• Kevin Anin

    Victime d’un grave accident de la route, le milieu de terrain niçois est dans un état très grave bien que ces jours ne soient pas en danger. Le monde du football est sous le choc.

    La petite virée entre amis a viré au cauchemar. Peu avant minuit dans la nuit de lundi à mardi, le conducteur perd le contrôle de son véhicule. A l’arrière, Kevin Anin ne peut éviter l’accident et est éjecté de l’habitacle. Transporté en urgence à l’hôpital, le milieu de terrain niçois se trouve dans un état critique. « Je ne suis pas là pour poser un diagnostic, ce n'est pas mon rôle. On sait juste que l'accident est grave et qu'il pourrait avoir des conséquences sur la vie de Kévin. Je crains malheureusement que sa carrière soit entre parenthèses pour longtemps. Mais ce n'est pas notre préoccupation. Sa santé est notre priorité. Kevin est l’un des nôtres », a réagi le président de l’OGC Nice Jean-Pierre Rivière.

    A en croire les médecins, la vie du footballeur n’est pas en danger mais sa carrière footballistique est plus que comprise. Plongé en coma artificiel, Anin est touché à la colonne vertébrale et risque la paraplégie. De plus, il souffre de multiples fractures au bras gauche dont on ignore encore la gravité.

    Sujet aux dépressions chroniques

    .Cet accident vient jeter un voile de doutes sur une carrière déjà bien ombrageuse, à l’image des pensées du joueur de 26 ans. Car Kevin Anin n’est pas un footballeur « classique » sortant du « moule ». Taciturne presque lunaire, le jeune homme n’a jamais réussi à accepter le milieu « d’enculés » selon ses termes dans Libération, du football. Ces derniers mois, ce mélancolique à l’excès a connu plusieurs épisodes dépressifs sévères. Arrivé en janvier 2012 au club de Nice, Anin  a ainsi disparu à la fin de l'été dernier pour se réfugier chez sa famille au Havre.

    C’est finalement Claude Puel qui parvient à le convaincre de ne pas abandonner le football. L’ancien technicien lillois va même parvenir à lui redonner goût au jeu, au point qu’il est élu joueur du mois en février par les supporters azuréens. Une parenthèse bientôt refermée par une nouvelle disparition au soir de la défaite contre le Paris Saint-Germain (0-3). « Cette saison, tout le club s'est mobilisé pour lui redonner la joie de vivre. Il a retrouvé le sourire, puis le terrain. La fin de saison a été plus difficile mais ce n'était pas grave ; nous étions prêts à lui donner un nouvel élan. L'élan s'est brisé...» regrette Jean-Pierre Rivière.

    « Un mec en or »

    Quand la nouvelle de son accident a été connue, les soutiens se sont multipliés autour du joueur. « Je suis abasourdi (…) on sait qu’il est dans un coma artificiel… C’est un effondrement total », n’en revient pas Julien Sablé, son ancien partenaire au Havre. « J’espère qu’il va tenir le coup » déclare son coéquipier Eric Bauthéac. « Je suis inquiet pour lui et sa famille. Je ne veux pas lui parler au téléphone, je veux le voir » a confié chamboulé son ancien partenaire à Sochaux David Sauget qui a appris la situation d’Anin alors qu’il était en Turquie. « C’est un mec en or », ajoute l’ancien Sochalien.

    De Jérémy Janot à Teddy Tamgho, recordman du monde en salle du triple saut, tous ont tenu à manifester leur soutien à Kevin Anin.

    Il semblerait que Claude Puel qui avait prévu de discuter avec son joueur à la rentrée pour évoquer son futur, n’aura pas à le faire.

    Christopher Buet


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    Avec Jo-Wilfried Tsonga en demi-finale, la France se prend à rêver de voir arrivé le successeur de Yannick Noah, dernier Français vainqueur de Roland-Garros en 1983. Pourtant depuis 30 ans, ils sont nombreux à avoir suscité tant d’attentes avant de décevoir.

    En juin 1983, Yannick Noah offrait au tennis masculin français son dernier tournoi du Grand-Chelem en conquérant Roland-Garros face à Mats Wilander. Depuis, le tennis tricolore lui cherche désespérément un successeur Porte d’Auteuil. Trente longues années qui font écho aux 37 qu’il avait fallu attendre entre la victoire de Marcel Bernard à Paris en 1946 et celle du père du basketteur Joakim Noah (Chicago Bulls). Retour sur ces trois décennies de disette qui n’ont pas manqué d’espoirs déçus.

