Pour près de 9 secondes, Christopher Froome s'adjuge le contre-la-montre entre Embrun et Chroges. Il devance Alberto Contador, son nouveau dauphin au classement général.

Parti en dernière position, Christopher Froome a évité l'orage pour remporter le contre-la-montre de cette 17e étape entre Embrun et Chorges. Le Britannique a pris le meilleur sur Alberto Contador pour 9 secondes et a remporté, ce mercredi, son troisième succès dans ce Tour de France 2013. Le podium est complété par Joaquim Rodriguez (Katusha) à 10 secondes. 

On nous avait promis un chrono dantesque, l’un des plus difficiles de ces dernières années » à en croire le directeur de course adjoint Jean-François Pécheux, et on l’a eu. Si la pluie a finalement laissé tranquille les favoris, ces derniers se sont livrés une belle empoignade. Sur le parcours somptueux et vallonné dessiné par les organisateurs et reprenant celui du triathlon d’Embrun, c’est Christopher Froome qui a su tirer son épingle du jeu. En retard aux deux points de contrôle intermédiaire, le maillot jaune a respecté son plan de route, à savoir « ne pas prendre de risques inconsidérés » dixit son directeur sportif Nicolas Portal, et a fait la différence dans la dernière descente vers Chorges. En puissance, le Britannique a prouvé, encore un peu plus, qu’il est bel et bien l’homme fort de ce Tour de France. Déjà deuxième lors du chrono tout plat du mont-Saint-Michel, il a remporté son premier succès dans l’exercice sur la Grande Boucle et assommé une concurrence déjà claudiquante.

Contador s’accroche, Mollema s’effondre

Derrière lui, la concurrence a connu des fortunes diverses. Très en jambes la veille où il avait placé trois accélérations franches dans le col de Manse, Alberto Contador n’a craqué face à Froome que dans le final. « Froome a vraiment une forme exceptionnelle. On a fait tout ce qu’on a pu », reconnaissait à l’arrivée le double vainqueur du Tour de France. Deuxième de l’étape, el Pistolero a réalisé, néanmoins, une belle opération au général, en fusillant Bauke Mollema, relégué à 2 minutes, en récupérant le fauteuil de dauphin de Froome à 4'34''.

Le Néerlandais n’a pas réussi une bonne performance. Emprunté, il a même manqué de peu de chuter à quelques encablures de l’arrivée, sortant trop large d’un virage et atterrissant dans les balustrades. Le coureur de la Belkin a d’ailleurs perdu plus que sa deuxième place au général puisqu’il n’est plus sur le podium, mercredi soir. La faute à la performance de Roman Kreuziguer, coéquipier de Contador chez Saxo-Tinkoff.

Faisant jeu égal avec son leader depuis le départ de Corse, le coureur Tchèque s’est hissé à la 4e place du jour. Le vainqueur de la dernière Amstel Gold Race a parfaitement apprivoisé le parcours alpestre pour n’échouer qu’à 23 secondes du vainqueur du jour. Juste devant lui, on retrouve Joaquim Rodriguez. A 34 ans, le puncheur espagnol de la Katusha a montré qu’il avait d’excellentes sensations en ce début de troisième semaine. Après avoir dynamité la course vers Gap avec ses coéquipiers, il s’est distingué sur les hauteurs du lac de Serre-Ponçon. Attaquant fort dès les premières rampes de Puy-Sanières, Purito est passé en tête à tous les intermédiaires avant les passages de Contador et Froome.

Quintana s’en tire bien, Andy Schleck revit

« Le tracé correspond beaucoup plus au profil de Nairo que celui de mercredi dernier, en plaine et à presque cinquante-cinq à l'heure. Avec deux petites montées mais très sinueuses pour un contre-la-montre, ce sera plus facile ». Eusebio Unzue, le manager général de la Movistar, ne pensait pas si bien dire. En difficulté sur le parcours roulant du Mont-Saint-Michel (54^ème à 3’28 de Tony Martin et 3’16 de Froome), l’aigle de Boyaca a pu librement s’exprimer sur les pentes menant à Chorges.

Parti prudemment, il a plus que limité les dégâts et montré que les Colombiens savaient également rouler. A l’arrivée, il ne concède qu’une minute et onze secondes au « Kényan Blanc ». A l’aube de l’étape reine de cette centième édition, Quintana est 5^ème du général à 6’58’’, prêt à fondre sur l’Alpe d’Huez.

Il en est un autre que les 21 lacets de la mythique ascension font rêver : Andy Schleck. En perdition sur les pentes du Ventoux, le Luxembourgeois a semblé revivre, ce mercredi. Goûtant que peu à l’effort solitaire, le leader de la RadioShack-Leopard a donné une belle impression. Fluide lorsque la route s’élevait et agressif dans ses trajectoires, le cadet des frères Schleck s’est offert une probante 15^ème place à Chorges à 2’27 du vainqueur. « C’est un parcours très dur qui m’avantageait », a sobrement commenté le Luxembourgeois qui lorgne déjà sur l’étape de jeudi, dont le profil lui sied à merveille avec une succession de cols (6 cols) et une arrivée au sommet. Largué au général, il pourrait tenter un coup vers l’Alpe d’Huez.

Journée galère pour Jean-Christophe Péraud

De son côté, Jean-Christophe Péraud a vécu une journée cataclysmique au bord du lac de Serre-Ponçon. Le premier français au général s’attendait à vivre « quelque chose de dur » mais certainement pas à ce point. Lors de la reconnaissance du parcours dans la matinée, le leader de l’équipe AG2R La Mondiale a chuté dans le bas de la descente de la côte de Puy-Sanières et s’est donné un trait de fracture à la clavicule droite.

Malgré la douleur, le vice-champion olympique de VTT en 2008 a refusé d’abandonner et s’est élancé d’Embrun comme prévu aux alentours de 16h. Son courage n’a toutefois pas été récompensé. A deux kilomètres de l’arrivée à Chorges, le tricolore a glissé sur une portion de route encore détrempée, retombant sur son épaule endolorie. Meurtri, il n’est pas remonté sur son vélo et s’est glissé avec peine dans la voiture de son directeur sportif. Neuvième du classement général avant cette 17^e étape, Péraud quitte le Tour de France.

Christopher Buet