozniacki voyait ses espoirs s’évanouir. « J’ai essayé du mieux que j’ai pu. J’ai couru. J’ai fais tout ce que je pouvais mais ce n’était simplement pas assez aujourd’hui », plaidait-elle.

    Dans le prolongement, Azarenka reprenait son assaut. Faisant feu de tout bois, elle mettait sa rivale sur le reculoir. Rouée de coups, la finaliste du dernier US Open explosait face à la puissance biélorusse. Breakée, elle ne reverrait plus la reine Victoria, inscrivant encore un jeu, maigre compensation au regard des efforts consentis et de l’adversité proposée.

    Azarenka intensifie la pression« Je pense avoir bien joué. J’ai ramené beaucoup de balles. Je n’ai pas fait de fautes bêtes. J’ai plutôt bien servi. Je pense avoir fait un match correct mais en même temps, j’ai le sentiment de l’avoir trop laissé dicté le jeu. Elle jouait croisé, je jouais croisé derrière… Je l’ai laissée installer son rythme. J’aurais du sortir de ce schéma plus tôt et l’entraîner dans ma filière », regrettait Wozniacki tout en admettant la supériorité de son adversaire. « Je savais qu’elle serait agressive sur le court, jouerait son tennis. Je savais qu’elle serait consistante, on la connait pour ça. Elle prend la balle tôt, elle varie très bien. Je pense qu’elle est revenue au niveau qui était le sien avant sa blessure. » De son côté, Azarenka se félicitait d’avoir livré un tel combat. « J’essaye de toujours mettre de l’intensité, d’être agressive. Quand vous jouez contre quelqu’un d’aussi bon, vous devez élever votre niveau », confiait celle qui n’a plus perdu à Melbourne en première semaine depuis 2009. Avec force et conviction, agressivité et autorité, la Reine Victoria a brisé la princesse danoise et  rappelé s’il était nécessaire que l’Australie est sa terre. Une terre où les coups se mettent en criant et les victoires se fêtent en dansant.

    Christopher Buet


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    Open d'Australie logoUn an après la révolution opérée par Stan Wawrinka, le Vaudois revient à Melbourne pour défendre sa couronne.  Une couronne qu’il lui sera difficile de conserver tant ses adversaires ont faim de victoire et de grandeur à l’aune de cette nouvelle saison.

    La grande première de WawrinkaC’est un goût comme les amateurs de tennis de cette seconde décennie du XXIème siècle ne pensaient plus savourer. Un doux parfum d’inédit, une délicieuse sucrerie rare comme un trésor oublié au fil du temps et de l’accoutumance à une profusion certes exceptionnelle mais un brin routinière. En effet, depuis 2005, les tables du Grand Chelem ne s’étaient rendues accessibles qu’à une élite réduite ayant imposé un régime insoutenable dans un tourbillon de mets tous plus somptueux les uns que les autres comme cette œuvre d’art légendaire de juillet 2009 à Wimbledon ou cette pièce titanesque présentée une nuit de septembre 2011 à Flushing Meadows. A table, Rafael Nadal avait progressivement accueilli Roger Federer, Novak Djokovic et enfin Andy Murray. Un quatuor de gourmets d’exceptions qui avait consenti à ouvrir son cercle, temporairement en septembre 2009, au seul géant argentin Juan Martin Del Potro et sa lourde force de persuasion.

    Depuis, plus personne n’était parvenu à s’inviter à la table des grands chefs. Cinq années sans partage, cinq années fastes et gargantuesques mais privées de la saveur de la nouveauté. Cette saveur, cette gourmandise, Stan Wawrinka est venu l’apporter dans la touffeur du restaurant australien niché dans Melbourne Park. Au terme d’une quinzaine parfaite, le commis suisse étouffait le Taureau de Manacor et se saisissait de sa récompense une première étoile. Un an plus tard, l’odeur de cet exploit embaume encore la Rod Laver Arena et l’ensemble de l’institution australienne où le chef Wawrinka s’apprête à accueillir ses convives dans l’optique de leur prouver que son tennis n’a rien perdu de son percutant.

    Wawrinka a bien débuté à  ChennaiUn chef mesuré

    Il faut dire que depuis cette incursion australe, Stan Wawrinka a pris de l’ampleur et vécu une année 2014 en tout point prodigieuse où il n’a cessé de se régaler. « Je me sens très heureux de revenir ici. Avoir gagné l’an dernier, me donne énormément de confiance et je me sens prêt à repartir. 2014 a été une année incroyable pour moi, gagné un Grand Chelem, un Masters 1000 et finir avec la Coupe Davis », apprécie le Vaudois qui demeure particulièrement vigilant à l’heure de consulter la carte de 2015. « C’est une nouvelle année. Tout le monde part de zéro », prévient le vainqueur sortant qui sait combien la tâche qui l’attend promet d’être ardue.

