• La terre de ses désirs

    Djokovic est son seul adversaire

    roland-garros-logoSouverain omnipotent du circuit, Novak Djokovic arrive en favori à Roland-Garros. S’il espère bien décrocher le dernier Majeur qui lui manque, le Serbe devra se méfier.

    Une fois n’est pas coutume, une tête dépasse des rangs à l’heure de se présenter Porte d’Auteuil pour le second Majeur de la saison, sauf que cette fois, cette tête bien que brune, elle aussi, n’est pas celle que l’on a l’habitude de voir émerger. En effet, point de Rafael Nadal bombant le torse avec une en bandoulière victoires et confiance à revendre. En cette fin de printemps 2015, l’homme qui se détache de la mêlée nous vient de Serbie et trône au sommet du classement mondial sans pitié et encore moins frisson. « Il est trop au-dessus des autres », déplore presque Guy Forget en évoquant le despote du circuit masculin. Cette année, plus que jamais, Novak Djokovic s’impose comme le grand favori du seul tournoi Majeur qui manque à son déjà coquet palmarès. L’heure est-elle venue pour lui d’enfin triompher sur cette terre qui se refuse à lui depuis tant d’années ?

    Le despote serbe veut avoir sa terre« Je suis ici avec un but précis »

    Au moment d’évaluer les chances de chacun, difficile de ne pas voir en la personne du natif de Belgrade le joueur le plus à même de soulever la Coupe des Mousquetaires au terme du tournoi. Il faut dire que le n°1 mondial évolue à un niveau de performance ahurissant depuis quelques mois. Ainsi depuis sa défaite à Shanghai en octobre dernier, il a écœuré l’ensemble de ses adversaires et s’est adjugé 7 des 9 tournois dans lesquels il s’est engagé, raflant 5 Masters 1 000, le Masters, plus un 8ème Grand Chelem avec l’Open d’Australie en janvier, ne s’inclinant qu’à Doha et Dubaï (ATP 250 et ATP 500, ndlr), soit 37 succès de rang dans les tournois principaux. C’est bien simple, rien n’y personne ne peut résister à l’équation proposé par le Serbe. Infatigable défenseur aux articulations élastiques, mur de volonté, Novak Djokovic est un tueur de sang-froid capable d’abattre n’importe qui par ses passings meurtriers. Tout en rythme, l’homme est à 28 ans un métronome à l’instinct de prédateur porté par une confiance incommensurable en ses capacités. « C’est juste une histoire de confiance. Nole a gagné tellement de matches depuis tellement de mois… », indique son coach Marian Vajda.

    « C’est évidemment très encourageant de savoir que j’ai gagné tous les grands rendez-vous depuis octobre (Bercy, Masters, Open d’Australie, Indian Wells, Miami, Monte-Carlo et Rome) en jouant mon meilleur tennis. Arriver à Roland-Garros dans ces conditions me donne de la confiance. J’ai eu cette situation particulière, spécialement ces deux dernières années, où quand j’arrivais à Paris, les gens se disaient : est-ce que c’est cette fois ou pas ? J’ai été proche plusieurs fois. Je n’ai pas réussi à le faire, mais cela ne me décourage pas. Je suis ici avec un but précis, me mettre dans les conditions pour gagner le trophée », apprécie-t-il.

    Son propre ennemi

    Serein comme DjokovicCompte tenu du niveau de jeu proposé par Djokovic depuis octobre, les observateurs ne voient guère d’adversaire au Serbe que lui-même. « Avec ce nouveau statut de favori, tout le monde sait qu’il doit gagner. Est-ce qu’il va être capable de continuer de jouer sans penser justement au trophée ? Je pense qu’il en est capable car il a trop de métier. Ce n’est pas l’adversaire le danger, c’est lui », confirme Forget, rejoint par Todd Woodbridge. « Il s’est mis une pression énorme sur les épaules à cause de ses brillants résultats. Parfois, se savoir prêt de réaliser ce dont vous rêver peut vous bouffer beaucoup d’influx. Le plus important sera de voir comment Djokovic va gérer tout ça », expose la légende australienne. Invaincu sur terre battue en 10 rencontres, Novak Djokovic se sait attendu. Favori légitime, il ne s’est pas vu aidé par le hasard et le concours de Maria Sharapova qui lui ont livré un tableau ardu.

