• Peut-on avoir des bananes dans les stades de football ?

    A l’issue de la victoire de l’Olympique lyonnais sur le terrain du Gazelec Ajaccio (0-4) hier soir, Bafetimbi Gomis s’est dit victime d’insultes racistes, de cris de singe, et même la cible d’un jet de banane. Un acte qui n’est, malheureusement, pas inédit. Est-ce autorisé d’avoir une banane dans une enceinte de football ? Est-ce possible de l’interdire ? Décalage a voulu savoir.

    Un sang-froid remarquable. Cible d’insultes racistes de la part des supporters corses durant toute la rencontre d’hier soir, l’attaquant de Lyon Bafetimbi Gomis a réussi à passer outre en gardant son calme. « J’ai entendu des cris de singe tomber des tribunes. J’ai également été touché par un jet de banane », a-t-il déclaré au Parisien après le match. Utilisée ainsi, la banane renvoie également aux primates, ce qui est clairement une insulte pour les joueurs de couleurs. Mais est-ce illégal d’avoir une banane dans un stade ?

    En France, il est tout à fait possible d’introduire des fruits dans un stade de football (à part si les règlements intérieurs des stades l’interdisent). Selon le Code du sport, il est évidemment interdit « d’introduire de force ou par fraude […] des boissons alcooliques », ou des « fusées ou artifices », mais rien concernant les fruits. Cependant, interdiction formelle « d’introduire, de porter ou d’exhiber […] des signes ou symboles rappelant une idéologie raciste ou xénophobe ». Une banane peut-elle être intégrée à cette catégorie ? On imagine mal les stadiers vérifier si les supporters n’ont pas une banane sur eux au même titre qu’un fumigène ou une arme…

    A noter cependant que « le fait de jeter un projectile […] dans une enceinte sportive » est prohibé mais, toujours selon le Code du sport, le projectile en question doit « représenter un danger pour la sécurité des personnes ». Là encore, un problème se pose : que dire de la dangerosité d’une banane ? Même si des gens peuvent glisser en marchant dessus, une condamnation pour « jet de banane sur un terrain » semble fortement improbable, d’autant plus que le caractère raciste du geste sera difficile à prouver.

    Un peu d’humour ne fait pas de mal, mais il faut bien sûr condamner ce genre de gestes inacceptables si la banane est volontairement utilisée à des fins racistes. Et même si ce n’est pas aussi « flagrant » que les saluts fascistes de l’Italien Paolo Di Canio, ou les cris de singes scandés par certains publics.

    Si on parle beaucoup de ces derniers dans les stades, malheureusement monnaie courante, l’emploi de la banane comme « symbole raciste » (excusez cette formulation quelque peu hasardeuse) s’est déjà vu : en mars 2011, lors du match entre l’Anji Makhatchkala et le Zénith Saint-Pétersbourg dans le championnat russe (pour l’anecdote, l’auteur aurait voulu se moquer de Roberto Carlos) ou, à la même période, après le match amical Brésil-Ecosse disputé à Londres. Lucas Leiva avait alors dénoncé un « acte raciste » envers ses coéquipiers brésiliens métis ou noirs, et d’ajouter que « le racisme ne devrait pas avoir place » sur les terrains de football. Un appel indiscutable.

     

    Raphaël Hudry


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