• Le genou de Tessa Worley vient de céder

    Mardi matin, Tessa Worley s'est rompue le ligament croisé antérieur du genou droit lors du slalom géant de Courchevel. Saison terminée, la Française a dit adieu aux Jeux Olympiques de Sotchi.

    Worley perd le contrôleA quoi ça tient ? Rien du tout. Un appui, un genou qui vrille, un ligament qui éclate, une bande de 7 minuscules millimètres de diamètre reliant le fémur au tibia qui se déchire. En une fraction de seconde, Tessa Worley a vu sa saison basculer dans le malheur le plus absolu. « Elle a mal au genou », lâche Benjamin Melquiond, le responsable de l'équipe de France qui peine à cacher son inquiétude. Quelques minutes plus tôt, la championne du monde de slalom géant venait de s'effondrer dans un virage de la première manche du slalom de Courchevel. Partie en déséquilibre, la tricolore tentait de se redresser, forçait sur ses appuis mais finissait par céder et glissait dans les panneaux publicitaires bordant la piste alpestre.

    Le rêve olympique s'évanouit

    Les images ne pouvaient alors trahir la réalité. Allongée sur ce manteau blanc, scintillant sous le soleil de décembre, Worley, le visage soudain voilé par les affres d’une douleur aigue, se tenait le genou. Elle ne repartirait pas et finirait le tracé dans une civière tirée par trois soigneurs. Là, les yeux rougis et le regard empli de détresse, la skieuse du Grand Bornand comprenait que tout venait de basculer, que sa saison, qui commençait à virer au radieux après son succès étincelant deux jours plus tôt dans la station suisse de Saint-Moritz, venait de s'achever et que le rideau venait de s'abaisser sur la scène olympique où elle rêvait d'une représentation dorée.

    Les sacrifices, les efforts, les espoirs, tout ce qu'elle avait enduré, tout ce qu'elle avait programmé depuis des mois s'en était La détresse de Tessa Worleyallé. « Quand j'ai vu sa grimace, quand je l'ai vu se tenir le genou droit, je n'ai eu aucun doute », indique Cristel Pascal, ancienne skieuse, qui ne connaît que trop bien le mal dont souffre Tessa Worley pour avoir vécu une blessure similaire à quelques encablures du rendez-vous olympique en 2006. « C’est la blessure du ski », note le responsable de la commission médicale de la Fédération Française de Ski, Pierre Chambat. « On est un peu toutes passées par là, le dos, les épaules, les genoux », confirme sa compatriote Anémone Marmottan.« C'est toujours rageant. Tout part en une que trop bien la seconde », témoigne Marion Rolland, championne du monde en titre elle aussi (mais en descente, ndlr) et également victime d'une blessure identique en septembre.

    « C’est une guerrière »

    Deux mois avant le début des Jeux Olympiques de Sotchi, il est évident que le timing de cette blessure n’a rien d’idéal. « Il n’y a jamais de bons moments pour se blesser, Jeux ou pas Jeux », remarque Jean-Baptiste Grange, dont le genou s’était lui aussi dérobé en décembre 2009 dans la dernière ligne droite menant vers Vancouver.

    Worley s'effondre en larmesSi un certain fatalisme se ressent, le skieur de Valloire trouve, quand même, des raisons d’espérer. « C’est presque mieux que ça arrive quand tu es au sommet. Parce que tu as le niveau (…) Elle va revenir sans problème », prophétise-t-il. Un avis partagé par Marion Rolland. « Il y aura du positif, justement, à retirer de cette situation (…) C’est une guerrière, elle arrivera très bien à traverser cette épreuve », assure-t-elle. En conférence de presse, la championne du monde 2013 de slalom géant refusait déjà de céder à l’abattement. « J’ai envie de revenir à mon meilleur niveau, voire plus forte » avançait la skieuse avec son éternel sourire, avant d’ajouter « La saison 2014-2015 est encore loin, ça me laisse du temps pour revenir en bonne santé ». Et penser à la défense de sa couronne mondiale à Beaver Creek aux Etats-Unis.

    A 24 ans, Tessa Worley sait que l’avenir lui appartient et que d’autres conquêtes lui sont promises. En attendant, c’est loin des pistes, loin de Sotchi et ses Jeux Olympiques qu’elle va devoir se reconstruire et panser ses plaies. « La seule chose qu’elle a à faire, c’est se soigner et accepter de passer à côté du rendez-vous olympique (…) C’est un petit deuil », conclut Cristel Pascal. Mourir pour mieux renaître, s’effondrer pour mieux se relever et s’élever contre l’adversité.

    Christopher Buet


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  • Le Bayren Munich s'amuse

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  • Le Bayren Munich s'amuse

    La phase de groupes de la Ligue des Champions vient de rendre son verdict et sans surprise, tous les favoris se sont qualifiés.

