• Contador à l'Alpe d'Huez

    Logo Tour de FranceAbsent en 2012, Alberto Contador a manqué ses retrouvailles avec le Tour de France. L’Espagnol a beaucoup tenté mais a finalement été trahi par sa condition physique.

    Son visage trahi sa souffrance extrême. Ses yeux écarquillés balayent la route quand ses jambes tentent de le maintenir dans la roue de Mikel Nieve (Euskatel). « Aujourd'hui, il y avait une opportunité mais les jambes n'ont pas répondu. Il faisait très chaud et il y avait beaucoup d’humidité. J’ai vraiment vécu une mauvaise journée. Malgré ça, j’ai réussi à sauver les meubles. J’espère qu’un jour prochain, j’aurai de bonnes jambes », confessait Alberto Contador à l’arrivée de l’Alpe d’Huez.

    Victime de déshydratation dans l’ascension finale, l’Espagnol a concédé plus deux minutes sur le duo Quintana-Rodriguez et 57 secondes sur Christopher Froome. Une journée noire pour un double vainqueur du Tour de France, deuxième au général mais relégué à plus de cinq minutes du maillot jaune britannique.

    Muet dans les Pyrénées

    Contador au sommet d'Ax 3 DomainesEn revenant sur la Grande Boucle deux ans après sa dernière apparition, en raison d’une suspension pour un contrôle positif au clenbutérol, Alberto Contador ne s’attendait pas à vivre un tel mois de juillet. Habitué à dominer son sujet ces dernières années, le natif de Pinto ne fonctionne plus que par à coups. Discret en Corse, il fait forte impression lors du contre-la-montre par équipe de Nice. Le leader de la Saxo-Tinkoff paraît prêt à en découdre avec sa bête noire, ce Froome qui l’a maté lors du Critérium du Dauphiné (10e à 4’26 du Britannique, vainqueur) et plus tôt dans la saison au Tour d’Oman.

    Mais les impressions sont trompeuses. Contador n’est pas bien et les Pyrénées, en montagnes qui se respectent, le révèlent. Dès la première étape vers Ax 3 Domaines, le Madrilène explose face au rythme imprimé par Froome.« Les sensations n'étaient pas bonnes. J'espère que ça va changer ! », avoue Contador à Ax 3 Domaines où il a concédé 1’45’’. Le lendemain, il ne bouge pas alors que le nouveau maillot jaune est esseulé. Une grossière erreur.

    Le coup de la bordure

    Le mercredi suivant, Froome en remet une couche lors du contre-la-montre individuel au Mont-Saint-Michel. Vainqueur en 2009 de Fabian Cancellara, quadruple champion du monde de la discipline, Contador n’est plus le même rouleur et termine loin à 2’03 de son rival. Mais le tenant du titre de la Vuelta n’est pas homme à renoncer. Deux jours plus tard, il provoque une bordure dans les longues lignes droites ventées entre Tours et Saint-Amand-Montrond. « Personne ne s’attendait à vivre ça », confirme Froome qui a perdu 1’09’’. « Tous les jours, il peut se passer des choses inattendues. On a montré qu’on était fort collectivement », se félicite Contador à l’arrivée. Mais la réalité va vite rattraper l’Ibère.

    Impuissant sur le VentouxContador en souffrance dans le Ventoux

    Une semaine après les Pyrénées, le Ventoux se dresse devant les coureurs. Dans ce décor pierreux, dévasté et aride, le leader de la Saxo-Tinkoff ne va pas résister à la formidable accélération de Froome. Bilan: 1’40’’ de perdues. « Froome est très fort. Je ne pense pas que quelqu'un puisse le battre sur une arrivée au sommet », admet Contador.

