• La relève Halys

    Du haut de ses 18 ans, Quentin Halys possède un potentiel plus qu’intéressant. En retard sur les meilleurs de sa génération (Coric, Zverev, Rublev…), le Parisien grandit bien et pourrait incarner l’avenir du tennis tricolore.

    Il est aux alentours de 12h30 en ce vendredi ensoleillé et printanier quand l’information tombe. Non loin de la station Bourse où il réalise une conférence de presse en comité restreint en compagnie de Robert Pirès, Quentin Halys apprend qu’il a tiré le gros lot. A l’autre bout de Paris, Maria Sharapova a placé son nom à côté de celui de Rafael Nadal, l’ogre de la terre pour son premier match en Grand Chelem et à Roland-Garros. Alors que toutes les personnes présentes accusent le coup, le jeune homme reste stoïque, impassible sur sa chaise. Cache-t-il sa stupeur, sa peur, son excitation ? Rien de tout cela. D’un ton posé et monocorde, il se dit heureux mais pas stressé car il n’a rien à perdre et beaucoup à apprendre.

    Le rude apprentissage Nadal à Roland-GarrosQuatre jours plus tard, sur le court Philippe-Chatrier, Halys ne fera pas d’exploit. Une défaite sèche en 3 manches (6-3 6-3 6-4, en 1h49) dont il ne rougissait pas. « J'ai fait 5 jeux très tendus où cela ne sortait pas très bien de ma raquette et ensuite (…) j'ai eu l'impression qu'il y a eu un match, un combat à un moment, je suis assez satisfait de moi », expliquait-il. Avec sa courtoisie habituelle, Rafael Nadal s’attardait sur son jeune adversaire et ne manquait pas de le féliciter. « Il a très bien joué  même s’il a commis des erreurs. Ce n’est pas facile de jouer contre quelqu’un qui tente des coups gagnants. »

    Nadal : « Les armes pour devenir un grand joueur »

    Sans avoir été ridicule, Quentin Halys quittait Roland-Garros. Un simple « Au revoir » pour le Francilien dont la carrière professionnelle n’en est qu’à ses balbutiements. « Je viens juste de basculer chez les pros. J'ai fait mes premiers Futures (tournois de 3e Division, ndlr)en début d'année. Je bascule sur les Challengers (tournois de 2e Division, ndlr).Ce match peut être un bon tremplin... », croit-il.

    Il faut dire que du haut de ses 18 ans, Quentin Halys possède l’un des plus beaux potentiels du tennis tricolore. Né à Bondy, au Nord-Est de Paris, il se distingue à 13 ans en remportant les Petits AS, l’officieux championnat du monde des 12-14 ans. Un exploit considérable puisqu’il devient à cette occasion le premier vainqueur français de l’épreuve depuis 11 ans et un certain Richard Gasquet. Cette victoire prestigieuse suscite de fait de nombreux espoirs.

    Halys voit loinCinq ans après, Halys a bien grandit et culmine à 1,90m mais n’a rien perdu de ses qualités raquette en main. « C’est un garçon qui sent bien le jeu. Il est vraiment adroit, malin et il sait prendre la balle très tôt, ce qui est rare chez les jeunes », salue l’ancien capitaine de Coupe Davis et directeur du Masters 1000 de Paris-Bercy Guy Forget. Une analyse partagée par Arnaud Di Pascaule. « Il s'illustre surtout par son côté tacticien, par sa capacité à sentir le jeu. Il se sert parfaitement de la géométrie du terrain. Ce n'est pas un grand cogneur. Il est adroit, dispose d'une bonne main, mais il joue surtout juste. C'est un peu du Hingis », confiait le DTN en novembre dernier en marge de la finale de la Coupe Davis entre la France et la Suisse.

    De son côté, Arnaud Clément apprécie les qualités de cet attaquant. « Il a un tennis pur. Mais le plus important, c’est que sur le court, il se bat et j’aime son attitude », avoue l’ancien 10ème mondial et actuel capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis.

