• La très grande bretonne

    Julie Bresset

    Au terme d’une course menée de main de maitre, Julie Bresset s’adjuge le titre de championne olympique de VTT. Une première pour le VTT féminin tricolore.

    Incrédule, Julie Bresset secoue la tête sur son vélo. Il ne reste que quelques hectomètres et la Française se reprend, saluant la foule, l’embrassant. Elle se rapproche finalement de cette dernière, lâche son guidon et empoigne le drapeau français qu’on lui tend. Comme Julien Absalon en 2004 et 2008, qui sera en lice demain pour un troisième sacre consécutif, Julie Bresset déploie l’étendard tricolore et franchit la ligne vainqueur. Un dénouement fabuleux à l’issue d’une course gérée avec une maitrise et une sérénité rares.

    Sous le soleil de Londres, la Bretonne rassurait tout le monde sur son état de santé. Malgré une chute, il y a deux jours à l’entraînement et 7 points de suture au coude, elle prenait tout de suite les devants et s’installaient au milieu des favorites. Une place qu’elle n’allait plus jamais quitter. Prenant la course à son compte, la vététiste de 23 ans imprimait son rythme et sans accélérer, au train, elle faisait la sélection. Les premiers tours s’effaçaient et les filles s’éparpillaient le long du tracé londonien derrière la locomotive venue des Côtes d’Armor. Julie Bresset se détachait rapidement et seules la tenante du titre Allemande Spitz et l’Américaine Georgia Gould parvenait à accrocher sa roue. Tout du moins pendant un temps car la Française ne faiblissait pas et ne laissait aucunement ses adversaires lui imposer leur rythme. Avec une fine science tactique, elle était convaincue que pour gagner, elle devait faire le travail seule. Puis le travail paya, plutôt ses compagnes de chemin payaient le leur pour rester au contact. Elles perdirent un, puis deux, puis trois mètres. Au milieu du second des tours que comptait la course, Julie Bresset s’envolait seule pour ne plus jamais être reprise.

    Cavalier seul

    Sans se retourner, la Française poursuivait sa route. Libérée de ses poursuivantes, elle allait offrir au public la démonstration de sa supériorité. Fine technicienne, la vainqueur de la Coupe du Monde semblait survoler les difficultés et les rochers émaillant la piste, prenant les trajectoires avec précision. Derrière, tout était plus dure. Alors que la Française ne laissait rien transparaitre hormis une concentration intense, l’Allemande et l’Américaine souffraient, leurs visages se tordant de douleurs et de crispation. L’impression visuelle était aussi saisissante. Derrière le coup de pédale fluide de la tricolore, les deux suivantes piochaient, semblant trainer un poids infini. Si elles la virent s’échapper, prendre quelques mètres d’avance, bientôt elles ne l’eurent plus en point de mire, lâchées…inexorablement.

    Seule un incident mécanique ou une chute semblait pouvoir empêcher la tricolore d’aller décrocher l’or olympique. De chutes, il y eut mais pas pour elle. Deuxième juste devant Gould, Spitz imitait son homonyme américain, mark Spitz, et plongeait la tête la première dans une descente de pierres. Une belle frayeur sans conséquence si ce n’est de briser ses rêves, si tentée qu’elle en possédait encore. C’est que devant Julie Bresset assommait la course en patronne, cette patronne qu’elle est depuis maintenant deux ans. Seule en tête, elle a eu le temps de penser, de penser aux sacrifices qu’elle a accepté pour en être là à quelques encablures et quelques minutes de la consécration olympique, de penser aux siens qui l’ont soutenu et permis d’arriver dans ses dispositions mentales, de penser à cette carrière à la trajectoire météoritique, celle d’un phénomène, de penser à son entraineur qui la façonner dans cet optique olympique, de penser aussi peut-être à sa compatriote Pauline Ferrand-Prévost qui allait péniblement finir au 26ème rang d’une course qu’elle n’aura pas pu disputer pleinement en raison de points de suture à un genou. Beaucoup de choses ont du lui passer par la tête donc mais jamais au point de la perturber. D’une sérénité absolue, elle creusait l’écart, avalait les montées et les descentes avec déférence. Vint alors le dernier tour, un dernier passage entre les rochers, une dernière montée et une descente aussi interminable que jouissive vers l’arrivée.

    Julie Bresset médaille

    Une clameur accompagna son entrée dans l’aire d’arrivée. En un instant, elle comprit, la course était gagnée, ses deux principales adversaires trainant à plus d’une minute, et la concentration laissait place au bonheur et à l’émerveillement. Secouant la tête comme pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas, elle s’engouffrait dans cette trouée dorée. Comme Julien Absalon, elle s’empara d’un drapeau Bleu, Blanc, Rouge aux couleurs de la France et franchit la ligne. A 23 ans, la Française réalisait l’exploit de sa jeune carrière et devenait championne olympique, la première de l’histoire du VTT féminin tricolore. Après avoir dévalée les pentes londoniennes, Julie Bresset se faisait rattraper par l’émotion. Au moment de la Marseillais, entourée de l’Allemande qui avait résisté à l’Américaine, elle ne put contenir ses larmes, des larmes d’or. Julie Bresset, la grande Bretonne, comme évidence sur cette île.

    Christopher Buet


    Tags Tags : , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :