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    Federer au révélateur

    Open d'Australie logoImpeccable jusqu’ici, Roger Federer s’apprête à défier Novak Djokovic en demi-finale de l’Open d’Australie. A 34 ans, le Bâlois aura fort à faire pour mettre à terre le n°1 mondial.

    L’affirmation a quelque chose de cruel et pourtant, c’est ici, en demi-finale, dans ce dernier carré inaccessible au commun des joueurs du circuit que leur tournoi commence réellement. Ici, à quelques jeux de la première finale d’envergure de la saison, là où les nerfs se tendent et où le niveau s’élève brutalement par la grâce d’une adversité exacerbée. Pour la 45ème fois dans leur histoire commune (22-22), Roger Federer et Novak Djokovic se sont donnés rendez-vous pour en découdre. Un choc entre les deux meilleurs joueurs du monde, finalistes des deux derniers tournois du Grand Chelem ainsi que du Masters, qui fait frémir tout Melbourne Park et qui aura pour théâtre une Rod Toujours tourné vers l'offensiveLaver Arena que l’on annonce bouillonnante d’autant que son toit devrait être déployé. Loin des chaleurs caniculaires qui ont pu étouffer les protagonistes par le passé, cette fois, le ciel devrait s’assombrir et faire pleuvoir. Un déluge pour en couvrir un autre car sur le central australien, une tempête est annoncée.

    « Je suis prêt désormais »

    Une tempête d’autant plus forte que tant Federer que Djokovic n’ont pas entamé leurs forces  inutilement tout au long de la quinzaine. C’est peu dire en effet que l’ancien n°1 mondial a survolé son sujet. Après un début de saison perturbé par une maladie et qui l’a empêché de défendre réellement ses chances en finale à Brisbane face à un Raonic assommant, le Suisse a retrouvé la pleine possession de ses moyens physiques. Aérien sur le court comme à ses plus belles heures, il n’a pas traîné sur les courts et s’est fait un malin plaisir de vite abréger les souffrances de ses adversaires à l’image de son 8ème de finale où il a réglé son compte à un David Goffin dépassé par les évènements. En moins d’une heure et demie, l’affaire était entendue en trois petits sets.

    Un tarif appliqué à tous ceux qui ont croisé sa route à l’exception de Grigor Dimitrov, seul joueur à lui avoir ravi une manche. A 34 ans, et malgré sa séparation avec Stefan Edberg, Federer poursuit sa mue vers un jeu plus offensif, moins énergivore et plus dynamique. « J'arrive en demi-finale sans avoir dépensé trop d'énergie, se félicite Roger Federer. Je suis même surpris d'être déjà qualifié pour cette demi-finale. Tout est allé si vite depuis deux semaines. Je suis prêt désormais. Je suis à fond dans cette demi-finale », se réjouit le Suisse sans crier victoire trop vite.

    Djokovic sait à quoi s'attendreA raison car Novak Djokovic affiche une forme tout aussi étincelante. A l’occasion de son dernier match, le Serbe n’a pas fait de détail contre Kei Nishikori. Dictant le rythme, il a baladé son adversaire sans lui laissé espérer la moindre échappatoire. Tel un boa, il a lentement mais surement étouffé sa proie. Seul Gilles Simon a su desserrer son étreinte et instillé le doute dans l’esprit du monstre venu de Belgrade. Avec un jeu tout en variation, sans rythme et avec des balles parfois sans aucune consistance et donc sur lesquelles il était difficile de s’appuyer, le Français a su enraillé la belle mécanique adverse au point de le pousser jusqu’à un 5ème set indécis. Dans un jour sans, Djokovic avait finalement su s’en sortir en patron non sans avoir eu peur et commis pas moins de 100 fautes directes.

    Federer sait ce qu’il doit faire

    Une tactique que Federer ne devrait toutefois pas reproduire. Incapable de produire la mixture si unique du Niçois, le Suisse a sa petite idée sur la façon d’aborder ce match. « Contre Novak, il faut jouer juste. Il est normal, en attaquant, de se faire passer, de perdre des points. Tant que c’est moi qui gère le match et les circonstances. Ce que je ne dois pas accepter, c’est de subir. D’être nul sur mes deuxièmes balles de service comme à Londres au Masters », indique-t-il conscient qu’il lui faudra prendre le jeu en main pour s’imposer.

    Federer devra dicter le jeuPour y parvenir, Roger Federer devra à tout prix compter sur un service performant. Le véritable baromètre du jeu helvète. Jusqu’à présent, il affiche 65,2 % de premières balles dans le tournoi et une moyenne en constante hausse (69 % en quart contre Berdych, ndlr). Surtout, il est très efficace derrière avec 84,4 % de points gagnés quand sa première balle passe et 5 breaks concédés en autant de match. Il n’en faudra pas moins pour rivaliser avec le meilleur retourneur du circuit.

    Si Federer cherchera à raccourcir les échanges au maximum quitte à prendre des risques parfois inconsidérés, Djokovic entend bien faire durer les débats. « Peut-être que si ça dure, j’ai un peu plus de chances. Mais je ne peux pas m’appuyer uniquement là-dessus », avance-t-il. Plus que sa condition physique, il pourra se servir de la confiance emmagasiner ces derniers mois et des derniers matches joués contre son rival suisse. Que ce soit au Masters ou à l’US Open, le protégé de Boris Becker avait su pousser son adversaire à la faute avant de l’estourbir sans ménagement. Deux claques que le Bâlois n’a pas oubliées. « Ces deux matches doivent me servir dans l'approche de cette demi-finale. J'étais parvenu à le surprendre dans le premier. Mais en finale, Djokovic avait su trouver toutes les réponses. Je me souviens aussi avoir très mal servi en seconde balle. Au point que cela était inacceptable à mes yeux. Jeudi, il conviendra dans un premier temps de me concentrer sur mes jeux de service », prévient le joueur de 34 ans.

    « Toujours beaucoup de tension »

    Indébordable« Contre lui, en Grand Chelem, c’est toujours beaucoup de tension dans le match. Il met beaucoup de pression sur ses adversaires avec son jeu. Roger joue un super tennis ces derniers temps. Il a joué deux finales de Grand Chelem l’an dernier. Mon meilleur niveau sera nécessaire contre lui, c’est évident », embraye Djokovic lucide sur la tournure que devrait prendre cette demi-finale. Un stade de la compétition où il n’aime pas trop croisé la route de Federer. S’il a pris la mesure du Suisse depuis quelques années en Grand Chelem, il n’a pas oublié que la dernière fois qu’il l’a joué dans le dernier carré d’un Majeur, il avait cédé, c’était à Wimbledon en 2012. Federer aura aussi en mémoire les souvenirs tout aussi positif de la mémorable demie disputée à Roland-Garros l’année précédente et qui avait mis fin à une série de 41 succès consécutifs du Serbe.

    Il n’en faudra pas moins pour venir ébranler le maître des lieux qui n’a jamais perdu en demi-finale à Melbourne (5 demies pour 5 titres au final, ndlr), et enfin forcer la porte de cette finale qui se refuse à lui depuis 2010 et son dernier titre ici. « Ma seule ambition est de gagner le titre. Et pour y parvenir, on doit bien, à un moment donné, battre Djokovic », assène Federer. A 34 ans, l’homme aux 17 titres en Grand Chelem affiche son ambition intacte et est fin prêt à se soumettre au révélateur que constitue le Serbe. Pour enfin mettre un terme au règne sans partage de son successeur et prouver qu’il a toujours son mot à dire. Un orage gronde dans le ciel de Melbourne et le ton devrait monter fort au cœur de la Rod Laver Arena où l’atmosphère promet d’être électrique dans la fraîcheur de la nuit australienne.

    Christopher Buet


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