    Halys échoue en finale de l'US Open juniorConscient de son potentiel, Halys refuse de se laisser griser et procède par étape. Ainsi cet hiver, il a fait appel à Olivier Ramos pour l’accompagner et l’aider à progresser. « Quentin a un jeu assez offensif. Sur le court, il aime imposer son rythme et ses séquences. C'est un joueur malin et très opportun. Avec son gros gabarit (1,90 m), il peut s'appuyer sur un bon service et une très bonne gicle de coup droit », dit de lui l’ancien coach d’Adrian Mannarino. Depuis qu’ils sont ensemble, le Francilien a grimpé de plus de 300 places à l’ATP pour atteindre le TOP 300 (295ème contre 635 en janvier). Un bond fulgurant qui laisse augurer de belles choses pour l’avenir. « La pression, je ne la ressens pas du tout. Pour l'instant, je suis encore très loin des Monfils, Tsonga, Gasquet etc. Je dois faire mon petit bonhomme de chemin et je ne ressens pas plus de pression que cela quand on me dit que je suis sur leurs traces », assurait le principal intéressé en septembre dernier avant de disputer (et perdre) la finale de l’US Open junior.

     « Il a les armes pour devenir un grand joueur mais il faut enchaîner. Il faut savoir que dans le tennis, les choses ne sont pas faciles. Il faudra concrétiser l’essai », prévenait Rafael Nadal, nonuple vainqueur de Roland-Garros après leur rencontre Porte d’Auteuil. « C'est un gros bosseur et il aime ça », répondait Ramos dans La Nouvelle République lors du tournoi de Poitiers. « Il va devoir muscler son jeu, et avoir plus d'audace. C'est comme cela qu'il sera plus fort », concluait Di Pasquale.

    Sports Elite Jeunes mise sur lui

    Halys, parrain avec Robert PirèsPour cela, il pourra demander conseil à Robert Pires avec qui il est parrain de Sports Elite Jeunes. En effet, le groupe spécialisé dans l’organisation de stages et vacances sportives à destination des 7-17 ans depuis 1977, a choisi de s’associer avec le jeune espoir du tennis tricolore. Dans le cadre de ce partenariat, Quentin Halys aura la charge d’encadrer des enfants dans la pratique de leur sport mais aussi et surtout de partager son expérience, son apprentissage du haut niveau. Avec Halys, Sport Elite Jeune entend offrir un interlocuteur à la fois crédible dans son discours et proche des jeunes accueillis dans les différents camps. Car si Robert Pires brille par son palmarès et sa carrière au plus haut niveau, l’ancien pensionnaire de l’INSEP sera davantage en phase avec ses interlocuteurs, plus au fait de leurs aspirations, de leurs problèmes et pourra tenir un discours peut-être plus adapté à leurs âges.

    A 18 ans, ce partenariat pourrait être le premier d’une longue série pour le jeune homme qui se dit heureux et fier de pouvoir conseiller ces enfants bien qu’il appréhende encore le fait de se retrouver seul face à eux. A l’image du garçon, réservé dans la vie mais si assuré les pieds sur un court. En attendant de se frotter aux petits amateurs de France cet été, Quentin Halys ira taquiner les « anciens » du circuit avec en ligne de mire, qui sait, les qualifications pour le prochain Wimbledon et le rêve un peu fou d’un duel dans le tableau principal avec son idole Roger Federer qui ferait un bel écho à celui de son premier tour Porte d’Auteuil face à Rafael Nadal.

    Christopher Buet


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  • Federer s'effondre de bonheur

    Brillant face à un Richard Gasquet impuissant, Roger Federer a offert la première Coupe Davis de son histoire à la Suisse et consolidé sa légende.

    Federer sanglote sur l'ocreEt si c’était elle sa surface ? Non pas sa surface de prédilection, ce tapis vert et gracieux où il se plaît à balader son aisance et sa classe, mais celle de sa gloire, cette terre qui d’ocre rougeoie et où chaque geste laisse une trace. Sacré, déifié sur le gazon verdoyant de Grande-Bretagne, Roger Federer s’est agenouillé pour l’éternité dans la poussière de la terre battue française. Il n’était pas encore 15 heures quand au cœur de l’enceinte de Pierre-Mauroy, le Bâlois déposait une dernière volée de revers amortie derrière le filet. Au fond du court, en face, Gasquet avait compris que tout était fini. La Coupe Davis et le précieux saladier d’argent venait de lui échapper à lui et à la France entière, chapardés par la Suisse et son enfant prodigue. Là, Federer s’abandonnait. Lui qui avait virevolté toute l’après-midi, posa les genoux à terre et tomba à la renverse sanglotant sur ce court teinté d’ocre, conscient qu’il venait de mettre un terme à sa mission et de magnifier plus encore « sa » légende. Une image émouvante troublant miroir nous renvoyant inévitablement 5 ans en arrière quand sous la pluie de juin, l’ancien n°1 mondial s’effondra à Roland-Garros, sa quête en Grand Chelem enfin achevée et Sampras égalé. Ce dimanche, l’accomplissement avait quelque chose de comparable, une saveur tout aussi particulière, un goût d’absolu mélangé à du soulagement. À 33 ans, Federer tenait, enfin, « SA » Coupe Davis, ce trophée qui manquait à son incomparable palmarès, celui qui prouvait que « sa Majesté » n’était pas qu’un monarque solitaire mais bien un souverain capable de conduire sa patrie au firmament.

    Le match parfait

    Rien ne pouvait perturber FedererEt quelle plus belle scène pour prouver sa grandeur que le  plus grand court du monde, posé dans l’écrin d’un stade de football, et ses quelques 27 000 personnes à majorité hostile. Sifflé à son entrée et à l’échauffement, l’artiste suisse s’est nourri de cette ambiance exceptionnelle avant de livrer une démonstration comme il en a le secret. Dès l’entame du match, tout le monde avait compris que rien ne pourrait détourner Federer de cette victoire aux accents de légende. Mobile comme à ses plus belles heures, incisif, entreprenant et d’une justesse folle, il étouffait un Richard Gasquet envoyé au front au secours d’un Tsonga meurtri. Le joueur raide et statique vu toute la semaine, s’était évanoui laissant la place à une étoile prête pour son récital. Non seulement, l’ancien n°1 mondial dansait sur le court, tournant avec virtuosité autour de son revers pour conquérir la diagonale, mais il s’appuyait également sur une qualité de service retrouvée. En total contrôle, il affichait 72 % de première balle sur l’ensemble de la rencontre et pas moins de 82 % de réussite derrière sa première. Avec une telle arme et une telle sécurité, le Suisse pouvait jouer parfaitement libéré et dérouler son tennis comme au cours de ce second set presque parfait où il ne commit que 3 minuscules fautes directes.

    Gasquet était impuissant« C’est la première fois qu’il joue aussi bien face à moi », se hasardait Gasquet avant d’être plus dissert « J'ai senti qu'il jouait très bien, très vite. Il faisait peu d'erreurs. Je n'ai pas eu de balles de break, j'ai eu du mal à l'embêter. On est tous déçus du résultat. J'aurais aimé apporté plus parce que la foule me supportait énormément. Tu n'as qu'une envie dans ces cas-là, c'est d'aller au 4e set, au 5e set, et faire plaisir au public. Non, il n'était pas imbattable. J'ai fait beaucoup de fautes en retour, parfois je le laisse un peu jouer. Ma qualité de balle doit être supérieure. Mais dès que tu as une qualité un peu moindre, il te fait mal. Tu sens qu'il a une énorme expérience, des matchs comme ça, il en a joué des dizaines. Il fait chaque fois le coup juste, il a une frappe de balle exceptionnelle ». « Le gars marchait sur l’eau. C’était d’une beauté… », s’éberluait un autre tricolore Arnaud Boetsch. Sans avoir concédé la moindre balle de break, Roger Federer, qui s’en est procuré pas moins de 16, mit un terme au supplice français abandonnant 8 maigres jeux.

    « Je voulais ce trophée pour l’équipe, Stan, Séverin »

    La détermination du bâloisComment pouvait-il en être autrement. Pour le symbole, Roger Federer se devait de marquer cet ultime point surtout après cette semaine tumultueuse qui l’aura vu surgir des profondeurs, s’élever contre son dos et l’adversité. « Lundi et mardi, je ne pensais pas jouer trois jours ici. On a envisagé toutes les possibilités pour le week-end, sachant que ce n’était pas non plus la fin de ma carrière. Je pouvais encore continuer l’année prochaine. Je voulais donner du temps à mon corps. Ce n’est que vendredi que j’ai pensé qu’il y avait une chance. Et jusqu’à aujourd’hui, je ne pensais pas jouer pendant trois jours », glissait le héros du jour qui n’oubliait pas les siens, ses partenaires qui lui avaient offert cette chance. « Je ne peux pas assez remercier Stan d'avoir fait tant d'efforts ce week-end. C'est la même chose pour Severin. Ils m'ont maintenu en vie, je dirais », tenait immédiatement à préciser le Bâlois.

    Alors que tout le monde se focalisait sur lui, l’intéressé s’effaçait derrière le collectif comme si ce moment n’était pas le sien. « Je suis soulagé, on voulait vraiment cette victoire, surtout en menant 2-1. C’est l’une des meilleures émotions de ma carrière. C’était formidable de vous entendre hurler dans mes oreilles. Je dispute la Coupe Davis depuis l’âge de quinze ans. Je voulais ce trophée pour l’équipe, Stan, Séverin (Lüthi, le capitaine). Et ce n’est pas la fin », se plaisait-il à déclamer.

    La Suisse célèbre son titreÀ l’heure de recevoir le tant désiré saladier d’argent, Federer se contentait d’entourer ses camarades, se refusant presque à toucher le précieux trophée. Une retenue qui en disait long sur la mission qu’il s’était fixée. « On est très, très heureux. On a passé de bons moments depuis cette balle de match à Londres avec Stan (Rires). C'est l'une des plus belles semaines qu'on ait vécue en tant qu'équipe. On se connait tous très bien, ça fait plus de 10 ans qu'on joue ensemble pour certains. C'est clairement l'un des plus beaux moments de ma carrière. Je suis incroyablement heureux (…) C’est un jour exceptionnel pour notre pays. On est un petit pays qui n’a pas gagné de grand titre dans son histoire. C’est un grand jour. J’espère que ça pourra inspirer d’autres sportifs en Suisse », savourait-il délicieusement.

    Après tant de tourments sur cette terre battue capricieuse, Roger Federer pouvait enfin goûter la félicité. Celle qui l’avait fait l’égal de Sampras et même un peu plus en 2009, venait de lui offrir la plus belle des récompenses, le dernier grand titre manquant à son inestimable palmarès, un cadeau collectif légitimant son statut officieux de plus grand joueur de tous les temps, que certains se plaisaient à contredire par son absence nationale.

    À 33 ans, Roger Federer n’a à présent plus rien à prouver et à conquérir, excepté l’or olympique en simple. En France, « sa Majesté » a trouvé la terre de ses exploits, une ocre éternelle à même de marquer pour toujours son empreinte sur le jeu.

    La Suisse et son saladier d'argent

    Christopher Buet


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  • Le Masters

    Comme chaque année, le circuit ATP tire sa révérence avec le Masters londonien. Une grande réunion des 8 meilleurs joueurs mondiaux dont la lutte pour le trône entre Djokovic et Federer sera le principal intérêt.

    Les têtes tournent, les jambes beaucoup moins, harassées qu’elles sont d’avoir arpentées les innombrables courts du monde entier. En ce crépuscule de la saison 2014, l’épuisement commence à poindre irrémédiablement pourtant l’heure n’est pas encore aux vacances pour l’élite mondiale. Contrairement à ces dames qui profitent depuis déjà 2 bonnes semaines de vacances bien méritées, exception faite des Tchèques et des Allemandes aux prises pour le gain de la Fed Cup, ces messieurs n’en ont pas encore terminé. Malgré les efforts consentis depuis janvier, les huit meilleurs joueurs du monde sont appelés pour une dernière représentation, une dernière bataille sur les bords de la Tamise. Un ultime rendez-vous où il sera question de gloire et de domination, de suprématie et d’ambition, de volonté et d’honneur.

    La quête désespérée ?

    Enterré par beaucoup il y seulement un an après une saison hasardeuse minée par les blessures et une confiance en berne, Roger Federer est bien toujours là en ce mois de novembre 2014, fidèle parmi les fidèles à ce tournoi des Maîtres qu’il dispute pour la 13ème fois consécutive. Lancé dans une fin de saison excitante dont le point d’orgue aura lieu devant les 27 000 spectateurs du Stade de Lille pour la grande finale de la Coupe Davis contre la France, le Bâlois a coché la case londonienne depuis quelques semaines déjà.

    Federer vise le trôneSextuple vainqueur mais privé du plaisir de lever le trophée depuis 3 ans maintenant, Roger Federer rêve de poser sous les paillettes à nouveau. Un objectif qui en cache un autre dont il parle ouvertement : la place de numéro 1 mondial occupée par Novak Djokovic. « Redevenir No 1, ce serait vraiment cool. C’est comme regagner un Grand Chelem ou le Masters, ce sont des choses qui font du bien…», glissait-il avant un entraînement récemment. Toutefois, la reconquête de son trône abandonné en 2012…à ce même Djokovic, s’annonce des plus ardues. En effet, le Suisse se doit de réaliser un Masters parfait et de remporter le Saladier d’Argent la semaine suivante quand, dans le même temps, le Serbe, en lice pour un troisième titre consécutif au Masters, ne doit pas gagner plus de 3 matches à Londres. Une équation presque insoluble tant le niveau de ce dernier est affolant, et encore plus dans des conditions qu’il apprécie tant, en indoor où il n’a plus perdu en tournoi depuis le 31 octobre 2012 et un 2ème tour contre Sam Querrey au Masters 1000 de Paris-Bercy.

