• L'aigle reprend son envol

    Novak Djokovic remporte Indian Wells
    Après 2h12 d’une intense joute, Novak Djokovic s’impose à Indian Wells aux dépens de Roger Federer dans le cadre du premier Masters 1 000 de la saison (3-6 6-3 7-6). Grâce à ce succès, le Serbe ajoute un 17e Maters 1000 à sa collection.

    Djokovic se rassure

    Alors que le dernier revers de Roger Federer finit sa course dans le filet et scelle le sort d’une rencontre longtemps indécise et âprement disputée, une clameur s’échappe des travées électrisées du central du tennis Garden d’Indian Wells. Une explosion qui contraste avec ce qui se passe sur le court. Au centre de l’arène, point de cris à s’en déchirer les cordes vocales et s’arracher les poumons (et les vêtements) comme souvent chez Novak Djokovic après une grande victoire, juste un poing serré et un grand « ouf ». Plus que de la satisfaction, c’est bien du soulagement qui s’affichait sur le visage du Serbe, celui du travail bien fait, celui du succès retrouvé après un début de saison plus chaotique que les années précédentes. Après 2h12 d’un combat de haute volée contre Roger Federer, le n°2 mondial avait fini par jeter à bas son adversaire pour se saisir de son premier trophée de la saison au bout d’un scénario proche du précédent livré par les auteurs serbe et suisse.

    Federer dicte sa loi

    Federer, premier en action

    Pour la deuxième fois en deux rencontres, le premier homme à se mettre en évidence et à prendre l’avantage dans l’acte initial est également celui qui a du s’avouer vaincu au moment d’écrire l’épilogue. Si à Dubaï, le Serbe avait dû endosser ce rôle en demi-finale ouvrant la voie au sacre de son adversaire, à Indian Wells, le n°2 mondial a changé de costume pour le céder à Federer.

    En effet, ce dernier avait choisi de démarrer pied au plancher dans ce qui constituait sa 35e finale de Master 1000. « Je joue de manière beaucoup plus libre et j’ai davantage confiance en mes coups parce que je frappe beaucoup de balles sans réfléchir », révélait-il avant la rencontre. Libéré de ces maux au dos qui lui avait empoisonné son tennis la saison précédente, le Bâlois omettait donc le traditionnel round d’observation pour prendre à la gorge un Novak Djokovic, rapidement étouffé. Dès son premier jeu de retour, Federer profitait de l’irrégularité de son adversaire au service et de 2 doubles fautes, pour faire le break. Un avantage que le Suisse allait conserver jusqu’à la fin du set. Consistant au service avec 72 % de première balle (aucune balle de break concédée, ndlr), très entreprenant (12 coups gagnants contre 6 à Djokovic, ndlr) et appliqué dans le jeu, sa Majesté s’adjugeait le premier acte de ce 33ème épisode dans la rivalité serbo-suisse.

    Djokovic se ressaisit

    « Il faut toujours chercher au fond de soi pour battre Roger »

    Sur la lignée de sa semaine parfaite à Dubaï et de son excellent parcours californien, Federer imposait son jeu et ses variations à un Djokovic handicapé par une entame cafouillée. Il en faut toutefois plus pour que le Serbe s’avoue vaincu. En effet même encombré par un manque de confiance criant et un set caviardé, l’enfant de Belgrade n’abdique jamais. Mieux, c’est dans la difficulté qu’il tire sa force et conforte sa volonté de vaincre. « Il faut toujours chercher au fond de soi pour battre Roger », indiquait-il avant d’associer les actes à ses mots. Au service pour entamer la manche, l’ancien maître de Melbourne faisait preuve d’autorité et assurait son engagement. Un bon démarrage salué par une foule enthousiaste dont les vaillant « Nole, Nole, Nole » traduisait son désir de voir le Serbe briller pour leur offrir une grande finale.

    L’embellie aperçue lors de ce jeu trouvait une continuité dans le suivant. Plus entreprenant, il mettait sous pression Federer et manquait de peu de l’inquiéter, la faute à quelques erreurs, inhabituelles chez lui, comme cette attaque de revers long de ligne qui allait mourir dans le couloir. Qu’importe l’aigle de Belgrade tournait, à présent, autour de sa proie et allait resserrer sa course. Au 8ème jeu, il amorçait sa descente en piquée et parvenait enfin à ébranler son adversaire. Sur sa seconde balle de break, Djokovic se saisissait du break (5-3). Sans trembler, il finissait d’engloutir la seconde manche sur sa mise en jeu et revenait à hauteur d’un Federer, entrainé dans des filières longues moins profitables et subissant davantage les événements (6-3).

