• Tir à l'arc (6/33)

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    C’est quoi ? Arme antique, l’arc était à l’origine uniquement utilisé pour chasser et faire la guerre. Ce n’est qu’à partir de l’Angleterre médiévale que le tir à l’arc devient un sport. Aujourd’hui pratiqué dans plus de 140 pays à travers le monde, cette discipline a connu un destin olympique compliqué. Introduit dès la deuxième édition des Jeux modernes en 1900 à paris, elle ne restera que 3 éditions avant d’être retiré du programme. Malgré un bref retour en 1920, le tir à l’arc ne fait sa réapparition qu’en 1972 à Munich pour ne plus jamais disparaître.

    Très prisé des pharaons de la 18ème dynastie (1567-1320 avant JC), le tir à l’arc est un sport extrêmement intense nécessitant une capacité de concentration exceptionnelle et une grande précision. Autre qualité primordial, la maitrise de ses émotions. En effet, cette discipline exige un mental à toute épreuve afin de garder son calme et de maitriser sa flèche.

    Aux Jeux Olympiques, les athlètes s’affrontent au cours de 4 épreuves, deux compétitions individuelles (hommes et femmes) ainsi que deux compétitions par équipe (hommes et femmes, les équipes étant composées de 3 archers). Ces dernières prennent la forme d’un tournoi à élimination directe opposant soit deux archers en individuel soit deux équipes. Ce tournoi est précédé d’une phase qualificative au cours de la laquelle l’ensemble des archers en lice tire 72 flèches par série de 6 (soit 6 passages). Le total des 72 flèches permet d’établir un classement nécessaire à l’édification du tableau final. Ainsi l’archer ayant finit premier rencontrera celui ayant terminé 64ème et ainsi de suite. En face à face, les archers (ou archères) s’affrontent au cours de 4 volées de 3 flèches. Celui ayant obtenu le plus grand total est qualifié pour le tour suivant, le perdant est éliminé. Il faut savoir que pour ces épreuves, la cible est placée à 70m.

    Rétro 2008 : L’hégémonie sud-coréenne contestée. On s’y était habitué. Depuis 1988, La Corée du Sud régnait en maitresse (presque) despotique sur le tir à l’arc mondial. Mais ces Jeux Olympiques de Pékin allaient mettre un terme à cette domination sans partage. Chez les filles, c’est la Chinoise Juan Juan Zhang qui va se charger d’éteindre, à lui tout seul, l’équipe de Corée du Sud. En effet, en quart de finale, elle écarte Joo Hyun-Jung (n°3) avant d’éliminer Yun OK Hee (n°2) en demi-finale, record olympique à la clé. Opposé à la tête de série n°1 la Sud-coréenne Park Sung-Hyun, Juan Juan Zhang ne se démonte et devant son public s’offre son troisième coréen du tournoi. Avec ce succès, Zhang met fin à 24 ans de domination sud-coréenne, pas un mince exploit. Chez les hommes, la surprise est venue de la déroute complète de l’équipe coréenne. Malgré la présence d’un de ses représentants en finale, Im Dong-Hyun (n°1) et Lee Chang-hwan disparurent dès les huitièmes de finale. Ne restait donc plus que Park Kyung-Mo (n°4). Au terme d’une finale ultra serrée, ce dernier n’a pu sauver l’honneur de sa patrie. A égalité après 11 flèches, tout s’est joué sur la 12ème et dernière flèche. Touchant le 10, Viktor Ruban mit la pression sur Park qui ne put faire mieux qu’un 9. Tête de série n°3, l’Ukrainien devenait champion olympique, offrant sa première médaille d’or à son pays dans la discipline.

    La star : Ki Bo Bae, la fraicheur du Matin Calme. C’est un fait, depuis 1988, le tir à l’arc et notamment chez les filles, est dominé de façon outrageuse par la Corée du Sud. Depuis les Jeux Olympiques de Séoul, jamais l’équipe féminine coréenne n’a été battue dans l’épreuve olympique. Et il semblerait que cette domination soit loin d’être terminée. Véritable école archère, la Corée du

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     Sud s’est octroyée le luxe de ne sélectionner aucune des filles ayant remporté l’Or à Pékin. Ni Park Sung-Hyun pourtant double championne olympique par équipe et vice-championne olympique individuel, ni Joo Hyun-Jung pourtant membre de l’équipe vainqueur des jeux d’Asie en 2010, ni Yun Ok-Hee, elle aussi membre de cette équipe et championne d’Asie en titre. C’est sur la troisième membre de l’équipe titrée à Guangzhou en 2010 que les espoirs coréens se concentrerons. Âgée de 24 ans, Ki Bo Bae est l’une des valeurs montantes du classique coréen. Arrivée en 2009 au sein de l’équipe nationale féminine, la jeune femme s’est distinguée dès 2008 par une victoire de prestige lors des Championnats du monde Universitaires de Shanghai où elle domina la compétition. Forte de cette entrée en matière réussi, elle dispute ses premiers mondiaux dès 2010 et se hisse sur le podium, décrochant une belle médaille de bronze. Si 2011 sera plus compliquée avec une 17ème place indigne de son nouveau statut mais un titre en double mixte ainsi qu’une troisième place par équipe, elle se met en évidence sur le circuit de Coupe du Monde en devenant en août numéro 1 mondiale d’arc classique avant de remporter trois médailles d’or aux Universiades et de terminer 3ème en individuel lors du test Event de Londres. Techniquement parfaite et dotée d’un mental à tout épreuve, la jeune archère de 24 ans se veut lucide et attend avec impatience le rendez-vous olympique, consciente que cette chance sera peut-être sa seule. « La saison hivernale en Corée a été difficile. Le programme était très chargé. Enfin, j’ai réussi à me qualifier pour l’équipe nationale et je me réjouis de cette saison. C’est peut-être ma dernière occasion de participer à des Jeux Olympiques… La concurrence est très rude en Corée; il y a tant de bonnes archères très proches les unes des autres. Je suis généralement très positive, alors j’essaierai de garder cet état d’esprit! » avoue-t-elle. Une déclaration en forme de promesse. A Londres, Ki Bo Bae vivra ses premiers Jeux Olympiques et tentera de porter haut les couleurs de son pays et les espoirs de tout un peuple pour qui une médaille autre que l’or sera une désillusion.

    La Française : Bérengère Schuh, la flèche bourguignonne. Faute de couverture médiatique, c’est à Pékin que nous avions quitté Bérengère Schuh et ses coéquipières, une médaille de bronze par équipe autour du coup décrochée aux dépends des Britanniques. Quatre ans plus tard, Bérengère n’est plus la petite nouvelle, la jeune archère bourrée de talent qu’elle était. Aujourd’hui et alors que Londres se profile, c’est en chef de file qu’elle se présente. Il est loin le temps où Bérengère dégainait son arc et ses flèches dans les salles du monde entier avec la fougue de sa jeunesse. Car c’est là, en salle, que Bérengère va se faire remarquer.

    Après des débuts à 13 ans, la Bourguignonne va faire de la salle son terrain de jeu et dominer les catégories de jeunes jusqu’à devenir en 1999 Championne d’Europe junior. Quatre ans plus tard, c’est aux mondiaux en salle élite qu’elle impressionne avec un titre en individuelle. A 18 ans, la jeune fille confirmait tout le talent entrevue un an auparavant quand elle avait décroché le bronze 

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    mondial avec l’équipe de France. Mais le tir à l’arc en salle n’est pas une discipline olympique, aussi, elle s’exerce en extérieur. Moins forte car moins à l’aise avec les conditions climatiques, elle parvient quand même à se qualifier pour les Jeux Olympiques d’Athènes. Eliminée dès le deuxième tour en individuel, elle finit au pied du podium avec l’équipe de France ; une première expérience guère satisfaisante mais motivante. Déçue, Bérengère persévère et gagne peu à peu en régularité. Ainsi en 2008, elle devient Championne d’Europe en extérieur et obtient un statut d’outsider pour les Jeux Olympiques à venir. L’espoir est devenu une valeur sûre. Seulement 10ème en individuel, elle se console par équipe où seulement battue par les intouchables coréennes elle se pare de bronze en compagnie de Sophie Dodemont et Virginie Arnold. Le début d’une nouvelle étape.

    En effet, au sortir des Jeux Olympiques, l’archère de 1m60 aux lunettes « potterienne » fait prendre un nouveau tournant à sa carrière et choisi de devenir professionnel. Loin de toute facétie. « Après Pékin, soit j’arrêtais, soit je passais pro. Toutes les années que nous passons au haut niveau ne valent rien aux yeux de l'Etat : tant que nous sommes athlètes, nous ne pouvons pas cotiser pour nos retraites. C'est comme si nous n'avions rien fait du tout », explique la médaillée de bronze par équipe aux Jeux de Pékin. « En 2008, j'avais 24 ans et je voulais préparer un minimum mon avenir avant de repartir pour une autre olympiade. » Cas rarissime dans son sport, Bérengère ne change pourtant pas fondamentalement son fonctionnement mais gagne en sérénité. S’entrainant toujours 2 fois par jour à raison de 6 jours par semaine à l’INSEP, la Bourguignonne poursuit sa progression jusqu’à atteindre à 26 ans, le quatrième rang mondial taquinant les indéboulonnables archères coréennes. Aujourd’hui retombée à la 6ème place, Bérengère Schuh est la référence tricolore de l’arc libre et entend bien étrennée fièrement son statut de Championne d’Europe par équipe décrochée en mai dernier avec ses camarades du côté de Londres ; Sur les bords de la Tamise, la native d’Auxerre aura à cœur de briller et de faire briller tout en poursuivant sa progression. Si Athènes avait été « chocolaté », si Pékin avait été « bronzé », pourquoi Londres ne serait pas « argenté ». A 28 ans, l’espoir est en tout cas permis. Œil pour œil…

    Le chiffre : 3 000. En 1583, la première compétition de tir à l’arc de l’histoire européenne a réuni, à Finsbury, près de Londres, plus de 3 000 archers venus de tout le royaume d’Angleterre. Il apparaît que des compétitions furent déjà organisées entre 1027 et 256 avant JC en Chine sous la dynastie des Zhou (prononcez chou).

    L’Histoire : Tradition quand tu nous tiens. A l’heure du sport professionnel et business, on a tendance à l’oublier mais les Jeux Olympiques sont une fête régie par le sport pour le sport où respire tradition, respect et dépassement de soi. Heureusement, il est des responsables du monde sportif qui n’oublie pas l’importance de ces valeurs séculaires. Ainsi en 2004, en organisant les épreuves de tir à l’arc là même où s’était déroulée les premier Jeux modernes de l’histoire en 1896 au Panathinaiko Stadium, Athènes a fait honneur à l’histoire olympique. Plus encore que ce petit clin d’œil à l’histoire, il faut savoir que ce stade a été construit sur les ruines d’une ancienne arène antique bâtie en 3269 avant JC. Une référence supplémentaire à la légende des jeux Olympiques qui virent le jour en Grèce Antique. Détail pour les uns, cette petite histoire revêt un sens particulier en cette époque d’oubli.

     

    Christopher Buet


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