    Inférieur en montagne, il n’abdique pas et s’adapte. « Mon objectif, dans ce Tour, est la victoire (…) La dernière semaine est très dure. Elle offre beaucoup de possibilités tactiques », veut croire Contador lors de la seconde journée de repos. Vers Gap, il harcèle le leader en compagnie de Joaquim Rodriguez dans le col de Manse et dans la descente. Sans succès. « Contador a pris des risques, je pense qu'il en a pris trop. Il a perdu le contrôle », explique Froome du côté de Gap. Rebelote dans la descente de Sarenne avec son coéquipier Roman Kreuziguer. Une initiative qu’il paye cher, déboursant une nouvelle minute au sommet de l’Alpe d’Huez. L’affaire est entendue et la Grande Boucle réglée.

    Trop juste, Alberto Contador a compris avec cette centième édition qu’il n’était plus le patron. « Le niveau s’est beaucoup resserré », avait prévenu Philippe Mauduit dans Pédale avant le Tour. A 30 ans, le Pistolero ne tue plus à chaque coup.

    Christopher Buet


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  • Gerardo Martino

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  • Gerardo Martino

    Nouvel entraineur du Barça pour les deux prochaines années, Gerardo Martino est un technicien au passé bien garni, reconnu pour le succès de ses méthodes.

    Gerardo 'Tata' MartinoVisage de bon père de famille surmonté d’une crinière argentée, Gerardo Martino salue la foule, les yeux emplis d’émotions. A 50 ans, cette ancienne gloire du football argentin a annoncé qu’il allait quitter les Newell’s Old Boys, son club de cœur. Pour lui avoir apporté un titre en ce mois de juin 2013 et joué près de 15 ans sous ce maillot rouge et noir, le peuple de Rosario l’acclame.

    Quelques semaines plus tard, Gerardo Martino vient d’accepter la lourde tâche de perpétuer le cycle victorieux du FC Barcelone, initié depuis 2006 par Frank Rijkaard et pérenniser par Pep Guardiola à partir de 2009. Si son arrivée est due au départ forcé de Tito Vilanova, victime d’une rechute de son cancer à la glande parotide, elle n’en répond pas moins à une certaine logique.

    La politique catalane

    Surprenante pour le grand public, cette nomination confirme la ligne de conduite adoptée par la direction catalane depuis une décennie. Quand il a débarqué en 2003, Frank Rijkaard avait pour seule expérience en club un court passage au Sparta Rotterdam conclu par une relégation. En 2008, Joan Laporta a choisi de miser sur Pep Guardiola qui n’avait jamais été à la tête d’un effectif professionnel, tout comme Tito Vilanova en 2012. Martino, lui, a plus de vécu sur un banc que tous ces hommes mais il ne connaît pas l’Europe.

    Le fils spirituel de Marcelo Bielsa

    Marcelo BielsaL’homme ressemble à Marcelo Bielsa, l’entraîneur de l’Atletic Bilbao. Même allure, mêmes mimiques, même exigence tactique. Dépositaire du jeu de Bielsa aux Newell’s Old Boys (comme l’était Guardiola dans la Dream Team de Cruyff), Martino s’est approprié les valeurs prônées par « El loco (le fou) ». Ses équipes (en 4-3-3) imposent systématiquement un pressing très haut.

    Rigoureux, il aime aussi le beau jeu. Sous sa conduite, les Newell’s Old Boys ont remporté le tournoi de clôture avec la meilleure attaque (40 buts en 19 matches). Le style? Le « toque », ce jeu fait de redoublement de passes courtes et rapides, pratiqué en Catalogne.

    Le choix de Messi

    Messi-XaviLionel Messi n’est pas étranger au recrutement de son compatriote. Le quadruple Ballon d’Or, déjà sondé par son président lors de l’achat de Neymar, a milité en faveur de Martino. « C'est un grand entraîneur et nous avons tous vu ce qu'il a fait dans le championnat de clôture, la façon dont ça a fini et comment il a géré la situation. Il a pris l'équipe, il l'a fait bien jouer, et tout le monde le respecte pour ça », explique le Barcelonais dans Olé. Comme Messi, il est né à Rosario et a joué pour les Newell’s Old Boys. Légende vivante (une tribune du stade porte son nom), l’ancien milieu relayeur était l’idole du père de « La pulga ».

