• Central Arthur Ashe

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    Dans une saison qui a vu trois vainqueurs de Grand Chelem différents, l’US Open apparaît plus indécis que jamais. Si Nadal l’indestructible fait figure de favori, Djokovic, Murray, Federer et les autres artistes du circuit comptent bien briller sur la scène new-yorkaise.

    Les lumières sont encore pâles, l’ambiance encore feutrée. Si une certaine léthargie flotte encore, résidu d’une année de somnolence et d’attente interminables, déjà un frémissement parcourt les allées de Flushing Meadows et agite les entrailles de l’US Open. Comme chaque année alors que l’été vit son crépuscule, New York s’éveille et rallume les lumières pour distiller son inégalable show, grande parade du tennis mondial. Comme souvent ces dernières années, le central Arthur Ashe sera l’ultime scène du spectacle du Grand Chelem, au lieu de dramaturgie, d’illusions et de légende. L’an dernier, encore, il fut le théâtre de l’avènement d’Andy Murray, prince sans couronne enfin anobli, brisant ainsi 77 ans d’une odieuse malédiction frappant le tennis britannique.

    Rafael Nadal à CincinnatiCette saison encore, l’US Open entend réserver son spectacle habituel. Avec cinq joueurs, en activité, ayant déjà soulevé son trophée (Federer, Del Potro, Nadal, Djokovic, Murray), le Majeur américain laisse augurer de fabuleux numéro. Pourtant à l’heure où les spectateurs envahissent Flushing Meadows, c’est un air de corrida qui résonne et éclipse tout.

    Nadal, pour le Grand Chelem

    Cet assourdissant bruit de fond, c’est à Rafael Nadal qu’on le doit. Alors qu’on l’avait quitté claudiquant à Wimbledon, éconduit au premier tour par le modeste belge Steve Darics et le genou grinçant, l’Espagnol a effectué un retour des plus mémorables. Sur une surface dure qui ne lui plaît guère, il s’est montré, simplement, impitoyable. Revigoré par une longue pause de sept semaines au cours de laquelle il a pu reposer sa patte endolorie, le Taureau de Manacor n’a pas fait dans le détail. Chargeant comme un forcené, il a empalé tous les apprentis toréros qui tentèrent de le dompter. La première ruade frappa Montréal où personne ne fut en mesure de le stopper, pas même Novak Djokovic écorné en trois sets en demi-finale où le serveur fou Milos Raonic, porté par tout le peuple canadien. « Il m’a épaté par son retour. C’est inouï », s’enthousiasme Boris Becker dans la presse belge.

    Mais Rafael Nadal ne s’est pas arrêté à ce succès. Insatiable, il a marché sur Cincinnati avec la même autorité, dominant au passage son meilleur ennemi Roger Federer au terme de sets intenses et une autre gâchette facile évoluant à domicile John Isner en finale. Rapide, puissant et d’une redoutable précision, le Taureau de Manacor s’épanouit en Amérique du Nord et plus généralement sur cette terre cimentée. Depuis le début de l’année, l’animal n’y a jamais défailli en 16 combats. « Le fait que Rafa ait perdu rapidement à Wimbledon lui a permis de très bien se préparer à la saison nord-américaine sur dur. Personne n'a été capable de le battre cette année sur cette surface. Il a réussi à bien jouer ses coups, à repousser sesRafael Nadal victorieux à montréal et Cincinnati adversaires derrière leur ligne et à jouer le bon coup au bon moment. Il est, sans aucun doute, l'indiscutable favori du dernier Grand Chelem de la saison », avance le britannique Greg Rusedski, finaliste de l’US Open en 1997. Favori, Nadal jouit d’un tableau ardu avec un premier tour compliqué face au local Ryan Harrison, 20 ans et accrocheur. Derrière, il faudra certainement ramener à l’ordre la surprise du tournoi de Montréal Vasek Pospisil, en  huitièmes Isner l’attendra certainement, avant un quart contre Federer. Et si l’ogre de l’ocre, se repaissait en cette fin 2013 d’un peu de ciment new-yorkais, dont il n’a goûté qu’une fois en 2010. En cas de succès, l’homme aux 9 titres en 13 tournois cette saison redeviendrait n°1 mondial.