    Henri Leconte

    • Demi-finale en 1986

    Trois ans seulement après le sacre de Noah, la France s’éprend d’un jeune joueur prometteur. Déjà quart de finaliste l’année précédente après avoir battu en 5 sets Noah en huitième de finale, Henri Leconte échoue finalement aux portes de la finale face à la révélation du tournoi Mikael Pernfors. Le Suédois, tombeur de Boris Becker, écarte Leconte en 4 manches (2-6 7-5 7-6 6-3). Il perdra la finale face à Ivan Lendl.

    • Finale en 1988

    Henri Leconte persiste et atteint cette fois-ci la finale de Roland-Garros. Sur son passage, il bat notamment Boris Becker en huitième. Comme Noah en 1983, il dispute le titre à Mats Wilander. A la différence de son aîné, il sera balayé en 3 sets, 7-5 6-2 6-1 par le triple vainqueur suédois qui remporte là son dernier Roland-Garros.

    • Demi-finale en 1992

    Le retour de flamme. Depuis sa finale perdue en 1988, Leconte a enchaîné les blessures au dos. En 1992, titulaire d’une wild-card, « Riton » se hisse jusque dans le dernier carré où il sera stoppé par Petr Korda, tête de série n°7 (2-6 6-7 3-6)

    Cédric Pioline

    • Demi-finale en 1998

    Six ans après Henri Leconte, revoilà un Français en demi-finale de Roland-Garros. Pas très à l’aise sur la terre battue, le tricolore profite d’un tableau dégagé (Safin en huitième et Arazi en quart) pour atteindre ce stade de la compétition. Mais comme son aîné, il ne prendra pas le moindre set à Alex Corretja (3-6 4-6 2-6), finaliste malheureux contre Carlos Moya.

    Sébastien Grosjean

    • Demi-finale en 2001

    Dixième joueur mondial, Sébastien Grosjean fait espérer toute la France quand en quart de finale, il écœure littéralement André Agassi. Après avoir abandonné la première manche (1-6), il survole le reste de la rencontre et s’impose (1-6 6-1 6-1 6-3). L’espoir s’éteint dès le tour suivant. Le briseur de rêve s’appelle (à nouveau) Alex Corretja (6-7 4-6 4-6).

    Gaël Monfils

    • Demi-finale en 2008

    La grande surprise de cette édition 2008. Cinquante-neuvième joueur mondial, Gaël Monfils est intenable et renverse Ljubicic mais surtout David Ferrer (6-3 3-6 6-3 6-1). Cette dernière victoire en quart de finale consacre « La monf ». Il sera toutefois trop court en demi-finale, ne parvenant à prendre qu’une manche au n°1 mondial Roger Federer (2-6 7-5 3-6 5-7).

    Gageons que Jo-Wilfried Tsonga n'entra pas dans cette classe et parviendra à rejoindre Yannick Noah au palmarès de Roland-Garros.

    Christopher Buet


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    Après une première semaine éblouissante, Richard Gasquet s’est de nouveau incliné aux portes des quarts de finale au terme d’un match sublime et d’un combat mémorable de plus de 4h face au Suisse Stanislas Wawrinka.

    f_03-06-Gasquet-Richard-07Richard Gasquet s’est dirigé vers le filet, la marche chevrotante avant de saluer son adversaire. Au bout de lui-même il avait combattu avant de finalement céder devant la foi et la conviction de son adversaire.  Puis il a regagné sa chaise et est resté là stoïque, abattu également mais digne. Digne dans la défaite concédée après 4h18 d’une rencontre ahurissante qui aura par épisode tutoyé les sommets. Digne donc. Il n’aura même pas lâché la moindre larme. Pourtant, il y avait de quoi pleurer, pleurer de tristesse, de rage, de frustration, de dépit tant le scénario de cette après-midi avait laissé entrevoir plus belle fin que cette déchirante et vibrante sortie sous les acclamations d’un court Suzanne-Lenglen conquis, fier mais navré de l’échec de « son » Richard.

