• Judo (19/33)

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    C’est quoi ? Avec le judo, c’est un peu de poésie qui s’invite dans le concert du sport mondial. La légende veut que le Dr. Jigoro Kano ait eut l’idée d’inventer le judo au cœur d’un hiver rigoureux en observant l’action de la neige sur les branches de cerisiers. Ce dernier aurait ainsi remarqué que sous le poids de la neige, le cerisier cassait quand le roseau, lui, pliait sans rompre. La voie de la souplesse (signification du mot judo) voit ainsi le jour. La volonté de kano était de rénover le jujitsu qui selon lui, était devenu décadent et dont certaines techniques étaient trop dangereuses. Il retira ces dernièr codifia ce qui restait des techniques du jujitsu, le rendant plus accessible, plus sûr, plus explosif, plus intense et plus éducatif. Les bases du judo sont posées. C’est en 1882 qu’il commence à être enseigné au japon où il rencontre un grand succès. Depuis, celui-ci c’est largement démocratisé et est en France le quatrième sport le plus pratiqué et le premier sport de combat de l’Hexagone.

    Dans son format de compétition, le judo voit s’opposer des adversaires dans de combats de 5 minutes. Après le salue traditionnel d’avant combat, l’objectif est de faire tomber au sol son opposant et de réaliser un ippon, soit faire chuter sur les deux épaules. Outre cette dernière marque, deux autres peuvent récompenser le mouvement d’un(e) judokat(e) : le yuko et le waza-ari. Le vainqueur du combat est celui qui a récolté le plus de point ou qui est parvenu à réaliser un ippon. La victoire peut également être obtenu si l’on parvient à immobiliser au sol son adversaire et à l’y maintenir (épaules au sol) 25 secondes. En cas d’égalité à la fin des 5 minutes réglementaires, un golden score est organisé, le premier à marquer un point l’emporte.

    Concernant les Jeux Olympiques, le judo y fait son apparition en 1964 à l’occasion de l’édition tokyoïte. L’épreuve, elle, s’organise sous la forme d’un tournoi à élimination directe. Petite particularité, deux médailles de bronzes sont distribuées. Ainsi les vaincus en quarts de finale s’affrontent par partie de tableau et rencontre, toujours selon le tableau, les perdants des demi-finales.

    Rétro 2008 : Le bal des désillusions et une auguste surprise. Il est des compétitions que la 

    Darbelet

    France aimerait ne pas trop se souvenir. A Pékin, le souvenir est doux-amer. Doux car le bilan n’est pas si mauvais avec 4 médailles (2 en argent et 2 en bronze) mais aussi amer car cette équipe est passée si près de l’or. C’est peu dire qu’on attendait beaucoup de cette compétition quadriennale, seule vitrine pour un sport noble mais cantonné à l’anonymat médiatique le plus certain. Mais que de déception dans le clan tricolore. Tout commença avec la finale malheureuse de Benjamin Darbelet. Arrivé en finale chez les -66 kg, le tricolore faisait face au favori japonais Uchichiba. Le combat s’était amorcé depuis seulement quelques instants qu’un premier mouvement amenait les deux hommes au sol. Darbelet enclenchait et déstabilisait le japonais qui par miracle parvenait à tomber sans pénalité. Puis le combat bascula. Uchichiba en mauvaise posture sur le mouvement du français parvenait à bloquer le tricolore au sol et entamait une clé de bras assassine. Sans que personne ne comprenne réellement, Darbelet tapait au sol et demandait l’arrêt du combat. Le titre venait de lui échapper. On apprendra après que le Français avait ressenti une tension dans les cervicales suite à son mouvement, occasionnant des raideurs dans tout son corps.

    Tout continua avec Lucie Décosse. Eternelle favorite, la Française parvient jusqu’en finale, elle 

    possamaï

    aussi, et trébuche face à un représentant du Pays du Soleil Levant, en la personne d’Ayumi Tanimoto. Dans un match tendu, Lucie est la première à tenter sa chance. Bien à la garde, la gauchère tente de passer la jambe. Une attaque que la Japonaise parvient à esquiver avec habileté et à contrer avec une vitesse spectaculaire. La réponse est cinglante. La Japonaise fauche la jambe de la Française qui dans l’élan de son mouvement initial ne peut éviter la chute. Ippon. Tanimoto exulte. Lucie Décosse reste là sur le tatami, abasourdie. Ses espoirs viennent de s’effondrer. En sortant de l’aire de combat et après n’avoir pas su expliquer ce qui lui était arrivé, elle fondra en larmes dans les bras de Thierry Rey. Ce fut son dernier combat chez les -63 kg.

    Vint ensuite, le tour de Teddy Riner. En 2008, le jeune homme n’est encore qu’un gamin qui a certes tout gagner mais reste un gamin. A Pékin, le géant parisien se fit surprendre par le massif mais limité Ouzbek Tangriev. Une défaite comme le rappel que Riner ne fait que découvrir encore son sport et continue à apprendre. En champion, Riner se remobilisera pour le match pour la médaille de bronze, immobilisant au sol son adversaire Géorgien avec une facilité déconcertante.

    La surprise vint, elle, de Stéphanie Possamaï qui décrocha un bronze inattendu chez les -78 kg.