    « Trop d’erreurs dans des moments importants »

    Federer se bat et étire le suspense

    « Je pense qu’il y a eu un passage crucial de 20 à 30 minutes entre le deuxième et le troisième set où les choses auraient pu évoluer différemment », notait Roger Federer. Le Bâlois faisait référence à ce début de troisième acte particulièrement intense. Sous la pression constante du Serbe, l’ancien n°1 mondial élevait sensiblement son niveau de jeu pour donner une réplique plus consistante. Les échanges prenaient alors une autre tournure et chacun des deux joueurs se rendaient coup pour coup dans un déchaînement de points. Sauvant une première balle de break, Federer serrait le poing avec une rage qui exprimait l’âpreté du combat qui se déroulait sous le soleil radieux du Tennis Garden. Le Suisse ne tenait toutefois pas longtemps. À 1-1, il ne pouvait rien contre la nouvelle salve d’offensives d’un Serbe arrimé à sa ligne de fond et distribuant le jeu avec justesse et à propos (2-1).

    Suffisant pour filer vers la victoire ? Loin s’en faut car Roger Federer est un champion de la même trempe que le Serbe. Sans s’affoler, l’élève de Stefan Edberg entreprenait de rester à portée dans l’éventualité qu’une faille apparaisse dans la cuirasse serbe. S’il manqua de précision à 3-4 30-30 voyant son revers lui échapper, il saisit l’opportunité deux jeux plus tard. Alors que Djokovic servait pour le titre, le quadruple vainqueur d’Indian Wells décidait d’accélérer violemment. Devant un public électrisé et proche de l’hystérie, il montait son niveau d’agressivité et s’offrait 3 balles de break, ses premières depuis l’unique obtenue et convertie en début de match. Federer ne tremblait pas et effaçait son break de retard avant de reprendre les commandes (6-5). « Comme je l'ai dit avant la rencontre, le match se jouera sur très peu de points, et c'est ce qui s'est passé. Roger joue à un niveau très élevé. Il a mieux joué que dans les treize, voire quatorze derniers mois. J'ai dû vraiment être au sommet de mon jeu et très concentré jusqu'au dernier moment pour pouvoir gagner », expliquait Djokovic. « C’était une fin de match intéressante, sans aucun doute. Mais je pense qu’il a mieux joué. A la fin il a assuré, faisant en sorte que la balle reste en jeu et j’ai peut-être fait trop d’erreurs dans des moments importants », abondait un Federer lucide.

    Le soulagement de Novak Djokovic

    Balle au centre

    En effet, bien que revenu à hauteur, le Suisse allait devoir s’incliner devant la supériorité de son cadet. Reprenant ses esprits, le protégé de Marian Vajda et Boris Becker (absent cette semaine, ndlr) faisait la décision d’abord sur son service pour emmener tout le monde dans un tie-break qu’il allait survoler (7-3). « Je suis très fier de mon tournoi. La manière dont j'ai gagnée ce titre me rend très heureux et me donne mentalement beaucoup de satisfaction. J'ai eu notamment ces trois matches contre Cilic, la demi-finale d'hier et la finale d'aujourd'hui, des situations très tendues, très fortes émotionnellement. Je suis resté fort mentalement, ce qui me donne beaucoup de confiance et bon espoir pour le reste de la saison » appréciait-il à la lueur de son 17ème titre en Masters 1000 (comme André Agassi, ndlr), le 42ème de sa carrière. Une première finale et un premier trophée en 2014 qui atteste de l’envol de l’aigle de Belgrade et d’un possible retour de la confiance.

    De son côté, Roger Federer refuse de s’apitoyer sur cette défaite, seulement la 3ème de son année, la seconde contre un Top 10. « Il y a deux façons de voir les choses. Soit tu peux être très déçu, parce que tu as bossé énormément pour gagner ce tournoi et que tu n’es pas passé très loin, à quelques points de la victoire finale. Soit tu te rappelles où tu en étais la saison dernière à la même époque, précisément ici (blessure au dos au 2nd tour, ndlr). J’ai été capable de revenir, de jouer un très bon tennis, je trouve », se satisfait le nouveau 5e mondial. En attendant leur troisième affrontement en 2014, les deux hommes ont fait le plein de confiance et montrer qu’il faudrait encore compter sur eux cette saison. L’aigle de Belgrade plane à nouveau dans le ciel du tennis masculin pendant que sa Majesté poursuit sa reconquête.

    Christopher Buet


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