• Puérilité tennistique

    Paire Miami

    Alors que le tennis français dispose de toutes les armes pour imposer le respect, ce dernier en a décidé autrement. Plutôt que de chercher la voie de l’excellence, il s’évertue à sombrer dans l’indigence, à l’image du duo Paire-Llodra ou de la brouillonne Bartoli.

    Paire

    Il faudra donc encore attendre pour assister au printemps du tennis tricolore. Alors que le soleil transperce petit à petit le lourd manteau nuageux qui avait recouvert le ciel durant l’hiver et que les fleurs commencent à s’éveiller, les représentants du tennis français ont semble-t-il décider de retarder quelque peu l’embellie. En effet, à Miami, trois d’entre eux ont jeté un voile ténébreux et nauséabond sur sa situation. Même si les cas de figure et les raisons divergent, l’effet n’en demeure pas moins identique.

    Les vacances scolaires viennent de s’achever alors Benoît Paire et Michael Llodra ont décidé de faire comme les enfants et de se chamailler. S’ils se sont bien retrouvés face à face sur un court de tennis, leur opposition eut pourtant l’air d’une bagarre de court d’école aussi puérile que stupide. D’un côté le grand roublard qui se défend de tout, noble et vertueux (en apparence) et de l’autre le petit orgueilleux, impulsif et naïf. Une petite provocation du premier, une réplique du second et voilà, les éléments vous offrant un acte théâtrale ridiculement honteux. La scène a pour cadre le premier tour du Masters 1000 de Miami. Sur le court, Benoît Paire, espoir encore fragile du tennis français, rencontrait dans un choc des générations le vieux briscard Michael Llodra. Tout se déroulait sans encombre pour l’Avignonnais qui parvenait à s’emparer du service de son adversaire pour mener 3-0 au changement de côté. Ce fut à cet instant précis que le match dérapa et que le ton monta entre les deux opposants. Croisant son cadet, Llodra lui adressa une petite remontrance, un conseil si l’on en croit sa version. « Ne commence pas à mettre la pression sur l’arbitre (référence à une annonce tardive du juge arbitre sur une double faute de Llodra à 1-0, 30-0, suite à laquelle Paire s’était fendu d’un geste d’agacement). Ne te comporte pas comme un petit merdeux, comme contre Gilles (Simon à Indian Wells). » relate le Parisien. Des propos que n’a guère goutés Benoît Paire qui ne se faisait pas prier pour rembarrer son compatriote. « Je t’emmerde » aurait ainsi répliqué le 38ème joueur mondial selon Llodra (ndlr : d’autres sources indiquent que les termes du natif d’Avignon auraient été : « mange-merde »). Ce dernier poursuit son plaidoyer. « Mon idée était de calmer le truc tout de suite. Ce n’était pas insulte. Jamais, je ne lui ai dit qu’il était un petit merdeux. » assure-t-il. Des propos contradictoires qui cachent sans doute autre chose.

    « C’est quelqu’un de faux »