    Qu’importe l’improbabilité de cette quête un peu désespérée, Roger Federer mettra tout en œuvre pour au moins triompher. Un peu emprunté à Bercy au début du mois, le lauréat de Shanghai a rechargé ses batteries pour finir fort. « Je me sentais vraiment fatigué après Paris. Donc j’ai pris trois jours «off» qui m’ont fait beaucoup de bien. C’était la dernière opportunité de souffler », confie-t-il. La quête de Federer reprend par la campagne de Londres et s’achèvera dans le Nord de la France.

    Murray et son rang perdu

    Murray est regonfléEngagé dans une toute autre aventure, Andy Murray arrive à la maison bardé d’ambitions et de confiance. Après une longue remise en route de son dos abîmé l’an passé, le Britannique avale cette fin de saison comme un goinfre. Titrés à trois reprises à Shenzen, Vienne puis Valence, aux dépens de Robredo deux fois et Ferrer, le champion olympique en titre souhaite confirmer son retour en grâce et ses excellentes dispositions en retrouvant la place qui était la sienne aux côtés des Djokovic, Federer et Nadal parmi les quatre meilleurs joueurs du monde.  Une perspective approuvée par sa coach Amélie Mauresmo. « Je pense que pour lui, il est important d’essayer de finir l’année dans le Top 4. Il y a une possibilité. Andy a gagné beaucoup de matches dernièrement, battant de nouveau des joueurs du Top 10, ce qu’il n’avait pas fait depuis longtemps même s’il avait battu Jo (Tsonga) à l’US Open. C’était une étape que je voulais qu’il franchisse, l’autre étant de gagner des tournois », éclaire celle qui est aussi la capitaine de l’équipe de France de Fed Cup.

    Raonic parmi les grandsAvant de réintégrer le quatuor de pointe, Murray va devoir en découdre avec les petits nouveaux. Finaliste du dernier US Open, Kei Nishikori va connaître les joies de son premier tournoi des Maîtres, tout comme son compère et bombardier canadien Milos Raonic, récent finaliste à Bercy. « C'est génial que j'ai été capable de faire de telles choses à Paris, d'autant plus lorsque j'étais dos au mur. En plus, j'étais derrière à la Race et j'ai du me battre. Je suis très content de ce que j'ai fait ces dernières semaines », se félicite ce dernier dont les services vont résonner fort sous la coupole de l’O2 Arena. De son côté et même s’il s’immisce pour la première fois dans ce tournoi très huppé, Nishikori ne s’embarrasse pas en faux-semblant. « Je veux remporter le tournoi, mais ça sera très dur. Si je peux jouer un bon tennis pendant cinq matches, j'ai des chances de soulever le trophée. Je dois juste croire en moi. L'année prochaine, je veux être Top 5 toute la saison et peut-être grimper sur le podium mondial. J'espère retourner en finale de Grand Chelem et remporter un Masters 1000 », annonce le protégé de Michael Chang

    Les inconnus Wawrinka et Cilic

    Moins en vue ces dernières semaines, Stanislas Wawrinka ne sera pas à prendre à la légère. Le vainqueur surprise de l’Open d’Australie demeure un adversaire d’une grande qualité disposant d’un jeu puissant jamais évident à négocier. Surtout, le Vaudois va chercher à s’étalonner en vue de son grand rendez-vous en équipe nationale prévue à la fin du mois. « Il m'est difficile de fixer un objectif dans un tel tournoi. Je peux très bien être éliminé avec trois défaites, tout en ayant fait trois bons matches. Et tout pourrait également très bien se passer. La seule chose que je sais, et j'en suis même convaincu, c'est que si j'arrive à bien rentrer dans ce tournoi et à gagner mon premier match, tout sera possible. Je sais que je suis capable de battre tout le monde ici. Il est important d'avoir cela en tête », explique le 4ème joueur mondial dont on perçoit l’appétit. En revanche, difficile de savoir où situer Marin Cilic. Eblouissant à New-York où il remporta avec une facilité et une autorité déconcertantes son premier Majeur, le Croate s’est fait discret depuis déclarant même forfait pour Bercy en raison de douleurs au bras droit. Sans oublier Tomas Berdych. Demi-finaliste à Bercy, le Tchèque mécanique est capable du meilleur comme du pire et peu légitimement prétendre bien figuré dans ce tournoi final.

    A l’aune de l’hiver européen, les meilleurs mondiaux sont prêts à s’expliquer et à faire monter la température sur les bords de la Tamise pour une dernière tournée, celle des patrons.

