• Maître Djokovic

    Djokovic maître pour la troisième fois

    Invincible depuis septembre, Novak Djokovic a étrillé un Rafael Nadal impuissant en finale du Masters de Londres (6-3 6-4, en 1h37). Le Serbe rejoint Boris Becker et John McEnroe au palmarès du tournoi avec 3 victoires.

    « Maître Djokovic sur sa ligne de fond visser tenait dans sa raquette le trophée du Masters. Maître Nadal par le prestige allécher, lui tint à peu près ce langage : « Sans mentir, si votre jeu se rapporte à votre forme, vous êtes le Héros des hôtes de cette fin de saison. » A ces mots, le Serbe ne se sent pas de joie et pour rendre sa belle copie, il enchaîne coup droits déstabilisant et revers meurtriers. Si l’affrontement entre Novak Djokovic et Rafael Nadal a tout de la célèbre fable écrite par Jean de la Fontaine en 1668, il n’en partage pas la fin et encore moins la morale. Car Djokovic n’a déjà que trop vendangé face à un Espagnol qui n’use jamais de roublardise mais abuse parfois des ronds de jambes.

    Djokovic déroule« J’ai changé des petites choses »

    Quoiqu’il en soit, l’Aigle de Belgrade et le Taureau de Manacor promettait au public londonien une opposition féroce, un combat des chefs, une ultime explication entre les deux hommes forts de cette saison 2013. C’est pourtant un spectacle bien moins réjouissant qu’ils allaient proposer. La faute à un Serbe en lévitation et à un Majorquin trop emprunté pour espérer renverser son adversaire comme en demi-finale de Roland-Garros ou en finale de Flushing Meadows. Deux défaites qui ont marqué un Djokovic revenchard mais serein. « Je m’en suis remis. Depuis l’US Open, je n’ai pas perdu un seul match, et je l’ai battu en finale de pékin en deux sets. J’ai changé des petites choses dans mon jeu qui m’ont permis de gagner contre lui. Je les utiliserai encore… », insistait-il avant la rencontre. Il est vrai que depuis sa lourde déculotté new-yorkaise, Novak Djokovic n’est plus le même. Si l’on croyait que cet échec le minerait et marquerait sa fin de saison, le Serbe s’en est servi, au contraire, pour repartir plus fort. Et son début de match n’était que l’illustration parfaite de l’état d’excellence dans lequel évolue le n°2 mondial depuis septembre.

    Imperméable à la pression, le tenant du titre ne se laissait pas impressionner par l’éternelle bestialité d’avant match de son adversaire. Bien campé sur sa ligne de fond, il distribuait le jeu avec une facilité déconcertante. Acceptant l’échange, il fixait progressivement Nadal et finissait par le punir grâce notamment à ce meurtrier revers long de ligne, arme qu’il avait économisée depuis le début du Masters. Moins performant au service que d’habitude, Nadal concédait une première fois son engagement et était rapidement mené 3-0, balle de break à son encontre.

    Nadal à l'agonieA toi, à moi

    Ce fut à cet instant précis que le Taureau de Manacor décida de répliquer. Sauvant dans un premier temps sa mise en jeu, il chahutait son dauphin au classement mondial et le faisait céder son avantage avant de revenir à hauteur (3-3). Le public londonien croyait la finale enfin lancée mais il se trompait lourdement. La réaction du n°1 mondial n’alla pas plus loin. Un sursaut éphémère comme un éclair dans la nuit noire et automnale qui enveloppait la capitale britannique. Car ce Nadal n’avait rien à voir avec celui qui était responsable de l’un des plus grands come-back de la décennie avec 17 tournois disputés pour 14 finales et 10 titres entre février et novembre, de Vina del Mar à Londres. Moins à l’aise que la veille contre Roger Federer, le neveu de Toni semblait lent, manquant de précision tant dans ses coups que dans son jeu de jambes.

    Or ne pas être parfait contre un joueur de la trempe de Novak Djokovic se paye et se paye très cher. Sans s’affoler, l’élève de Marian Vajda reprenait le contrôle des débats. Sur le jeu suivant, il accélérait et conquérait l’engagement si friable de l’Espagnol. Nadal ne répondait plus et concédait logiquement le premier set (6-3).

    La mise à mort

    Djokovic venait de s’envoler et plus rien ne le ferait redescendre sur le court, fusse-t-il un temps dessus en cette finale. Comme pour asseoir définitivement sa supériorité, il étouffait son ancien bourreau  dès l’entame, à 1-1, de la seconde manche, s’emparant pour la troisième fois de sa mise en jeu. Tout allait trop vite pour le Majorquin qui voyait dès lors les jeux défilés. Les balles adverses s’abattait de son côté du court comme la grêle dans un champ agricole. En total contrôleDjokovic accélère, le Serbe se permettait de laisser filer deux balles de 5-2, entretenant un infinitésimal espoir. Mais le clan ibérique avait déjà compris que rien ne sauverait son protégé. S’il sauva 2 balles de match, la première sur son service et la seconde sur l’engagement serbe, il devait s’avouer vaincu sur la troisième. A l’image de son match, Nadal était trahi par son coup droit qui filait en dehors des limites du court (ndlr : 21ème faute directe).

    Novak Djokovic pouvait exulter. En survolant la finale, il conservait son titre acquis l’an passé contre Roger Federer, s’adjugeait son 3ème Masters (44ème en carrière) rejoignant ainsi Boris Becker et John McEnroe au rang des triples lauréats. Plus encore qu’une 22ème victoire consécutive, avec cette démonstration, Djokovic envoyait un message fort à son meilleur adversaire Rafael Nadal. Après avoir subi la loi majorquine, il confirmait avoir retrouvé les clés du jeu espagnol comme en 2011 quand il avait enchaîné 7 succès face à son rival dont deux sur terre battue (Madrid et Rome). A l’instar de Maître Corbeau, l’Aigle de Belgrade est bien perché sur le sommet de son arbre ATP et s’apprête à fondre sur le saladier d’Argent de la Coupe Davis qui l’attend dans son nid de la Beogradsk Arena.

    Christopher Buet


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