    Magnus Norman n’en dit pas moins. Conscient de l’exploit réussit par son protégé la saison dernière et de la pression qui allait peser sur ses épaules, le coach suédois a cherché à éteindre les braises. « Stan était très bien en arrivant à Melbourne mais il faut admettre qu’il avait eu un peu de réussite. Golubev avait abandonné après un set au 2ème tour et Pospisil avait déclaré forfait en huitièmes, le jour où il avait fait si chaud. Du coup, en quart, Stan se sentait hyper frais. Rien ne dit qu’il aura autant de chance cette année », rappelle-t-il avant de préciser que le Vaudois n’« a eu dix jours d’entraînement… » Une préparation tronquée que Wawrinka devrait compenser en s’appuyant sur l’élan créé par le triomphe suisse en finale de Coupe Davis. A une autre échelle, en 2011, Novak Djokovic était arrivé transcendé après le sacre de la Serbie. Un état de grâce que le natif de Belgrade avait étiré tout au long de la saison en despote à la qualité de jeu irréelle, alignant même 42 succès de rang pour démarrer la saison. Encore très loin de ce régime pantagruélique, le Vaudois a néanmoins planté sa raquette dans son premier titre à Chennai comme en 2011 et 2014.

    Djokovic en favori

    Le favori, c'est luiEn parlant de Novak Djokovic, qui ne pourra retrouver Wawrinka qu’en demie, le Serbe s’avance vers l’Open d’Australie tout auréolé de sa nouvelle paternité et d’un statut de n°1 mondial qu’il étrenne avec autorité. En effet, s’il a du plier lors du dernier US Open, l’Aigle de Belgrade a dévoré la fin de saison 2014. Pékin, Paris puis Londres, tel fut le menu de l’insatiable serbe dont la soif carnassière ne fut interrompu qu’à Shanghai par Roger Federer (4-6 4-6 en demi-finale, ndlr), soit 18 victoires pour un petit accroc et un très haut niveau de jeu.

    A 27 ans, il s’avance en favori logique à l’heure de pousser les portes de Melbourne Park et d’entamer le menu australien du premier Majeur de l’année. Un endroit qu’il affectionne tout particulièrement puisqu’il en était le propriétaire de 2011 à 2013 avant d’être éconduit par Wawrinka en quart de finale la saison dernière. Pour autant, le n°1 mondial reste mesuré à l’heure d’évaluer ses chances. « Je ne pense qu’il soit sage de parler du titre alors que le tournoi n’a même pas encore commencé. Tant de joueurs sont capables de gagner ici. Après, mon passé dans le tournoi et les succès que j’y ai connus me donnent de la confiance et des raisons de croire que je peux aller loin. Avant ça, il faut bien commencer le tournoi », convient-il. Une prudence qui doit peut-être aussi à sa santé. En effet, Djokovic a souffert d’un rhume et de maux de ventre en début de semaine, pas l’idéal avant une telle échéance, lui qui vise une cinquième victoire en Australie et un 8ème titre en Majeurs. Le Serbe a toutefois assuré que ses petits soucis étaient derrière lui et qu’il serait à 100% pour entamer le tournoi.

    Federer est en pleine confiance« L’impression de très bien joué »

    Loin de ces petits tracas et placé dans l’autre moitié du tableau, en compagnie de Nadal qu’il ne croisera qu’en demie comme Berdych, de Murrau et autre Dimitrov promis en quart, Roger Federer débarque aux antipodes bardé de confiance et lorgne sur ce premier grand rendez-vous de l’année avec un appétit féroce. Une approche qui tranche singulièrement avec celle si chaotique de 2014. « J’aborde ce tournoi plus sereinement. L’an dernier, il y avait ma nouvelle raquette, ma blessure au dos, puis cette intersaison où je me sentais bien mais sans être sûr que mon dos allait bien répondre car j’avais besoin de matches pour m’étalonner. J’arrivais aussi avec Stefan Edberg comme nouveau coach », se remémore-t-il « Là, je sors de 6 mois où j’ai vraiment très bien joué. J’ai été capable de gagner à Brisbane, la semaine dernière. Ca me donne de la confiance. » Comme Wawrinka, Federer a connu une année 2014 pleine de satisfaction.

    Outre l’arrivée d’une nouvelle paire de jumeaux, des garçons cette fois, le Bâlois libéré de ses gênes dorsales s’est astreint à un menu des plus copieux, disputant et remportant le plus de match sur le circuit avec 85 matches disputés pour 73 victoires dont 5 titres parmi lesquels la tant attendue Coupe Davis. Gonflé à bloc, le n°2 mondial convient s’être rarement senti aussi bien. « Je crois que je sers mieux que je ne l’ai jamais fait avec plus de constance et de puissance. Ma raquette y est un peu pour quelque chose. Surtout, ma concentration s’est améliorée. Mon revers fonctionne également mieux que par le passé. Je joue de la façon dont je le souhaite et j’ai l’impression de très bien joué », explique le trentenaire qui pourrait bien récupérer son trône s’il venait à remporter son 18ème Grand Chelem et que dans le même temps Djokovic se franchissait pas le cap des 8ème de finale.