    Gasquet en patron

    Car quand les deux hommes se présentaient sur le court en milieu d’après-midi, rien ne laissait augurer pareil spectacle et surtout pareil issue. Impérial depuis le début de la quinzaine, Richard Gasquet arrivait serein, lestée de la confiance accumulée au fil de trois tours dominés de façon magistrale. De son côté, Stanislas Wawrinka avait connu un parcours plus encombré, affichant moins de certitudes que le Français.f_03-06-Gasquet-Richard-02

    Et le début de rencontre allait confirmer ce qui tout les observateurs avaient observé ces derniers temps. Efficace au service, les deux hommes ne lâchait pas leur service respectif et se rendait coup pour coup. Au Vaudois l’initiative, les coups gagnants (24) et les fautes allant avec (20), au Biterrois la patience et l’art du contre. Une tactique payante pour le Français dès lors que l’échange s’éternisait. Plus serein, il faisait exploser son adversaire quand ce dernier se complaisait dans les filières courtes. Très équilibré ce premier set ne pouvait se régler qu’au tie-break. A ce petit jeu, c’est Gasquet qui se montrait le plus adroit. Cédant le premier son engagement, il refaisait son retard au prix d’une défense admirable et s’emparait du set (7-6).

    Le coup était rude pour un Suisse méritant mais beaucoup trop irrégulier. L’entame de la seconde manche se résuma à un véritable calvaire pour lui. « Mon discours avec Richard est simple. Je lui répète : à ton niveau, le match doit dépendre de toi et pas de l’adversaire », aime à soutenir Sébastien Grosjean. Un conseil que son élève allait suivre. S’appuyant sur un public totalement acquis à sa cause et sur le gain de la première manche, Gasquet ne laissa pas respirer une seconde son adversaire et le breaka d’emblée. Le ton était donné. Plus incisif et plus précis, le 9ème joueur mondial distribuait le jeu à merveille avec variété et efficacité. Le récital allait culminer dans cette manche au troisième jeu quand pris une seconde fois le service adverse sortant de son palette amortie meurtrière et revers long de ligne assassin.

    Le break médical

    Stanislas-Wawrinka-kinéWawrinka était dépassé. Ce fut au changement de côté qu’une partie du match bascula. Le Suisse demanda à l’arbitre l’intervention du kiné afin de masser cette cuisse droite qui l’avait contraint de renoncer au Masters 1000 de Rome juste après sa finale à celui de Madrid et qui avait insinué un doute sur sa participation aux Internationaux de France.

    Durant 5 minutes, le Suisse se fit soigner et comme on pouvait s’y attendre, cette coupure rompit l’élan tricolore. Le rythme s’effondra, tout comme la qualité et Gasquet disparut. Une éclipse qui allait trois jeux, le temps de perdre 8 points sur 10 et de se faire débreaker une fois par un Suisse, en difficulté sur chaque glissade mais au relâchement évident.

    Une éclipse coupable mais qui n’allait finalement pas porter préjudice au français qui se ressaisit pour décrocher une seconde manche qu’il avait globalement dominé et maîtrisé (6-4).

    « Vous faites des conneries »f_03-06-Wawrinka_Stanislas-08

    Le troisième set allait être le théâtre du tournant majeur de cette rencontre. S’efforçant de raccourcir l’échange au maximum, Wawrinka tenait bon sur son service, de même que Gasquet. « Il est trop gentil sur le court. Quand ça devient dur, il faut justement qu'il se durcisse, lui aussi » regrettait le coach du Suisse Magnus Norman, finaliste à Paris en 2000.Le Suédois allait être entendu. Vint alors le 5ème jeu. Sur le service helvétique, le n°2 tricolore s’offre une balle de break à 30-40. Sur le point suivant, le juge de ligne annonce plus que tardivement la balle faute de Gasquet. Ce dernier s’énerve et commence à échanger avec l’arbitre de chaise. Puis ce fut au tour du Lausannois de s’en mêler. La joute verbale qui suivit fut particulièrement houleuse et refléta la tension extrême régnant sur le court. Alors que Carlos Ramos remettait deux balles, le n°2 suisse s’insurgea. « Vous faites des conneries ! Au prochain changement de côté, vous le sortez ce juge de ligne », s’emporta-t-il.

    Passablement énervé par ce qui venait de se passer et avant un nouvel échange d’amabilités avec le superviseur, Wawrinka passa ses nerfs sur son services et Richard Gasquet. Résultat : deux aces plus tard, le jeu était dans l’escarcelle du Suisse, qui sans le savoir venait de renouer le fil de son match. Dans un état second, il appuyait davantage ses frappes et enfonçait petit à petit un adversaire sur courant alternatif. Le d’ordinaire si gentil suisse venait d’entrer en guerre contre l’arbitrage et de ranimer son feu intérieur. A 5-4 en sa faveur, il mettait la pression au Français et le faisait craquer. Le courroux helvétique était sans commune mesure.

