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    C’est quoi ? Sport confidentiel car peu médiatisé et peu pratiqué dans l’Hexagone, le water-polo est un sport qui jouit d’une grande popularité dans certains pays d’Europe de l’Est comme la Hongrie, la Serbie ou la Croatie, ou d’Europe du Sud  l’Italie ou l’Espagne. Véritable institution dans ces pays, le water-polo y est respecté et considéré. Codifié en 1876 par les Britanniques, le water-polo se rapproche du handball dans la mesure où chaque équipe se compose de 7 joueurs, en comptant le gardien. Dans le jeu, les similitudes perdurent également puisqu’on retrouve cette organisation en arc de cercle autour de la cage adverse et cette relation arrière-pointe (ou pivot en handball). Contrairement au handball, chaque possession est limitée. Ainsi une équipe en possession du ballon à 30 secondes pour inscrire un but sous peine de voir le ballon rendu à l’adversaire. Chaque match dure 32 minutes, divisé en 4 quarts temps de 8 minutes chacun.

    Rétro 2008 : La passe de trois des Magyars. L’évidence. A Pékin c’est une forme de fatalité qui a accompagné le tournoi olympique de water-polo. Une fatalité voulant qu’à la fin se soit irrémédiablement la Hongrie qui l’emporte. Se présentant avec une équipe quasi inchangée depuis 2000 et double tenante du titre, les Magyars ont régné sur un tournoi où seul le Monténégro sera parvenu à l’accrocher, la contraignant au nul en poule (10-10) avant de céder 11-9 en demi-finale. Cet écueil surmonté, les Hongrois allaient tranquillement disposer de leur adversaire en finale, s’imposant 14-10 face aux Etats-Unis. Déjà vainqueur à Sydney (2000) et à Athènes (2004), la Hongrie réalisait la passe de trois. Un exploit prouvant, si cela n’était pas entendu, que le water-polo est une affaire hongroise (ndlr : la Hongrie compte 9 titres olympiques au total et pas moins de 15 médailles)

    La Star : Filip Filipovic, l’aigle de Belgrade. A 25 ans, ce Serbe incarne le présent du water-polo mondial. Du haut de son mètre quatre-vingt dix et sous une toise d’un quintal (100 kg), il se pose comme un athlète redoutable. Efficace devant le but, il ne compte pas moins de 260 buts en sélections national pour à peine 190 sélections. Il faut dire que le jeune homme n’a pas chaumé. D’une grande précocité, il intègre l’équipe nationale alors qu’il n’a que 16 ans. Cette même année, en 2003, il décroche l’or européen avec ce qui était encore la Serbie-Monténégro. Le début d’une grande histoire auréolée de succès avec son pays, avec lequel il remportera toutes les compétitions (Europe, Monde, Ligue Mondiale, Jeux Méditerranéens) à l’exception des Jeux Olympiques.FF Mais avant de se distinguer sous les couleurs Serbe, c’est bien en club qu’il gagne ses galons et se fait une réputation et notamment avec le VK Partisan, son club formateur. Après des débuts poussifs, il remporta trois championnats de Serbie consécutifs (2007, 2008, 2009). A l’issue de la saison 2009, il décide de quitter son cocon serbe et de tenter l’aventure à l’étranger. Il est alors transféré pour la somme record de 100 000 euros au Pro Recco en Italie. Cette année 2009 est celle de tous les succès pour Filipovic puisqu’après avoir brillé avec son club du VK, il s’illustre lors des Mondiaux de Rome où il remporte l’or avec la Serbie et finit meilleur marqueur de la compétition. En fin d’année, il sera d’ailleurs désigné meilleur joueur de l’année. Un honneur qu’il connaitra de nouveau, l’année dernière, où cette fois c’est la FINA (Fédération Internationale de Natation Amateur) qui le sacrera poloïste de l’année. En 2012, le natif de Belgrade poursuit son ascension irrésistible vers les sommets. En effet, en janvier, il est l’un des fers de lance de la Serbie championne d’Europe à Eindhoven (HOL) avant de remporter avec son club la Ligue Adriatique, compétition où les italiens étaient invités pour la toute première fois. Auréolé de succès, Filip Filipovic est l’un des piliers du water-polo actuel et se présente à Londres avec une ambition, surclassé la concurrence et porter la Serbie vers ce titre de champion olympique qui lui échappe encore.