    Nadal programmé en quart

    Nadal et Murray ne l'effaie pasSi les deux premiers tours ne devraient poser que peu de soucis, la perspective australienne au 3ème tour où devrait se présenter logiquement Tomic ou Kokkinakis, promet davantage. Un premier (petit) teste avant une montée en gamme avec Richard Gasquet ou Kevin Anderson en début de deuxième semaine. S’il parvient jusque là sans dommages, le Serbe ferait alors face à un adversaire d’un tout autre calibre puisque le sort lui a réservé la présence à ce stade soit de Grigor Dimitrov, soit plus excitant et inquiétant celle du maître des lieux et son bourreaux des trois dernières années : Rafael Nadal. Une perspective qui ne l’émeut guère. « Peu importe à quel stade je le rencontre. Si on est ensemble en quart, c'est qu'on aura déjà sorti notre meilleur tennis jusque là » et de rappeler lucide et froid qu’il a « encore quatre matches à gagner avant. » Qu’on se le dise, Novak Djokovic est en mission à paris et rien ne le déviera de son objectif suprême. Fort de sa confiance, il se sait capable d’enfin aller décrocher ce trophée, davantage qu’en 2011 quand il était arrivé invaincu Porte d’Auteuil avant de chuter, après 41 succès de rang, au terme d’une demi-finale somptueuse face à un Roger Federer étincelant. « 2011 est sans doute la meilleure année de ma carrière dans les résultats mais aujourd’hui je suis un joueur plus mature. Je préfère le joueur que je suis maintenant que celui de 2011 », expose-t-il.

    Grâce lui aussi à une série de 10 victoires en autant de matches sur terre battue ce printemps, Andy Murray fait office de candidat au titre et pourrait enquiquiner son meilleur ennemi serbe. « Je n'ai certainement jamais aussi bien joué sur terre battue. C'est clair que gagner des tournois et battre de grands joueurs de terre donne beaucoup de confiance. En fait aujourd'hui, j'ai l'impression que je maîtrise, que je sais ce que je fais sur le court », apprécie le Britannique. Problème, depuis son succès à Wimbledon en 2013, le protégé d’Amélie Mauresmo n’a plus trouvé la faille dans la cuirasse du Serbe (7 défaites de suite et 3 petits sets arrachés, ndlr).

    Federer se sait capable de le faireDans ce contexte, seul Roger Federer, logé confortablement en bas du tableau avec un horizon relativement dégagé (il attend Monfils en 8ème avant éventuellement Wawrinka, ndlr), s’oppose à la mainmise de son cadet. A 33 ans, « Sa Majesté » sait que le Serbe peut être battu, même au meilleur des 5 manches. « Il ne faut pas se laisser avoir par les médias et tous les gens qui disent qu’il est injouable. Ce n’est pas vrai. Il joue très, très bien. C’est formidable ce qu’il fait, il est en mégaforme, mais je sais que j’ai ma chance contre lui », tonne le Bâlois qui en connait en rayon question domination. En pleine forme et très décontracté, Federer devra se montrer vigilant pour éviter une sortie prématurée comme l’an passé face à Ernests Gulbis et rallier cette finale où il espère tant retrouver l’intouchable serbe qu’il n’a plus battu en Grand Chelem depuis Wimbledon 2012 (une rencontre depuis en finale de Wimbledon l’an dernier, ndlr).

    Loin de ses tracas, Novak Djokovic se concentre déjà sur sa tâche. « Je ne peux rien prévoir. Je dois juste essayer de faire ce que je fais de mieux et ne pas trop me projeter », soumet-il. Prudence est mère de sûreté.

    Christopher Buet


    Tags Tags : , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :