• Tour de France : Christophe Riblon libère le clan tricolore

    Christophe Riblon

    Trois ans après sa seule victoire sur le Tour de France à Ax 3 Domaines, Christophe Riblon remporte le plus beau succès de sa carrière au sommet de l’Alpe d’Huez. Il est le premier français à s’imposer dans cette centième édition.

    Riblon s'envole vers la victoireIl ne reste que deux kilomètres et Christophe Riblon se démène sur sa scelle. Lâché en début d’ascension par Tejay Van Garderen, le coureur d’AG2R La Mondiale a refusé d’abandonner. Poussé par son directeur sportif, il trime et finit par grappiller un mètre puis deux. Les secondes séparant les deux hommes diminuent d’autant que les encouragements du public galvanisent le Français. Il reste moins de 3 kilomètres quand Riblon entraperçoit l’Américain qui peine de plus en plus. Appuyant plus fort encore sur les pédales, il rattrape le coureur BMC, se cale une fraction de seconde dans sa roue et accélère. Van Garderen ne peut suivre et regarde désespérément le Français s’envoler.

    Au courage, à la volonté, Christophe Riblon creuse l’écart et finit par déboucher en vue de la ligne d’arrivée. Incrédule, il exulte sur son vélo, serre le poing avant d’embrasser cette chaîne où sont inscrits le nom de sa fille, Emma et le surnom de sa femme, Lénou (pour Hélène). Son rituel effectué, il se prend la tête dans les mains et finit par lever les bras au ciel. Après 4h50 d’un effort intense, Riblon a vaincu la double ascension de l’Alpe d’Huez, là où on attendait les favoris pour le classement général. Surtout, il remporte le premier succès français dans ce Tour de France, son second sur la Grande Boucle après celui décroché, c’était aussi au sommet, à Ax 3 Domaines en 2010, il y a 3 ans jour pour jour.

    « Il fallait conjurer le sort »

    Parti dans l’échappée du jour, le natif de Tremblay-Lès-Gonesse en Seine-Saint-Denis a effectué l’ensemble de l’étape en Péraud à terretête. S’il a failli chuter dans la terrible descente de Sarenne, loupant un virage et finissant sur un tapis herbeux, le coureur de 32 ans a vu son abnégation récompensé. « Quand on se bat, qu’on travaille, on finit par être récompensée. Hier, on avait perdu JC (Jean-Christophe Péraud) et on s’est dit ce matin au briefing, qu’il fallait conjurer le sort », a réagi à l’arrivée l’homme du jour. Ce sort dont il parle, c’est celui qui avait frappé sa formation lors de la première semaine. Dès la 6ème étape, l’équipe de Vincent Lavenue perdait Maxime Bouet. Pris dans la chute de Marseille qui a également coûté sa place à Nacer Bouhanni, le puncheur de Belley s’est fracturé le radius (avant-bras) et a du renoncer.

    Le sort, c’est cette journée de cauchemar qu’a vécu son leader Jean-Christophe Péraud, mardi, à l’occasion du contre-la-montre. Après une chute lors de la reconnaissance matinale du parcours, l’ancien vététiste est tombé à deux kilomètres de l’arrivée jugée à Chorges, sur cette clavicule où était apparue un trait de fracture. Neuvième du général, Péraud n’allait pas remonter sur le vélo et disparaissait du Tour, alors qu’il allait finir premier français à Paris.

    Problème récurent au dos

    Riblon à Ax 3 Domaines en 2010Cette victoire de prestige est également une belle récompense pour un coureur que son physique n’a pas ménagé ses derniers mois. Après avoir mis un terme prématuré à sa saison en 2012 et avoir retardé sa reprise cette année, Christophe Riblon a enchaîné les abandons (Classique Sud-Ardèche, Le Samyn, Classic Loire-Atlantique, Cholet-Pays de Loire, Tour du Finistère et Tro Bro Leon). « J’ai une hyperlordose (déformation de la colonne vertébrale, anormalement convexe vers l'arrière, ndlr). Mes muscles du dos sont en souffrance (…) Depuis un an et demi, ça me gêne », raconte-t-il à cyclisme-mag.

    Malgré ses ennuis le vice-champion du monde de la course aux points en 2008 s’accroche. « C'est un homme qui a un cœur énorme », explique sa femme Hélène au Parisien. Ses résultats s’améliorent et aux Quatre jours de Dunkerque, début mai, il réalise son premier top 20 de la saison. Une bonne performance puisqu’il n’était là que pour soutenir son leader Samuel Dumoulin. Loin du dénouement de ce mercredi au sommet des 21 virages de l’Alpe d’Huez, Riblon entretient la flamme. « Il y a ce Tour de France qui me tient à cœur », révèle-t-il.

    Tout se joue à Gap

    Riblon, deuxième, à GapCette centième édition de la Grande Boucle, il est bien au départ depuis Porto-Vecchio en Corse. Anonyme au sein du peloton, il attend son heure, cette échappée, la bonne échappée. Après deux semaines de course, il la croit arrivée quand il s’extirpe du peloton en compagnie de 26 coureurs. Mais à l’approche de Gap, Rui Alberto Costa fausse compagnie à tout le monde à la faveur des pentes du col de Manse. Riblon essaye de revenir et mène la chasse derrière le Portugais avec ses compatriotes Jeannesson et Coppel, en vain. « Deuxième, c'est la meilleure place que je pouvais faire aujourd'hui » reconnaissait l’ancien pistard mardi à l’arrivée.

    Coïncidence ou pas, c’est de Gap que s’est élancé l’étape du jour et par le col de Manse que le peloton a entamé sa route vers l’Alpe d’Huez. « Partir de loin était la seule option, je n'allais pas battre Froome dans la montée. J'avais à cœur d'être dans l'échappée. Lever les bras à l'Alpe d'Huez, c'est incroyable ! », a-t-il apprécié. Deux ans après Pierre Rolland, c’est un Français qui l’emporte au sommet de la mythique montée alpestre. Cette journée, c’était la sienne, celle du cyclisme tricolore.

    Christopher Buet


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