    Nadal est en retraitNadal dans l’expectative

    Versé dans la même moitié de tableau que Federer, Rafael Nadal semble en retrait aux regards de son passé récent. En effet, l’Espagnol a vu son corps le trahir en fin d’année dernière. Finaliste malheureux l’an dernier, roué de coup par Wawrinka et le dos en compote, le natif de Manacor se présente en Australie sans aucune référence après une intersaison marquée par une opération de l’appendicite qui l’avait notamment privé du Masters. Reposé, son retour à la compétition fut passable. S’il a bien remporté un titre…en double à Doha, il a bouté hors du tournoi en simple dès le 1er tour par l’Allemand Berrer après avoir été sévèrement corrigé par Murray du côté d’Abu Dhabi (2-6 0-6). Sans victoire, le nonuple vainqueur de Roland-Garros avoue qu’il n’est pas à considérer comme un favori malgré son statut. « Je ne peux pas dire si j’ai complètement récupéré. Si on parle de mes genoux, j’ai confiance en eux car ils fonctionnent très bien. En revanche, je n’ai aucune certitude concernant mon dos », souffle-t-il. Bien qu’en retrait, le Majorquin reste à l’affût. « Être ici est une grande motivation (…) J’espère que ce sera le départ d’une grande année pour moi », déclare-t-il.

    La jeune génération veut s’inviter

    Dimitrov est attenduUn espoir partagé par Andy Murray. Moins en vue depuis une saison et demie, le protégé d’Amélie Mauresmo souhaite prouver qu’il a retrouvé toutes ses capacités, encore plus dans un tournoi où il a toujours semblé maudit avec 3 défaites en finale. Pour briller, le Britannique bénéficie d’un tableau dégagé jusqu’en deuxième semaine où se profile Grigor Dimitrov en quart. « Pour moi, il est prêt à remporter un Grand Chelem », lance Pete Sampras en évoquant le Bulgare. En plein progrès, il sait qu’on attend beaucoup de lui. « A moi de prouver qu’ils ont raison de dire ça, et surtout de me prouve à moi-même que je suis capable de le faire. Je me sens proche d’y arriver », accepte le joueur de 23 ans. Un enthousiasme que tempère son coach Roger Rasheed. « Il n’y a aucune raison qu’il ne gagne pas un Grand Chelem cette année mais si ce n’est pas le cas, on ne paniquera pas car pour moi, il jouera son meilleur tennis entre 25 et 30 ans ? Aujourd’hui, il est encore en période de rodage »

    Si Dimitrov se sait attendu, le bombardier canadien Milos Raonic entend bien ne pas laisser sa part. « Avoir vu Wawrinka remporter un titre du Grand Chelem m’a donné des idée. Je peux me mettre en position de gagner », avance-t-il du haut de ses 24 ans. Un candidat crédible à en croire Roger Federer qui a eu besoin de 3 sets pour venir à bout du Canadien en finale à Brisbane (6-4 6-7 6-4). « Il va encore franchir un nouveau cap », promet-il. Pour cela, il devra assurer ses débuts et bien se préparer au choc éventuel contre Monfils en 8èmes, avant Djokovic, Wawrinka ou Nishikori ou Ferrer puis une hypothétique finale.

    Bleus ternes

    Monfils douteC’est avec une certaine distance que le clan tricolore devrait encore regarder les meilleurs déguster le menu du prestige. Après la désillusion vécue en Coupe Davis, les Bleus arrivent désorientés pour cette première levée du Grand Chelem. Jo Wilfried Tsonga forfait en raison de douleurs chroniques à son avant-bras, Gaël Monfils semblait enfin prêt à prendre ses responsabilités. Brillant en Coupe Davis, déterminé et enfin entouré (il a engagé Jan de Witt, qui s’occupe déjà de Gilles Simon, comme coach, ndlr), le Parisien avait le profil pour faire un coup aux antipodes. Malheureusement, il semblerait que ses vieux démons le traquent encore. « Je suis dans le dur, dans le gouffre », a-t-il confié à Tennis Magazine, à quelques heures d’affronter son jeune compatriote Lucas Pouille au 1er tour.

    De fait, les espoirs tricolores reposeront sur Richard Gasquet. A 28 ans, le Biterrois n’a jamais franchi le cap des 8èmes de finale à Melbourne. Un stade où il pourrait se mesurer à Nadal si tout se passe bien notamment au tour précédent contre Anderson (n°14). De son côté, Gilles Simon qui a retrouvé des vertus l’an dernier, avec une finale au Masters 1000 de Shanghai, a été propulsé dans le quart de tableau des besogneux avec Ferrer en point de mire au 3ème tour avant éventuellement Nishikori.

    Comme toujours, le menu australien s’annonce comme particulièrement copieux pour cette édition 2015 qui attend son premier chef.

    Christopher Buet


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