• Garcia s\'épanouit au printemps

    Caroline Garcia plane depuis le début du printemps
    Grand espoir du tennis féminin français, Caroline Garcia semble avoir trouvé les clés de son jeu et la régularité indispensable au plus haut niveau. Après un quart de finale à Rome, un sauvetage réussi de la France et un premier titre conquis, la Parisienne de 20 ans est en train d’éclore.

    Caroline Garcia

    C’est un geste qu’elle commence à connaître et que l’on ne se lasse plus d’apprécier. Comme après chacune de ses victoires, Caroline Garcia ouvre les bras, les tend de part et d’autre et mime les ailes d’un avion ou d’un oiseau, après tout qu’importe. Un geste comme une signature pour la jeune tricolore qui, du haut de ses 20 ans, commence à planer au-dessus des courts de la WTA. En effet, en ce printemps 2014, la Française a choisi de s’épanouir en remportant son premier trophée sur le circuit professionnel du côté de Bogota. Plus que ce titre, elle s’est mue en sauveuse de la nation et en prétendante aux hautes sphères du jeu en atteignant son premier quart de finale dans un Premier Mandatory (équivalent féminin du Masters 1000, ndlr). «Elle vit un tournant, elle a acquis une confiance qu’elle n’avait pas avant », croit Jean Wallach, proche de Garcia et son père Louis-Paul. Plus qu’un envol, ce signe peut se lire autrement, s’interpréter comme l’éclosion d’une fleur dont les bourgeons promettaient une belle floraison. Une floraison lente et patiente, voulue par une nature généreuse.

    L’impératrice Sharapova a vacillé

    En effet, il faut remonter 3 ans plus tôt pour apercevoir les premiers signes de cette éclosion. Encore inconnue du grand public, la native de Saint-Germain-en-Laye ne pointe même pas dans le top 100 mondial (188ème) quand elle obtient une invitation de la part des dirigeants de la Fédération Française de Tennis pour participer à Roland-Garros. Une chance que joueuse tricolore ne va pas laisser passer. Face à son public et comme en janvier à l’Open d’Australie où elle fut invitée également, Caroline Garcia franchit le 1er tour en écartant la tchèque Zusana Ondraskova, 91ème mondiale (6-3 6-4). Un succès qui lui offre la chance de défier Maria Sharapova…sur le court Philippe Chatrier.

    Caroline Garcia secoue Sharapova

    Ce match, Caroline Garcia ne va pas le subir. Portée par un public parisien acquis à sa cause, ainsi que par la fougue de ses 17 ans, la Française ne se pose aucune question et engage l’échange avec sa prestigieuse adversaire. S’appuyant sur son puissant coup droit et profitant de la fébrilité russe, elle crée la sensation en s’emparant de la première manche. Le rêve va se poursuivre jusqu’à 4-1 en sa faveur dans le second acte, moment choisit par Sharapova pour se ressaisir. « À 4-1, il y a la ola, c'était un super moment, mais ce n'était pas très facile à gérer. J'avais beau prendre mon temps et essayer de respirer, je ne jouais plus pareil et j'ai un peu perdu le fil. Plein de choses me sont passées dans la tête. Je menais, je jouais bien, elle n'était pas trop dedans. Elle a réagi comme une championne. À partir du deuxième set, elle tapait plus fort et elle ne faisait plus d'erreurs ''bêtes'' », reconnaissait à l’époque la timide Garcia. Tendue, la jeune joueuse n’allait plus marquer le moindre jeu (3-6 6-4 6-0). Qu’importe, elle venait de faire vaciller ainsi Maria Sharapova, triple lauréate en Grand Chelem, et de gagner du crédit aux yeux de ses pair(e)s. Ebahi par la prestation de la jeune femme, Andy Murray se hasardait à un peu de divination et prophétisait que Caroline Garcia deviendrait un jour n°1 mondiale. Une prédiction appuyée par Martina Navratilova, 59 titres du Grand Chelem à son palmarès dont 18 en simple. « Sa frappe est assez exceptionnelle et, en plus, très sûre. Sa vitesse de balle est impressionnante. Elle accule ses  adversaires », remarque Alexandre Fusai, responsable du haut niveau féminin à la Fédération française de tennis (FFT).

    Le temps au temps

    Garcia apprend durant 2 ans

    Des propos flatteurs et des encouragements qui vont avoir du mal à trouver un écho par la suite. Passé l’enchantement de ce début de quinzaine parisienne, Caroline Garcia renoue avec l’indifférence du circuit secondaire. Douée d’un coup droit plus qu’intéressant, celle qui officie sous les ordres de son père pratique un jeu résolument offensif. Une gageure pour le public mais un fardeau difficile à porter. Comme toutes les joueuses prônant un style similaire fait de prise de risques, Garcia peine à canaliser ses élans et à faire les bons choix. Rien d’insurmontable toutefois car à 17 ans, le temps joue en sa faveur. Après deux ans de travail et d’échecs, une embellie se dessine dans le ciel tricolore. En avril, Amélie Mauresmo décide de l’appeler en Fed Cup face au Kazakhstan. Une première sélection en Fed Cup où elle va répondre aux attentes, en remportant le point du double aux côtés de l’autre espoir du tennis féminin français Kristina Mladenovic.