    Christopher Buet


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  • Roger Federer au firmament à Shanghai

    Venu cueillir sa 23ème couronne en Masters 1000 au terme d’une semaine prodigieuse à Shanghai, Roger Federer s’est rapproché un peu plus des sommets. L’astre suisse scintille et ça faisait longtemps qu’il n’avait pas connu pareille intensité.

    « Le soleil couchant est souvent beau. Seulement le crépuscule est trop près de lui ! » En cette fin de tournée asiatique, les mots de Li Shangyin résonnent étonnamment juste surtout pour Roger Federer, cet astre né en Suisse à la lumière étincelante. Ce poète chinois du IXème siècle n’écrivait certainement pas en pensant à ce jeu créé un millénaire après sa mort et encore moins en pensant à Roger Federer. Pourtant en s’imposant en finale du Masters 1000 de Shanghai face à Gilles Simon et ce à 33 ans, l’esthète bâlois s’est approprié avec une chance et une dextérité merveilleuses ce qu’exprimait la plume du poète. « J’ai vécu une semaine fabuleuse à Shanghai, surtout en raison de la chance que j’ai eu au premier tour. C’était assez incroyable, ces cinq balles de match sauvées contre (Leonardo) Mayer. Je reviens de nulle part », confessait-il presque ahuri après sa victoire. Le symbole d’une année où tout semble enfin sourire, à nouveau, à un Roger Federer délesté de ses ennuis dorsaux et à la confiance protubérante, excroissance indispensable à la réussite tennistique.

    Federer a faim de victoiresRetour en grâce

    Au sortir de la tournée asiatique, la 6ème place mondiale qu’occupait, fin 2013, le Suisse, jugé décadent et appelé à jouer les faire-valoir, semble lointaine. Plus que ce 81ème titre ajouté à son palmarès, le premier en Asie depuis sa médaille d’or olympique en double conquise à Pékin en 2008, Federer a profité de son voyage sur les bords de la mer de Chine pour se hisser encore un peu plus près des étoiles. Revenu sur le podium mondial sur le gazon londonien de Wimbledon, le voilà à présent dauphin du monarque serbe Novak Djokovic, en lieu et place du titan de Manacor, abattu par son corps si rudement éprouvé (poignet puis appendicite, ndlr). Un nouveau rang qui appelle à des ambitions plus acérées. « Il faut gagner ce genre de tournoi pour se rapprocher de cet objectif incroyable qu’est la place de numéro 1. Avant j’étais trop loin », assène l’helvète avec lucidité. « Stefan Edberg a donné à Federer une chance de gagner un nouveau Grand Chelem », disait fin juillet Nick Bollettierri. Un sentiment qu’avait partagé Edberg en personne plus tôt encore dans la saison en débarquant en Australie. « Roger a besoin d'être motivé. Il possède toujours un superbe jeu et, s'il est motivé, il peut toujours jouer un formidable tennis. Je veux vraiment le voir aller de l'avant et remporter un Grand Chelem cette année, parce que je pense qu'il en est toujours capable s'il joue son meilleur tennis », insistait le Suédois. À défaut de Majeurs, son protégé a repris ses quartiers dans le dernier carré Majeur, exception faite de Roland-Garros (défaite en 8ème contre Gulbis, ndlr), et regoûté à l’ivresse du succès dans ces cimes qu’il ne côtoyait plus avec 4 titres dont 2 Masters 1000, et 5 autres finales pour un total de 61 victoires en 71 matches, soit le meilleur bilan de l’année loin devant Novak Djokovic (52 succès) !

    « Pas mal de moments forts à vivre »

    Le Suisse est loin d'avoir abdiquéUne régularité au plus haut niveau proprement bluffante si l’on considère le statut de trentenaire du Bâlois qui doit également composer avec 4 enfants depuis l’arrivée de ses jumeaux en mai dernier. Toutefois, cette riche année 2014 n’est pas finie et promet d’être animée et chargée dans son emballage. En effet, non content de jouer les premiers rôles sur le circuit ATP, Roger Federer brille en Coupe Davis où il a enfin décidé de s’investir. Entre le trône mondial, le Masters et le saladier d’argent, les objectifs ne vont pas manquer. « Il y a tellement de choses qu’il faut faire un choix », avance sagement l’homme aux 17 titres en Grand Chelem, « ou juste essayer de jouer et voir combien d’énergie il reste à la fin », glisse-t-il en amateur invétéré du jeu qu’il est.  Dangereuse tentation que celle qui se propose à un Suisse bien décidé à jouir de son éclat retrouvé. « Je suis très consistant, c’est une saison solide. Je voulais gagner de nouveau des titres cars, à ce niveau-là, j’ai été plutôt déçu l’année dernière. Et j’ai encore pas mal de moments forts à vivre d’ici la fin de saison », savoure-t-il.

    « Les personnes comme Roger sont atypiques. Ce sont des phénomènes. Franchement, tant que Roger adorera jouer, tant qu'il montrera le même enthousiasme qu'il montre à chaque entraînement, le même désir de continuer à profiter du jeu, je ne pourrai lui imaginer rien d'autre que des succès à venir. Pour moi, la question n'est pas de savoir s'il va recommencer à gagner. Mais quand », prévenait Paul Annacone. Un an après, son avertissement prend davantage de caractère. « Le soleil couchant est souvent beau. Seulement le crépuscule est trop près de lui ! », écrivait Li Shangyin. Si son crépuscule approche inexorablement, du haut de ses 33 années, l’astre Federer offre un spectacle d’une rare beauté dont on ne peut que se délecter.

    Christopher Buet


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  • Ce trophée tant désiré
    En retrait depuis plusieurs mois, Jo-Wilfried Tsonga n’a laissé aucune chance à Roger Federer dans cette finale à Toronto pour s’adjuger son 2nd Masters 1000 (7-5 7-6 en 1h49). Impressionnant dans tous les compartiments du jeu, le Français conclut une semaine parfaite au Canada.

    Tsonga savoure le titre

    Messieurs, il y a une nouvelle terreur qui sévit sur les courts et elle ne rigole pas mais alors pas du tout. Enfin si, elle rigole, elle sourit à l’issue de ses méfaits quand son adversaire gît au sol, criblé par les balles de son gros calibre si bien huilé et réglé. Sous le beau soleil de Toronto, Jo-Wilfried Tsonga vient de ranger son arme encore fumante et ne peut se défaire de son immense sourire. Une émotion partagée entre l’incrédulité et la joie de la situation, de ce titre acquis de main de maître face aux plus fines gâchettes du moment. Le temps ne s’écoule dans l’esprit du Français qui ne peut plus s’empêcher d’être heureux, d’aller saluer Thierry Ascione, son coach en tribune, qui l’accompagne depuis le début du tournoi, avant de retourner s’asseoir en attendant d’aller brandir ce trophée qu’il attend depuis plus d’un an, depuis ce mois de février 2013 et une victoire à Marseille. Ce succès-ci a toutefois plus de saveur, celle de la douleur, du sacrifice, du dépassement, de l’abnégation car il lui en a fallu de la confiance et du courage pour revenir à ce niveau. « Il y a deux ans, je me souviens que j’avais beaucoup de problèmes avec mon genou ; et aujourd’hui, je suis ici avec le trophée, c’est fantastique », apprécie Tsonga quand on lui tend le micro. Avant d’en arriver là, le Manceau a exécuté sa dernière victime sans même sourciller.

    Tsonga tire en premier

    Tsonga était trop fort

    On rêvait d’un intense et irrespirable duel au soleil, une opposition haletante qui aurait vu le temps se suspendre et dont la bande originale aurait été composé par le maître italien du genre, Ennio Morricone. On rêvait de ce face-à-face, de ce western à l’ancienne en terre canadienne. Il n’eut finalement pas lieu tant l’affrontement n’accorda que peu de place au suspense et au doute. Pourtant, les protagonistes avaient de beaux arguments à s’opposer entre un Federer au jeu affûté à défaut d’être brillant et un Tsonga au service de plomb.

    Comme à l’accoutumée dans ce genre de duel, les premiers instants étaient timides voyant les deux hommes s’observer, se toiser du regard en testant leurs armes du jour, notamment ce service baromètre incontournable des jeux français et suisse. Si régulier depuis le début de la semaine, Tsonga peinait à trouver son rythme et ses zones dans l’exercice, à l’exception de cet angle croisé court qui le secourra plus d’une fois. Malgré un faible pourcentage (45% de premières balles, ndlr), le Manceau se débrouillait pour verrouiller ses mises en jeu au point de ne jamais se faire inquiéter. De son côté, Federer menait tranquillement sa barque sans frémir. Un tie-break semblait inéluctable pour départager deux protagonistes si sereins. C’était sans compter sur le finaliste de l’Open d’Australie 2008. En effet, ce dernier s’amusait à réécrire le scénario en sa faveur à 6-5. « Je n'ai pas mal débuté. Mon début de rencontre était même la meilleure partie de mon match. Sur ce point là j'étais content de mes sensations et de mon jeu mais au lieu d'aller en s'améliorant ça a fini par retomber», regrettait Federer. Pressé depuis deux jeux, l’ancien n°1 mondial était poussé à la faute et ne pouvait que constater les dégâts quand Tsonga dégaina sur sa seule et unique balle de break de la manche. Il ne lui en fallait pas plus, d’une munition tirée au moment opportun pour désarmer son prestigieux adversaire (7-6).