    Murray, têtu et couronné

    Mais avant de brandir le trophée, Nadal devra se débarrasser d’adversaires coriaces, à l’image d’Andy Murray. Le nouveau maître des lieux ne semble pas tout à fait disposer à rendre les clés du central Arthur Ahse où il s’est accroupi l’an passé, accablé par le poids d’une histoire enfin soldée, pour fêter son premier triomphe en Grand Chelem à l’issue d’une finale marathon conclue après 4h54 d’une guerre d’usure avec  Novak Djokovic. Depuis, ce lundi de septembre 2012, tout a Andy-Murray US Open-2012changé dans le petit monde d’Andy Murray. Toujours entraîné par Ivan Lendl, l’Ecossais a remisé le perdant magnifique pour lui privilégier le tourmenteur paradant. S’il a échoué en finale (une 6ème fois) de l’Open d’Australie face à Novak Djokovic et s’il a déserté la Porte d’Auteuil pour soigner son dos, Murray a conquis le gazon, ce gazon londonien qui s’était refusé à lui en 2012. En juillet, Murray a régné chez lui, s’adjugeant le légendaire tournoi de Wimbledon 77 ans après un certain Fred Perry, dernier sujet de sa Royale Majesté à l’avoir offert le trophée au Royaume.

    Depuis ce succès, le double vainqueur en Grand Chelem n’a pas brillé. Avec un huitième de finale à Montréal et un quart de finale à Cincinnati, Murray n’a pas idéalement préparé la défense de son titre. Malgré cet été en demi-teinte, John McEnroe se veut confiant pour l’Ecossais. « D’une part il a déjà gagné ici, ce qui est magnifique. D’un autre côté, il a plus de pression sur les épaules pour réitérer cette performance. Et si nous ajoutons Wimbledon… Il sera prêt à défendre son titre à l'US Open », assure l’Américain. Et contrairement à Nadal, Murray dispose d’un tableau plus que clément. Opposé à Mickaël Llodra d’entrée, son chemin sera dégagé jusqu’en huitième de finale où il devrait retrouver Nicolas Almagro et son redoutable coup droit. Un muret au regard du mur métallique que devrait constituer Tomas Berdych au tour suivant, avant le rempart Djokovic en demi-finale pour le remake de la finale de l’an dernier.

    Djokovic à pas feutrés

    Depuis sa fulgurante ascension en 2011 grâce à son « cosmic tennis », Novak Djokovic n’a jamais semblé aussi en retrait Novak Djokovic arrive sans grande certitudequ’en cette fin de mois d’août. Après un début de saison tonitruant qui l’a vu épingler son 4ème Open d’Australie, le troisième de suite, le Serbe semblait parti pour imposer sa loi sur le circuit. Un sentiment renforcé par le fait que l’Aigle de Belgrade a plané sur Monte-Carlo, le premier Masters 1000 de la saison sur terre battue. Une victoire d’autant plus méritoire, qu’il a terrassé en finale celui qui avait fait du Rocher son territoire les 8 dernières années, Rafael Nadal. Le rapace serbe venait de frapper un grand coup. Le dernier de son année. Car depuis ce succès à domicile, Djokovic a échoué en demi-finale de Roland-Garros brisé par Nadal au terme d’une grande bataille devant un Philippe-Chatrier hystérique et en finale de Wimbledon, hors sujet face à Murray et sa cour.

    Lors de la tournée américaine, il n’a même pas atteint l’une des deux finales, Del Potro se chargeant de le stopper en quart au Canada et Murray en demi aux Etats-Unis. Ce n’est donc pas dans les meilleures conditions que le Serbe aborde cette dernière levée du Grand Chelem avec un menu copieux : Dimitrov au 3e tour, Paire au suivant et surtout la Tour de Tandil en quart comme juge de paix.

    Federer à CincinnatiFederer, entre interrogation et progrès

    Comme Djokovic, Federer arrive sans grandes certitudes, loin de là même. Humilié à Wimbledon au deuxième tour par Stakhovsky, un crime de lèse-majesté pour un joueur qui n’avait plus été sorti avant les quarts de finale en Majeur depuis Roland-Garros 2003, le Suisse a vécu un été catastrophique. Son séjour à Hambourg et Gstaad s’est soldé par deux défaites (ndlr : 6 matches en 4 tournois depuis son titre à Halle), un essai de raquette non concluant et de nouvelles douleurs au dos. Seul point positif, sa reprise réussie à Cincinnati. S’il s’est arrêté en quart de finale contre Nadal, il aura montré d’évidents progrès dans son jeu. Très offensif, il a même baladé le Majorquin durant la première manche. Malgré ça, Boris Becker ne croit pas en lui. « Je crains que cela ne soit très difficile. J’ai été surpris par sa défaite à Wimbledon. Il manque désormais quelque chose », explique l’Allemand. Un avis que ne partage pas Goran Ivanisevic. « C'est toujours facile d'annoncer Nadal ou Djokovic comme favori. Mais il y a toujours Roger. Ce court est fait pour lui. S'il a l'esprit à ça, il peut faire énormément de dégâts », prévient le vainqueur de Wimbledon 2001. Même si Federer a reculé au 7ème rang mondial, son plus mauvais classement depuis 2003, Sa Majesté a encore faim et surtout ne souffre plus du dos.  Sa chance réside également dans un tableau qui devrait lui permettre de monter en puissance avant d’affronter son meilleur ennemi Rafael Nadal en quart de finale. « Si je joue bien, je vaux mieux que 7e, alors à moi de le prouver. Je ne suis pas là pour participer, je suis là pour gagner », assure Federer. A trente-deux ans, la fenêtre de tir du Suisse se réduit considérablement.

    Gasquet bien seulDel Potro, l'outsider n°1

    Derrière les quatre solistes qui monopoliseront les premiers rôles, le Berdych mécanique et le concasseur argentin Del Potro feront figure de doublures plus que sérieuses. Le Tchèque a la voie dégagée et se retrouve dans le quart de tableau de Murray qu’il a brisé à Cincinnati. De son côté, Del Potro est en compagnie de Djokovic que son coup droit fracasse avec allégresse depuis plusieurs mois. La Tour de Tandil est proche de faire céder le Serbe en Grand Chelem. Après l’avoir poussé en cinq manches à Wimbledon, il pourrait y parvenir sur le ciment de New York, là où il était né au tennis en 2009, quand il avait assommé Federer, quintuple tenant du titre, en finale. Malgré son statut de n°4 mondial, Ferrer ne présente que très peu de garanti. Les surprises devraient plus venir d’un Milos Raonic, qui a pris d’assaut le filet derrières ses missiles au service, la patte Ljubicic, son nouveau coach. Attention également à un Jerzy Janowicz, dangereux avec son jeu atypique pour son gabarit ou John Isner. A domicile, le géant américain, finaliste à Cincinnati est en pleine forme, en confiance et sait que son jeu dérange ses adversaires.

    Côté français, on est loin de fanfaronner. Tsonga forfait (tendon rotulien), Simon aussi, c’est Richard Gasquet qui aura la charge de mener le contingent tricolore. Le tirage au sort s’est montré favorable sur le papier même si Raonic est attendu dès les huitièmes, avant Ferrer ou Janowicz. Derrière le Biterrois, le flou règne. Gaël Monfils veut assurer le show mais son physique couine encore, comme le prouve son abandon à Winston Salem pour des douleurs aux abdominaux. Le Parisien, dont la saison ne ressemble pas à grand-chose, pourra au moins compter sur le Richard Gasquet sera le porte étendard de la France à l'US Openpublic de Flushing Meadows qui adore ses inspirations et son sens du spectacle. Quid de Benoît Paire dont son entraîneur admet sans mal qu’il a encore du mal à le comprendre. Bourré de talents, l’Avignonnais est capable du meilleur comme du pire, gageons qu’il opte pour la sérénité menant au succès que la folie destructrice.

    En attendant que tout ce beau monde ne commence les représentations, la scène se fait une beauté. Les lumières se rallument, la musique recommence à inonder les coursives pour accueillir les fans. The US Open is ready, the show can begin.

    Christopher Buet


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  • Novak Djokovic et Andy Murray US Open 2012

    Après quatre finales de Grand Chelem perdues, Andy Murray a enfin brisé la malédiction en remportant l'US Open. 76 ans après, la Grande Bretagne tient enfin un successeur à Fred Perry.

    On s'attendait à une réaction plus expansive, à une explosion plus en adéquation avec l'attente consentie, mais il n'en fut rien. Tout est resté à l'intérieur contri comme s'il avait du mal à croire à ce qui venait de se passer. Il finit par lâcher sa raquette et s'accroupit, l'air hagard, perdu, contraste saisissant avec le déchaînement et l'hystérie qui s'était emparés des travées du massif Arthur Ashe. Une émotion sincère et si forte que Murray ne parvenait à réellement exprimer.

    Andy MurrayMais qu'importe. Plus que la joie, c'est un soulagement et une fierté que l'Ecossais partageait, celui d'avoir enfin inscrit son nom au palmarès d'un Majeur. « Dans le vestiaire, je me disais: si je perds cette finale ce sera la cinquième (en Grand Chelem) et personne ne l'a jamais fait. Je ne voulais pas être cette personne. Je me suis prouvé que je pouvais gagner un Grand Chelem en tenant près de cinq heures contre un des gars les plus costauds de l'histoire physiquement. » confiait-il. Car ce succès, Andy Murray est allé le chercher avec toute la force, la hargne et la passion qu'il a en lui. Comme souvent ces dernières années, la finale a donné lieu à un marathon infernal poussant les deux hommes dans leurs limites les plus profondes. Mais cette fois, Djokovic le multi récidiviste dur au mal, déjà auteur d'un coup de 5h53 à l'Open d'Australie, n'a pas fait plier un adversaire porté par quelque chose de plus grand que le tennis, par cette appelle de l'éternité.

    « C'était épuisant »

    Il aura fallu 4h54 de jeu, soit la deuxième finale la plus longue de l'histoire de Flushing Meadows (le record de 4h55 est détenu par Willander et Lendl en 1988), de combat contre ce Serbe, imprenable sur dur depuis près de deux ans en GrandNovak Djokovic à terre Chelem, contre ce sentiment d'impuissance et contre ce refrain que l'histoire se plaisait à lui susurrer avec une certaine malignité. L'enfant de Dunblane se mettait le premier en évidence, profitant de l'évidente gêne de Djokovic dont la précision et le jeu était malmené par les bourrasques de vent qui balayait le court central comme la veille. Plus précis et variant le jeu avec une régularité diabolique, usant de ses slices pervers tout autant que d'un coup droit enfin à la hauteur de sa qualité de main, le nouveau n°3 mondial, il sait qu'il détrône Nadal depuis sa victoire face à Berdych en demi-finale, s'imposait au tie-break dans la première manche après 1h27 et cinq balles de set. Dans la seconde manche, il recommençait. Si les points défilèrent très vite pour le voir mener 4-0, on crut le perdre par la suite manquant l'occasion de mener 5-1 et voyant Dojokovic recoller au score. Le Serbe allait toutefois payer son irrégularité et devait de nouveau s'incliner 7-5 cette fois. « C'était épuisant mentalement car à cause des conditions (vent), il fallait être concentré sur chaque point, la balle n'était pas facile à contrôler. Il y avait ça et le fait que j'étais face à un joueur (Novak Djokovic) qui n'avait pas perdu un match sur cette surface en Grand Chelem depuis deux ans. » analysait Murray.

    L'élève rejoint le maître

    L'Ecossais avait raison. Car mené deux sets à zéro, Nole revêtait ses habits d'empereur despotique. Retrouvant l'aisance et Novak Djokovicla précision de l'an passé, il faisait entrer cette finale, sommet tactique, dans une autre sphère. Il tenait mieux l'échange et finissait enfin par faire céder un Murray admirable d'abnégation qui depuis le début du match imposait chaque fois ce coup de plus au n°2 mondial. Mais contrairement à ce smash qui avait finit dans le couloir et offert un break à Murray dans le deuxième set, il ne laissait plus passer ses occasions. Résultats : retour à deux sets partout.

    On croyait alors que le vent avait changé de sens et soufflait en faveur du natif de Belgrade. Pourtant, ce dernier allait céder, abandonner par ses jambes et ce physique qui l'avait porté au pinacle. A court de gaz, il laissait filer Murray vers ce sacre tant attendu et espéré. « Je suis content de m'en être sorti car si j'avais perdu ce match en menant de deux sets, ça aurait été dur à avaler. C'était un mélange d'émotions, j'ai pleuré un peu sur le court. J'ai été plusieurs fois dans la position de gagner (un Grand Chelem) et là, on se demande: Est-ce ça va finir par arriver? Quand ça arrive, c'est de la joie et du soulagement mélangés. » s'étendait le Kim Searschampion olympique.

    Dans le box britannique, sa fiancée Kim Sears ne tenait plus en place, investit comme à son habitude. L'absolu opposé de son coach, l'impassible Ivan Lendl qui pourrait aussi bien faire la même tête un jour d'enterrement. Sous les yeux de Sean Connery ou encore Sir Alex Fergusson, soit deux figures du gotha écoassais, Andy Murray terminait le travail (6-2).

