• Retrouvailles enflammées

    Camp-Nou champions

    Deux ans après avoir été massacré par le Bayern Munich à ce même stade de la compétition, le FC Barcelone accueille son rival bavarois pour cette demi-finale aller de la Ligue des Champions pour une opposition qui s’annonce flamboyante.

    Les travées du Camp Nou sont encore silencieuses, ses sièges bleu et grenat encore vides. L’immense cathédrale perdue dans la végétation de béton de la capitale catalane dort encore, de ce sommeil léger qui précède les grandes batailles, celles qui bâtissent les monuments et écrivent les légendes. En début de soirée, la quiétude des lieux aura disparu, remplacée par la fureur émanant des plus de 98 000 socios venus pour enflammer cette nuit qu’ils espèrent tous pouvoir un jour racontée, cette nuit où les leurs auront vaincus, cette nuit où ils auront accueilli comme il se doit leur « frère », chef d’orchestre de la grande symphonie catalane du tournant de la décennie (2009-2012).

    Le retour de GuardiolaLe retour de l’ancien « roi »

    Car oui, ce soir de début mai 2015, Barcelone voit revenir son enfant prodigue. Trois ans après avoir quitté « sa » maison, Pep Guardiola est de retour mais pas dans le même costume. Cette fois, c’est sur le banc adverse qu’il s’assoira. « C’est une sensation incroyable de revenir ici. J’ai tellement de souvenirs. C’est un grand moment pour moi. J’ai passé trente ans ici, mais je suis entraîneur du Bayern Munich maintenant », glisse l’entraîneur bavarois qui ne fait aucun doute de ses intentions. « Ce que je veux? Eliminer le Barça! On est venu travailler. »

    Un retour chargé en émotions que les Blaugranas sont prêts à encaisser. En effet, un ancien entraîneur et inspirateur ou pas, aucun traitement de faveur ne sera accordé. « L’affronter n’est pas une motivation. La seule motivation, c’est ce match. C’est une demi-finale de Ligue des Champions », lâche placide Lionel Messi qui avoue garder un bon souvenir d’un homme qui l’a aidé à grandir tant sur le terrain qu’en dehors mais avec qui il n’entretient plus le moindre lien. La page Guardiola semble donc bien tournée dans les têtes blaugranas. Un sentiment confirmé par Iniesta et surtout Luis Enrique. « C’est toujours sympa de revoir son ex-entraîneur... s’ils en ont le temps. Mais je suis sûr qu’ils mettent d’abord en avant l’importance de cette demi-finale. Il y a la fin du match pour se saluer... On ne veut pas battre Pep mais l’une des meilleures équipes du monde », assène-t-il.

    Le souvenir de 2013

    La démonstration de Müller et du BayernSi la réaction de Pep Guardiola sera scrutée lorsqu’il remontera sur l’impeccable pelouse barcelonaise, le monde du football aura surtout les yeux rivés sur le Camp Nou pour voir deux des meilleures équipes du continent se faire face dans un affrontement qu’il espère aussi mémorable que les précédents. Personne, surtout pas ici à Barcelone, n’a oublié l’humiliation de 2013 quand ce Bayern Munich, diabolique de maîtrise et d’efficacité, avait atomisé des blaugranas amoindris et désunis. Sept buts avaient alors récompensé la domination sans faille des Bavarois quand Barcelone n’avait même pas pu faire illusion. « Le 7-0 d’il y a deux ans ? Ce fut une grand expérience, nous avons joué de manière brillante, nous avons impressionné le monde du football », se souvient Thomas Mülle, auteur de trois réalisations cette année-là, et qui jouera à nouveau les poisons ce soir sur la pelouse. « Il y a deux ans, cette demi nous avait fait très mal, notamment au regard de nos performances ce soir-là (défaite 4-0 à l'aller puis 3-0 au Camp Nou), et de la façon dont nous sommes sortis de la compétition », se remémore, de son côté, un Lionel Messi plus amère.