    Derrière, Garcia se rappelle aux bons souvenirs de tout le monde en franchissant 3 fois le premier tour en Grand Chelem, à Roland-Garros puis Wimbledon, stoppée à chaque fois par la future vainqueur la n°1 mondiale Serena Williams, et à l’US Open où son aventure est écourtée par Laura Robson, la talentueuse britannique de 20 ans également. Non contente de cette nouvelle régularité, elle couronne son année par un premier trophée…en double avec Yaroslava Shedova à Taïwan.

    Caroline Garcia s'impose à Bogota

    « Elle a trouvé un équilibre »

    Dès lors, les choses vont s’accélérer pour celle qui s’entraîne du côté de Bron dans la banlieue lyonnaise. Si son séjour à Melbourne pour le premier majeur de la saison 2014 n’est pas une réussite avec une défaite presque honteuse face à la qualifiée russe Alla Kudryavtseva (188ème), la suite est plus plaisante. À l’autre bout du globe, à Bogota, Caroline Garcia se distingue en s’imposant avec autorité en finale face à l’ancienne n°1 mondiale Jelena Jankovic pour empocher son premier titre en simple sur le circuit. Un dimanche saint (dimanche 13 avril célébrait le dimanche des Rameaux, début de la semaine sainte dans la religion chrétienne, ndrl) venant conclure un tournoi exemplaire où la Française n’aura perdu qu’un petit set.

    S’appuyant sur la confiance accumulée, Caroline Garcia enchaîne. La semaine suivante, toujours sur le continent américain mais aux Etats-Unis, cette fois, elle est sollicitée par Amélie Mauresmo pour le barrage d’accession au groupe mondial en Fed Cup. Propulsée en simple par sa capitaine, Garcia ne déçoit pas et endosse même le costume de patronne suite à la défaillance d’Alizée Cornet. Sûre de son jeu et de ses capacités, elle réduit à néant l’équipe américaine, certes privée des sœurs Williams, et apporte 3 points à la France, lui permettant de réintégrer l’élite du tennis féminin. «Je n’ai pas de mots pour décrire ce qu’elle a réussi ici. Elle a tout simplement été super. Elle n’a jamais eu peur, elle a pris ses responsabilités », apprécie une Mauresmo admirative. La série victorieuse allait se poursuivre jusque début mai à Madrid.

    La patronne Caroline Garcia en Fed Cup

    Sur la terre battue espagnole, Angélique Kerber (8ème mondiale, abandon, Maria Kirilenko et Sara Errani (11ème mondiale) tombait sous les coups de l’impétueuse tricolore. Il fallait finalement toute la roublardise, l’intelligence et la ténacité d’Agnieska Radwanska pour défaire Garcia en quart de finale. Une défaite au goût amer pour cette dernière qui voulait tout de même retenir le positif et se projeter vers l’avenir. « Je suis déçue mais très fière de mon attitude (…) Je n’obtiens pas la victoire mais beaucoup d’expérience. Cela me conforte dans la façon dont je dois imposer mon jeu et dans la façon dont je travaille depuis quelques mois », assure-t-elle. Une observation partagée par Alexandra Fusai qui note une nette amélioration dans le jeu de la Française. « Caroline n'attaque plus sur toutes les balles comme elle le faisait auparavant. Elle avait tendance à se précipiter. Elle jouait avec fougue, réalisait énormément de choses, mais pas forcément au moment juste. C'était encore décousu. À présent, elle a trouvé un équilibre. Elle varie tout en agressant l'autre, pas avec des balles anodines. Elle travaille le point, temporise quand il le faut », analyse-t-elle.

    Un niveau de jeu et des performances qui lui permettent de pointer à présent au 46ème rang mondial. Une simple étape dans sa quête de grandeur. « Je sais où je dois aller (…) Si les gens peuvent me craindre avant même de commencer, c’est mieux ! », dit-elle. Pas de quoi toutefois lui mettre la pression pour Roland-Garros à la fin du mois. « Elle n’a pas l’objectif de gagner un titre du Grand Chelem maintenant », assure son entraîneur de père. À défaut de titre, elle visera plus certainement une place en deuxième semaine, un objectif beaucoup plus crédible pour la jeune fleur de Saint-Germain-en-Laye qui dans son jardin d’ocre parisien va vouloir continuer à s’épanouir à la lumière de ce doux printemps 2014.

    Christopher Buet


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