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    C’est quoi ? Devenue marginale aux yeux du monde moderne, la lutte n’a pas toujours connu cet état de fait et de dénigrement. Loin s’en faut. Il faut savoir que la lutte demeure le plus ancien sport de compétition pratiqué sur Terre. Ainsi des peintures datant de plus de 3000 av JC atteste de sa pratique. De fait, la lutte fut introduite dès les Jeux Antiques en 708 avant J-C, puis réintroduite dès la première édition des Jeux modernes en 1896.

    Concrètement, la lutte est un sport de combat au corps à corps où deux athlètes se font face. L’objectif de chacun des lutteurs est de mettre à terre son adversaire. Pour mettre fin au combat, ce dernier doit toucher le sol avec les deux épaules. Si cette condition n’est pas remplie, le combat se poursuit. Suivant la technique, la prise utilisée ou la chute provoquée, des points sont attribués aux lutteurs. Dans sa version olympique, les rencontres se divisent en 3 périodes de 2 minutes, 30 secondes étant accordées entre chaque période. A l’issue de chacune d’entre elles, le lutteur ayant inscrit le plus de points emportent la période. L’objectif est ainsi de remporter deux manches sur trois. En cas d’égalité à l’issue des 6 minutes, le combat entre dans une période de golden score au cours de laquelle, le premier à marquer l’emporte. Aux Jeux Olympiques, on distingue deux types de lutte : lagréco-romaine où ne sont utilisés que le haut du corps et les bras et la libre où toutes les parties du corps peuvent être employées pour envoyer l’adversaire au sol. L’épreuve olympique s’organise, pour sa part, sous la forme d’un tournoi à élimination directe. En marge de la course à la médaille d’or, un tournoi de repêchage voit s’opposer tous les lutteurs ayant perdu contre l’un des finalistes. Ce tournoi permet de désigner un des médaillés de bronze. Les deux demi-finalistes s’affrontent aussi pour obtenir une médaille de bronze. Depuis 2004, les femmes figurent au programme.

    Rétro 2008 : Steeve Guénot montre la voie. Si la Russie aura allégrement marqué de son empreinte ses Jeux olympiques de Pékin avec pas moins de 11 médailles récoltées dont 6 en or, c’est une autre empreinte plus petite mais plus profonde que l’on retiendra tant que français. Il s’agit de celle de la famille Guénot. Encore inconnu du grand public à l’aube de ces Jeux Olympiques, cette dernière va apparaître sous les lumières des projecteurs. En ce 13 août 2008, la délégation française est moribonde et attend 

    Les frères Guénot savourent des Jeux Olympiques de Pékin réussis

    désespérément d’entendre la première Marseillaise de ces Jeux. C’est le jour que choisit Steeve Guénot, le cadet de la famille, pour se distinguer. Auteur d’un tournoi impeccable, il parvient à rallier la finale des moins de 66 kg dans la catégorie lutte gréco-romaine, après sa démonstration en demi-finale face à Darkhan Bayakhmetov (KAZ). Dès lors un murmure gagne les rangs tricolores, une rumeur annonçant l’avènement. Un jeune chalonnais de 22 ans est en finale. On se déplace en nombre pour le voir et le croire. Pas moins de 6 000 personnes vont ainsi se masser dans les travées du Gymnase de l’Université de l’Agriculture de Chine. Ne s’effondrant pas sous le poids de l’histoire et de la pression, Steve dominait facilement son adversaire Kirghize, Kanatbek Begaliev, et saluait sa victoire d’un magnifique salto, avant d’effectuer un tour d’honneur deux drapeaux bleu, blanc, rouge dans les mains. Cet agent RATP venait de rapporter sa première médaille d’or à la lutte française depuis 1924, mieux il venait d’offrir son premier titre lors de ces jeux Olympiques à la France, lançant du même coup son olympiade. Mais la journée n’était pas fini puisque Christophe Guénot, son grand frère, décrochait quelques minutes après un bronze mérité. La famille Guénot venait de marquer ces jeux de leur empreinte.

