• Retours de flamme

    Bouchard file en 8èmes

    Open d'Australie logoGrâce à sa très grande qualité de retour et une maîtrise des moments importants, Eugénie Bouchard a disposé sans ménagement de Caroline Garcia (7-5 6-0 en 1h24). Trop courte physiquement et mentalement, la jeune Française laisse donc la Canadienne filer en deuxième semaine.

    Bouchard retourne toutCaroline Garcia est au service. Grande et déliée, la jeune joueuse française se déploie et frappe la balle avec vigueur. De l’autre côté, Eugénie Bouchard attend, observe. Juste derrière sa ligne de fond, la Canadienne esquisse un mouvement. Les yeux rivés sur la balle, elle sautille une première fois, puis une seconde. A son retour au sol, les petits pas se multiplient puis propulse le corps de la 7ème joueuse mondiale à la rencontre du projectile tricolore. Dans un timing parfait, elle coupe la trajectoire et se jette dans la balle qu’elle renvoie à son expéditeur. Un retour express fait de profondeur et de précision, venant mordre la ligne dans les pieds de son adversaire. Prise de vitesse, la Française n’a pas le temps de s’organiser et commet la faute dans la foulée. Le schéma est simple, limpide mais d’une efficacité redoutable et reproductible à l’envie. Surtout, il est idéal pour mettre une pression constante sur la serveuse. « Je crois que c’est une chose que je fais bien. J’essaye de mettre la pression dès le retour et ce même si ça sert bien en face. J’ai toujours une grande confiance en mon retour et je m’évertue à m’engager, à rentrer dans le court pour retourner », avançait Bouchard contente que sa volonté en retour lui est permis de s’extirper de ce 3ème tour piégeux.

    La valse des breaks

    Garcia n'avait qu'un set d'autonomie« Elle retourne bien, c’est clair, mais je pense que si j’avais passé un peu plus de premières balles, j’aurais été moins agacée », regrettait Caroline Garcia. Une arme qui aurait évité de drôles de désagréments à la Lyonnaise notamment au cours de cette première manche très disputée. Comme elle l’avait annoncée, la 36ème joueuse mondiale se montrait agressive dès l’entame. Dans une Rod Laver Arena baignée de soleil, elle sautait à la gorge d’une Bouchard encore engourdie. Cette matinée de 3ème tour ne pouvait mieux commencer pour elle mais cette entame idéale s’évanouissait dès le jeu suivant. Se jetant sur chaque seconde balle tricolore, la Canadienne recollait immédiatement sur sa deuxième opportunité de break. Deux jeux plus tard, l’ancienne protégée de Nathalie Tauziat, à présent dans le box de Garcia, commettait 4 erreurs sur l’engagement français avant d’abandonner sa mise en jeu sur une magnifique attaque de revers long de ligne. « Je ne jouais pas du bon tennis au premier set. Je sentais qu’elle me mettait la pression. Elle faisait de bons coups, servait bien. De mon côté, je ne me sentais pas au mieux sur le court. Je n’étais pas le rythme. Je n’arrivais pas à dicter les points. Je suis contente d’avoir su rester calme et d’avoir continué à jouer. Même si ce n’était pas excellent, je me suis efforcée de continuer de rester au contact sur ses jeux de services », étayait la n°7 mondiale.

    Bouchard met sous pression GarciaUn calme qui allait précipiter le tournant du match dans ce 6ème jeu. Refusant de laisser Garcia s’échapper, la demi-finaliste 2014 mettait la pression et se procurait rapidement 3 balles de break, toutes écartées avec une autorité folle (2 coups droits dans le coin et un service au T, ndlr). Mais le jeu était long d’être terminé. Durant près d’un quart d’heure, les deux joueuses ont l’occasion de l’emporter. « Le premier set a été très serré. J’ai eu des occasions que je n’ai pas concrétisées. Si j’avais réussi à passer devant au 1er set et à mieux servir à 4-2, on ne sait jamais… », maudissait la Française. Car, en effet, c’est bien Eugénie Bouchard dans sa robe rose et avec sa visière fluo qui finissait par trouver l’ouverture sur sa…7ème balle de débreak. « Du coup, elle a pris confiance, elle a joué un peu plus relâché que moi, elle a pris les devants et je n’ai pas pu la rattraper », complétait fataliste Garcia.

    Impitoyable canadienne

    La première manche venait de choisir son camp. Si Garcia breakait de nouveau à 3-3, elle concédait sa mise en jeu ensuite et se faisait subtiliser une dernière fois son service, pour la 4ème fois du set, à 6-5. Impavide, Bouchard avait construit sa fin de manche comme une grande, se nourrissant de cette pression, de cet enjeu si prompt à lui éveiller les sens quand il tétanise les faibles.

    La tension lui sied si bien« J’étais contente d’avoir remporté le premier set mais je n’étais pas satisfaite de la manière. J’étais déçue. Je savais que j’étais capable de jouer mieux que ça », ruminait la native de Montréal avant d’ajouter.« Je me suis alors dit qu’il était temps de le montrer. Je me suis détendue et j’ai commencé à réellement joué mon jeu. Dès lors, j’ai réussi à la priver de temps. » Et de jeux. Particulièrement affectée par la perte de la manche précédente, Garcia se mit à bouger avec moins de tonicité et perdit en précision comme en puissance. Sur deux fautes de revers, elle cédait son service et son 4ème jeu consécutif. Forte de son nouvel ascendant, Bouchard redouble d’intensité. Ses retours font merveille et acculent sa rivale. Dans le jeu, ses frappes se font plus dures et plus mordantes. Garcia est dépassée et voit défiler les jeux. La finaliste du dernier Wimbledon ne lui en laissera plus un. Sans pitié, elle ira même jusqu’à laisser le soin à Caroline Garcia de conclure le match pour elle avec deux revers balancés dans le filet, ses 37ème et 38ème fautes directes (contre 17 à Bouchard, ndlr). « Je crois que c’était bien pour moi de jouer contre une joueuse de ce calibre, surtout sans spécialement bien jouer, et d’être aller chercher au fond de moi-même cette victoire », savourait la Canadienne de 20 ans qui célébrait ce succès sans fioriture, juste un petit rictus traduisant le sentiment du devoir accompli. Dans les tribunes, la « Genie Army » redoublait de vigueur dans ses chants, trahissant le silence pesant qui avait accompagné la rencontre. « J’ai définitivement confiance en mon niveau. Je sais que si je joue bien, je vais mettre toutes les chances de mon côté. J’engrange de la confiance à chaque match, bien que je sache que le suivant sera plus difficile. J’ai joué 3 matches solides ici », concluait Bouchard, dont la flamme australienne brûle encore et qui vivra son 5ème huitièmes de finale consécutif en Majeur.

    Christopher Buet


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