    La Star : Teddy Riner, le tatami à ses pieds. Difficle de ne pas tomber dans la banalité quand il 

    teddy-riner

    s’agit de présenter celui qui se présente comme déjà l’un des plus grands judoka de l’hsitoire. Tout a été dit à son propos. A 23 ans, le garçon des Abymes a tout gagné, tout sauf ses Jeux Olympiques. Il est encore junior quand il explose aux yeux du monde en devenant pour la première fois de sa carrière, champion du monde à Rio de Janeiro. A 18 ans, Teddy Riner entre déjà dans l’histoire et s’offre le statut de favori pour les Jeux Olympiques de Pékin l’année suivante. Là, il se fera surprendre dès le troisième tour, pêchant par manque d’expérience. Cette défaite face à Tangriev est l’une des deux seules qu’il a encaissé à ce jour en grand championnat (l’autre intervenant aux Mondiaux 2010 au Japon en « Toutes catégories » face à Daiki Kamikawa). Après ce revers, Teddy Riner va peu à peu imposer sa puissance et son explosivité, qualité rare chez les lourds, pour dominer avec une régularité extraordinaire sa catégorie. Du haut de ses 2,04m et avec ses quelques 130 kg, Riner va accumuler quatre nouveaux titres mondiaux portant son total à 5 (record). Seul au sommet de la hiérarchie, il ne se désunit pas et n’a de cesse de se perfectionner. D’abord limité techniquement, il élargit progressivement sa palette pour en faire aujourd’hui l’un des judoka les plus complets du monde.

    A 23 ans, Teddy Riner prendra part à ses deuxièmes Jeux Olympiques, déjà, et tentera d’écrire un peu plus sa légende. S’il venait à être titré à Londres, le Français aurait tout gagner et serait seul face à l’Histoire d’un judo qui peut se pâmer de voir évoluer un judoka exceptionnel, au sourire immuable et au talent reconnu.

    La Française : Lucie Décosse, la reine en quête. On la surnomme souvent la « Zidane du judo tricolore » et il y a du vrai dans ce postulat. A 30 ans, Lucie Décosse est à ce jour la plus grande technicienne des tatamis mondiaux. Si son judo n’a guère évolué depuis ses grands débuts internationaux, il y a plus d’une décennie maintenant, celui-ci n’a cessé de se perfectionner pour devenir presque implacable.

    Depuis 2002 et son premier titre européen (elle en récoltera 4 en tout), tout le monde scrute, observe, décortique et analyse le judo spectaculaire et pur de la pensionnaire du Lagardère Racing. Pourtant sans raison apparente, personne ne parvient à la contrer car Lucie récite à la 

    Lucie Décosse

    perfection. « Tout le monde connaît son schéma tactique, sa garde de gauchère et ses p-uchi-gari ken-kenEt pourtant, ça passe toujours. », constate avec admiration Olivier Remy, rédacteur en chef de L’Esprit du judo. Plus que Zidane, Lucie Décosse est tel Messi et son éternel mais insaisissable crochet gauche ou Garrincha (lui aussi réputé pour ne connaître qu’un dribble mais pour le réussir à chaque fois), on sait où elle va frapper mais impossible de l’en empêcher. « Une fois qu’elle est bien fixée au niveau du col, elle a une vitesse de rotation qui dépasse l’entendement. », dépeint Thierry Rey, champion olympique en 1980 et Président du Lagardère Racing. « Quand elle enclenche sur son o-uchi-gari par exemple, c’est assez phénoménal car l’impact est si fort que son adversaire est obligée de chuter sur sa jambe d’appui. Ça donne un pion parce qu’avec ce genre d’athlète rare, il n’y a pas de demi-mesure. »

    Pour autant, la Française ne dispose pas du palmarès qui sied à son talent admiré même par les Japonais, grands maîtres du judo, la faute a un mental friable. Car si sa technique et son judo « félin » s’adapte à presque toutes les situations, sa volonté de toujours écraser son adversaire et de réaliser le ippon, le geste parfait, la desserve quand on refuse le combat en face. On dit souvent qu’il faut être deux pour jouer mais dans le cas de Lucie, de nombreuses adversaires ont choisi le non-combat afin de la déstabiliser. Une entreprise qui réussit en 2007 et 2009 où elle chute en finale mondiale face à moins forte mais plus maline. La leçon portera ses fruits. Travailleuse inlassable, toujours en quête de perfection, la native de Chaumont s’endurcit et gomme ce travers. Ainsi en 2010 et 2011, elle montre que la patronne du judo mondial n’a d’autre nom que le sien. « Ses adversaires le savent bien, il y a Décosse et le reste du monde », assure son entraineur Larbi Benboudaoud.

    Quatre ans après les larmes de Pékin (voir ci-dessus), Lucie Décosse est bien décidée à rectifier une erreur s’étant glissée dans son palmarès et cette absence de titre aux Jeux Olympiques. A 30 ans, le temps est venu pour elle de marquer à jamais de son empreinte le judo mondial.

    Bon à savoir : En japonais, le mot « judo » signifie « voie de la souplesse ». Il fait référence à cette fable japonaise où la branche de l’arbre plie sous le poids de la neige sans jamais se briser.

    Le chiffre : 2. Depuis que le judo fait partie des disciplines olympiques, seul deux judokas, ayant été médaillés, ont été déclassés pour dopage. Il s’agit du Mongole Bakaava Buidaa (médaillé d’argent à Munich en 1972) et du Britannique Kerrith Brown, médaillé de bronze en 1984 à Los Angeles et contrôlé positif quatre ans plus tard à Séoul.

     

    Christopher Buet


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