• Continuer de rêver

    Sharapova avec la Coupe Suzanne-Lenglen

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    Victorieuse l’an passé, Serena Williams se présente à Paris avec le costume de grande favorite à sa propre succession. Si la n°1 mondiale se rêve à nouveau triomphante, elles sont nombreuses à s’imaginer la détrôner au terme d’une quinzaine de Roland-Garros qui s’annonce riche en émotions.

    Rêver, rêver encore et toujours. Rêver cette explosion de joie, cet état de grâce, cette libération au moment de remporter un Grand Chelem. Rêver cet instant d’éternité, cet instant où le corps défaillit et vous propulse sur cette terre ocre, terre d’espoir et d’absolu du mois de juin. Comme chaque année, Roland-Garros s’est paré de son plus bel habit et tapisser ses sols, non pas de ce tapis rouge qui obnubile les stars et décore encore les marches du prestigieux Festival de Cannes mais bien de cette brique orangée, tirant vert le rouge, enivrant revêtement qu’attendent impatiemment de fouler ces honorables et ambitieuses invitées.

    Serana Williams triomphant à Paris en 2013

    En effet, après cinq mois de compétition et d’efforts, ces dernières arrivent lancées dans leur quête de gloire et de trophées, avides d’un sacre en terre parisienne pour la seconde des quatre levées du Grand Chelem. Un rêve que toutes partagent à l’heure d’ouvrir les festivités.

    Serena comme chez elle

    « Plus je vieillis, plus je vois que ce qui ne s’évanouit pas, ce sont les rêves. » Une phrase de Jean Cocteau que Serena Williams serait en droit de faire sienne. À 32 ans, l’Américaine transpire la passion pour le jeu et ne cesse de revivre ses rêves. Anéantie par la tristesse en 2012 après une amère défaite au premier tour Porte d’Auteuil face à Virginie Razzano, la n°1 mondiale avait réalisé, l’an dernier, ce qu’elle ne pensait plus possible, tout du moins ce qui se refusait à elle depuis 11 ans : remporter Roland-Garros (contre Maria Sharapova, ndlr). Un triomphe incontestable pour celle qui n’avait pas perdu la moindre rencontre sur terre battue en 2013. Une saison de rêve qu’elle n’a pas sue répéter cette année.

    Moins dominante, Serena Williams a dû composer avec son physique, déclarant forfait en préambule de son quart de finale à Madrid face à Petra Kvitova en raison d’une cuisse douloureuse. « J'avais trop mal, je ne pouvais pas jouer », expliquait-elle avant de conquérir Rome la semaine suivante.

    Serena Williams expéditive à Rome

    « Je n’avais pas besoin d’être rassuré à Rome. D’abord, parce que Serena a gagné à Miami. Ensuite, parce que son niveau de jeu est bon. C’est une compétitrice. Sa victoire à Rome n’est qu’un plus », affirme son coach Patrick Mouratoglou « Si Serena est prête sur le plan du jeu et qu’elle est dans un bon état d’esprit, je pense que personne ne peut la battre (…) Je pense qu’elle est aussi motivée que l’an dernier. Elle a la même envie », poursuit le Français. Une intuition confirmée par la propriétaire de 17 couronnes majeures qui, malgré sa cuisse récalcitrante, compte prolonger son règne parisien, comme après chacun de ses sacres romains. « Comme le bon vin, je m’améliore avec l’âge », s’amuse la trentenaire qui pourrait retrouver sa sœur Vénus (à moins que la jeune prodige suisse Bencic…) au 3ème tour avant un éventuel quart face à Maria Sharapova dans une réédition de la finale 2013.

    Le souffle du Dragon de Wuhan

    Na Li en lice pour le doublé

    Serena Williams n’est toutefois pas la seule « ancienne » à se reconnaître dans les mots du poète Cocteau. Du haut de ses 32 ans (aussi), Li Na se pose comme la première postulante au titre derrière l’Américaine, d’autant que Victoria Azarenka a renoncé en raison d’une blessure au pied. La reine Victoria vacillant sur ses bases, c’est donc la Chinoise qui s’érige face à l’Américaine. Il faut dire que le Dragon de Wuhan a des arguments de choix. Très régulière l’an passé, Li Na a passé un nouveau cap en 2014. Toujours très à l’aise du côté de Melbourne, cette dernière a enfin concrétisé ses bonnes sensations australiennes en y décrochant son second trophée en Grand Chelem. Un titre qui a décomplexé la séduisante élève de Carlos Rodriguez. « Tout le monde abrite une bête en cage dans son cœur (…) J’avais pris l’habitude, pendant les matches, d’ouvrir la cage et de lâcher la bête. Quand je sentais que j’étais vulnérable, je me retranchais derrière elle, mais me sentant humiliée et ridiculisée par mes erreurs, je me retournais vers mon entourage et pour les accuser de mes propres fautes », raconte-t-elle dans sa biographie Li Na : My Life. Une attitude qu’elle a abandonné son la houlette de l’ancien coach de Justine Henin. Plus sûre de ses décisions, la Chinoise a développé son jeu, améliorant service, coup droit et volée, tout en conservant sa constance et son agressivité en fond de court. Un cocktail détonnant pour cette joueuse au tempérament brûlant, loin des standards chinois.

