• La maîtresse de cristal

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  • La maîtresse de cristal

    Entre la victoire en Super G de Lindsey Vonn qui poursuit sa moisson de cristal légendaire et la bataille à rebondissements du général opposant Fenninger à Maze, ces finales à Méribel offrent un spectacle fascinant.

    Difficile de faire plus beau cadre que celui des Alpes Françaises baigné par un soleil radieux et une jolie douceur. Si on chipotait, peut-être aurait-on apprécié une neige un peu plus ferme, moins printanière mais qu’importent les conditions de cet hiver crépusculaire, le spectacle, lui, ne cesse de prolonger son zénith. En effet, ces jeunes femmes répondent présentes pour ses finales de l’Alpin. Sur fond d’indécision de cristal, les reines du ski mondial de Lindsey Vonn à Tina Maze sans oublier Anna Fenninger ont décidé de se livrer bataille sans réserves. Un affrontement qui pour le moment sourit à la belle américaine.

    La légende de cristal de Vonn

    Déjà victorieuse la veille en descente, récupérant de fait « SON » petit globe de cristal de la spécialité, bien qu’elle confisque depuis 2007 et qu’elle n’avait que prêté l’hiver dernier en raison de ses blessures au genou, Lindsey Vonn se rêvait réalisant le doublé lors de l’ultime épreuve de vitesse de la saison. Une dernière victoire comme pour asseoir définitivement son retour et raflé au passage un second globe scintillant. Pour y parvenir, elle devait donc réussir ce dernier Super G et composer avec la pression d’Anna Fenninger, ogresse de cette fin d’hiver pointé à 8 minuscules points au classement général de la spécialité. Car l’Autrichienne, partie avec son dossard 15, ne se faisait pas prier. En retrait la veille (8ème) à cause de douleurs au genou qui l’avaient privé d’entraînement, l’élégante skieuse de Hallein dévalait la piste de Méribel avec d’autres certitudes et beaucoup d’engagement. Sublime sur le haut du tracé, elle coupait l’arrivée en 1’08’’19, reléguant la concurrence à 71 centièmes ! Un gouffre qui disait tout de la performance autrichienne.

    Dans la neige, Lindsey Vonn exulteAffublée du dossard 19, Lindsey Vonn avait pu apprécier devant un petit moniteur la manche pleine de sa rivale. « En prenant le départ, je savais que Anna (Fenninger) était en tête. Je n'avais donc pas à réfléchir, juste à la battre pour espérer le Globe. Et cette situation me plaît bien: ne penser à rien et n'avoir pas d'autre option que d'aller le plus vite possible. À bloc », relatait la fille de Saint-Paul. Du haut de ses 30 ans, elle s’élançait donc dans la pente française, prête à défier encore une fois ce Roc de Fer et l’histoire. Un peu plus d’une minute d’effort et de concentration où la moindre retenue pouvait s’avérer fatale. « J’ai attaqué comme si je n’avais rien à perdre », expliquait Vonn. Faisant jeu égale avec Fenninger sur le haut, elle faillit tout perdre dans ce final où elle skia « à la limite » et marqua un gros appui au sortir du saut. Plus de peur que de mal pour la maîtresse de la vitesse, l’héroïne américaine qui, dans combinaison blanche aux manches roses,  faisait la différence dans les dernières portes. Avec 49 centièmes d’avance sur l’Autrichienne, Vonn pouvait se laisser tomber dans la neige et savourer son triomphe. Avec sa 67ème victoire en Coupe du monde, l’Américaine s’autorisait à soulever le petit globe de cristal du Super G, son 5ème dans la spécialité, le 15ème de sa carrière. Ce nombre se porte même à 19 si on y ajoute les 4 Gros Globe de Cristal de vainqueur du classement général de la Coupe du Monde. « Ce Globe du super-G a une saveur particulière. J'égale Ingemar Stenmark et c'est une immense fierté de rejoindre une telle légende », appréciait la lauréate du jour qui lorgne avec toujours plus d’insistance le record absolu de victoires (86) détenu par le Suédois.

    Suspense toujours entier pour le Général

    La mou de FenningerFaute de victoire et de petit globe, Anna Fenninger se contentera d’avoir réussi à devancé Tina Maze au final. Partie juste derrière Vonn, la Slovène a été secouée et n’a jamais vraiment été dans le match avec l’Américaine et l’Autrichienne. Epuisée par une saison qui n’en finit plus, la championne olympique de descente a donc limité les dégâts comme elle a pu en s’invitant sur la troisième marche du podium. Un accessit qui permet de conserver le suspense. Revenue à seulement 12 points après la descente, Maze se voit repousser à 32 petites unités ce jeudi avant le début des épreuves techniques ce week-end. Bien malin qui saurait prédire l’issue de ce duel exceptionnel que se livre les deux femmes cet hiver. Spectatrice privilégiée, Lindsey Vonn ne se hasardait à aucun pronostic. « Je n'ai pas de favorite entre Anna et Tina. Je suis juste très excitée, comme tout le monde, de savoir comment ça va se finir. C'est le slalom, samedi, et la performance de Tina (Maze) fera la différence à mon avis avant la grande explication entre les deux en géant dimanche. » Les deux brunes n’ont pas fini de croiser les skis à Méribel, sur les rampes de ce Roc de Fer frémissant et vibrant devant ce feuilleton captivant.

