• Maze règne à grande vitesse

    Le sourire dorée de Maze

    Pour deux petits centièmes, Tina Maze a été sacrée championne du monde de descente à Vail devant l’Autrichienne Anna Fenninger. Un an après son triomphe olympique dans la discipline phare, la Slovène de 31 ans s’impose comme la reine de la vitesse mondiale.

    Le saut qui a failli couté le titre à MazeElle en avait sûrement rêvé sans jamais s’autoriser réellement à y penser. Rêvé à cette arrivée tonitruante sur le tapis blanc de l’Amérique où l’idole locale devait glisser vers l’éternité immaculée d’un sacre. La conquête d’un royaume, encore plus quand celui-ci paraissait inaccessible, n’est jamais chose aisée. Affublée de son dossard 21, Tina Maze devait ressentir une certaine pression dans la petite cabine de départ, là-haut, au sommet de la descente sinueuse et abrupte de Beaver Creek, celle de cette course jugée sur une manche unique, celle de ce public venu en masse qui trépigne et n’attend que la fille, « SA » fille appelée à s’élancer derrière la Slovène : Lindsey Vonn, dont la descente allait être un échec (5ème à 1’’05). Plus encore, la skieuse de 31 ans était sous la pression de la performance réalisée par Anna Fenninger. Partie quelques minutes plus tôt, l’Autrichienne avait découpé avec une précision chirurgicale la piste américaine reléguant les autres filles à une bonne année lumière. Seule la jeune suissesse Lara Gut, future 3ème, était parvenue à s’approcher, à près de 3 dixièmes derrière tout de même. « Aujourd’hui, j’ai skié de manière parfaite », convenait Fenninger. Un sentiment pas loi d’être partagé par la Slovène. « J’ai vu la descente d’Anna (Fenninger) et je savais qu’elle serait la skieuse à battre », glissait après la course Maze dont la marge de manœuvre était réduite à son minimum. Il allait falloir voler au-dessus de la piste pour éviter une nouvelle place d’honneur derrière l’Autrichienne après le Super G où 3 petits centièmes l’avait privés du doublé mondial (Maze était championne du monde en titre du Super G, ndlr). « Cela l’a surmotivée », assurait Valerio Ghirardi, son coach.

    Maze taille les courbes« J’étais sûre de ne pas gagner »

    Or Tina Maze est une championne au caractère bien trempé qui se nourrit de cette adversité et s’en délecte depuis quelques saisons. Déterminée, elle se jetait à corps perdu dans la pente, chute d’eau vertigineuse recouverte par endroit d’une fine couche de glace luisante à même de fracassée les ambitions les plus solidement ancrées. La Slovène gagnait 3 centièmes (tiens, tiens) à la poussée. Un petit pécule qui allait avoir son importance sur la ligne. En effet, Maze brillait sur le haut technique et tournant, taillant le dévers et les courbes comme une orfèvre façonnant son plus beau bijou. Son avance se porta jusqu’à 4 dixièmes avant de fondre, comme neige au soleil, irrémédiablement. Moins en place, la Slovène laissait s’échapper les centièmes sous ses spatules et voyait l’or se dérober. « J’étais sûre de ne pas gagner parce que ma trajectoire avant le dernier saut n’était pas bonne », croyait Maze. « Quand je la voyais perdre de l’avance au fur et à mesure, c’était très excitant », s’amusait Fenninger. Pourtant l’excitation de l’Autrichienne allait vite retomber. Se jetant sur la ligne, la championne olympique de la spécialité sauvait 2 centièmes de secondes, elle qui en avait gagné 3 lors de la poussée initiale. Une avance minuscule, presque ridicule et pourtant ô combien importante. L’écart entre l’échec, ses remords et la victoire. « J’ai réussi ! Sans faute, ça aurait été mieux mais ça reste de l’or. C’est marrant que ça se soit joué à 2 centièmes cette fois (après les 3 centièmes en faveur de Fenninger en super-G) », se réjouissait Maze.

    Maze veut toutes les breloques

    Maze laisse éclater sa joieUne joie qu’elle laissait s’exprimer dans l’aire d’arrivée, tirant la langue, agitant ses poings dans les airs avant de marquer un 2 avec son pouce et son index face à la caméra. L’émotion était vibrante car la trentenaire avait eu toutes les peines à dompter celle que l’on nomme la « Raptor ». « Ce titre a une saveur particulière parce que même si j’avais commencé fort la saison, Lindsey (Vonn) était bien revenue. J’ai été en difficulté à St Moritz puis à Cortina, je n’étais pas en assez bonne santé pour réussir quelque chose. Et ici, j’ai seulement réalisé hier (jeudi) à quel point j’appréciais la piste. J’ai eu du mal à la comprendre au début mais maintenant que j’ai saisi comment ça fonctionne avec les bosses, les virages, tout est plus facile », expliquait la nouvelle maitresse de la vitesse féminine. « J’étais tellement proche de la victoire… Mais Tina a fait une très bonne course. Au final, je suis plutôt heureuse de cette médaille d’argent parce que je n’avais pas très bien réussi en descente dans les Championnats du monde ou les Jeux olympiques », s’inclinait finalement avec déférence Fenninger reconnaissant la supériorité de son adversaire.

    « Il a fallu changer sa mentalité qui est celle d’un petit pays, pour en faire une gagnante », assénait Andréa Massi, qui partage la vie de la Slovène et gère son équipe. Faire de la petite fille de Slovejn Gradec, la reine d’un monde blanc. Une transformation qui a pris du temps mais que la volonté sans faille et l’ambition de Maze ont rendu possible. Après la saison de tous les superlatifs en 2013 où elle avait asservi le circuit engrangeant le total record de 2414 points au classement général, raflant le Gros Globe de Cristal et 3 des 5 petits (Super G, Géant et Combiné), l’avènement olympique et ses 2 titres en descente et géant, Tina Maze entend asseoir sa nouvelle autorité sur les Championnats du monde. Si l’or de la descente porte son total à 8 médailles dans la compétition (dont 3 titres), la Slovène lorgne une performance plus rare. Argentée en Super G et maintenant dorée,  elle se rêve médaillée dans chacune des 5 disciplines des Mondiaux. Un exploit rare, inédit chez les filles et seulement accompli par le norvégien Lasse Kjus en 1999 à… Beaver Creek. « Je vais rester jusqu’à la fin, je m’amuse tant », conclut Maze. Les rêves de conquêtes sont donc loin d’être finis pour l’ogresse slovène dont le royaume ne peut se circonscrire à la seule vitesse.

    Maze devant Fenninger (à gauche) et Gut (à droite)

    Christopher Buet


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :