• Le sourire d'argent

    Marie-Laure Brunet se retire

    Chef de file du biathlon français depuis 2010, Marie-Laure Brunet a mis un terme à sa carrière. À 25 ans, la rayonnante Pyrénéenne n’ira pas plus loin que Sochi et son malaise olympique.

    Sous le soleil de cette fin mars, un joli sourire illumine son visage, libéré des maux qui le meurtrissaient. Là, près de Prémanon lors des Championnats de France de ski nordique, Marie-Laure Brunet s’offre un dernier bain de foule en toute simplicité. Comme chez elle, au milieu des siens, de ceux qui ont peuplé son quotidien depuis des années. Rien ne l’indique encore mais une page vient de se tourner, la Pyrénéenne n’empoignera plus sa carabine et ne rechaussera plus les skis. En effet, en juin, elle acte la fin de sa carrière de biathlète à…25 ans. « Ce n’est pas un coup de tête dans un moment de blues. C’est une décision structurée et longuement mûrie après avoir depuis des semaines pesé consciencieusement le pour et le contre. Le mois passé en Alaska m’a aidée à y voir plus clair », explique sereinement Brunet. Le dénouement logique pour une sportive entière à la carrière météoritique.

    La fantasme Poirée

    Le triplé argenté de Brunet aux MondiauxComme les Fourcade, c’est dans les Pyrénées que Marie-Laure Brunet naît un jour d’hiver de 1988. Une saison qui rythmera sa vie. Hyperactive, la native de Lannemezan pratique ski alpin et ski de fond. Ce n’est qu’à l’âge de 14 ans qu’elle tombe amoureuse du biathlon en regardant les courses olympiques de Raphaël Poirée à Salt Lake City. Dès lors, c’est une carabine dans le dos que la jeune femme arpente les pistes et s’affirme. Athlétique et précise, Brunet devient à 19 ans double championne du monde juniors avant d’inscrire dans la foulée ses premiers points en Coupe du Monde. Surdouée, la Pyrénéenne refuse le qualificatif. « Je pense que j’ai travaillé plus que certaines à un moment donné, c’est tout », souligne-t-elle.

    Une éthique qui va l’imposer comme l’une des meilleures biathlètes de France autant que son ambition. « C’était une gamine qui avait les dents longues », se souvient Sandrine Bailly, « qui savait ce qu’elle voulait », appuie Anaïs Bescond qui la côtoie depuis les jeunes catégories.« Si je fais ce sport, c’est pour être championne olympique », confiait-elle peu avant les Jeux Olympiques de Vancouver 2010 à L’Equipe. Ce rêve, elle le tutoiera sans jamais l’atteindre ramenant argent (relais) et bronze (poursuite) de Whistler. L’apogée de sa carrière avec ce triplé argenté aux Mondiaux de Rupholding en 2012. « Je n’ai pas décroché la médaille d’or ou la victoire que je désirais tant. C’est un regret mais ce n’est pas suffisant pour me donner envie de repartir à la bataille », confesse-t-elle lasse. « Elle avait besoin de viser haut car ce n’est pas quelqu’un qui se serait contenté d’une 20e place », avance Bailly.

    « Elle a marqué son temps »

    La tireuse d'élite BrunetCar l’après Rupholding est un long calvaire. Victime de son exigence, elle force à l’entraînement et abîme irrémédiablement son physique jusqu’à s’effondrer lors du relais olympique de Sochi, terrassée par un malaise vagal. « L’expression de l’accumulation de moments négatifs qui s’est mêlée à mon envie de bien faire », suggère-t-elle. La faillite de trop. « Elle a pris beaucoup de coups ces dernières années », compatit Bailly qui veut avant tout retenir la Championne qu’était sa cadette. « Elle a marqué son temps avec sa rapidité et sa précision au tir. C’était un modèle pour nous et pour les jeunes. Elle était forte parce qu’elle considérait ça comme un jeu. Il va manquer car des tireuses comme elle, il n’y en a pas beaucoup… » « C’était Lucky Luke », s’amuse Bescond pleine d’admiration avant de redevenir sérieuse. « Elle a construit quelque chose de fort et nous a entraînées dans son sillage. » À 25 ans, Brunet change donc d’univers avec envie. « Je suis fière de mon parcours de sportive. Je suis heureuse de ma décision. Je suis impatiente de vivre la suite de mon histoire », sourit-elle. « Je ne sais pas ce qu’elle va faire mais elle va nous surprendre », prédit Bescond. Un avenir que Bailly imagine bien ailleurs que dans le biathlon où elle pourrait « apporter toute sa force et son énergie. » Un nouveau défi pour une nouvelle vie ; celle d’une championne avide et ambitieuse.

    Christopher Buet


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