    Comme Lendl, il remportait son premier tournoi Majeur au terme de sa cinquième tentative. Mais plus que ce soulagement, que cet accomplissement, l'Ecossais se délestait d'un poids insupportable et mettait un terme à 76 ans de disette britannique dans le tennis masculin et offrait enfin un successeur au mythique Fred Perry dont le premier titre avait également été à l'US Open en 1933, étrange mimétisme de l'histoire. En s'offrant les lumières de New-York, Andy Murray a gagné son ticket dans la cour des Grands. Après l'or olympique, il devient un acteur Majeur du tennis mondial. Le prince des Highlands a enfin une couronne et elle est magnifique.

    Christopher Buet


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  • us open

    Depuis 2008, la finale de l'US Open a lieu le lundi. Une situation exceptionnelle qui tend à se transformer en habitude, au grand dam de tous.

    Claude François chantait : « Le lundi au soleil. On serait mieux dans l'odeur des foins. On aimerait mieux cueillir le raisin. Ou simplement ne rien faire. Le lundi au soleil. ». Les joueurs de l'US Open ont certainement du en faire leur hymne à force de devoir revenir sur le court le lundi.

    Il faut dire que cela commence à être une très mauvaise habitude que les Internationaux des États-Unis ont pris. Depuis cinq ans, le Majeur américain ne rendra pas son verdict comme tous ses camarades du Grand Chelem, le deuxième dimanche de la quinzaine mais bien le lundi. « Nous commençons à être très fatigués d’avoir une finale (messieurs) le lundi. », a indiqué le directeur du tournoi David Brewer en conférence de presse, samedi après l'annonce du report des finales. Pourtant, on a du mal à comprendre l'attitude résignée des organisateurs américains car si tempêtes comme avec Hanna en 2008, pluies et interruptions à tout va sont devenues monnaie courante sur les courts de Flushing Meadows, la programmation et l'organisation sont loin d'être exemptes de tout reproche.

    A la traine

    Alors que le tennis se modernise et voit ses tournois se doter de nouvelles installations toujours plus impressionnantes et pensées pour répondre à toutes les éventualités, l'US Open peine à se remettre en question. En effet, l'Open d'Australie a été le premier a effectué sa mue. Souvent dévalorisé, le rendez-vous du mois de janvier s'est offert un toit flambant neuf dès la fin du siècle dernier pour pallier aux grosses chaleurs. Si la Rod Laver Arena eut la première cet immense honneur, la Hisense Arena suivi, quand on attend d'ici 2015, un nouvel habillage au Margaret Court (un toit plus un agrandissement passant de 1 500 à 7 500 places pour 363 millions de dollars). Après l'Australie, ce fut au tour de Wimbledon de s'y résoudre. Temple de la tradition du tennis, berceau de la petite balle jaune, le Majeur Britannique s'est résolu à un peu de modernité avec cette couverture aérienne posée sur son enceinte en 2009. A présent, c'est au tour de Roland Garros de prévoir d'ici à 2017, un toit pour son court central Philippe Chatrier pour palier à ses intempéries toujours aussi fréquents même au mois de juin. Et du côté de l'US Open alors ? On refuse encore de sortir couvert. Les organisateurs ont prévu de rénover les infrastructures new-yorkaises d'ici à 2017, de construire une nouvelle enceinte de 15 000 places sur le site du Louis Armstrong, ainsi qu'un nouveau court de 8 000 spectateurs à la place du Grandstand, le tout pour un coût estimé à environ 500 millions de dollars (395 millions d'euros). Des courts, des rénovations mais pas la moindre trace d'un toit. La Fédération américaine de tennis (USTA) se justifie en arguant de la complexité de couvrir le démentiel Arthur Ashe et dans la coût déraisonnable que cela occasionnerait.

    Cette décision n'est pas sans agacer. Tomas Berdych, emporté par les bourrasques qui soufflèrent durant sa demi-finale face à Andy Murray, a milité pour l'installation d'un toit. « Dans ces conditions, c'était comme avoir un adversaire en plus (...) Je pense que notre sport mérite une règle dans ces situations. C'est un tournoi du Grand Chelem doit avoir un toit. Il va peut-être falloir se pencher là-dessus." maugréait après la rencontre le Tchèque. L'an passé, Novak Djokovic tenait un discours sensiblement identique et s'interrogeait. « Il faudrait qu’on m’explique pourquoi un Central sans toit n’est pas équipé de bâches? » déclarait le Serbe passablement énervé.

    La fin du « Super Saturday »

    Autre critique adressé aux organisateurs : le « Super Saturday ». Véritable institution depuis sa programmation en 1984, cette journée est l'emblème de la démesure et du show à l'amércaine voyant les demi-finales hommes et la finale dames se tenir le dernier samedi de la quinzaine pour le plus grand bonheur des maîtres diffuseurs. Mais voilà, les reports à foison, la surcharge du programme et surtout l'enchainement en un jour des demi-finales et de la finale a fini de lasser les joueurs. « Je n’aime pas le Super Saturday. Il n’a en fait aucune raison d’être, car il offre toujours un avantage à un joueur par rapport à un autre. » confiait Roger Federer en 2011. Aberration, cette spécificité voulue essentiellement par les avides diffuseurs américains mais si douloureuse pour les joueurs a vécu cette année sa dernière représentation. Après 28 ans, les joueurs ont eu la peau de ce « Super Saturday » et auront le droit de se reposer une journée. En 2013, l'US Open entre dans le rang de la programmation même si la tenue des matches n'a pas été arrêté. En effet, on ne sait si on jouera comme partout ailleurs, les demi-finales le vendredi pour une finale prévue le dimanche ou alors si l'on conservera la date du samedi et que l'on pérennise celle du lundi pour la finale.

    Si le temps est au changement à Flushing Meadows, les organisateurs s'évertuent à cultiver leur différence pour inscrire l'US Open comme un Majeur unique en son genre. Sans toit en perspective, tout du moins pas avant 2018 en oubliant le Central Arthur Ashe jugé trop fragile pour supporter la nouvelle structure, et subordonner aux télévisions, on est donc pas prêt de finir le dimanche. Que cela ne plaise aux joueurs ou à Claude François, à l'US Open, le troisième lundi compte.

    Christopher Buet


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  • 179464_serena-williams-proteste-contre-l-arbitre-lors-de-la-finale-de-l-us-open-a-new-york-le-11-sep

    Une décision arbitrale est parfois difficile à accepter, qu'elle soit justifiée et juste ou non qui plus est dans le feu de l'action. A l'US Open, les coups de gueule de Serena Williams a cet effet, font désormais partie de la légende.

     

    "N'est-ce pas vous qui m'avez "baisée" la dernière fois ? Ce n'est pas cool.". La phrase signée Serena Williams résonne encore dans les gradins du central Arthur Ashe. on joue la finale dame de l'US Open l'an passé. Pour la troisième fois de sa carrière à Flushing Meadows, l'Américaine craque et s'en prend vertement à l'arbitre de la rencontre. Une attitude à proscrire mais qui a forgé une partie de sa légende à domicile.

    L'an passé donc, opposée à Samantha Stosur, la cadette des sœurs Williams n'est que l'ombre d'elle même depuis plus d'un set. Aussi sur cet échange qu'elle conclu sur un coup droit, elle croit avoir marqué le point et lâche un "Come on" aussi vigoureux que rageur. Un cri que l'arbitre jugea trop précoce, l'échange n'étant pas terminé, et susceptible de gêner son adversaire. Sur sa chaise, elle offre le point à Stosur qui obtient le break. Serena encaisse mal, parlemente mais finit par poursuivre le jeu. Énervée, elle débreake dans la foulée. Le passage sur la chaise restera comme un moment fort de l'édition 2011.

    Ne décolérant pas, elle reprend la conversation là où elle l'avait laissée un jeu plus tôt. "Ne me regardez pas... Si je vous vois dans le couloir, passez votre chemin..." menace la joueuse hors de ses gonds. L'arbitre de chaise Eva Asderaki ne se laisse pas faire et avertit la jeune femme qui en rajoute une couche. "Un avertissement pour exprimer mon opinion ? Nous sommes en Amérique... Vous êtes laide à l'intérieur... Quelle nulle...".L'incident n'ira pas plus loin et Serena perdra la rencontre sans que cela n'ait un véritable impact. Cela ne constituerait qu'un épiphénomène, une altercation isolée si Serena Williams était une joueuse irréprochable. Mais voilà, la détentrice de 14 Grand Chelem n'en est pas à son coup d'essai à New-York.