    L’apothéose avant le coup de grâce

    f_03-06-Gasquet-Richard-06Dans l’incident avec le juge de ligne, la tension est montée de plusieurs crans sur le Court Suzanne-Lenglen où même le public semble avoir été gagné par l’électricité ambiante. Impitoyables sur leurs mises en jeu, les deux hommes serraient le jeu, ne laissant aucune ouverture à leur opposant. Plus le set avançait et plus on sentait la fatigue gripper le physique du Français. Au huitième jeu, l’intensité s’élevait et Gasquet était proche de la rupture quand il parvint à sauver pas moins de 5 balles de break avec autant de cran que d’assurance. Les deux hommes se rendaient coup pour coup, revers pour revers, coup droit pour coup droit. On touchait alors au sublime devant un public en fusion.

    Ce fut ensuite au tour de Wawrinka de jouer au survivant fantastique. Alors qu’il se dirigeait vers un nouveau jeu blanc facile, il se déconcentrait légèrement et permettait à Gasquet de recollé à 40A. Sur une inspiration géniale, il s’offrait une balle de break sur un lob. Il allait finalement la manquer comme la seconde quelques instants plus tard. Sa chance venait de passer. Faisant résonner son coup droit comme les percussions d’un orchestre, le Vaudois pliait son adversaire qui se confondait en erreur stratégique à l’image de ses deux amorties contrées avec facilité (7-5).

    « Je sais qu’au bout de trois heures et demie de jeu, je commence à fatiguer. Lui a un des meilleurs physiques du circuit. J'aif_03-06-Wawrinka_Stanislas-07 fait tout ce que j'ai pu.  Il était plus frais que moi » analysait Gasquet. Plus que le niveau de jeu ahurissant proposé, les deux hommes allaient se livrer une bataille mentale, une guerre d’usure dans cette 5ème et ultime manche. Et dans ce domaine, le Biterrois est loin d’être le meilleur. Dès le changement de côté à 1-2, il en appelait au kiné pour lui masser une cuisse gauche tétanisée. Deux fois, ce dernier revint sur le court au chevet du 9ème mondial. En face, Wawrinka s’étirait au filet, plus frais que jamais. Sur le court, il ne laissait d’ailleurs aucun espoir à son adversaire en retour. De son côté, Richard Gasquet faisait emprunté mais refusait d’abandonner. Continuant à produire du jeu, il variait sans cesse et malgré la douleur parvenait à rester dans la partie. Conscient que leur champion était en difficulté, le public se mit à entonner « La Marseillaise ». Un soutien bienvenu qui lui permit de se maintenir en vie. A l’énergie, il s’arrachait. Preuve de l’extrême fatigue et de la tension inhérente, le Biterrois harangua la foule quand il égalisa à 4-4. Une image sidérante au regard de la personnalité réservé du joueur. « Le public a joué son rôle aujourd'hui, c'était fabuleux », appréciait-il. A 5-5, Gasquet obtenait deux balles de break. Si la première était parfaitement sauvée, la seconde fut vendangée. Il dévissait et voyait sa balle s’envoler, ainsi que sa dernière chance de l’emporter.

    Plus réaliste, le champion olympique de double en 2008 avec Roger Federer allait conclure sur sa première balle de match. Dans une ambiance surchauffée marquée par les « richard » et une ola, Wawrinka calma tout le monde (8-6). Après 4h18, il pouvait enfin lever les bras au ciel avant d’expliquer qu’il venait de « disputer un match de dingos ». Après 3 huitième de finale consécutifs, il se qualifiait enfin pour les quarts de finale de Roland-Garros. Pour Gasquet, il faudra encore attendre pour vaincre la malédiction (15 défaite sur 16 tentatives à ce stade de la compétition).

    Loin d’être abattu, le protégé de Riccardo Piatti relativisait son échec. « Il y a toujours la déception de perdre mais je ne peux pas plus donner que ce que j'ai donné aujourd'hui. Il a quand même sorti des coups fabuleux. C'était un match assez incroyable, un des plus grands de ma carrière C’est une énorme tristesse mais c'est le tennis, il faut rebondir.  J'ai fait tout ce que j'ai pu », a confié le tricolore. Quand on vous disait qu’il était digne.

    Christopher Buet


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