• Le brasier de Melbourne

    Caroline Wozniacki avec son gilet réfrigéré et sa serviette de glace

    Open d'Australie logo

    Après seulement deux jours de compétitions, une chaleur écrasante s’est abattue sur l’Open d’Australie, rendant les conditions de jeu critiques pour les joueurs. Et ce n’est qu’un début…

    « I’m on the highway to hell », dit la chanson du groupe AC/DC. S’ils ne sont pas sur l’autoroute de l’enfer, les joueurs et les joueuses disputant l’Open d’Australie ont cru se trouver sur les courts ardents du royaume d’Hadès. Dès 11 heures du matin, le thermomètre affichait déjà un chiffre hallucinant de 36° quand Victoria Azarenka pénétrait sur la Rod Laver Arena pour entamer la défense de son titre face à la Suédoise Johanna Larsson. « Il faut s'adapter, c'est comme ça », a simplement déclaré la Biélorusse qui sait de quoi elle parle pour s’être effondrée en 2010 lors de l’US Open sous une chaleur voisine (41°, ndlr).

    Azarenka reste de glace

    Un court et des cendres

    S’adapter est une chose mais le sens commun en est une autre. Car si Azarenka a su faire fi des conditions pour se débarrasser non sans difficulté de sa modeste adversaire en 2 manches mais 1h46 de jeu, ils sont nombreux à ne pas avoir eu sa chance d’être programmé en matinée et à avoir souffert plus que de raison de la touffeur australienne. « Il faisait très sec, vraiment très chaud, comme si le soleil piquait », témoignait Roger Federer qui a refusé de s’asseoir lors d’un changement de côté, invoquant que sa chaise était trop chaude (les protections ne sont dépliées que lorsque les joueurs s’assoient, ndlr).

    Entré sur le court au plus fort de la canicule, Jo-Wilfried Tsonga lui a eu « l’impression de marcher sur des cendres. Ça brûle la peau, ça ramollit, on a l’impression qu’on ne court pas vite. Ca ramollit aussi le plastique de nos chaussures donc sur les changements de direction, on n’est pas très réactif parce que la chaussure se plie. »

    « C’est définitivement dangereux »

    Dancevic choit sous la chaleur

    En plus de détériorer la qualité du spectacle proposé,  ces conditions climatiques infernales mettent en danger l’intégrité physique des athlètes. « Je crois que c'est définitivement dangereux d'être sur le terrain par une telle chaleur », assure Frank Dancevic qui s’est allongé dans l'un des coins du court avant de perdre connaissance quelques instants. « On lui parlait et il ne réagissait pas », s’est inquiété son adversaire Benoît Paire. Ce dernier, qui s’est finalement qualifié en 3 sets va dans le sens du Canadien. « N'est-ce pas un peu dangereux ? », interroge-t-il avant de livrer une réponse sans détour : « On nous envoie un peu à l'abattoir. » Son cas n'est d'ailleurs pas isolé. Ainsi, la Chinoise Shuai Peng, huitième de finaliste en 2011, a été prise de violentes crampes et de vomissements face à la japonaise Kurumi Nara, quand un ramasseur de balle s'est évanouie sur un autre court. « Je ne sais pas si c'est très sûr. Il faut faire très attention de nos jours [...] Il y a déjà eu des problèmes dans d'autres sports avec des joueurs qui ont eu des attaques cardiaques », réagissait l’écossais Andy Murray, facile vainqueur de Go Saeda (6-3 6-1 6-1).

    « Dans le 2e set, j'ai vraiment senti la chaleur s'abattre, quand j'ai posé ma bouteille par terre et que le plastique a commencé à fondre un peu au fond », attestait Caroline Wozniacki. « J'avais mal à la tête, envie de vomir, ce n'est pas humain de jouer dans ces conditions. Le médecin m'a conseillé d'arrêter, mais j'ai préféré continuer car je pensais que les matches allaient être interrompus. Ce n'est pas du tennis, c'est Koh-Lanta ! », s’est emportée Kristina Mladenovic, vaincue tant par le soleil brûlant de Melbourne que par la suissesse Voegle (5-7 5-7).

    La direction ne s’émeut pas

    Alors que les défaillances se multipliaient à mesure que le thermomètre grimpait (il a atteint 43° au plus dur de la journée, ndlr), la direction du tournoi est restée stoïque. A l’issue de la journée, l’arbitre du tournoi Wayne McKewena défendu son choix de ne suspendre les matchs à l'extérieur et de ne pas déployer le toit des deux arénas. « Bien que les conditions étaient chaudes et inconfortables, le taux relativement bas d'humidité a permis d'assurer que les conditions ne se détériorent jamais au point où il aurait été nécessaire d'invoquer la politique de chaleur extrême », a-t-il invoqué. 

    Shuai Peng en perdition

    Une décision incompréhensible pour Dancevic qui n’a pas caché sa colère. « J'ai joué des matchs en cinq sets toute ma vie et être à la ramasse après un set et demi et être victime d'un coup de chaud, ce n'est pas normal », a-t-il réagi.

    Pour Alizé Cornet, qui aura été épargnée profitant de l’abandon de Polona Hercog dès le premier jeu, il devient urgent de mieux encadrer ce genre d’événement. « Quand vous ouvrez le four, vous avez cet air qui vous vient dans le visage. Ici, c'est exactement la même chose. C'est presque mettre en danger les joueurs que de les faire jouer par un tel temps. Ce sont des conditions extrêmes. Il faudrait mettre une température limite pour ne pas prendre trop de risques sur le court », tente Alizé Cornet. « Ils ont beau avoir tous ces joueurs qui ont eu plein de problèmes et qui se plaignent auprès du tournoi qu'il fait trop chaud pour jouer, ils se contentent seulement de continuer et de programmer des matchs dans cette fournaise, jusqu'à ce que quelqu'un meure », conclu un Dancevic passablement énervé.

    Alors que les coulisses de Melbourne Park grondent de plus en plus fort, la chaleur, elle, n’entend pas se taire et devrait poursuivre son étouffante étreinte jusqu’en fin de semaine. Une mauvaise nouvelle qui pourrait mettre le feu au braiser de Melbourne et raviver les braises du débat sur le calendrier du tennis mondial.

    Christopher Buet


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