• "L'or de Maison du café, sans doute le meilleur café du monde" dit la publicité. Ce samedi, l'or de Ruhpolding est sans le meilleur or du biathlon pour Martin Fourcade. En effet, sous un beau soleil printanier et devant près de 20 000 personnes (bienvenue en Allemagne), le Français a remporté l'épreuve du sprint (10km) des Championnats du monde. Avec son maillot jaune de leader de la Coupe du Monde, le cadet des frères Fourcade a su faire la différence sur les skis plus qu'au niveau du pas de tir. A l'arrivée, il devance son rival norvégien Emil Svensen et le redoutable suédois Bergmann. A 23 ans, Martin Fourcade remporte sa seconde médaille d'or mondiale après celle acquise l'an passé en poursuite. Une belle revanche après la débacle de jeudi où en ouverture il avait coulé avec le reste de l'équipe de France (Marie Dorin, Marie-Laure Brunet et son frère Simon) dans le relais mixte (11ème). Avec ce succès, Martin Fourcade lance parfaitement son Mondial en individuel et abordera sereinement la défense de son titre en poursuite demain. S'il a déjà son "café", il se réserve encore le droit d'y ajouter la crème.

    Christopher Buet


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    Il y a champion et champion. Plus que Raphaël Poirée qui est une légende au biathlon français, Ole Einar Björndalen est légende au biathlon mondial. Ce jeudi, à Rupholding, il entame les championnats du monde avec un appétit féroce. A 38ans, le « tireur des sous bois norvégien » est prêt à dégainer.

    Carabine à l’épaule, l’œil fixeet concentrer sur la cible, Ole Einar Björnadalen a des allures de trappeurs sur les pistes du circuit mondial de biathlon. Le Norvégien est un vieux briscard. A 38 ans et avec ses 36 médailles mondial, il en a connu des hivers depuis ses débuts en 1992 à 18 ans. Pour autant cette saison 2012 a longtemps ressemblé à une longue traversée de la Toundra pour lui. Blessé au dos, le Norvégien a fait avec les moyens du bord. Un comble pour cette légende vivante du biathlon.

    Ole Einar Björndalen voit le jour le 24 janvier 1974, au cœur de l’hiver norvégien dans la ville côtière de Drammen à l’extrême Sud du pays. C’est là dans l’arrière pays qu’il va découvrir les joies du ski et de la carabine. Extrêmement habile et fluide spatules aux pieds, le jeune Ole Einar ne tarde pas à briller sur les pistes où sa vitesse lui octroie un avantage certain sur ses adversaires. Dès ses 18 ans, il s’invite sur le circuit mondial de biathlon pour une première incursion. Il finira 62ème du général mais qu’importe, cette première saison n’est qu’un prélude pour un homme appelé à marquer à jamais son sport. Car le Norvégien a un talent unique et une volonté digne de ces ancêtres vikings.« Je vis comme un athlète de haut niveau toute l'année ou presque. Je m'entraine très fort, tout ce que je fais est préparé et j'ai toujours envie de m’améliorer. Je sais que je peux être meilleur dans tous les domaines. J'aime aussi m'occuper du développement de l’entrainement, du matériel, je travaille sur les vêtements, les chaussures, les gants ...Ma nouvelle tenue est conçue spécialement pour le biathlon, elle est élastique, colle au corps et elle est très confortable avec des renforcements autour des bras » confessait voilà deux ans Björndalen. Une discipline qui porte ses fruits. Bien qu’il rate ses premiers Jeux Olympiques en 1994 à Lillehamer chez lui en Norvège, il progresse et atteint le cinquième rang mondial à l’issue de la saison suivante en 1995. Un an plus tard, il remporte son premier succès en Coupe du Monde et ouvre la voie à une série incroyable.