    Un entraîneur à succès

    Martino s’est construit sa réputation remportant par trois fois le championnat national avec le Club Libertad (2002 et 2006) et Cerro Porteno (2004) au Paraguay. Lors du second titre avec le Libertad, son équipe est allée jusqu’en demi-finale de la Copa Libertadores (la Ligue des Champions sud-américaine, ndlr). Une performance que le meilleur entraineur d’Amérique du Sud en 2007 a réédité la saison dernière à la tête des Newell’s Old Boys, avec qui il a gagné le tournoi de clôture argentin.

    Avant de rentrer en Argentine, il avait été sélectionneur du Paraguay durant 3 saisons, atteignant les quarts de finale de la Coupe du Monde 2010 et la finale de la Copa America en 2011.

    Il a joué à Barcelone

    Auteur de plus de 450 matches avec les Newell’s Old Boys et élu meilleur joueur de l’histoire du club argentin, Martino a fini sa carrière à… Barcelone. Précisément le Barcelona SC, club créé, en 1925, sur le modèle du champion d’Espagne par des socios catalans, installés à Guayaquil, capitale économique de l’Equateur.

    Il fait confiance aux jeunes

    Surnommé « Tata » pour son côté paternaliste et directif (tata signifie papa dans la campagne argentine, ndlr), Gerardo Martino aime donner sa chance. Pas moins de 14 joueurs formés au club ont participé à la conquête du tournoi de clôture en 2013. Cette confiance accordée aux jeunes ne peut que plaire au Barça, qui axe son avenir sur son centre de formation, la Masia.

    Christopher Buet


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  • Dave Brailsford

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  • Dave Brailsford

    Tête pensante du team Sky, Dave Brailsford est la clé de voute des récents succès du cyclisme britannique sur piste et sur route. A 49 ans, le Gallois, qui a propulsé Froome au sommet, a su imposer sa méthode.

    Les 26 médailles olympiques de la piste britannique dont 16 en or à Pékin et Londres? C’est lui. Bradley Wiggins? C’est lui. Christopher Froome? C’est lui. Le projet Sky, Chris Hoy ou Victoria Pendelton (sextuple championne du monde de vitesse)? C’est encore lui. Dave Brailsford a révolutionné le cyclisme britannique pour le faire entrer dans le XXIe siècle et l’ériger en modèle de réussite.

    Une vie de cyclisme

    Brailsford et Chris HoyCe Gallois de 49 ans né en Angleterre a voué sa vie au cyclisme. « C’est une passion. Ce n’est pas du travail. Nous vivons sur la route », raconte Brailsford à cyclistsportmag.com. Après avoir été coureur durant quelques années en France, il rentre en Grande Bretagne pour étudier, à 23 ans, la science et la psychologie du sport à l’université de Chester. Diplôme en poche, il intègre la fédération britannique de cyclisme en 1996, en devient le directeur des programmes, avant d’être promu directeur de la performance en 2005. Quatre ans plus tard, il fonde la formation Sky avec pour objectif de faire triompher un Britannique sur les routes du Tour de France dans un délai de cinq ans. Un objectif atteint dès sa troisième saison avec Bradley Wiggins en 2012.

    S’il a investit beaucoup d’énergie sur la route, il n’a pas abandonné la piste où il a réédité son exploit de Pékin en faisant du cyclisme britannique la première nation à deux roues des Jeux Olympiques avec 12 médailles dont 8 en or (7 sur piste, 1 sur route).

