• Maîtresses artificières

    Un relais doré
    Grâce à une flamboyante Floria Guei, le relais 4x400 m féminin tricolore s’est offert l’or en devançant d’un rien l’Ukraine et la Grande-Bretagne. Les Bleues rapportent ainsi le 9e titre européen à la France dans ces Championnats d’Europe de Zurich.

    Hurtis les a guidées

    Il est des souffrances que l’on aime endurer, des sacres que l’on aime faire attendre. En cette après-midi zurichoise ensoleillée, l’équipe de France féminine de relais s’est plu à jouer avec ses nerfs et ceux de ses supporters en délivrant un spectacle haut en couleurs conclu par un final brûlant aux effets pyrotechniques saisissants. Une performance crispante toutefois car fichtre que la mèche a été longue à se consumer avant l’explosion infernale de nos sprinteuses. Allumée par la finaliste de l’épreuve individuelle Marie Gayot, la flamme tricolore brûlait vigoureusement sous l’action de la vétérane Muriel Hurtis. Pour sa dernière course sous le maillot de l’équipe de France, la championne d’Europe 2002 du 200 m prouvait qu’à 35 ans, elle avait encore des jambes taillée pour le haut niveau. Au prix d’un tour de grande qualité, elle maintenait la France dans les premières positions, à la bagarre pour le podium en compagnie de l’Ukraine, la Grande-Bretagne et la Russie. Vint alors le relais d’Agnès Raharolahy. Du haut de ses 22 ans, elle ne vacillait pas malgré la pression de sa première finale internationale. Sans cesse à la bagarre, la native d’Alençon se laissait toutefois piéger à l’heure de transmettre le témoin à sa partenaire et dernière relayeuse Floria Guei.

    Le fantôme de Marc Racquil

    Raharolahy transmet dans le trafic à Guei

    Prise en tenaille, Raharolahy voyait sa transmission contester par des adversaires plus malignes, le prix de l’expérience, et obligeait Guei à naviguer  parmi le trafic des coureuses agglutinées à la corde. Un chassé-croisé estival qui condamnait les rêves tricolores. Pendant que la Nantaise slalomait, la Russe, la Britannique et l’Ukrainienne avaient pris la poudre d’escampette et une dizaine de mètres d’avance. Un écart trop conséquent à cet instant de la course. Les rêves de podium venaient de s’évanouir. Du moins, c’est ce que tout le monde croyait car la flamme de l’espoir scintillait encore dans les cœurs français. Aussi à l’amorce du virage à 200 m de l’arrivée, Guei déclenchait le brasier, embrasant l’inouï. Allongeant la foulée, accélérant le rythme de ses foulées, elle effaçait peu à peu les mètres la séparant du trio de tête. Alors le fantôme de Marc Raquil apparût. Comme son célèbre aîné qui avait marqué à jamais les esprits en effectuant une remontée ahurissante de la 8ème à la 3ème place, synonyme de bronze lors du 400 m des Championnats du Monde de 2003 à Paris, Guei débouchait dans la dernière ligne droite à quelques encablures de ses rivales. Grignotant encore et toujours, elle se décalait sur l’extérieur et dévorait une Renzhina à bout de souffle à 30 m du but.

    Floria Guei triomphe au bout de la ligne

    Restait alors deux filles devant elle. Légèrement en tête, Zemlyak plafonnait pour l’Ukraine et voyait fondre Adeoye et son maillot britannique. Toutefois en cette après-midi, rien ne pouvait éteindre la flamme tricolore et stopper la course folle de Floria Guei. Portée par ses copines, elle enflammait la piste et coupait la ligne en 3’24’’27 soufflant ainsi la ligne la première place (5 centièmes devant l’Ukraine et 7 devant la Grande-Bretagne, ndlr). L’impensable venait de survenir sous les applaudissements et les hurlements du public suisse. Comme possédée, Floria Guei venait de réaliser le tour de piste de sa jeune carrière, peut-être celui de sa vie d’athlète. Un finish flamboyant pour s’octroyer le droit de fondre le plus précieux des métaux et se parer d’or, le 9ème du clan tricolore à Zurich.

    La joie et les larmes

    Encore sous le choc de son effort, la Nantaise ne réalisait pas d’emblée ce qu’il venait d’arriver. Se tournant vers ses camarades, elle écarquillait les yeux. « On a gagné ? », semblait-elle interroger du regard. Raharolahy vint alors l’enlacer avant qu’elle ne tombe dans les bras de la « matriarche » du relais féminin, l’immense Muriel Hurtis. Là, les larmes se mirent à couler sur les joues de l’une et de l’autre. Une étreinte touchante et lumineuse entre des jeunes femmes allées au bout d’elles-mêmes pour toucher à la félicité. À 35 ans, Hurtis ne pouvait rêver plus beau cadeau d’adieu. « Je ne regrette pas d’avoir attendu un an de plus pour arrêter ma carrière sur une médaille d’or aux Europes. C’est un bonheur de finir ainsi avec les filles », savourait la doyenne du relais bleu. La retenue et les larmes laissaient rapidement place à l’allégresse, celle d’une équipe qui a su croire en elle et forcer son destin pour se propulser dans l’éternité du palmarès européen. Sur le podium, Gayot, Hurtis, Raharolahy et Guei savouraient cette délicieuse Marseillaise, une petite breloque aux doux reflets dorés pendant autour de leurs cous. Les voilà reines du tour de piste sur le Vieux Continent et ça valait fichtrement le coup d’attendre.

    Revivez ici, le relais de Floria Guei et le sacre de l'équipe de France :

    Christopher Buet


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