• Le trône est vacant

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    Après une courte pauses d’un mois et demi, ces messieurs reviennent sur les courts avec soif de conquête et d’exploits. À Melbourne, Djokovic tentera de conserver pour la 4ème année consécutive son titre mais la concurrence promet d’être vivace.

    « Chaque fois en janvier, c’est un peu comme si on repartait de zéro. » La confession signée Rafael Nadal résume bien ce qui intervient à chaque nouveau début de saison. Qu’on le veuille ou non, qu’importe les conquêtes, les titres amassés, les revers accumulés, les soucis rencontrés, commencer une nouvelle saison signifie faire table rase du passé. Il ne s’agit pas là de l’oublier mais de le ranger précautionneusement. Souvenez-vous. En janvier 2013, tout le monde claironnait le changement d’ère : le monstre bicéphale créé par le duo Federer-Nadal s’en était allé avec la baisse de régime du Suisse et le genou en charpie de l’Espagnol, terrassé par une nouvelle entité : le « Djokorray », constitué par Novak Djokovic et Andy Murray qui disputaient sur le court Arthur Ashe leur seconde finale consécutive de Grand Chelem.

    Aujourd’hui, tout a changé ou presque. Du « Djokorray », seul Djokovic a survécu, le Britannique cédant sous le poids de ses nouvelles responsabilités après son couronnement à Wimbledon. Une chute faisant écho à la « résurrection » de Nadal qui a pris la place de l’Ecossais au sommet de la hiérarchie mondiale à côté de Djokovic pour rebattre les cartes d’un jeu dont il est redevenu le maître.

    Nadal en reconquête

    Nadal voit double

    Auteur d’un retour tonitruant l’an passé après plusieurs mois de repos forcé pour soigner son genou douloureux, Nadal entend poursuivre son entreprise de démolition et prolonger la longue charge qu’il assène au circuit depuis février. Et c’est peu dire que la trêve hivernale n’aura pas perdu le Taureau de Manacor. Engagé à Doha pour entamé 2014, l’animal a montré toute sa férocité et son appétit en écrasant la concurrence. « Pfff…C’était du grand Rafa ! », témoigne Gaël Monfils qui a bien réussi à chaparder une manche à son adversaire en finale sans pour autant parvenir à le déboulonner. « En deux, trois frappes, j’étais débordé », poursuit-il. « Je suis très heureux de mon niveau de jeu », appréciait le Majorquin à l’issue de ce premier tournoi victorieux, première marche vers son premier vrai objectif à Melbourne.

    Car Nadal ne viendra pas pour faire de la figuration en Australie. Absent la saison passée, il reste sur une note disgracieuse sur les courts Aussie, avec cette finale historique abandonnée à Djokovic après 5h53 d’un combat sensationnel en 2012. Un souvenir qu’il aimerait aisément remplacer par une victoire qui lui permettrait d’écrire une ligne de plus à sa légende, en devenant le premier homme à remporter (au moins) deux fois chacun des 4 tournois du Grand Chelem. Un titre qui lui plairait  assurément quand on connaît sa voracité. Il ne sera toutefois pas aisé d’y parvenir.

    « J’ai hâte de débuter l’Open d’Australie »

    Federer veut y regoûter

    Sur le chemin qui peut le conduire à l’Histoire, Nadal va devoir ingurgiter un menu pour le moins indigeste. En effet, le n°1 mondial a été gâté pour son retour à Melbourne Park avec un choc d’entrée contre l’enfant du pays, le prometteur mais encore irrégulier Bernard Tomic. Une levée de rideau pour le moins corsée et qui ne tolèrera aucun relâchement. Si son second tour devrait être plus tranquille, il devra ensuite se coltiner, selon toute vraisemblance, Monfils, Nishikori ou Hewitt, Del Potro, puis Federer ou Murray avant une éventuelle finale contre Djokovic. Pas de tout repos, d’autant que la surface a été changée et qu’elle ne plaît guère à l’octuple vainqueur de Roland-Garros.

    En retrait ces derniers temps, le Suisse et le Britannique ont, en effet, été placés dans le même quart de tableau. Un hasard du destin pour deux joueurs qui rencontrent des maux similaires (dos) et aspirent au même objectif. Pour se relancer, Roger Federer a retenu les leçons de l’an passé. Sortant d’une bonne saison en 2012, le Bâlois s’était donné en spectacle lors d’une tournée sud-américaine en décembre 2012, une débauche d’énergie qu’il paya cher. Aussi, cet hiver a été studieux pour l’ancien n°1 mondial (6ème aujourd’hui, ndlr). « En 2013, à chaque fois j’avais des petits problèmes, des douleurs, notamment au dos, et ça m’a coûté de la confiance. Depuis quelques mois, je peux à nouveau bouger sans problème et je peux me donner à fond, surtout mentalement. J’ai complètement rechargé les batteries », se satisfait-il. Une forme qui ne lui a pas permis d’éviter la défaite en finale du tournoi de Brisbane face à Lleyton Hewitt (1-6 6-4 3-6). Pas de quoi entamer sa confiance. « J’ai hâte de débuter l’Open d’Australie », salivait même Federer visiblement peu affecté par cet accroc initial.