    Un combattant du dopage

    Avec Sky, Brailsford a imposé une politique de tolérance zéro, n’hésitant pas à se séparer de ses collaborateurs impliqués dans des affaires de dopage, même annexes. Directeur sportif depuis la création de l’équipe britannique, Sean Yates paye son passé à la tête de la formation Discovery Channel où figurait Lance Armstrong. Ancien coureur de la T-Mobile et de la CSC (de Bjarne Riis) Bobby Julich a également été renvoyé, comme Steven De Jongh, ex-Rabobank, et Geert Leinders, ancien médecin de Rasmussen.Dave-Brailsford-008

    Après les aveux d’Armstrong, Brailsford a imposé à chacun des membres de la Sky, staff et coureurs, de signer une charte certifiant qu’ils n’ont jamais été impliqués dans une affaire de dopage durant leur carrière. L’objectif est d’avoir « une équipe dans laquelle les coureurs sont écartés des risques du dopage et dans laquelle les fans peuvent croire, sans aucun doute ni hésitation » explique le Gallois. Une initiative discutée par Jonathan Vaughters, qui craint qu’une telle charte pousse au mensonge. Le  manager de Garmin, ancien coéquipier d’Armstrong qui a fait acte de contriction et préférer donner une deuxième chance à d’autres dopés comme David Millar.

    Une vision scientifique

    Brailsford revendique une approche scientifique. « Avec Dave, tu fais 50 bornes en tête et pas 55. Tu as un cadre précis à respecter, chacun a un job à faire. Quand tu as fini de rouler, tu t’écartes et tu reviens le lendemain », explique Sylvain Cazalti qui a participé à la création de l’équipe Sky. De la diététique au matériel (bus ultra moderne) en passant par l’analyse d’une foultitude de données statistiques – « Il y a des choses que les statistiques ne disent pas mais elles sont utiles comme guide » déclare-t-il -, le manager britannique est si pointilleux qu’il a recruté un chirurgien pour apprendre à ses coureurs comment bien se laver les mains et éviter les microbes, ainsi qu’un psychiatre pour gérer leurs émotions au quotidien. Sa grande réussite est d’avoir importé sur la route cette approche scientifique, propre à la piste avec l’aide de Tim Kerrison, ancien coach de l’équipe nationale australienne de natation.

    Une méthode inspirée du baseball

    Brad-Pitt-in-MoneyballCette obsession pour les statistiques, Dave Brailsford la doit en grande partie à un livre de Micheal Lewis Moneyball, qui retrace le succès de Billy Beane à la tête de l’équipe de baseball, les Oackland Athletics et qui a été adapté au cinéma avec Brad Pitt dans le rôle de Beane et Jonah Hill.

    Cet ancien joueur devenu manager général a développé une méthode de recrutement basé sur l’étude des statistiques individuelles. En s’intéressant à ses chiffres, Beane a pu mettre au jour le potentiel de joueurs sous-estimés et maximiser le rendement de son effectif en établissant des entraînements extrêmement ciblés. Impressionné par le travail de Beane, qui a mené les A’s à la 6ème (sur 30) place de la MLB malgré la 24ème masse salariale en 2006, Brailsford a adapté ce qu’on appelle la sabermetrics, ou l’utilisation d’outils statistiques pour étudier objectivement le baseball, au cyclisme, en se constituant une base de données sur chacun de ses coureurs où figure la VO2max, la taille, le poids, les watts que chacun est capable de développer, la résistance à l’effort…

    Dénicheur de talents

    Dave Brailsford avec Laura TrottDave Brailsford sait reconnaître et former les futurs champions. C’est sous sa direction que Chris Hoy a remporté son premier titre olympique en 2004 à Athènes, que Bradley Wiggins et Mark Cavendish ont triomphé sur la piste avant de se découvrir champion sur route. Dernièrement, il a révélé Laura Trott, double championne olympique à 21 ans.

    Elinor Barker (18 ans, championne olympique de poursuite par équipe) et Jonathan Dibben (19 ans) sont les nouveaux phénomènes  de Brailsford. « La façon dont Elinor a roulé, constitue probablement les meilleurs débuts que j’ai jamais vu depuis que je travaille avec les professionnels », fait valoir le manager de la Sky dans The Independent.

    Non content des succès qu’il a déjà obtenus, Brailsford entend poursuivre au moins ‘aux Jeux olympiques de Rio en 2016.

    Christopher Buet


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