    La Star : Saori Yoshida, l’imbattable. C’est à Tsu dans la région du Kansai que voit le jour la petite Saori 

    Saori Yoshida, lutteuse implaccable

    en ce mois d’octobre 1982. Sa famille et le Japon ne le savent pas encore mais c’est une reine presque une déesse qui vient d’ouvrir les yeux. Bien qu’elle n’est aucun rapport avec la princesse Saori, réincarnation de la déesse Athéna dans l’anime Saint Seiya, la fille de la famille Yoshida s’est vu gratifier d’un destin exceptionnel. Malgré un gabarit frêle (elle concourt chez les moins de 55 kg), c’est dans la lutte qu’elle va s’accomplir et faire étalage de tout son talent. Un talent exceptionnel qui va rapidement la placer en digne héritière du légendaire Osamu Watanabe. En effet, à 20 ans et pour ses grands débuts professionnels, Saori Yoshida devient championne du monde. La première pierre de sa légende. Car Yoshida est une 

    combattante hors-pair au talent insensé. Ainsi après cette victoire inaugurale, elle enchainera pas moins de 119 victoires consécutives. Sa série ne sera stoppée que le 20 janvier 2008. Au Team World Series de Pékin, l’Américaine Marcie Van Dusen met ainsi fin à près de six années d’invincibilité et devient la première ayant jamais vaincu Yoshida. Pour autant cette défaite demeure anecdotique. En effet depuis ses débuts en 2002, Saori Yoshida n’a jamais perdu en compétition internationale. A 30 ans, elle est donc nonuple Championne du Monde, triple Championne d’Asie et surtout double Championne Olympique en titre. A Londres, la légende vivante des moins de 55 kg tentera donc de poursuivre sa fabuleuse série et de se poser un peu plus comme le pendant féminin de Watanabe.

    Le Français : Steeve Guénot, l’or pour certitude. Comment en aurait-il pu être autrement. Champion olympique en titre, le lutteur des moins de 66 kg sera la tête de gondole de la délégation française de lutte à Londres. Pour autant, la route vers la capitale anglaise fut extrêmement tortueuse. Auréolé de son tout nouveau statut au sortir des Jeux Olympiques de Pékin, Steeve Guénot va connaître une période creuse. « Il avait besoin de digérer les Jeux » reconnaitra Patrice Mourier, entraineur national. Il lui faudra un an pour se reconstruire et retrouver la flamme. Remobilisé, Steeve retrouve le devant de la scène et le chemin des podiums mondiaux avec une médaille de bronze décroché aux Championnats d’Europe. Le voilà remis sur les rails…enfin c’est ce qu’on croyait, car il était dit que cette olympiade ne serait pas une sinécure pour le Français. Loin de l’état d’épuisement psychique de 2009, cette fois ce sont les blessures qui viennent gâcher son année 2011. Un pouce récalcitrant et une cuisse fragile le contraignent au repos forcé. Mais l’appel olympique a teinté aux oreilles du champion et en 2012, Steve est de retour comme l’assure Mourier. « Steeve est programmé pour être au rendez-vous dans les grands moments. C’est pourquoi il ira aux Jeux de Londres pour reconduire son titre. » Après 3 années de tumultes, le calme semble revenu dans le giron Guénot. Le calme avant de déclencher la tempête et de tenter un pas si insensé doublé. Seule certitude, à Londres, Steeve Guénot sera d’or ou ne sera pas.

    Bon à savoir : Avant l’introduction du système de comptage par points, les matches de Lutte (libre ou gréco-romaine) se déroulaient sans aucune limite de temps jusqu’à ce que l’un des deux lutteurs finisse par être mis à terre.

    Le chiffre : 11. A Stockholm (SUE) en 1912, le Russe Martin Klein et le Finlandais Asikainen ont livré en demi-finale des moins de 75 kg le plus long combat de lutte de l’histoire olympique. Ce dernier a duré pas moins de 11 heures, presque autant que le match le plus long de l’histoire du tennis, qui avait vu John Isner et Nicolas Mahut s’échiner durant 11 heures et 8 minutes lors du deuxième tour de Wimbledon en 2010. Si le Russe sortit vainqueur de ce combat légendaire, il ne put se présenter lors de la finale, qu’il perdit par forfait.

    Christopher Buet


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