• La loi du centimètre par Isinbayeva

    A Stockholm, Yelena Isinbayeva a renoué avec les sommets en franchissant 5.01m, établissant par la même un nouveau record du monde en salle.

    Un centimètre comme une signature. Comme le légendaire perchiste ukrainien Sergueï Bubka, Yelena Isinbayeva a repris la loi du centimètre pour porter toujours plus les limites de la perche mondiale. Centimètre par centimètre, record après record, voilà le credo de cette championne d’exception.

    Hier lors du meeting de Stocholm, Isinbayeva faisait presque figure d’anonyme. Tout le monde regardait ailleurs et attendait l’affrontement entre Lui Xiang, le Chinois champion olympique 2004, et le Cubain Dayron Roblès, le Cubain champion olympique 2008. Mais le spectacle n’était pas sur la piste devant les haies où de bataille, il n’y eut pas, Lui Xiang réalisant un faux départ grossier et laissant toute latitude à son rival qui l’emportait aisément en 7’’66 ; il était au centre de la salle dans le couloir menant au sautoir.

    Il flottait comme un air de déjà vu, une mélodie familière qui n’avait toutefois plus été jouée depuis maintenant quelques années. En cette soirée suédoise, la fanfare russe avait fait son grand retour pour accueillir le retour aux affaires de sa « Tsarine ». Regard bleu acier, Yelena Isinbayeva s’est présenté comme en ses heures glorieuses déterminé, sûre de sa force. Une à une, elle écarta ses adversaires parmi lesquelles la polonaise Rogowska, championne du monde en titre. Dès 7.72, l’affaire était entendue. Le temps pour elle d’assommer le concours d’un saut immense à 4,92m et revoilà la « Tsarine » seul face à elle-même, seule face à l’histoire. Car voilà longtemps que la plus grande perchiste de tous les temps n’est plus en lutte avec les autres filles de sa discipline mais bien avec l’histoire d’un sport qu’elle a façonné à son image, délicieux mélange entre la froideur soviétique et l’exubérance européenne. Concours gagné, Yelena ne s’est pas déconcentrée. Pour elle, le concours venait à peine de commencer, quand toutes les autres l’observaient ou étaient déjà parties à la douche. La solitude du champion.

    Une Tsarine ne meurt jamais

    Dans une arène de Stockholm à moitié remplie, la double championne olympique en titre demanda 5.01, soit un centimètre de mieux que son précédent record établi trois auparavant déjà, en 2009 à Donetsk (UKR). L’élève d’Evgeniy Trofimov s’élançait pour son premier essai mais échouait. Un saut de réglage. Quelques minutes plus tard, le temps se suspendu dans la salle suédoise. Au bout de la piste dans sa tenue noire, Yelena empoignait sa perche et entamait sa course dans un étrange silence. Course d’élan maitrisée et équilibrée, la Russe plantait sa perche dans le butoir et s’envolait. L’impulsion était parfaite, les jambes passaient la barre avec aisance suivi par le reste du corps de l’athlète. Une clameur se fit entendre. Yelena Isinbayeva pouvait crier et lever les bras. « Je suis si heureuse de retrouver un si haut niveau. J’en ai rêvé ! » confia-t-elle au micro de TV4 après être allé embrassé son coach. Avec ce saut réussi, elle établit un nouveau record du monde (son 13ème en salle, le 28ème de sa carrière), améliorant sa propre marque et devenant la première femme à franchir une barre supérieure à 5m en salle.

    A 29 ans, Yelana Isinbayeva est redevenue la « Tsarine » qu’elle avait toujours été mais que beaucoup avait enterré. Après 3 ans de galère, de désillusion (aucune barre franchie à Berlin lors des Mondiaux 2009), de coupure (en 2010) et de reconstruction (2011), la « Tsarine » est de retour et entend bien poursuivre son règne le plus longtemps possible. En ce 23 février 2012, une grande dame de l’athlétisme nous a été rendue, alors rendons lui grâce.

    Christopher Buet


    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :