• Un rayon bleu parmi les ombres

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    Après un début de Roland-Garros particulièrement favorable, les deux jours qui viennent de s’écouler ont douché les rêves tricolores. Aujourd’hui, seul Richard Gasquet a sauvé l’honneur bleu quand Paire s’est fourvoyé. Les filles sont, elles, portées disparues.

    Il y a des journées comme ça où rien ne va et il faut croire que le temps n’y est pas étranger. Depuis une semaine, un épais manteau nuageux a choisi de recouvrir Roland-Garros et de lui offrir fraîcheur et pluie comme partenaire. Un temps désastreux qui semblait pourtant convenir à l’armée des Bleus à l’image d’un Gaël Monfils renaissant sur sa terre « natale ». Mais le rêve a passé ou plutôt les nuages ont passé et les illusions avec. Vendredi, le symbole de cette édition 2013 disparaissait essoré tant par la fatigue accumulé que par la combativité affichée du vétéran Robredo.

    En ce samedi, le soleil avait fait sa réapparition et offrait un ciel enfin bleu à un tournoi qui n’y croyait plus. Pourtant, ce halo vibrant et réconfortant de lumière allait coïncider avec le délitement tricolore.

    Paire disjoncte

    Benoît Paire

    Il commença avec l’explosion de Benoît Paire. Propulsé au rang de nouvel espoir du tennis français, l’Avignonnais a volé en éclat face à la constance du japonais Kei Nishikori. Il faut dire que le 15ème joueur mondial a su parfaitement manœuvré avec le tricolore, profitant des faiblesses de ce dernier. « J'ai eu du mal à entrer dans mon match. Quand on commence bien une partie, on peut se détendre rapidement. Là, je sentais que mes coups ne passaient pas très bien. Premier jeu de service, je ne passais pas une première. Je sentais que c'était dur. Rien ne m'aide à me détendre », confesse Paire. Un retard à l’allumage qui allait se payer par la perte immédiate du premier set car en face Nishikori ne commettait aucune erreur. Métronome, il distribuait et attendait patiemment la faute adverse (6-3).

    Mais le tournant du match intervint au cours du second set. Alors qu’il menait 5-4 avec une balle de set en sa faveur, Benoît Paire récolte un point de pénalité pour coaching, son entraîneur Lionel Zimbler, lui ayant fait des signes. « Avant de mettre un avertissement et le point de pénalité, je lui demande simplement d’avertir mon entraîneur, de lui dire simplement : ’’Attention, la prochaine fois que je vois du coaching, je vous mettrai l'avertissement’’, les choses que font les arbitres. Il a voulu faire son beau, il a peut-être voulu une promotion. Mettre à 5-4 avantage un warning, ce n'est pas possible ! », enrage le demi-finaliste du dernier tournoi de Rome. Après une vive discussion avec l’arbitre de chaise et l’intervention du superviseur, Paire se faisait justice et s’emparait du set au tie-break (7-6). Un sursaut éphémère. Alors qu’on le croyait surmotivé par ce fait de match, le Français ne cessait de ruminer et voyait son jeu se déliter en même temps que ses nerfs s’effilocher. Lui qui avait 

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    semble-t-il réussit à dompter sa légendaire nervosité se retrouvait à nouveau tenailler par ce vieux démon. Incapable de se contrôler, Paire dévissait, commettant un nombre incalculable de fautes directes (64 au total). Même son service si régulier le trahissait (43% de premières balles seulement). « Mon revers avait du mal à être agressif. Il me faisait bien courir. Dès que j'avais une balle sur le coup droit, j'avais du mal à avancer. Au retour, j'étais très agressif. Je n'arrivais pas à envoyer en retour, à me dire : ‘’Il ne va pas me faire trop, trop mal.’’ Tout le match a été un casse-tête pour moi, à me dire : ‘’Essaie de te relâcher, de prendre ta chance’’ », analysait-il après la défaite (6-3 6-7 6-4 6-1).

    A 24 ans, le nouveau 25ème mondial voyait son Roland-Garros se terminer sur une note amère mais refusait de s’arrêter à ça. « Tout ce qui m'arrive en ce moment m'est utile. J'apprends beaucoup de choses. Je dois avouer que j'aurais aimé jouer un huitième de finale sur le Central contre Nadal. C'était mon objectif : quand j'ai vu le tableau, je me suis dit qu'il fallait arriver jusque là. J'ai échoué. Il faut cependant relativiser. J'ai fait de bonnes choses ces dernières semaines (…) Si je continue sur cette lancée, je pense pouvoir faire quelque chose de bien ces prochains temps. »

    Bartoli humiliée, Cornet valeureuse

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    A l’inverse de Benoît Paire qui a perdu contre plus fort que lui, Marion Bartoli s’est, de son côté, totalement plantée. Dans une forme précaire et après deux premiers tours extrêmement accrochés face à des joueuses modestes (Govortsova et Duque-Marino, deux victoires en trois sets), la n°1 française retrouvait, sur le court Suzanne-Lenglen, une pure terrienne en la personne de Francesca Schiavone, lauréate à Paris en 2010. Une adversaire de choix bien que loin de sa splendeur d’antan. Dès l’entame, la tricolore prenait le match à son compte et s’emparait de la mise en jeu adverse. Le début d’une promenade de santé ? Que nenni. Sans raison apparente, Bartoli sortit de son match pour ne plus y revenir. « Je me sentais bien, et j'ai complètement perdu le fil du match. J'ai l'impression que les jeux défilaient, que je n'arrivais pas à me remettre dedans, à produire un peu de jeu », s’interrogeait-elle hagard. Car Marion Bartoli n’allait plus marquer un seul jeu de ce premier acte (6-1). La suite n’était guère plus brillante. Dépassée et incapable de se dépatouiller avec le jeu de l’Italienne, elle s’effondrait et cédait finalement, 6-1 6-2.

    En pleine crise d’identité et de jeu, la 13ème joueuse mondiale quitte de nouveau prématurément la porte d’Auteuil, des certitudes ébranlées et des questions plein la tête.

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    Un peu plus tôt, l’autre représentante du clan français Alizé Cornet avait vaillamment bataillé face à Victoria Azarenka. Loin de se laisser impressionner par la double couronne australienne de la n°3 mondiale, la Niçoise démarrait à fond et n’hésitait à prendre des risques. Une initiative récompensée. Plus réaliste, il s’engouffrait dans les failles du jeu adverse et s’emparait du premier set (6-4). A la surprise générale, la Biélorusse tanguait. « J'avais l'impression d'être au dessus, de la faire gambader partout avec mon coup droit lifté et avec mes amorties », appréciait Cornet. Puis soudain tout se grippa. «  J'ai baissé ma garde, je lui suis moins rentré dedans », reconnaissait-elle. Une erreur qui allait lui coûter le match.

    Ne se faisant pas prier, Azarenka se montrait plus agressive et décramponnait la lauréate du tournoi de Strasbourg, il y a deux semaines. « Aujourd'hui, j'avais laissé mon service à la maison, rangé quelque part dans un placard ! Alors si j'arrive à gagner avec un service aussi mauvais… J'ai cet esprit de combattante », philosophait la protégée de Sam Sumyck, victorieuse 4-6 6-3 6-1.

    Avec cette défaite combinée à celle de Bartoli, la France venait de dire adieu à ses deux dernières représentantes dans le tableau féminin. La deuxième semaine se passera donc des Françaises.

    Gasquet ne traîne pas

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    Heureusement pour le clan tricolore, la journée s’est fini en apothéose avec un Gasquet, en total contrôle. Rarement le Biterrois n’aura fait si forte impression une première semaine de Majeur. Impérial lors de ces deux premiers tours, expédiant Stakhovsky et Przysiezny, la tête de série n°7 n’a fait qu’une bouchée de Nikolaï Davydenko. Moins performant qu’à l’accoutumée au service, Gasquet compensait par un jeu d’une très grande solidité et un froid réalisme. Après avoir remonté un break de retard, il enchaînait 5 jeux consécutifs à cheval sur le premier et le deuxième set, menant ainsi 6-4 3-0.

    Mais l’ancien n°3 mondial russe n’entendait pas lâcher si facilement. Dans l’agitation d’un set perturbé par des spectateurs trop bruyant et irrespectueux, il surprenait son adversaire. A 5-2, sauvait son engagement grâce à un subtil amortie déposée juste derrière le filet et obligeait Gasquet à servir pour le gain de la manche. Là, le Russe se rebellait, caressait la balle et d’une nouvelle amortie meurtrière de revers parvenait à débreaker. Un simple sursaut puisque dans la foulée, Gasquet se montrait héroïque en défense et parvenait finalement à décrocher le set sur sa 3ème occasion au bout d’un magnifique passing de revers long de ligne. Plus constant dans l’échange (4 fautes directes contre 16 dans ce set), le n°2 français se détachait au score. Le troisième acte allait se révéler une formalité pour un Gasquet qui insister sur le fait qu’il entendait « aller le plus loin possible » dans ce Roland-Garros. «Tennistiquement, il n’y a pas de problème.  Il y a avait du monde aujourd’hui, la ola m’a donné des super sensations et en plus, le soleil est  revenu », se réjouissait-il.En huitième de finale, il retrouvera un autre fervent défenseur du revers à une main, l’élégant suisse Stanislas Wawrinka (n°9).

    Au milieu des ombres des soldats tricolores tombés au champ d’honneur, Richard Gasquet aura été, ce samedi, le seul héros de lumière.Si le soleil et le ciel bleu sont revenus Porte d’Auteuil, le tournoi s’est délesté de la quasi-totalité du contingent français. Aujourd’hui, cette troupe d’élite ne compte plus que trois hommes (Tsonga, Gasquet et Simon).

    Christopher Buet


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