    "Je te tuerais"

    Déjà en 2004, pareil épisode se déroula sous les yeux du public américain. Il y a huit ans, Serena n'a que 22 ans mais un palmarès déjà bien garni (6 Majeurs) quand elle retrouve en quart de finale sa compatriote Jennifer Capriati. Les deux adversaires se rendent coup pour coup dans cette rencontre quand à un set partout (6-2 4-6), l'arbitre de chaise accorde le point à la Californienne suite à une attaque, pourtant tout à fait valable, en revers long de ligne de Williams. Cette dernière voit rouge, se dirige vers l'arbitre et entame la conversation tel John McEnroe, sous les cris d'un public friand de ses empoignades. "What's going on ?...The ball was so in. What the hell is this ? The ball was not out, the ball was not out. (Que ce passe-t-il ?...La balle est juste bonne .Qu'est-ce que c'est que ça ? La balle n'est pas faute, la balle n'est pas faute.)" se lamente-t-elle. Rien n'y fera et Mariana Alves ne bronchera pas. Personne ne sait si cette décision la fit sortir de son match, toujours est-il qu'elle sera vaincue par Capriati. seule certitude, cet évènement marquera un tournant dans l'histoire du tennis puisqu'il accélérera l'adoption du Hawk-Eye, ce recours à la vidéo pour juger les points litigieux. Pas sûr que Serena y trouve une quelconque satisfaction.

    Elle ne connaitra dès lors plus d'incident de cette nature à l'US Open du moins pendant 5 ans. En 2009, une nouvelle altercation avec une arbitre se déroule sur le Central Arthur Ashe. Cette fois, Serena Williams affronte Kim Clijsters en demi-finale du Majeur américain. Le match est accroché et la tension y est presque palpable. Les échanges sont disputés, Kim Clijsters remporte le premier set 6-4 et tient en respect la championne américaine qui de rage brise sa raquette et reçoit un avertissement. Tout sauf anecdotique. En effet, au service pour rester dans le match à 5-6 dans le second set, Serena est menée 15-30 sur son engagement quand sa première balle se dérobe. Sur la seconde, elle est sanctionnée d'une double faute pour faute de pied. Ce qui suit se passe de commentaire. Furieuse, l'Américaine craque, s'attaque à la juge de ligne responsable de l'annonce et lui lance : "Si je pouvais, je prendrais cette balle, je te l'enfoncerais dans la gorge et je te tuerais." Ses propos sont rapportés à l'arbitre de chaise qui décide de l'avertir une seconde fois, ce qui signifie dans le règlement qu'elle est victime d'un point de pénalité. alors qu'elle aurait du avoir à sauver deux balles de match, elle s'incline sur tapis vert. déconfite, elle n'admettra pas sa faute en conférence de presse ( elle s'acquitter de 82 500 euros d'amende pour insulte sur arbitre) quand Clijsters concèdera ne pas avoir le sentiment d'avoir gagné.

    Par trois fois donc, Serena Williams aura eu des démêlés avec les arbitres à l'US Open. a tord comme en 2009 et 2011 ou a raison (2004), l'Américaine espère ne pas avoir à revivre ce genre de situations cette année à Flushing Meadows. Championne émérite, elle n'en a pas moins son petit caractère. Victoria Azarenka est prévenue, Serena veut sa finale.

     

    2004 : http://www.youtube.com/watch?v=-27jN1mDuMU

    2009 : http://www.youtube.com/watch?v=KvGdryWIMCg

    2011 : http://www.youtube.com/watch?v=9Q2pm1HXZOQ

     

    Christopher Buet


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  • Errani-Vinci

    Roberta Vinci et Sara Errani sont dans la vie, les meilleures des amies. Sur un court, c'est du même côté du filet qu'elles se réalisent. Mais ce jeudi, c'est l'une contre l'autre qu'elles devront jouer dans un quart de finale 100% italien à la saveur particulière.

    Les Italiennes sont des cuisinières hors pair. Roberta Vinci en est la preuve. Pas la joueuse la plus impressionnante du circuit avec son mètre soixante-trois, la native des Pouilles de 29 ans a littéralement écœuré la polonaise et n°2 mondiale Agnieszka Radwanska, pourtant pas la dernière à ce petit jeu (6-1 6-4). Cette dernière louait la science de sa bourreau. « Roberta a vraiment un jeu non conventionnel, ce n'est pas facile de la jouer. Elle varie beaucoup. Elle slice énormément et soudain elle frappe fort en coup droit. Elle met du kick sur son service, elle fait des amorties, des volées, elle monte au filet. Elle a eu réponse à tout. » analysait une Radwanska désabusée.