    Del Potro connaît la recette

    Une question de rythme

    De son côté, Murray, lui, est toujours en quête de rythme. Absent des courts depuis juillet en raison de son dos dont il a été opéré, l’Ecossais a besoin de jeu et de compétition pour retrouver ses sensations comme l’ont prouvées ses piètres prestations lors de l’exhibition d’Abu Dhabi. Par chance, le franc-tireur britannique dispose d’un tableau assez favorable avec comme premier test réel un huitième de finale potentiel contre l’artilleur américain John Isner.

    Ce rythme qui fait tant défaut à Murray, Juan Martin Del Potro le possède et vient de le prouver. Pour sa première apparition de la saison, la « Tour de Tandil » s’est montrée inflexible face aux assauts répétés de ses opposants. À Sydney, l’Argentin s’est baladé. S’appuyant comme toujours sur son service et son assommant coup droit, il a n’a pas laissé la moindre chance au jeune Tomic en finale, ne lui concédant que 4 petits jeux. Promis à Nadal en quart de finale, le lauréat de l’US Open 2009 apparaît comme l’un des rares capables de contester l’hégémonie de l’Espagnol et de Djokovic.

     Continuer à planer

    Novak-Djokovic pour un 4ème titre

    Placé dans la partie basse du tableau, Novak Djokovic va pouvoir se délecter de l’intense bagarre qui s’annonce en haut. Pour autant, le Serbe ne va pas chômer. En effet, ce dernier n’a pas digéré la perte du trône mondial. Depuis sa défaite en finale de l’US Open, le natif de Belgrade a décidé de durcir le ton et pris un rythme digne de celui qu’il tenait lors de sa merveilleuse année 2011. Au total, ce n’est pas moins de 26 victoires que le Serbe vient d’enchaîner, n’abandonnant que des miettes à ses victimes. Plus en rythme, plus incisif dans ces coups, Djokovic a plané sur la fin de saison s’adjugeant Pékin, Shanghai, Bercy et le Masters. Surtout, il a profité de cette période pour amorcer un renversement de situation.

    À Pékin comme à Londres, l’Aigle de Belgrade est ainsi parvenu à se défaire de l’étreinte majorquine et a blessé le Taureau de Manacor, lui assénant deux défaites nettes et sans bavures. Deux coups de serres dessinant les contours d’un combat bestial dont l’ascendant venait de changer après 3 succès consécutifs de Nadal. Sur la route le menant au remake de 2012, le nouveau protégé de Boris Becker devra toutefois se méfier du chasseur suisse Stanislas Wawrinka, qu’il devrait croiser en quart de finale. Armé de son gros calibre, le Vaudois avait déjà sérieusement ébranlé le n°2 mondial l’an passé, échouant après 5 sets d’une chasse épique dans la touffeur de la Rod Laver Arena. S’il s’en sort indemne, Djokovic pourra filer vers la finale, les proies Ferrer et Berdych étant bien tendres, et un quatrième titre consécutif dans son nid de Melbourne.

    Encore trop Bleus ?

    Le clan tricolore n’a pas les soucis de Djokovic et n’évolue pas dans les mêmes sphères. Pour ce premier Majeur de la saison, les Bleus n’ont pas été gâtés. Leader national et tête de série n°9, Richard Gasquet est à la peine depuis la reprise. Accompagné par son nouveau coach, Sergi Bruguera, le Biterrois souffre du dos. « C’est une microlésion qui provoque une douleur intercostale. Ca fait très mal. Je suis resté au lit pendant trois jours sans bouger », expliquait-il quand on l’interrogea sur son état. Si les douleurs s’estompent peu à peu, Gasquet n’attend pas de miracle malgré une partie de tableau assez clémente jusqu’en huitième (Wawrinka, ndlr).

    Jo-Wilfried Tsonga en tête de pont

    Gasquet en difficulté, les espoirs français se reposeront comme souvent ces dernières années sur Jo-Wilfried Tsonga. Le 10ème joueur mondial, qui a profité de l’intersaison pour requinquer ses genoux, se sent en pleine forme à l’heure d’aborder le tournoi qui l’a révélé en 2008 (finaliste contre Novak Djokovic, ndlr). « Ces dernières années, avec les pépins que j’ai eus, surtout en début de carrière, je n’avais pas pu faire ce travail (de renforcement). J’avais peur de solliciter mon dos, peur de mettre des charges trop lourdes. Là, j’ai pu y aller », avance celui qui a remporté la Hopman Cup avec Alizé Cornet. Entouré par sa nouvelle équipe (Nicolas Escudé et Thiery Ascione), Tsonga nourrit de grands espoirs. Il lui faudra se montrer très fort pour parvenir à les satisfaire puisque le Manceau a hérité d’un tableau très dense avec Federer, son bourreau en quart l’an dernier, en point de mire dès les huitièmes de finale.

    Derrière Tsonga, on comptera sur Gaël Monfils qui a laissé entrevoir de bien belles choses à Doha où il n’a perdu qu’en finale contre Nadal. Un adversaire qu’il pourrait d’ailleurs dès le 3ème tour. On attendra aussi beaucoup de Jérémy Chardy qui assure n’avoir « jamais fait une aussi bonne prépa hivernale », surprenant quart de finaliste en 2013 et dont le tableau est dégagé.

    Contrairement à l’an dernier, tout le monde est bien présent à Melbourne Park où le trône vacant de 2014 attend son premier seigneur.

    Christopher Buet


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