    Le match : La Serbie conquérante face à la Hongrie vieillissante. C’est à un choc des générations auquel il faudra s’attendre du côté de Londres cet été. En effet, la Hongrie triple championne olympique en titre remet sa couronne en jeu. Pour tenter un inédit quadruplé, elle s’appuiera comme toujours sur sa vieille garde (Kasas, Benedek, Szecsi, Biros ou Molnar). Mais cette fois, la formation magyare a trouvé à qui parler en la personne de la Serbie. Il faut dire que depuis quelques années, cette dernière écrase littéralement la piscine du water-polo mondial. Portée par Filip Filipovic, meilleur joueur de l’année 2011, la Serbie a annoncé la couleur dès janvier en reportant le titre européen aux dépends du Monténégro. Plus que ce titre, elle est également vice-championne du monde, vainqueur de la Coupe du Monde 2010 et double tenante du titre de la Ligue Mondiale. Jeune et ambitieuse, la Serbie de Dejan Udovicic semble prête à renverser l’immortelle Hongrie. Ironie du sort, les deux formations ont été placées dans le même groupe lors de la première phase du tournoi olympique. Un groupe où figurent également les Américains. Ces derniers avaient, en 2008, stoppés l’aventure Serbe en demi-finale avant d’échouer en finale face aux Hongrois.

    Bon à savoir : Pour la petite histoire, on trouve trace du water-polo dès la Rome Antique. Populaire parmi les légionnaires, qui le propagèrent dans l’ensemble de l’Empire, il était pratiqué généralement dans les thermes.

    Le chiffre : 3. C’est le nombre de titres olympiques que compte Tamás Kásás, l’une des légendes du water-polo hongrois et considéré comme le meilleur défenseur de l’histoire de ce sport. Ils ne sont que 11 à avoir réussi cet exploit.

    L’Histoire : Le « Bain de sang de Melbourne ». Un nom funeste pour une histoire qui l’est tout autant. Comme souvent sport et politique se lient pour donner lieu à des évènements forts et souvent tragiques. Ce jour d’hiver 1956, les Jeux Olympiques de Melbourne, voit se disputer la demi-finale du tournoi de water-polo. Dans la piscine, la Hongrie affronte l’URSS. L’ambiance est lourde, pesante dans un contexte politique 

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    tendue pour ne pas dire irrespirable. En effet, un mois plus tôt, la Hongrie avait tenté de s’insurger contre le pouvoir de Moscou. Une révolte réprimée dans le sang par les chars de l’Armée rouge (25 000 morts). Dans l’eau, la Hongrie domine aisément son adversaire et mène par 4 buts à 0. Il ne reste qu’une minute quand ce match insoutenable vire au drame par la stupidité de Valentin Prokopov. Le soviétique assène un coup de tête au Hongrois Ervin Zador. Une bagarre générale éclate. Toute la frustration d’un peuple ressurgit et les Hongrois, soutenus par un public australien totalement acquis à sa cause, massacrent les Soviétiques dans une eau rougie par l’intensité de l’affrontement. C’est finalement la police qui est obligée d’intervenir pour éviter le lynchage de l’équipe soviétique. Les esprits « calmés », l’arbitre désigne la Hongrie vainqueur (ndlr : elle remportera quelques jours plus tard, le titre olympique face à la Yougoslavie). Cet épisode devenu légendaire dans le monde du water-polo amena cette réflexion de la part d’Ervin Zador, juste après le match : « Nous pensions que nous ne jouions pas seulement pour nous-mêmes mais pour tous les Hongrois. Ce match était la seule manière de nous battre. » Parfois, le sport est un peu plus que du sport.

    Christopher Buet


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