    Roberta Vinci est ainsi, menant ses matches comme des recettes de cuisine. Une bonne dose de slice, une pincée de kick, quelques amorties bien saupoudrées et un petit piment de coup droit pour relever le tout. Un jeu aux accents forts du Sud de l'Italie, plein de surprises et de caractère, loin des stéréotypes soviétiques maniant l'art mono-cellulaire du boum-boum bruyant, comprendre frapper fort en criant. Pourtant, peu de joueuses avaient goûté ses spécialités jusqu'à présent. Il faut dire que l'Italienne est davantage connue pour ses faits d'armes en double...avec Sara Errani. La joueuse de 29 ans vit aujourd'hui ses plus belles heures sur le circuit en simple. Depuis juin, elle multiplie les performances. Abonnée des premiers et seconds tour depuis 2001, elle a échoué au quatrième de Wimbledon et vient de s'en offrir un cinquième ici à New-York, une semaine après son titre à Dallas. Une montée en puissance qu'elle attribue à ses coéquipières en Fed Cup. « (Francesca) Schiavone a gagné Roland-Garros (en 2010), Sara (Errani) est allée en finale cette année et (Flavia) Pennetta a fait partie du Top 10, j'essaie juste de faire pareil qu'elles. » assure-t-elle. En sortant, Radwanska, elle s'est donc invitée à la table des quarts de finale où le destin lui a offert une convive de choix, cuisinière émérite également, sa partenaire de double Sara Errani.

    Tarente rencontre Bologne

    A 25 ans, la Bolognaise n'est plus à présenter depuis son épopée jusqu'en finale de Roland Garros. Là sur la terre battue parisienne, elle s'était révélée au public et lui avait fait admirer son goût pour un tennis varié et équilibré. C'est que la jeune italienne présente un peu le même profil que son aîné Vinci. Petite (1m65) mais tonique, elle ne dispose guère des mêmes armes que les autres joueuses du circuit ainsi, ce qui avait valu ce commentaire de son entraineur à Paris. « Qui aurait pu imaginer ça ? Elle n’a pourtant pas beaucoup d’armes dans son jeu. Elle n’est pas très grande, ni puissante mais elle est très intelligente. Et elle possède un mental hors du commun. » affirmait Paolo Lorenzi. Le secret de sa réussite est là. Une recette qui semble enfin marcher puisqu'à New-York, aussi, elle fait des ravages. Au grand dam d'Angélique Kerber, qui avait déjà connu une indigestion face au menu de l'Italienne en quart à Roland Garros (6-3 7-6). Même menu, mêmes effets. En 8ème cette fois, l'Allemande a perdu en deux sets 7-6 6-3. La voilà donc dans le grand huit New-yorkais pour la première fois de sa carrière.

    Un match qui aura une saveur toute particulière car Sara Errani et Roberta Vinci ne sont pas que des compatriotes. Elles sont avant tout les meilleures amies du monde. Des filles qui n'ont cessé de se soutenir et de se construire d'un même côté du filet. « Si j'adore le sport collectif, c'est parce que je joue avec Roberta Vinci, ma meilleure amie Elle est plus vieille que moi et a beaucoup d’expérience, donc en plus cela m’aide à progresser et être une meilleure joueuse en simple. J’adore le double, je m’amuse et comme ça marche bien, automatiquement ça donne envie de continuer. » confiait en juin dernier la plus jeune Errani.

    Ce match sera d'autant plus singulier qu'il se déroule au lendemain de leur quart de finale de double victorieux face à la paire germano-tchèque Goerges-Peschke (6-2 7-6). Une situation pas banale pour les deux amies. « Nous sommes très amies en dehors du court et ça nous aide sur le court car il y en a toujours une pour aider l'autre. » continue Errani.

    Tout à l'heure, les deux joueuses devront oublier leur amitié le temps d'un petit passage par le court. « Pas grave, ça fera une italienne en demies. » assure Vinci. Une rencontre tennistique et culinaire entre d'un côté le goût de Bologne et celui de Tarente. Quand l'Italie fait sa cuisine, New-York succombe.

    Christopher Buet


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