    Une légende sur fond de rivalité

    En effet, Ole Einar ne va dès lors plus s’arrêter. En 1998, il remporte ainsi le premier de ses 6 Gros Globes de Cristal consacrant son intraitable domination sur la saison. Une saison qui le voit également décrocher sa première récompense olympique dans le brouillard de Nagano (JAP) avec l’argent du relais. Il faudra toutefois attendre une olympiade, soit 4 ans, avant que l’emprise de Björndalen ne soit totale ou presque. A Salt Lake City, la bête norvégienne écrase la concurrence sur la neige de l’Utah, remportant les 4 médailles d’or en jeu. Une belle consolation pour lui qui se voit privé de sacre en Coupe du Monde par le Français Raphaël Poirée. Depuis 4 ans, la rivalité entre les deux hommes tient en haleine les observateurs et les amoureux du biathlon. Les deux hommes imposent leur loi à chaque sortie et se partage les lauriers. Mais après 1998 et le premier sacre du norvégien, Poirée domine son rival, 3 années durant de 2000 à 2002.« Björndalen m’a incité à repousser mes limites. Je lui dois beaucoup. C’est en l’observant que j’ai compris que je ne pourrais pas me contenter de faire le mouton pour espérer devenir un grand champion. Il m’a en quelque sorte indirectement appris à trouver ma propre voie, à être moi-même. » déclarait Raphaël Poirée sur actumontagne.com en 2007.  Une aide que Poirée a également fourni à Björndalen. En champion qui se respecte, le norvégien se nourrit de l’adversité et trouve dans son duel avec le tricolore une source de motivation fantastique et un challenge à la hauteur de son talent. Ainsi en 2003, il renvoie l’ascenseur et domine outrageusement Poirée, remportant le général de la Coupe du Monde mais aussi les globes du sprint, de la poursuite et de la mass-start avant de décrocher ses deux premiers titres mondiaux en sprint et dans la mass-start. Une année pleine suivie d’une seconde en 2004 qui le voit dominer de nouveau la saison à la seule exception des Mondiaux d’Oberhof en Allemagne où ce diable de Raphaël l’éclipse raflant cinq médailles dont trois titres lors des 5 épreuves. 2005, est un nouveau plaidoyer pour le Norvégien qui remporte sa 3ème Coupe du Monde mais aussi quatre nouveaux titres mondiaux. Contrairement à son rival Poirée, Björndalen est un champion au sang froid qui a l’approche des médailles se subliment. Le duel entre les deux hommes va se poursuivre durant encore deux hiver, le temps de voir l’homme de Drammen remporter un nouveau Gros Globe de Cristal (2006). En 2007, Poirée annonce à la surprise générale sa retraite. Björndalen est désormais sans rival et va devoir trouver une nouvelle source de motivation.

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    A l’épreuve de la jeunesse

    C’est vers la nouvelle génération et dans le désir de marquer encore un peu plus l’histoire de sa discipline qu’il se tourne. Mais en attendant l’éclosion de celle-ci, il glace l’édition 2008, ne laissant échapper que le Globe de l’individuelle au Français Vincent Defrasne. L’appétit carnassier de cette bête froide n’a d’autre équivalent que son aptitude à chasser les objectifs. Aussi en 2009 malgré un début de saison qui le voit tenir le lit pendant 8 jours, il glisse sur la saison avec une facilité déconcertante et rapporte de Peyongchang (CDS) quatre nouvelles breloques en or ainsi qu’un record, le faisant définitivement entré dans la légende. Le 17 février, il remporte avec la 20km son 87ème succès en Coupe du Monde, faisant de lui le recordman de victoire en ski toute compétition confondue, effaçant des tablettes la légende suédoise Ingmar Stenmark (il en est à présent à 94 succès dont une victoire en ski de fond). Mais la concurrence se fait de plus en plus pressante et l’heure d’Ole Einar semble toucher à sa fin. « Je ne pense pas qu'il puisse faire face à la nouvelle génération et cela dès l'hiver prochain. De toute façon je vais tout faire pour qu'il ne puisse pas rivaliser » disait Emil Svensen sèchement dans Nettavisen cet hiver.

    Les années qui suivirent donnèrent raison aux vainqueurs de la Coupe du Monde 2010 et furent moins brillante pour l’homme aux 16 titres mondiaux. Perturbé par les blessures et autres virus, il reste dans l’ombre en 2010 et 2011. Malgré les revers, Björndalen s’obstine. Avec l’amour du ski, il s’échine et tente de lutter face à Martin Fourcade et à la jeune génération norvégienne des Svensen et autre Tarjei Boe. Un défi grisant qu’il relève puisque le 12 février dernier, il a remporté son 93ème succès dans le froid polaire (-12°) de Konthiolathi en Finlande, devant Martin Fourcade. Un succès qui le réconforte et tombe à point nommé.

    On l’a dit Björndalen sent les médailles comme un charognard sent les cadavres. Or, ce jeudi, la cathédrale du biathlon qu’est Ruhpolding accueille les Championnats du Monde. En Bavière, celui qui s’est dit déterminé à poursuivre jusqu’en 2014 et aux Jeux Olympiques de Sotchi (« Je veux absolument aller à Sotchi et j’ai donc deux rudes années devant moi. ») veut continuer à écrire la légende.

    Christopher Buet


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