    Depuis cette double confrontation, déjà en demi-finale, seule Valence, le 1 février 2014, est parvenue à inscrire 3 buts au Camp Nou (2-3). Surtout, le Bayern Munich a infligé au FC Barcelone sa seule défaite au cours des 32 derniers matches de Ligue des Champions à domicile. Il faut dire que le Bayern Munich est souvent synonyme de mauvais souvenirs pour les Catalans. En effet, en huit confrontations officielles, ces derniers ont perdu à 5 reprises, concédant deux nuls pour une maigre victoire. En 2009, Barcelone s’était imposé 4-0 au Camp Nou grâce à Thierry Henry, Samuel Eto’o et un doublé de Lionel Messi. « J’ai envie d’être à ce match pour ce qu’il signifie, ce que cela représente d’être en demi-finale de Ligue des Champions face à une grande équipe comme le Bayern Munich. Beaucoup de temps a passé depuis (2013). Notre équipe a changé, ce sera un match différent », assure l’Argentin qui aura à cœur de se distinguer après un très timide quart de finale contre le Paris Saint-Germain.

    Barcelone en pleine forme

    A défaut d’Eto’o et Henry pour l’épauler comme en 2009, le génie de Rosario a trouvé deux nouveaux compères sur le front offensifs avec Neymar et Luis Suarez. Un trio sud-américain dont les nationalités auraient pu laisser craindre le pire. « On a de très bonnes relations. Avec Neymar, on se connaissait déjà. Quant à Luis, il s’est très bien adapté au vestiaire et au groupe », explique Messi. Difficile de donner tord au quadruple Ballon d’Or tant l’entente parfaite et le talent de ce trio ont conquis observateurs et supporters. Plus que les 108 buts inscrits par les trois compères cette saison, le symbole réside dans le replacement sur le côté droit de Messi afin de rendre l’axe de l’attaque à Luis Suarez où l’Uruguayen pèse énormément sur les défenseurs par son placement, ses appels et son sens du but.

    messi-neymar-suarezDerrière ses trois solistes, Barcelone respire la sérénité. Conscients de pouvoir marquer à tout moment (Barcelone a inscrit 29 buts lors de ses 8 derniers matches), les blaugranas ont également resserré les lignes derrières. Autour de Javier Mascherano, Luis Enrique a restauré une certaine idée du pressing à la perte de balle. Plus compacts, les Barcelonais n’ont encaissé que 26 buts en 46 matches cette saison et sont même restés hermétiques au cours de leur 5 dernières rencontres.

    De son côté, le Bayern Munich n’affiche pas le même état de forme. Flamboyant il y a encore quelques semaines, le Champion d’Allemagne accumule les blessures. Outre Franck Ribéry jamais vraiment en forme cette saison, Arjen Robben a dû lui aussi faire un trait sur la demi-finale trahi par son mollet, comme Alaba touché au genou ou Badstuber à la cuisse. Autant d’éléments essentiels dans l’équipe bavaroise. Une situation dont les Allemands refusent de se servir comme une éventuelle excuse. « Nous savons que notre tâche s’annonce très compliquée mais je suis intimement convaincu que nous avons nos chances », balaye Manuel Neuer, qui retrouve Messi et Mascherano qu’il avait éteint en finale de la Coupe du Monde. « Je suis convaincu qu’on est capable de les mettre en danger », abonde Benatia. Une fois n’est pas coutume, le Bayern Munich se présente en léger retrait. Pas forcément la plus mauvaise posture pour surprendre un adversaire qui leur réussi si bien d’habitude et contre qui il n’a plus pris le moindre but depuis 197 minutes.

    L’heure avance et le Camp Nou attend de s’embraser dans cette douce soirée aux relents de légendes où les étoiles de la Ligue des Champions se sont données rendez-vous pour des retrouvailles enflammées.

    Christopher Buet


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