• Au cœur du Tour (2/2)

    Le Tour envahi la Rue de Rivoli

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    Enfiévré par la course féminine du début d'après-midi et par le soleil estival irradiant la capitale, le public parisien trépigne à l'approche du peloton du Tour de France et de ses héros du mois de juillet qui vont refermer la parenthèse enchantée de cette 101ème Grande Boucle.

    Après avoir paradées et enthousiasmées les spectateurs venus nombreux en ce dimanche après-midi, Marienne Vos et ses suivantes ont pris congé des Champs-Elysées. Un mouvement imité quelques temps plus tard par l'imposante caravane publicitaire du Tour. En effet, ces deux évènements n'étaient en réalité que des divertissements destinés à annoncer le véritable spectacle, celui du peloton du Tour de France et de ses coureurs. A plusieurs dizaines de kilomètres de là, les héros de juillet embrayaient tranquillement non sans avoir sabré le champagne pour la formation Astana de l’éclatant maillot jaune Vincenzo Nibali, leader romantique à l’insondable humilité qui aura su conquérir les cœurs des observateurs et des amateurs, et pris quelques photos comme celle réunissant les quatre maillots distinctifs : le jaune pour l’Italien, le vert du classement par points de Peter Sagan, celui à pois rouge du classement de la montagne de Rafal Majka et enfin le blanc du meilleur jeune propriété de Thibaut Pinot. Un habituel avant-propos du podium final où ces hommes iront saluer la foule et graver leurs noms dans l’éternité du Tour de France.

    La patrouille de France salue le peloton sur les Champs

    Avant cela, restait à bien finir le travail. Avec un peu de retard sur l’horaire prévu, le peloton faisait son entrée dans Paris et déchainait l’hystérie. Vers 18h08, la formation Astana sortait de l’ombre du tunnel et déboulait au bout d’une rue de Rivoli, assaillie de toute part jusque sur les balcons où drapeaux et spectateurs avaient fleuri. « Les voilà ! Les voilà ! », s’écrie un supporter qui est venu, pour la première fois, voir une étape de la Grande Boucle depuis le bord de la route. Une douce frénésie, résultante logique d’une intense attente, agite le trottoir comme une mer ondulant sous l’effet de la brise vigoureuse d’Eole. La masse formée par les coureurs s’avance et passe telle une bourrasque sous les cris énamourés. Si tout le monde est encouragé, Thibaut Pinot et son maillot blanc ont droit à plus d’attentions comme les autres coureurs tricolores que le peuple français souhaite remercier pour les émotions procurées au long de ces trois semaines de courses. Au passage sur la ligne, la patrouille de France y va de son salut déchirant le ciel pour le peindre en bleu, en blanc et en rouge. La fête du cyclisme français et de ses héros se doit être belle. L’instant est furtif, éphémère mais intense. Surtout, il va se répéter (sauf le passage des avions) car la beauté de cette dernière étape veut que les coureurs arpentent à 8 reprises le parcours parisiens. « C’est quand même un grand moment », souffle Adrien Petit dans L’Equipe. Une douceur que certains vont savourer en s’offrant une dernière offensive à l’image de Sylvain Chavanel, premier attaquant, ou du vénérable Jens Voigt qui faisait probablement ses adieux au Tour de France à 42 ans.

    Cheng Jie en triomphe

    Cheng Jie concède un tour

    L’arrivée sur le circuit parisien marquait également la reprise des choses sérieuses. Triompher au bas de la plus belle avenue du monde est un privilège rare qu’aucun sprinteur ne veut snober. L’allure s’est durcit et les spectateurs voient passer les coureurs comme des éclairs. La tension grimpe et manque de réduire à néant les efforts de Jean-Christophe Peraud qui chute place de la Concorde. Un frisson parcoure le peuple français qui entreprend de se froisser les cordes vocales pour accompagner le contre-la-montre par équipe dans lequel s’est lancé la formation AG2R La Mondiale pour ramener le deuxième du général dans le peloton. Tout rentra rapidement dans l’ordre pour les Français, à la différence du pauvre Cheng Jie. Déjà dernier du classement général, l’unique représentant de l’Empire du Milieu allait honorer contre sa volonté son statut de lanterne rouge. Touché suite à une chute, le coureur de la Giant était rapidement décramponner du peloton. Isolé devant la voiture balai, le Chinois se battait et recevait les encouragements vigoureux et attentionnés des fans. S’il était seul sur son engin de torture à deux roues, il ne l’était pas vraiment dans ces rues parisiennes d’habitude si peu hospitalières avec ceux qui traînent leur peine. Tenace, Cheng Jie mit un point d’honneur à devenir le premier chinois à boucler la Grande Boucle en 111 ans d’histoire, non sans concéder (fait rarissime) un tour au reste d’un peloton qu’allait régler, au sprint, Marcel Kittel…son coéquipier chez la Giant-Shimano. Loin des lauriers et de la gloire de l’Allemand, le porteur d’eau chinois avait gagné sa course, celle menant aux cœurs et ravissant l’histoire.

    Les maillots distinctifs 2014

    C’en était terminé de ce Tour 2014. Pas tout à fait terminé finalement puisque la foule entamait une dernière marche vers le bas des Champs-Elysées où se tenait l’éternelle cérémonie protocolaire. La musique du Tour retentissait alors avant que Daniel Mangeas n’entonne, pour la dernière fois de sa carrière riche de 40 années et plus de 870 étapes, le nom des grands héros de cette 101ème édition : Nibali qui entouré de Jean-Christophe Peraud et Thibault Pinot savourait le chaleureux hymne italien. Les deux Français allaient également revenir sur l’estrade le premier avec toute sa formation pour le classement par équipe, le second (deux fois) en blanc pour les Jeunes et les maillots distinctifs. « C'est toujours trop court ! », s'exclamme un spectateur vêtu d'un maillot à pois. « Je resterai bien assis là. On est bien », rétorque un autre observant depuis les Tuileries la cérémonie protocolaire. Cependant, toutes les bonnes ont une fin, le Tour de France également. Le rendez-vous de juillet se refermait et Paris allait être rendu à lui-même par cette foule vibrante et énamourée emplie de souvenirs et de rêves qui attend déjà impatiemment l’année prochaine pour revenir en ce lieu de tradition, de partage et d’histoire.

    Christopher Buet


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