    Outre son jeu, Li Na possède également l’expérience d’une victoire à Paris. En effet, en 2011, elle avait vaincu Francesca Schiavone et décrocher à sa grande surprise son premier Majeur. Une expérience que la n°2 mondiale aimerait bien revivre. Grâce à un tableau clément malgré un premier tour périlleux face à la Française Kristina Mladenovic, le Dragon de Wuhan aura le loisir de chauffer ses armes avant une deuxième semaine plus agitée où l’attendra logiquement Kvitova et Halep avant de retrouver qui sait Serena Williams, qu’elle n’a battu qu’une fois en douze confrontations.

    Prime à la jeunesse ?

    Eugénie Bouchard au menu des quarts

    Si les trentenaires se posent en favorite de ce Roland-Garros et rêvent ouvertement de la victoire finale au même titre que Maria Sharapova (finaliste 2013, ndlr) ou Agnieszka Radwanska, elles n’ont pas la panache du rêve. Derrière elles, la jeune garde entend bousculer l’ordre établi comme lors du dernier Open d’Australie. Placée dans la partie haute du tableau avec Radwanska, Williams et Sharapova, Eugénie Bouchard va tenter de rouvrir le livre enchanté où son conte de Melbourne s’était clos en demi-finale. Dix-neuvième mondiale, la jolie Canadienne a connu des difficultés à confirmer son aventure australienne. Ejectée d’entrée à Madrid et Rome, elle arrive pourtant à Paris avec de grosses ambitions et beaucoup de confiance grâce à son premier titre sur le circuit acquis à Nuremberg (6-2 4-6 6-3 contre Pliskova). Bien qu’obtenu dans un tournoi secondaire, ce trophée peut donner des idées à la native de Westmount.

    Simona Halep entend briller à paris

    Dans l’autre moitié du tableau, Simona Halep possède un profil similaire, quoique plus sérieux encore. À 22 ans, la Roumaine a prouvé en ce début de saison que ses 6 titres remportés en 2013 n’avaient rien d’un accident. Brillante quart de finaliste à Melbourne, elle a démontré, à nouveau, toutes ses qualités de guerrière sur un court en atteignant la finale du tournoi de Madrid après avoir notamment écarté des pointures comme Lisicki (finaliste de Wimbledon 2013), Ana Ivanovic (vainqueur de Roland-Garros 2008) et Petra Kvitova (vainqueur de Wimbledon 2011). Un parcours soulignant ses progrès et sa nouvelle régularité au plus haut niveau mondial. « J'ai fait un bon début de saison (finale à Madrid), je vais me battre pour aller le plus loin possible à Roland Garros, j'aimerais atteindre les quarts de finale ! », avance-t-elle. Seule ombre dans le rêve de la toute nouvelle n°4 mondiale, une blessure aux abdominaux qui l’a contrainte à l’abandon à Rome il y a deux semaines.

    Pas gâtées, les Françaises

    Du côté tricolore, la tâche s’annonce sacrément ardue car le tirage au sort a viré au cauchemar. En effet, sur les 10 Françaises engagées, 6 ont été choisies pour défier une tête de série, à commencer par Caroline Garcia. En pleine ascension après son titre à Bogota et son quart de finale à Rome, la joueuse de 20 ans affrontera une ancienne lauréate de Roland-Garros en la personne d’Ana Ivanovic (n°11). Un choc entre deux filles très ambitieuses, l’une parce qu’elle voudra briller devant son public et l’autre en quête de sa gloire passée et qui reconnaît ne jamais s’être sentie aussi bien avant l’échéance parisienne. Autre espoir du tennis tricolore, Kristina Mladenovic a également hérité d’une ancienne championne de la Porte d’Auteuil : Li Na (n°2). Repoussée au-delà de la 100ème place mondiale, la Parisienne devra sortir un match presque parfait pour écarter l’une des grandes favorites de cette édition. Plus sûrement les espoirs tricolores reposeront sur Alizé Cornet proche de son meilleur niveau et solide 21ème mondiale. Dans une bonne forme, la Niçoise dispose d’un début 

    Caroline Garcia aura fort à faire

    de tournoi léger avant de croiser au 3ème tour l’espagnole Suarez-Navarro avec la perspective d’un huitième contre la 3ème joueuse mondiale, Agniezka Radwanska.

    Qu’importe pour toutes les filles en lice, le rêve de soulever la coupe Suzanne-Lenglen existe. « Pour réaliser une chose extraordinaire, commencez par la rêver. Ensuite réveillez-vous calmement et allez d'un trait jusqu'au bout de votre rêve sans jamais vous laisser décourager », disait le grand rêveur qu'était Walt Disney.

    Christopher Buet


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