    Federer désabusé

    « Un grand moment »

    Hébété, Federer titubait d’autant que ses sensations lui faisaient défaut. Incapable de soutenir la comparaison du fond du court, le Bâlois changeait d’option tactique à l’entame du deuxième acte et se ruait au filet. À défaut de venir contester Tsonga sur ses engagements, il parvenait à protéger les siens. Le subterfuge fonctionna 2 jeux, le temps pour ses errances de ressurgir. Lesté de 4 fautes grossières, Federer était obligé de faire des merveilles pour préserver ses chances avec notamment un ace claqué sur le T pour effacer la première opportunité de break du 15ème joueur mondial. Le danger se faisait plus pressant quelques minutes plus tard. Implacable derrière ses mises en jeu (64 % de points marqué derrière ses premières balles, ndlr), le protégé de Thierry Ascione et Nicolas Escudé se procurait deux nouvelles opportunités, puis encore deux autres sans toutefois réussir à les saisir. Ce n’était qu’une question de temps. Le tennis du finaliste de Wimbledon ne tenait qu’à un fil dans ce set.

     Ca allait trop vite pour Federer

    Non sans sauver une balle de match à 5-4, Federer et son orgueil s’agrippait et se donnait le droit de disputer le jeu décisif qui aurait dû ponctuer la manche précédente. Une maigre consolation car tout était déjà écrit et rien ne pouvait abattre le franc tireur manceau. Si Federer déclenchait le premier avec deux aces coup sur coup, Jo-Wilfried Tsonga répondait assénant 2 aces, un service extérieur gagnant et deux séquences limpides en deux coups de raquette. À nouveau, c’était sur des défaillances bâloises que se faisait la décision. Pâle comme le vert de son T-shirt et blessé par les salves tricolores, Federer était terrassé par une énième faute directe. Faiblard, son revers venait mourir dans le cœur du filet et sceller l’issue de ce duel. « Je n'ai pas assez bien joué. Si vous n'êtes pas capable de frapper des coups droits ou quoique ce soit correctement... Ce n'était pas mon jour », reconnaissait l’élève de Stefan Edberg. Le soleil était haut dans le ciel et le recordman de victoires en Grand Chelem venait de s’effondrer, vaincu par l’énergie et la volonté d’un Tsonga revigoré.

    Tsonga a dicté sa loi

    « Je ne réalise pas vraiment ce que j'ai réussi cette semaine, mais je peux déjà dire que c'est un grand moment dans ma carrière. C'est complètement différent de ma victoire à Bercy (en 2008, ndlr), car il y avait à l'époque derrière moi ma famille et mes amis, je m'étais imposé avec mes tripes et mon coeur. Ici, j'ai remporté ce titre avec mon niveau de jeu, j'ai bien joué durant toute la semaine, j'ai battu quatre grands joueurs (Novak Djokovic en 8e de finale, Andy Murray en quart, Grigor Dimitrov en demi-finale et Roger Federer en finale, NDLR) (...) Pour arriver à une telle semaine, il y a beaucoup, beaucoup de travail, j'attendais cela depuis plusieurs mois », savourait celui qui redevenait n°1 français et membre du Top 10 (10ème). En soulevant le trophée, Tsonga mettait, par ailleurs, fin à 23 ans de disette des Français, qui n’avaient plus remporté un titre sur sol étranger en Masters 1000 depuis Guy Forget à Cincinnati en 1991.

     « On m’a enterré trop vite », disait-il le matin même. En effet, on ne peut condamner un tel cow-boy sans s’assurer qu’il est définitivement mort et cette victoire, la première en Masters 1000 pour un joueur classé hors du Top 10 depuis Ivan Ljubicic en 2010 et obtenue après avoir massacré Djokovic, Murray, Dimitrov et Federer (tous membre honoraire du Top 10, ndlr), en atteste. Il y a une nouvelle terreur sur les courts, elle est française et compte bien se faire entendre à l’heure de la tournée Nord-américaine.

    Christopher Buet


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