• Radwanska, la culture du jeu

    Loin d’être aussi glamour qu’une Sharapova ou aussi forte qu’une Azarenka, Agnieszka Radwanska est une joueuse au jeu atypique faisant la part belle à la tactique plutôt qu’à la puissance. Un parti pris qui fait de la numéro 3 mondiale, une outsider sérieuse sur le terre battue de Madrid.
     
    Et Sara Errani leva les bras au ciel. Non, la joueuse italienne ne venait pas de remporter un titre (comme elle venait de le faire à trois reprises, ces trois dernières semaines) et encore moins son match. Non, elle venait d’inscrire son premier jeu au tableau et de mettre fin à une série de 11 jeux consécutifs perdus. Un jeu pour l’honneur puisqu’elle allait concéder le suivant non sans avoir sauvé 2 balles de match. Mais ceci n’est qu’une petite histoire dans une grande démonstration de force et d’intelligence livrée par Agnieszka Radwanska. En effet, en à peine 1h05 de jeu, la Polonaise a littéralement balayé son adversaire transalpine, invaincue cette saison sur terre battue, lui faisant visité les quatre coins du terrain avant de porter son estocade. Car voilà, la méthode Radwanska, manœuvrer avant d’achever. Une tactique payante puisqu’elle a porté la Polonaise jusque sur le podium de la WTA.
     
    Sous le sceau du père
     
    Comme son jeu, Radwanska va construire sa carrière avec méthode. Et comme souvent sur le circuit féminin, c’est sous l’égide de son père qu’Agnieszka va se développer et affiner son tennis. Elle n’a d’ailleurs que 5 ans quand elle touche pour la première fois une raquette de tennis. Dès lors, elle ne quittera plus les courts. Enfant prodige, elle va rapidement se distinguer par sa science de la géométrie du court et ce jeu fait de variations et de changements de rythme incessants. Un jeu aux antipodes des canons modernes rappelant une de ses illustres devancières, la suissesse Martina Hingis. Un compliment qui touche la native de Cracovie. « Evidemment, ça me fait plaisir que les gens disent mon tennis similaire à celui de Martina (Hingis), avec de la variété et la volonté de mélanger des choses. J'ai grandi en regardant ses matches. Aussi J'ai toujours joué de cette manière, en essayant de varier mon jeu. C'est mon style et c'est super de réussir à gagner en jouant ainsi. » s’enthousiasme-t-elle avec ce sourire qui ne quitte jamais son visage. Forte de sa différence et bien encadré par un père protecteur et travailleur, Agnieszka va remporter Wimbledon (2005) et Roland Garros (2006) chez les juniors avant de devenir n°1 mondiale de la catégorie en 2006. Des performances qui la poussent à rapidement se frotter à ses aînées sur le grand circuit.
     
    Ascension fulgurante
     
    twisp-111009-07.ss_fullElle n’a alors que 16 ans et toute l’innocence de sa jeunesse quand elle prend part à son premier tournoi certifié WTA. A Varsovie, chez elle, elle fait honneur à sa wild-card (invitation) en atteignant les quarts de finale où elle ne fut stoppée que par Elena Dementieva (n°9 mondiale à l’époque) après avoir notamment battu Anastasia Myskina, n°12 mondiale et ce alors qu’elle n’avait jamais encore battu de Top 100. En parallèle de sa carrière junior, elle poursuit son apprentissage de la WTA profitant de l’invitation des organisateurs de Wimbledon. Tenante chez les juniors, elle passe trois tours avant d’échouer face à la numéro 2 mondiale Kim Clijsters en huitièmes de finale. Un tour de force pour cette Polonaise d’à peine 17 ans. Forte d’un nouveau tour passée à l’US Open après s’y être brillamment qualifiée, Radwanska est élue par la WTA, Newcomer of the year en 2006 soit la plus belle surprise de la saison. Loin de s’en contenter, elle va confirmer les espoirs placés en elle. Stupéfiante de constance pour son âge, elle remporte son premier titre à Stockholm en Suède l’année suivante et intègre le top 30 mondial en fin d’année après un huitième de finale à New York après avoir sorti Maria Sharapova. Son irrésistible ascension se poursuit en 2008 pour la propulser au 10ème rang mondial accompagné d’une participation en qualité de remplaçante au Masters.
     
    « Le changement a été positif »
     
    2009 et 2010 s’avéreront plus compliquée pour la jeune femme qui devra composer avec une blessure au pied durant la seconde moitié 2010. Pour autant, elle s’accroche et ne perd pas de vue ses objectifs. Aussi 2011 marque son retour au premier plan avec un quart de finale surprise à Melbourne et une première vraie participation au Masters. Pourtant, Agniezska ressent un besoin de changement dans son entourage, un besoin de nouveauté pour continuer à évoluer. C’est dans cette optique qu’elle se sépare de son entraineur de père. « Je pense que le changement (de coach) a été positif. Mon père était mon tout premier entraîneur. Il m'a coachée pendant 17 ou 18 ans... Je n'en serais pas là sans lui. Je voyage, désormais, avec un entraîneur différent, mais, quand je suis en Pologne, je m'entraîne avec mon père. » raconte-t-elle avant d’ajouter. « C'est bien de séparer les choses, avoir un père et avoir un coach. Bien sûr, c'est difficile pour mon père, ce n'est pas une situation évidente. C'est toujours difficile de changer après tant de temps. Mais je pense que ça marche et il est content de voir que je joue bien. ».
    Avec Tomasz Wiktorowski, sélectionneur de la Pologne en Fed Cup, Agnieszka réalise une première partie de saison 2012 tout à fait remarquable. Affutée et s’appuyant toujours sur ce jeu fait de variations aussi déroutant que peu esthétique, elle n'a concédé que 5 défaites depuis janvier, toute contre une seule et même joueuse : la numéro 1 mondiale Viktoria Azarenka. « Je n'avais jamais imaginé au début de la saison que je serais classée dans le top quatre aujourd'hui. J'ai joué l'un de mes meilleurs tennis cette année et c'est évidemment très agréable. » avoue la joueuse de 23 ans avant de faire part d’ambition relative à son nouveau statut. « Je crois que je peux faire mieux dans les Grands Chelems. J'espère le pouvoir. Et, comme j'adore jouer sur herbe, j'attends avec impatience Wimbledon. J'ai atteint plusieurs fois les quarts de finale à Londres et, même si l'année dernière je n'y ai pas bien joué, j'espère aller plus loin cet été. Je crois que je peux le faire. ».
     
    Mais avant de renouer peut-être avec la victoire du côté du Center court comme en 2005 chez les juniors, il y a cette terre battue et ce tournoi de Madrid. Une surface qu’elle ne prend pas à la légère au regard de sa démonstration du jour face à Sara Errani. Et bien que l’ocre ne soit pas son terrain de jeu privilégié (une chance celle de Madrid est bleue), il faudra garder un œil sur cette joueuse fluide, intelligente et complexe dont la seule Azarenka a trouvé la clé pour la dominer. « J'aime jouer de différentes manières. J'aime mélanger les coups. » rigole-t-elle pour décrire son tennis. Une phrase pour dire que le casse-tête Radwanska est loin d’avoir livré tous ses mystères. Prochaine adversaire, une autre Italienne Roberta Vinci.
     
    Christopher Buet

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