    Le PSG s'affirmeTout ça pour ça… Quarante-huit matches, 32 équipes et 3 mois et demi de compétition pour en arriver à ce constat terrible que cette première phase de la Ligue des Champions n’aura servi à rien, si ce n’est à conforter l’idée que l’Europe du football tourne en rond et se morfond dans un système guidé avant tout par l’intérêt pécunier plutôt que sportif. Et comment vendre un produit comme la plus prestigieuse des compétitions européennes si ce n’est en réunissant les meilleures formations du continent et en leur assurant un joli billet, première classe grand luxe avec tout le confort qui convient.

    Comme chaque année, les dirigeants de l’UEFA avaient convié, fin août, les familles européennes à leur grande réunion annuelle, ce point de passage obligé qu’est le tirage au sort de la phase de groupes de la Ligue des Champions. Protection des uns, protections des autres, sans sourciller, tout le monde a pris acte de la sentence, clémente comme toujours si ce n’est pour le traditionnel « groupe de la mort » concernant cette saison Arsenal, Dortmund, Naples et Marseille. Derrière les réserves d’usage voulant qu’il n’existe pas de petites équipes, les géants du continent qu’il soit bavarois, catalan, madrilène, mancunien ou londonien se donnaient tous rendez-vous pour le vrai début de la compétition européenne fin février.

    La Vieille Dame piégéeLa Juventus prend froid

    Et ça n’a pas loupé. Faisons l’appel.  Le Bayern Munich, tenant du titre : reçu avec mention. Le Borussia Dortmund, finaliste : laborieux mais ça passe. Le FC Barcelone et le Real Madrid, demi-finalistes : comme à la parade. Atletico Madrid et Manchester City : forces tranquilles. Arsenal et Chelsea : sans soucis… Inutile de continuer à égrener une liste où le seul véritable absent s’appelle la Juventus Turin.

    Double championne d’Italie, l’équipe d’Antonio Conte a endossé le traditionnel costume du favori piégé, celui qu’on ne s’attendait pas à voir disparaître si tôt. Placée dans le groupe B, la Vieille Dame s’est adroitement sabordée. Renforcée à l’intersaison par Carlos Tevez et Fernando Llorente, le champion transalpin aurait dû composter son billet pour les 8èmes de finale de la C1 sans trop de difficultés, eu égard à ses adversaires directs que sont Galatasaray et Copenhague, en compagnie du Real Madrid. Paradoxalement, la Juventus s’en sortit avec les honneurs contre les madrilènes ne s’inclinant qu’au match aller au Santiago Bernabeu (1-2) avant d’obtenir le nul à domicile, mais perdu ses illusions en ne parvenant à dominer qu’une fois les Danois et surtout en échouant à battre les Turcs. Et c’est sous la neige d’Istanbul que les Bianconnero finirent par baisser pavillon, terrassés par Sneijder (0-1). Exception faite du champion de Serie A, les favoris ont assuré et les second couteaux attendus ont répondu présent.

    Cour de privilégiée

    C’est même un doux euphémisme. Durant cette phase de poule, dont l’intérêt réside peut-être dans l’usure des organismes,Cristiano ronaldo survole les débats les places fortes du football européen ont littéralement écrabouillé leurs adversaires. Lors de leurs 3 premières rencontres, le Bayern Munich, le Real Madrid et le Paris Saint-Germain ont inscrit respectivement 11, 12 et 12 buts, soit pratiquement 4 buts de moyenne. A lui seul, le club merengue a même fait trembler les filets presque autant de fois que la Juventus, Galatasaray et Copenhague réuni (20 buts dont 9 pour le seul Cristiano Ronaldo, un record, contre 21), quand le l’Atletico Madrid se payait le luxe d’en avoir inscrit plus que ses camarades de jeu du Groupe G (15 contre 14). Plus que jamais, cette saison a marqué un vrai fossé entre une élite intouchable et des poursuivants essoufflés.

    Un écart qui chaque année se reflète inlassablement dans le miroir européen et dont la tendance suggère même un creusement. Aussi était-il nécessaire de s’infliger pareil cirque et engorger un calendrier désespérément surchargé. À ce rythme, plus qu’une lassitude, c’est bien un épuisement irrémédiable qui pointe face à la vacuité toujours plus avérée d’un système où les « gros » n’ont rien à craindre entre protection du tirage et protection de la répétition (difficile de renverser une montagne 6 fois en poule plutôt que 2 fois en éliminatoire). En attendant, personne ou presque ne manque au grand appel de la sirène UEFA. Tout ce joli petit monde sera comme prévu au rendez-vous de février pour ces huitièmes de finale, officieux point de départ de la saison européenne.

    Christopher Buet


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