    llodra

    En effet, Michael Llodra, quoiqu’il en dise, n’est pas né de la dernière pluie et s’avère rompu à ses jeux de dupes qui prennent tournure sur les courts du monde entier. A 32 ans, il sait qu’un match se gagne autant dans la tête qu’avec une raquette à la main. Aussi, il n’est pas sans connaître la friabilité du mental d’un joueur comme Paire, sujet à de (trop ?) nombreux accès de colère à la moindre contrariété. Dès lors, il paraît évident pour le protégé de Laurent Zimbler qu’il s’agissait d’une tactique de la part du 65ème joueur mondial. « Il m'a clairement et sciemment insulté, en me traitant de pleureuse et de petit merdeux (…) Ce n'est pas quelqu'un de bien. C'est quelqu'un de faux qui est prêt à tout pour gagner un match. » assure Paire. Ce dernier avait d’ailleurs du mal à comprendre l’attitude qui fut celle de son aîné durant l’ensemble de la rencontre. Car cet accrochage allait trouver son prolongement tout au long de la partie. « Dès que je lui demandais des explications, il me répondait : ‘’Ferme ta gueule, j'ai huit ans de plus que toi, tu me dois le respect’’. Je ne suis pas son chien, il n'a pas à me parler comme ça. C'est inacceptable. » enrage-t-il. Malheureusement pour lui, le piège tendu par son adversaire va se refermer sur lui. Perturbé, Paire va peu à peu perdre le fil d’un match qu’il maitrisait jusqu’à 4-1 en sa faveur. Gangréné par les propos et l’attitude de son adversaire du jour, il le voyait finalement lui subtiliser la première manche dans un tie-break où il eut pourtant 5 chances de conclure. Llodra venait de réussir son coup d’autant que le second set allait se transformer en une tranquille promenade, Paire se désintégrant. Après 1h12 de supplice, Paire abdiquait (6-7 2-6), s’en allait serrer la main de l’arbitre avant d’oublier sciemment de saluer Llodra et de quitter le court sous les huées d’une foule incrédule. Ne décolérant pas, Paire se fendra d’une dernière saillie « C’est pas compliqué, je ne lui parlerais plus jamais. » avant que Llodra ne clôt les hostilités. « Dans des matches comme ça, il a deux solutions : soit on se monte le bourrichon et ça devient n’importe quoi, soit on ferme sa gueule et on joue. Au bout du compte, c’est lui qui s’est ridiculisé. » Fin de l’acte et certainement fin de l’histoire commune, si tenté qu’il n’y en ait jamais eu une. Fin aussi de la récréation pour une altercation aux airs de bêtise infantile.

    Paire-Llodra

    Bartoli en crise

    Si le roi de l’amortie dégoupillée et le dévoreur de filet (et d’esprit) se sont distingués de la plus mauvaise des façons sur le court, ils ne sont pas les seuls à avoir terni l’image du tennis français en Floride. Dans un tout autre style, Marion Martoli n’a même pas eu besoin de se donner en spectacle sur un court pour attirer l’attention. Au début du mois, la numéro 1 française prenait son courage à deux mains et convoquait la presse pour annoncer qu’elle se séparait définitivement de son père et entraîneur Walter. Une révolution dans le petit monde des Bartoli tant l’association entre le père et sa fille paraissait pouvoir résister à toutes les tempêtes. Mais voilà, la Française rêvait de retrouver l’équipe de France de Fed Cup (ndlr : Bartoli ne jouait plus pour son pays depuis de nombreuses années en raison de ses exigences et de sa volonté de voir son père l’accompagner à chaque rassemblement, donnée incompatible avec le fonctionnement interne de l’équipe nationale). 

    Bartoli flou

    Plus encore, la finaliste de Wimbledon 2007 souhaitait continuer à s’améliorer et jugeait qu’elle était allée au bout du processus avec son géniteur. Forte de ce constat, elle choisissait de s’attacher les services d’une ancienne référence du circuit féminin, la Tchèque Jana Novotna, lauréate de Wimbledon en 1998 et d’une obscure polonaise nommée Iwona Kuczynska. Objectif clairement annoncé : améliorer le jeu d’attaque de la 11ème joueuse mondiale en travaillant sur sa mobilité et sa volée. Observatrice avisée du circuit WTA, Martina Navratilova (59 titres du Grand Chelem dont 18 en simple) se réjouissait de cette nouvelle association et prédisait même que Bartoli pourrait à terme titiller le Top 5 mondial.

    Tout semblait parfaitement s’imbriquer donc pour ce qui s’apparentait à une seconde carrière. Toutefois, Marion Bartoli semble vivre à 28 ans sa crise d’adolescence ou tout du moins une crise identitaire. Sans raison valable (de l’extérieur), elle vient de congédier le duo Novotna-Kuczynska. C’est donc seule, car son père qui était avec elle jusqu’à hier, a quitté Miami, que la quart de finaliste du dernier US Open abordera ce Masters 1000. « Marion cherche sa structure. » plaide la responsable du haut niveau féminin Alexandra Fusai. Pas idéal à l’heure d’affronter Andrea Petkovic.

    Entre deux gamins se chamaillant sous le soleil et une jeune femme en quête de repère, l’escapade floridienne du tennis français tourne au fiasco. A leurs compatriotes de relever le niveau et de mprouver que le tennis français vaut mieux qu'une colonie d'écoliers.

    Christopher Buet


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