    Loin de ces « Super G(irls) » multipliant les exploits, la station Française a salué l’une de ses championnes. A 29 ans, Marie Jay Marchand-Arvier chaussait ses skis pour la toute dernière fois. Médaillée d’argent du Super G en 2009 à Val d’Isère, elle ne se sentait plus capable de lutter avec les meilleures et n’avait plus la motivation pour consentir les efforts du haut niveau. « Ce sont de belles émotions que je suis très heureuse de vivre. Je pensais être capable de me battre mieux que ça pour ma dernière (19ème et dernière de la course, ndlr), mais je n'ai pas réussi à surmonter tous mes démons. C'était un peu trop dur. Je n'ai pas la confiance pour aller chercher autre chose. Mais c'est un détail aujourd'hui. Je suis contente de pouvoir remercier tout le monde, tous ceux qui m'ont accompagnée dans les bons moments, comme les moins bons. Je suis heureuse aussi de ranger les grands skis », concluait-elle. Après Marion Rolland, c’est donc une autre taulière de la vitesse française qui s’arrête. Un nouveau cycle commence.

    Christopher Buet


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  • Dorin-Habert file vers l'or

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  • Marie-Dorin sur le toit du monde

    Dans la tempête finlandaise à Kontiolahti, Marie Dorin-Habert a écrit la plus page de sa carrière. A 28 ans, la Française a su dompté les éléments pour remporter le sprint et devenir championne du monde. Elle succède à Sylvie Bécart, dernière française titrée en 2003.

    Il lui fallait peut-être ça : deux ans de galère entre blessures et grossesse, un retour en forme au meilleur des moments et des conditions climatiques cataclysmiques. Il lui fallait sûrement tout ça, ce décorum en plein cœur d’une forêt finlandaise, ce déluge de neige, ce florilège de balles perdues pour enfin briller. Dans la nuit scandinave, Marie Dorin-Habert a surgit à toute vitesse dans un sprint au long cours pour devenir championne du monde. L’éveil d’une étoile au sourire éclatant qui n’avait jamais encore jamais eu l’opportunité de briller. En effet, jamais Marie Dorin-Habert n’avait connu les joies de la victoire en Coupe du Monde, jamais elle n’avait goûté la saveur si particulière d’une médaille mondiale en individuel, tout juste avait-elle apprécié le bronze olympique du sprint de Vancouver. Une incongruité à laquelle l’une des meilleures biathlètes tricolores de ses dernières années devait remédier. Plus encore que la victoire, c’est la manière avec laquelle elle est allée la chercher qui ravit.

    Aussi rapide que Domracheva et Makarainen

    Dorin-Habert file vers l'orAprès sa performance très remarquée dans le relais mixte inaugural de jeudi, tout le monde se disait que la Lyonnaise avait sa carte à jouer. Chez nos confrères de L’Equipe, on s’interrogeait justement : « Marie Dorin est-elle plus forte que jamais ? » Une chose est sûre, elle allait devoir l’être, forte, pour vaincre la météo désastreuses de ce samedi. Alors que les garçons avaient du composer avec un vent fort, les filles s’élançaient dans un tourbillon flocons avec une visibilité réduite. Pas de quoi effrayer la jeune maman qui confirmait l’impression du relais mixte. D’emblée, elle partait fort au point de faire le match avec Domracheva et Makarainen. Un bon indicateur mais c’était sur le pas de tir que la breloque allait se jouer. Sans se poser de questions, Dorin-Habert réalisait un sans-faute au couché quand Makarainen se liquéfiait (3 tours de pénalités au couché, 5 au total et une 35ème place finale à 2’20). Le debout était du même acabit et si elle lâchait une balle, c’était toujours mieux que les 4 égarées par Domracheva (finalement 25ème à 1’58) ou les 3 de Soukalova (18ème à 1’40).

    Du jamais vu depuis 12 ans

    Le podium du sprint dominée par MarieSeule l’étonnante polonaise Nowakowska restait encore en travers de sa route au prix d’un renversant 10/10, le seul du jour ! En tête pour 10’’ au sortir du debout, cette dernière n’allait pas tenir la distance sur les spatules et voir son petit pécule fondre comme la neige salée de la piste. Car personne ne pouvait résister à cette Marie Dorin-Habert si précise, si rapide (6ème temps de ski derrière les meilleures fondeuses du circuit Dahlmeier, Makarainen et autres Domracheva). Telle une étoile filante déchirant le ciel clair de la nuit, la Française filait sur la piste, la rage chevillée au corps. Cette victoire était la sienne, celle de son combat, celle de sa fille, celle de son retour au tout premier plan. Au bout d’une dernière ligne droite d’effort devant le nombreux public finlandais, la Française se paraît de l’éclat de l’or. Une performance inédite pour une tricolore depuis 12 ans et le titre, en sprint déjà, de Sylvie Bécart à Khanty-Mansïik. Le podium était finalement complété par Nowakowska (9’’6) et l’ukrainienne Valj Semerenko (+19’’6).

    Les autres françaises en revanche ont été emportées par la tempête. Du haut de ses 18 ans, Justine Braisaz termine à une honorable 34ème place, juste devant Makarainen, et surtout le 8ème temps de ski (5 fautes au tir). Avec 4 fautes au tir, Coline Varcin, qui avait remplacé au débotée Enora Latulière malade, doit se contenter de la 42ème position. Grosse déconvenue, en revanche, pour Anaïs Bescond. Cinquième du sprint olympique à Sochi en février 2014, elle termine 56ème à 3’04 de Dorin-Habert.

    Christopher Buet


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